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Citations de Salman Rushdie (698)


Il y avait une scène où un homme et une femme, chacun déterminé à se suicider sur le Brooklyn Bridge, s’apercevaient, se plaisaient, avant de décider non pas de sauter mais de partir ensemble pour Las Vegas.
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Mais ce que nous voulons c'est l'amour, pas la liberté. Alors quel est l'homme qui a le moins de chance ? Celui qui est aimé, qui a reçu ce que son coeur désirait et qui doit craindre à jamais de le perdre, ou l'homme libre, avec sa liberté importune, nu et seul entre les armées captives de la terre ?
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Dans le secret et verdoyant rectangle des Jardins, j’ai rampé avant de savoir marcher, j’ai marché avant de savoir courir, j’ai couru avant de savoir danser, j’ai dansé avant de savoir chanter, puis j’ai dansé et chanté jusqu’à ce que j’aie appris le calme et le silence et que je sois resté immobile à l’écoute du cœur des Jardins, les soirs d’été étincelants de lucioles, et que je sois devenu, du moins selon moi, un artiste. Pour être précis un aspirant scénariste. Et, dans mes rêves, un cinéaste, et même, pour employer la vieille formule grandiloquente, un Créateur.
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Personnellement, je préférais les proclamations sur pancarte d’un penseur anonyme qui semblait à la base motivé par la faim : “Un jour, les pauvres n’auront plus rien d’autre à manger que les riches”, nous disait-il en guise d’avertissement, et sur une autre pancarte en forme de bulle il exprimait la même idée de manière plus radicale : “Mangez un banquier.”
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«Les mensonges peuvent causer des tragédies, tant à l'échelle personnelle que nationale. Les mensonges peuvent vaincre la vérité. Mais la vérité est aussi dangereuse ... Dire la vérité peut vous coûter ce que vous aimez. "
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Que sait-on de la bande de Ravana ? Qu’elle se fait passer pour un mouvement antimusulman fanatique, ce qui, à cette époque, avant les émeutes pour la partition, quand on pouvait jeter impunément des têtes de porc dans la cour des mosquées, le vendredi, n’était pas une chose exceptionnelle. Qu’en pleine nuit, la bande envoyait des hommes peindre des slogans aussi bien sur les murs des villes anciennes que sur ceux des neuves : « Non à la partition ! Les musulmans sont les juifs d’Asie ! » et ainsi de suite. Et que la bande mettait le feu aux usines, aux boutiques, aux entrepôts possédés par des musulmans. Mais il y a plus et ceci n’est pas très connu : derrière cette façade de haine raciale, la bande de Ravana était une entreprise commerciale remarquablement bien conçue. Des appels téléphoniques anonymes, des lettres écrites avec des mots découpés dans des journaux, étaient adressés à des hommes d’affaires musulmans, à qui on offrait de choisir entre payer une certaine somme ou voir leur entreprise brûler. Il était intéressant de noter l’éthique de la bande. Il n’y avait jamais de seconde exigence. En absence de sacs pleins de billets, des flammes léchaient des devantures de boutiques, d’usines ou d’entrepôt. La plupart des gens payaient, préférant cela à la solution risquée consistant à faire appel à la police. En 1947, les musulmans ne pouvaient pas faire confiance à la police. Et on disait (je ne peux en être sûr), que, quand les lettres de chantage arrivaient, elles contenaient une liste de « clients satisfaits » qui avaient payé et qui n’avaient pas eu de problèmes. La bande de Ravana – comme tous les professionnels – donnait ses références. (pp. 126-127)
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— Fichez le camp, dit-il. Je suis ici chez moi. C'est mon château et je le défendrai avec des canons et de l'huile bouillante.
— Est-ce là une menace de violences, monsieur ?
— C'est une putain de figure de style.
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Grâce à la tyrannie occulte des horloges affables et accueillantes, j’avais été mystérieusement enchaîné à l’histoire, et mon destin indissolublement lié à celui de mon pays.

La réalité est une question de perspective ; plus vous remontez dans le passé, plus il semble concret et plausible – mais, quand vous vous rapprochez du présent, cela semble inévitablement de plus en plus incroyable.

C’était […] comme si l’histoire arrivant à un maximum de signification et de promesse avait choisi de semer, en cet instant, les graines d’un avenir qui serait radicalement différent de tout ce que le monde avait connu jusqu’ici.

Mais si les petites choses s’en vont, est-ce que les grosses vont les suivre ?

Dans une autobiographie, comme dans la littérature, ce qui s’est réellement passé est moins important que ce que l’auteur réussit à faire croire à son auditoire.
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On peut croire aux contes de fées sans être un “croyant”. Ils ne contiennent ni théologie, ni dogmes, ni rituels, ni institution, ni prescription d’une certaine forme de comportement. Ils traitent de l’imprévisibilité et du caractère changeant du monde.
GEORGE SZIRTES
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(A propos d'un film pakistanais qui le diffame et contre lequel il refuse de demander la censure). Ce fut pour lui une leçon objective de l'importance du "laisser-dire" dans le débat sur la liberté d'expression, il valait toujours mieux autoriser les discours même les plus répréhensibles que de les cacher sous le tapis, discuter publiquement et éventuellement se moquer des choses détestables plutôt que de leur conférer l'aura du tabou, et que, dans la plupart des cas, on pouvait faire confiance aux gens pour distinguer le bien du mal. Si "International Gorillay" avait été interdit, il serait devenu la plus recherchée des vidéos sulfureuses et, dans les salons de Bradford ou de Whitechapel, des jeunes musulmans se seraient réunis derrière des rideaux tirés pour jouir de voir frire l'apostat. Laissé libre, soumis au jugement du marché, il s'était ratatiné comme un vampire à la lumière du soleil et avait disparu.

p. 280
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"Quand j'emploie un mot, dit Humpty Dumpty à Alice, au Pays des merveilles, il signifie exactement ce que j'ai choisi de lui faire dire, ni plus ni moins." Les créateurs de la "novlangue" dans le 1984 d'Orwell avaient parfaitement compris ce que voulait dire Humpty Dumpty, ils avaient rebaptisé le ministère de la Propagande ministère de la Vérité, et l'organe le plus répressif de l'Etat ministère de l'Amour. "Islamophobie" était un nouveau terme ajouté à la novlangue d'Humpty Dumpty. Il prenait la place du langage de l'analyse, de la raison et de la discussion pour la mettre à l'envers.
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(…) là où il n'y avait pas de risque d'échec il n'y avait pas non plus de possibilité de succès.
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Quelque chose de nouveau était entrain de se produire, la montée d'une nouvelle intolérance. Elle se répandait à la surface de la terre mais personne ne voulait en convenir. Un nouveau mot avait été inventé pour permettre aux aveugles de rester aveugles : l'islamophobie. Critiquer la violence militante de cette religion dans son incarnation contemporaine était considéré comme du fanatisme. Une personne phobique avait des positions extrêmes et irrationnelles, c'était donc elle qui était fautive et non pas le système religieux qui revendiauait plus d'un milliar d'adeptes à travers le monde. Un milliard de croyants ne pouvaient pas avoir tort, les critiques devaient donc être ceux qui avaient l'écume aux lèvres. Quand, voulut-il savoir, était-il deveni irrationnel de détester la religion, quelle qu'elle soit, et de la détester avec force ? Depuis quand la raison était-elle redéfinie comme la déraison ? Depuis quand les histoires fantaisistes des superstitieux étaient-elles hors d'attente de la critique, de la satire ? Une religion n'était pas une race. C'était une idée, et les idées résistaient (ou s'effondraient) parce qu'elles étaient assez fortes (ou trop faibles) pour supporter la critique, non parce qu'elles en étaient protégées. Les idées fortes accueillaient volontiers les opinions contraires. (...) C'était l'islam qui avait changé et non pas les gens comme lui, c'était l'islam qui était devenu allergique à toute une large série d'idées, de comportements et d'objets.
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 Grandir en étant baigné dans toutes ces histoires revenait à apprendre deux leçons inoubliables : d'abord que les histoires ne sont pas vraies (il n'existe pas en réalité de génies dans les bouteilles, de tapis volants ou de lampes enchantées) mais que, tout en étant infidèle à la réalité, elles pouvaient lui faire sentir et connaître des vérités que la vérité même ne pouvait pas lui apprendre, et ensuite qu'elles lui appartenaient toutes, exactement comme elles appartenait à son père Anis et à tout le monde, c'étaient les siennes tout comme celles de son père, les histoires brillantes ou sombres, sacrées ou profanes.
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C'était l'islam qui avait changé et non pas des gens comme lui, c'était l'islam qui était devenu allergique à toute une large série d'idées, de comportements et d'objets. Au cours de ces années et des années suivantes, des voix islamiques dans plusieurs parties du monde, Algérie, Pakistan, Afghanistan, s'élevèrent pour lancer l'anathème contre des pièces de théâtre, des films, de la musique, certains musiciens ou interprètes furent blessés ou tués. L'art de la représentation c'était le mal, c'est pourquoi les anciennes statues des Bouddhas de Bamiyan furent détruites par les Talibans. Il y eut des attaques d'islamistes contre des socialistes, des syndicalistes, des caricaturistes, des journalistes, des prostituées et des homosexuels, des femmes en jupe et des hommes sans barbe, et même, de façon surréaliste, contre des démons épouvantables : les poulets congelés ou les samosas.
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Je considère la foi comme une ironie, et c'est peut-être pourquoi les seuls élans de foi dont je suis capable sont ceux exigés par l'imagination créatrice, par les fictions qui ne prétendent pas être des faits, et qui donc finissent par dire la vérité
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"[...] tu devrais savoir que l'Homme est le seul animal qui raconte des histoires et que ces histoires constituent son identité, sa signification et le sang qui le fait vivre [...]. Il n'y a que l'homme qui s'enflamme pour les livres".
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"On n'échappe pas à son passé. Ce que vous avez été est à jamais ce que vous êtes."
"Ce qui ne peut être soigné doit être enduré."
"Chaque nuage est bordé d'or."
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Je suis devenu un drôle d'oiseau, célèbre non pas tant pour mes livres que pour les tribulations de mon existence. La bonne réponse à la question "en quoi cela va-t-il affecter votre écriture ?" est : cela va affecter la façon dont mon écriture est lue. Ou pas lue. Ou les deux à la fois.
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En présence de graves blessures, votre intimité corporelle cesse d'exister, vous perdez l'autonomie de votre moi physique, le contrôle du vaisseau sur lequel vous voguez. Vous l'acceptez faute d'alternative. Vous renoncez à être le capitaine de votre bateau pour lui éviter de couler. Vous laissez les autres faire ce qu'ils veulent de votre corps, presser, drainer, injecter, suturer et inspecter votre nudité, afin de vivre.
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