J’appartiens déjà à la vieille école, celle qui considère qu’une femme sans pudeur est le pire des hommes.
Il est plus difficile de se priver d’une habitude que de briser une relation.
Il n’est pas plus mal de plaire par son physique que par ses écrits.
Le masque de la souffrance est le plus beau, car il est le plus vrai.
Une situation peut être désespérée sans être pour autant tragique.
Plus les êtres vont mal, plus ils sont prêts à se donner aux autres.
Chaque mot est un mot de trop et chaque caresse une incongruité.
Il est indigne des grandes âmes de répandre autour d’elles le trouble qu’elles ressentent.
L’homme n’est qu’un fossoyeur continuel et le monde un cimetière.
Choyer notre organisme comme un chef-d’œuvre vivant, c’est être cultivé.
Je n’ai jamais apprécié dans la vie, que la beauté des femmes, leur grâce altière, puérile et suave. Et je tiens pour dupe quiconque attache du prix à quoi que ce soit d’autre en ce monde.
Les Japonais peignent une branche en fleur et tout le printemps est là. Chez nous, on peint tout le printemps et on voit à peine une branche en fleur.
L’erreur des hommes qui la courtisèrent fut de ne pas comprendre qu’elle était un diamant – et qu’on ne fait pas l’amour avec un diamant.
L’homme qui a le courage de rire est le maître du monde, comme celui qui est prêt à mourir.
Le plaisir est une mince pellicule sur un profond dépôt de lie amère : la joie est empoisonnée, les meilleurs sentiments recèlent un ver hideux, la médiocrité est un carême cruel, la gloire un martyre bruyant, l’obscurité un fléau, l’habitude une peste inévitable qui émousse toute volupté, mais qui aiguise et envenime les pointes de la douleur.
Plus que jamais, l’homme est un loup pour l’homme.
Ils sont passés maîtres dans l’art des répliques ambiguës et passe-partout, destinées à satisfaire les questions qu’ils n’ont pas entendues.
Le fou n'est souvent que cet homme de trop, cet homme bâillonné dont la parole ne doit pas, ne peut pas, être entendue. Cet homme à l'identité menacée, quand elle n'est pas niée, n'a souvent pour seul recours que la folie, le silence ou la mort.
Si, néanmoins, une "morale" devait se dégager de ce petit livre, je l'emprunterais à Dostoïevsky qui écrivait : "Ce n'est pas en enfermant son voisin que l'on se convainc de son propre bon sens." La folie, en effet, est moins une fatalité ou une malédiction qu'une compagne qui nous indique les limites de notre liberté. Il n'y a pas, d'un côté, les gens bien portants, raisonnables, épargnés par le doute, l'angoisse, la souffrance morale, et, de l'autre, ces silhouettes de brouillard que le vent fait chavirer à chaque carrefour et que hante un interminable cauchemar. Il y a plutôt, nous semble-t-il, l'infinie variété des situations humaines où chacun peut, un jour, éprouver cette sensation d'inquiétante étrangeté, d'exil intérieur, de dépossession de soi, d'effondrement psychique ou de morcellement, qui annonce ou accompagne un naufrage intérieur. Cet homme qui se noie, il appartient à chacun de nous de lui maintenir le visage hors de l'eau, sous le souffle du vent, jusqu'à ce que sa respiration redevienne paisible et régulière.
Le détenteur du Verbe possède le privilège de définir et de classer , l'ascendant qu'il exerce par la parole est une reconduction "civilisée" de la contrainte physique. "Manger ou être mangé, telle est la loi de la jungle. Définir ou être défini, telle est la loi de l'homme", affirme le psychiatre américain Thomas Szasz, qui précise : "La lutte pour le Verbe est réellement une question de vie ou de mort. Une scène désormais classique des films de western nous montre deux hommes luttant désespérément pour récupérer une arme tombée à terre. Celui qui l'atteint le premier tire et sauve sa peau , l'autre au contraire se fait descendre et meurt. Dans la réalité, l'enjeu n'est pas une arme, mais une étiquette : celui qui réussit le premier à la poser sort vainqueur de la bataille , l'autre, étiqueté, est réduit au rôle de victime."