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Citations de Rabih Alameddine (330)


Lire un bon livre est aussi somptueux que la première gorgée de jus d'orange qui met fin au jeûne du ramadan.
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Je me suis glissée dans l’art pour échapper à la vie. Je me suis enfuie en littérature.
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Non seulement on s’habitue à la peur, mais on la trouve plus supportable au bout d’un moment, on la met à distance, on l’absorbe.
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Mon pays à la fin des années trente essayait encore de s’extraire du XIVe siècle. Je ne suis pas sûre qu’il y soit parvenu, à certains égards.
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« La plupart d’entre nous pensons que nous sommes ce que nous sommes en raison des décisions que nous avons prises, en raison des évènements qui nous ont façonnés, des choix de ceux de notre entourage. Nous considérons rarement que nous sommes aussi façonnés par les décisions que nous n’avons pas prises, par les évènements qui auraient pu avoir lieu mais n’ont pas eu lieu, ou par les choix que nous n’avons pas faits, d’ailleurs. »
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Je parie que vous croyez au pouvoir de rédemption de l'art.
J'en suis sûre. Moi j'y ai cru. Une notion si romantique. L'art sauvera le monde, permettra à l'humanité de s'élever au-dessus de l'épouvantable bourbier dans lequel il est englué . L'art vous sauvera.
Je croyais que l'art ferait de moi un être humain meilleur. (p. 132)
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Honte. Il faut toujours que je m'inquiète. je loupe les miracles qui s'épanouissent sous mes yeux: je me concentre sur l'étoile qui s'évanouit et je manque la constellation. Je ne fais pas attention aux orages éblouissants, occupée que je suis à me demander si j'ai du linge suspendu dehors. (p. 60)
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Non, je pourrais me moquer du Coran pour l'infantilité impérieuse de son contenu, mais pas pour son style.
C'est finalement la poésie qui m'a ouvert les yeux; la poésie et non pas le Coran, qui a marqué au fer rouge l'arrière de mon cerveau- la poésie, le lapidaire. Je ne suis pas certaine que la découverte de l'amour soit nécessairement plus exquise que la découverte de la poésie, ni plus sensuelle, d'ailleurs. (p. 20)
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Je pense que parfois, pas tout le temps, quand je traduis, ma tête est comme une lucarne. Sans effort de ma part, je suis visitée par le bonheur. Ce n'est pas souvent, cependant je peux être heureuse quand je communie par la traduction, mon maître. Parfois je me dis que cela suffit, quelques moments d'extase, dans une vie d'un ennui à la Beckett. Il ne peut exister de sommets sans vallées. Lorsque je traduis, c'est un opéra de Wagner. Le récit s'installe, la tension croît, le flux et le reflux de la musique, les cordes, les cuivres, davantage de tension et soudain un moment de pur plaisir. Gabriel souffle dans sa trompette dorée, un parfum d'ambroisie emplit l'air sublime et les dieux descendent de l'Olympe pour danser - éminemment céleste, ce sommet d'extase. Durant ces moments, je suis guérie de toute blessure. Je peux être à mon bureau et soudain ne pas souhaiter que ma vie soit le moins du monde différente. Je suis où il faut que je sois. Mon cœur se distend avec délice. Je me sens sacrée.
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p.63 et 64 Lorsque j'ai mal au dos ou que mon dos fait des siennes, je considère la douleur comme un châtiment pour les années où j'ai aliéné mon corps, où je l'ai même, avec quelque dédain, déconsidéré. Lorsque j'étais plus jeune, je déplorais mon être physique, et maintenant mon être physique me le fait payer. Au fur et à mesure que je vieillis mon corps exige que lui soit accordé la place qui lui est due dans le schéma de mes attentions. Il revendique ce qui lui revient de droit.
L'esprit au-dessus du corps jadis, mais plus maintenant.
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"Je ne peux pas dire si mes traductions sont bonnes car je ne peux les considérer avec impartialité. Je suis intimement impliquée. Mes traductions sont des traductions de traductions, ce qui, par définition, signifie qu'elle soient moins fidèles à l'original. Comme Constance, je fais de mon mieux. Cependant, contrairement à elle, je ne saute pas les mots que je ne connais pas, et je ne raccourcis pas non plus les passages longs. Je n'ai pas et n'ai jamais eu l'intention de faire de mes traductions un canon absolu - mes ambitions ne sont ni étendues ni entendues. Je traduis pour le plaisir que cela procure et je n'ai assurément pas en moi l'énergie victorienne. Je suis une Arabe, après tout.
Garnett ne fut pas le plus prolifique des traducteurs, loin de là. Le Vénitien de la Renaissance Ludovico Dolce traduisit plus de trois cent cinquante livres (Homère, Virgile, Dante, Castiglione, pour n'en citer que quelques-uns), et je ne suis pas certaine non plus qu'il fut le plus prolifique. Le sérieux est un des traits communs aux traducteurs.
Si vous voulez mon avis, le plus gros problème de Garnett, c'est qu'elle était de son temps, et de son lieu. Son travail est un reflet de cela ; elle plut aux Anglais de sa génération, ce qui est chose normale - tout à fait compréhensible. Malheureusement pour tout le monde, son époque et son lieu étaient follement ennuyeux. Chic type et porto bon marché, ce genre de chose.
Recourir à la prose edwardienne pour Dostoïevski c'est comme ajouter du lait à un bon thé. Tfeh ! Les Anglais aiment ce genre de chose.
Et puis Garnett n'était pas un génie. Maintenant, vous savez, Marguerite Yourcenar fit bien pire lorsqu'elle traduisit les poèmes de Cavafy en français. Elle ne se contenta pas de sauter les mots qu'elle ne comprenait pas, elle en inventa. Elle ne parlait pas la langue, alors elle fit appel à des locuteurs grecs. Elle modifia complètement les poèmes, les francisa, se les appropria. Brodsky aurait dit qu'on ne lisait pas Cavafy, qu'on lisait Yourcenar, et il aurait eu cent fois raison. Si ce n'est que les traductions de Yourcenar sont intéressantes en tant que telles. Elle desservit Cavafy, mais je peux lui pardonner. Ses poèmes devinrent autre chose, quelque chose de nouveau, comme du champagne.
Mes traductions ne sont pas du champagne et elles ne sont pas non plus du thé au lait.
De l'arak, peut-être.
Mais attendez. Walter Benjamin a quelque chose à dire à propos de tout cela. Dans "la Tâche du traducteur", il écrivit : "Aucune traduction ne serait possible si son essence ultime était de ressembler à son original. Car dans sa survie, elle ne méritait pas ce nom si elle n'était pas mutation et renouveau du vivant."
Dans son propre style déconcertant, Benjamin dit que si vous traduisez une œuvre d'art en collant à l'original, vous pouvez montrer le contenu en surface de l'original et expliquer les informations contenues à l'intérieur, mais vous passez à côté de l'essence ineffable de l'œuvre. Autrement dit, vous traitez de l'inessentiel.
Prenez ça, messieurs Brodsky et Nabokov. Un crochet du droit et un direct de ce bon vieux M. Benjamin. Constance aurait traduit du russe avec davantage de fidélité, elle aurait manqué l'essentiel.
Très bien, très bien. Constance a peut-être manqué les deux, l'essentiel et l'inessentiel, mais nous nous devions d'applaudir son effort."
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Quand je lis un livre, je fais de mon mieux, pas toujours avec succès, pour laisser le mur s'effriter un peu, la barricade qui me sépare du livre. J'essaye d'être impliquée.
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Dans la mort, Éros triomphait, alors que dans la vie Thanatos avait triomphé. Mon mari était un dyslexique freudien.
la mort est le seul poste d'observation à l'aune duquel une vie peut véritablement être évaluée. De mon poste d'observation, en regardant des hommes que je ne reconnaissais pas emporter le cercueil de mon ex-mari, j'ai évalué sa vie et estimé qu'elle avait laissé à désirer.
page 27.
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Je me suis glissée dans l’art pour échapper à la vie. Je me suis enfuie en littérature.
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La douche fut comme une mousson : bouillante, succulente et baptismale. Comme la crasse se dissolvait et décollait de ma peau, comme la saleté émigrait, je me sentais rajeunir, je renaissais. L'eau, à la limite de m'ébouillanter, assouplissait mon corps rigide, colorait ma peau couleur pivoine. Mes sens s'aiguisaient.
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Je peux comprendre Marguerite Duras bien que n'étant pas française et n'ayant jamais été follement amoureuse d'un Asiatique. Je peux vivre dans la peau d'Alice Monroe. Mais je ne peux pas comprendre ma propre mère. Mon corps est plein de phrases et de moments, mon cœur resplendit de charmantes tournures de phrases mais aucun des deux ne peut être touché par l'autre.
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Certains croient que nous sommes créés à l'image de Dieu. Pas moi. Je ne suis nullement religieuse, mais je ne suis pas athée. Je ne crois certes pas en l'existence de Dieu avec un D majuscule mais je crois dans les dieux. Comme Ricardo Reis, alias Fernando Pessoa, je suis panthéiste. J'obéis au petit évangile, désormais considérée comme apocryphe. Je me prosterne - ma foi, je me prosternais, à l'imparfait, car ce matin je n'ai pas l'estomac de croire en quoi que ce soit - devant les autels de mes écrivains.
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Nulle perte n'est ressentie avec autant d'acuité que celle de ce qui aurait pu être. Nulle nostalgie fait autant souffrir que la nostalgie des choses qui n'ont jamais existé.
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Honte. Il faut toujours que je m'inquiète. Je loupe les miracles qui s'epanouissent sous mes yeux: je me concentre sur l'étoile qui s'évanouit et je manque la constellation. Je ne fais pas attention aux orages éblouissants, occupée que je suis à me demander si j'ai du linge suspendu dehors.
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La littérature est mon bac à sable. J'y joue, j'y construis mes forts et mes châteaux, j'y passe un temps merveilleux. C'est le monde à l'extérieur de mon bac à sable qui me pose problème. Je me suis adaptée avec docilité, quoique de manière non conventionnelle, au monde visible, afin de pouvoir me retirer sans grands désagréments dans mon monde intérieur de livres. Pour filer cette métaphore sableuses, si la lottérature est mon bac à sable, alors le monde réel est mon sablier – un sablier qui s'écoule grain par grain. La littérature m'apporte la vie, et la vie me tue.
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