Citations de Pierre Peuchmaurd (85)
Expurger sa peine.
J’ai perdu la trace de l’avenir.
Madeleine porte des lilas.
Pourquoi dit-on embrasser quand il faudrait dire emboucher ?
On ne fait bien que ce qu’on fait vite.
Lentement, le temps a fait bouger le socle des raisons.
Pourquoi ma poésie est-elle un bestiaire ?
Parce que nous vivons le temps des bêtisiers et de l’équarrissage pour tous.
L’homme est un animal qui roule sur les autres
Extrait de l'Immaculée déception : Aphorismes
L’oiseau-bruit-d’ eau
L’oiseau-bruit-d’ eau
l’oiseau-bruit-de-bois
les fers au feu
la terre dans l’ombre
Belle comme l’encolure de la nuit
Belle comme l’encolure de la nuit
comme la paix des épaules le sourire et la fuite
Belle comme ses épaules
Belle comme une caravelle qui choisit son naufrage
belle comme le lait du paradis
Belle comme une caravane au départ de l’amour
comme la saison qu’elle laisse en traversant les dunes
Belle comme le sable sur les lèvres
belle comme le lait du paradis
Salut ô joyau dans la fleur de lotus
Salut ô joyau dans la fleur de lotus, salut
C’est le fantôme d’une bête qui s’avance vers toi
un instant de matin perclus de couleurs
une tête noire une épingle un enfant de dindon
Sucre et soie des promesses
Sucre et soie des promesses
la neige replie ses ailes
sur l’enfant très mortel
que j’incarne au passé
Écoute le torrent
Écoute le torrent,
simplement, dans le ciel
Écoute le torrent,
cheval, et tu passeras
Je vais où flottent les bannières blanches
Je vais où flottent les bannières blanches
Plus d’une rivière plus d’une montagne
plus d’un écho fêtant la halte
Verrai-je jamais les bannières blanches
LE RASOIR FAIT BIEN LES CHOSES
L’ortie-culture.
p.30
LE RASOIR FAIT BIEN LES CHOSES
Mon opinion n’enrage que moi.
p.23
FATIGUES
La pluie fait suer les statues.
p.16
FATIGUES
Il existe, le saviez-vous, un muscle de la tristesse.
p.16
FATIGUES
Un seul être vous lasse et tout est surpeuplé.
p.16
FATIGUES
Sur ton mur, longtemps, épie le duel de l’araignée avec
son ombre.
p.15
La forme noire dans l'arbre
qui n'est pas un corbeau
pas un pendu pas un miroir
la forme bleue dans l'ombre
qui n'est pas une histoire
la forme absente qui n'est pas toi
ni moi ni rien
la forme opaque
qui reste là
p. 88
JEAN-PIERRE PARAGGIO
CENT MILLE MILLIARDS DE FOIS
Extrait 2
Maintenant, regardez cet homme qui s’éloigne. C’est Jean-
Pierre Paraggio ; il aurait sans doute préféré qu’on ne le sur-
prenne pas dans ce qu’il vient de faire.
Oubliez ce que j’ai dit : ce qui est inscrit là, sur cette plage
des intimes terreurs des mémoires pétrifiées, et ce qu’on cro-
yait hasard des eaux, des bas, de décroissants crustacés, ce
qui craque et qui bouge cent milliards de fois, cela qui nous
obsède à cent lieues de la mer, c’est seulement l’empreinte,
la copie de ce qu’il trace, lui, sur la grève blanche de ses pages
où l’encre ne sèche jamais. Je le soupçonne de cruauté et de
vouloir ajouter à notre confusion. Je le soupçonne d’objectivité.
C’est Jean-Pierre Paraggio et ses rêves sur la laisse.
(2000)
p.83-84
JEAN-PIERRE PARAGGIO *
CENT MILLE MILLIARDS DE FOIS
Extrait 1
Prenez une marée, n’importe laquelle, peu importe la
couleur : la marée descendra, la couleur partira. Voyons ce
qu’il y a.
C’est facile, il y a la grâce et l’effroi, l’inutile et ses monstres,
les particules de l’absolu, l’abominable lamproie sans ombres, la
méduse nulle part peinte, sauf la bouche violemment, les algues
de la nuit, des bris qui furent des vies et parfois des feuilles ver-
tes, des feuilles rousses, des amants désunis.
Cela craque sous les pas ou produit ce bruit mou qui
effondre les cœurs. Ce qui reste va mourir cent milliards
de fois.
…
p.83
* Jean-Pierre Paraggio est né en 1955 à Chambéry, Savoie. Vit à Toulouse depuis 2011.
Autodidacte et dilettante : Peinture, encres, dessin, collage, détournements, techniques mixtes, micro-publications.
Elle viendra par le poumon gauche
Extrait 1
Elle viendra par le poumon gauche
D’abord ce sera plus chaud
et ça irradiera,
je dirai que ça ira.
Ce sera comme la neige –
je déteste la neige –
comme une gorgée de café
quand le cœur n’en veut pas.
Et puis je refuserai.
De quelle taille le refus ?
Plus qu’une rose, moins qu’une rose ?
C’est comme ça qu’on compte
quand il y a cette écume,
tout ce joli sang rose
qui vous remonte aux lèvres.
…
Certains textes …
Certains textes
font rêver
certains corps
Alors pourquoi est-ce une défaite ? parce que nous n’avons pas pris Paris ? Tout bêtement, oui. Paris, ce soir, était à prendre. Et nous ne l’avons pas fait. Paris était à prendre, dans les ministères on faisait ses valises, le pouvoir n’avait plus que ses flics, il en aurait fallu davantage pour nous arrêter.