Citations de Pierre Peuchmaurd (85)
FATIGUES
L'oiseau, voulant signer son chant, s'était choisi un nom
de plume.
p.13
De quoi demain sera-t-il défait ?
p.152
FACTEUR EN SHORT
Il y a un moment où le dernier oiseau se tait. Saisir cet
instant, en faire un aigle. Lâcher l'aigle. L'aigle lâché fait
un ciel. Lâcher le ciel.
p.93
Chassant les rats…
Chassant les rats,
chassant les rats des chaumes
le charbon dans les chais
Chassant les fleurs, les clous, les cris,
tout ce qui tinte, le lait des morts
Crachant la rose au soir
et la ronce aux berceaux
/Cheval sous le talus des morts
On n'est jamais mieux asservi que par soi-même.
p14
Les oiseaux se nourrissent de nos rêves, et ils les alimentent. Ils n'en savent rien. Un oiseau ne sait rien. C'est à peine s'il se reconnaît dans le miroir des flaques au fond desquelles nos rêves l'attendent, le saisissent par le bec, et le noient.
Elle a le front rouge
Elle a le front rouge les mains noires
elle traverse le monde sur un ours
Je la croise chaque soir en menant mon cheval
boire le sang de la rivière
FLEUR BLANCHE
extrait 1
Je ne sais plus écrire
Je sais la fleur blanche du désastre
Les lances du pur amour
La lumière de ton corps
Fait un nœud dans ma gorge
Illumine l’ombre
Fait un nœud dans ma gorge
Illumine même le jour
Fait un nœud dans ma gorge
La lumière de ta gorge
Fait un nœud de lumière
L’ombre vaste de ton corps
Illumine même le jour
…
Passé le feu 2
Passé le feu,
le feu revient
avec sa laine et ses épines
avec les fleurs des marronniers
avec la mer au bout des branches
Passé le feu,
le bleu répond pour la brûlure
une boule d’ivoire au bout des doigts
p.6
L’herbe adoucit les mœurs
L’herbe adoucit les mœurs
l’eau les affine
la montagne les épure
Histoire de vent et de papier
L’ÉCHELLE DES VAPEURS
L’avenir, l’art à venir, la lave rit.
p.47
FATIGUES
L’heure oblique où les lions boivent de travers.
p/18
Elle viendra par le poumon gauche
Extrait 2
On compte en oiseaux,
en cerceaux sur le pré,
en ruisseaux dans l’été
et en éternités.
On compte sur les doigts des femmes
et les cheveux des bêtes
qui ne tombent jamais dans le lavabo,
on compte sur le beau temps
qui vous ouvre la gorge.
Elles, comme on va mourir,
elles nous ouvrent leurs robes –
on y compte.
Et comme on va partir,
elles nous laissent leur adresse
et le soir les emporte
et on va dans les bois
où il y a l’hôpital.
Tout est utile d’ailleurs, quand on est au courant. Une grille d’arbre, tiens, ce n’est pas croyable tout ce qu’on peut faire avec ces engins-là. Sans parler des bancs, des voitures, des arbres, tout quoi. Et les chantiers, ah ! les chantiers ! Y en a toujours là où il faut. Où il ne faudrait pas. Nous sommes même un certain nombre à loucher vers l’armurerie sur le trottoir d’en face. On ne lui fera pas le sort qu’elle méritait. On est trop cons.
Passé le feu 3
Forêts violettes ―
tout à l’heure une épaule
et maintenant un renard
On a trouvé l’eau noire
on a trouvé le cœur fragile
le cœur immense
p.6
LE RASOIR FAIT BIEN LES CHOSES
Les poètes n’ont pas besoin de voyager loin pour ne pas ménager leur monture.
p.29
LE RASOIR FAIT BIEN LES CHOSES
Chevalier servant à rien.
p.25
Sans burbuges
La liberté
La liberté
choisit ses preuves
et les assène
et les assomme,
et qui relève
la Liberté ?
p.22
Passé le feu
Passé le feu,
le feu revient
avec la nuit et l’apostrophe
et la sorcière et le matin
Le feu revient dormir dans l’eau
avec l’étoile et l’antilope
p.7
Les fiancées là-bas
Les fiancées là-bas
ont des os délicieux
Elles son aigres et rieuses
on les noie comme des chats