Art et grands espaces, tout était réuni dans ce roman pour me plaire. Et si ce n’est pas un coup de cœur, j’ai néanmoins passé un très bon moment en compagnie de Jim Stegner.
Jim, peintre à succès et pêcheur amateur, s’est récemment installé dans une petite ville du Colorado. Alcoolique repenti, hanté par le souvenir de sa fille assassinée, Jim n’aspire qu’à se consacrer pleinement à ses passions. Le jour où il est témoin d’une scène d’une violence inouïe commise sur une jument, Jim n’hésite pas à intervenir, déclenchant ainsi un engrenage de violences.
Que j’ai aimé le personnage de Jim qui par certains aspects m’a rappelé Walt Longmire : un amoureux des grands espaces, un homme d’empathie, sensible à l’art et à la beauté, toujours prêt à prendre la défense des plus faibles, cachant sa tendresse pour le monde sous une bougonnerie factice. Un cow-boy au cœur tendre. Mais Jim est un personnage torturé. Ancien alcoolique, l’envie d’alcool est toujours présente. Omniprésent aussi le fantôme de sa fille Alce. Jim est assailli des souvenirs tantôt joyeux de l’enfance, tantôt grinçants de l’adolescente et l’horreur de l’assassinat. Chez Jim, violence et colère affleurent sous la surface. Dans le passé cela lui avait déjà valu de nombreux ennuis, mais cette fois il est allé jusqu’au meurtre
Il y a une étrange dichotomie entre les portraits de Jim, le meurtrier et de Siminoe, la victime. Siminoe est une ordure, prêt à battre à mort une jument sans aucuns scrupules, braconnier, colérique et violent. Peut-on éprouver de la compassion pour un tel homme ? Pourtant au fur et à mesure du roman, on découvre le passé de cet homme et c’est par la bouche de son neveu que l’on découvre que même cet homme était capable de bonnes choses. Jim de son côté éprouve-t-il de la culpabilité pour avoir ôté la vie à un homme ? Pas vraiment, ce sont plutôt les conséquences de cet acte et la spirale de violence qui s’ensuit qui occupe ses pensées. La frontière est donc floue entre la victime et le coupable, entre le mal et le bien.
Étrangement, cette période de troubles et de violences, sera une période de rédemption et de résilience pour Jim. Le chemin émotionnel qu’il parcourt est émouvant. Et ce sont notamment les femmes qui vont l’aider dans cette quête de lui-même. Son amie Irmina et son modèle Sofia, présentes à ses côtés, rocs qui l’ancrent dans le présent, mais aussi les absentes, sa fille Alce et son ex-femme Christine, qui l’aident à avancer malgré les souvenirs douloureux.
Ce sont aussi l’art et la nature qui vont aider Jim. Tous ces événements et toutes ces émotions inspirent à l’artiste de nouvelles toiles, il est pris d’une folie créatrice et peint de façon presque obsessionnelle. Tout aussi obsessionnel est son besoin de pêcher. Par l’art il exorcise ses émotions, par la pêche il retrouve la sérénité.
Un joli moment de lecture et un auteur que j’ai envie de continuer à découvrir.
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