Quelques mots, tellement inoffensifs pris séparément. Tellement destructeurs placés bout à bout. Assassins d’une vie et créateurs d’une haine qui prendra sa place. Parce que la nature déteste le vide.
Il faut que je te parle.
Du contexte, à la fois aveu et mise en accusation, plaidoyer et sentence, preuve et alibi, lumière et ténèbres.
D’elle, la gracieuse effondrée, la violente incomprise, la fée devenue sorcière.
Du résultat de ces mots, du cœur en morceaux, du corps en sursis, de la dignité feinte, de la douleur cachée, de la haine nécessaire.
De cette histoire, vieille comme le monde : trois, c’est un de trop.
De cette lutte pour retenir, pour revenir. De la stupeur quand l’être idéalisé ne se révèle que commun. De l’élévation du cœur face aux besoins du corps. De l’impossible pardon. De la gestation de la colère. De la mise au monde du double, monstrueux, mais salutaire. De cette vengeance orchestrée, sublimée, mise en scène.
Des moyens, le verbe comme arme, l’apostrophe guillotine, la virgule assassine. Le monde entier comme témoin. Les réseaux sociaux comme tribunaux.
De ce livre enfin, si particulier. Fascinant et terrifiant. Qui ne ressemble à aucun autre. Qui sera adoré ou détesté, mais qui ne laissera pas indifférent. Parce qu’il parle d’un sujet si banal de façon si extraordinaire. Parce qu’il va aussi loin que là où nous avons, ou aurons, tous rêvé d’aller un jour.
L’auteure ne nous laisse aucun répit dans la lecture, nous prenant à témoins comme son personnage le fait avec sa vidéo.
Est-ce que ce livre est malsain ? Oh que oui. Comme le sont généralement ces histoires quand on les vit. Elle va juste un peu plus loin, un peu plus fort. Et c’est tout simplement excellent.
Elle y décrit l’humain comme on dissèque une grenouille, morceau par morceau. Nous mettant face aux choix de Martha comme si elle nous tendait un miroir, déformant, mais au fond tellement ressemblant.
Délicieuse nous coupe le souffle, nous malmène. Roman noir de jais, il nous entraîne vers un lieu d’horreur absolue : les tréfonds de l’âme humaine.
Dans ce livre Marie Neuser intellectualise la douleur et ses conséquences avec une plume sanguinaire et magistrale.
À lire, bien sûr, absolument même.
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