AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Keiichirô Hirano (121)


Je rêvais de vous en train de me rêver … Pour moi, rêve et réalité sont une seule et même chose.
Commenter  J’apprécie          10
Tetsuo releva la tête :

— Tout ça est sans doute un peu soudain, mais cela ne pouvait être qu’un accident, un suicide ou un meurtre. Et moi je pense que c’est un meurtre, je ne vois pas comment c’est possible autrement. Ce n’est pas un suicide. Un accident ? C’est impossible. Je n’avais rien à faire sur le toit de l’immeuble, et si c’était un accident, tout le monde dirait que c’en est un. Et Saeki est un type vraiment louche. Pour une simple vétille, il est capable de…

Ne sachant lui-même comment terminer sa phrase, Tetsuo se tut. Chika retira ses mains des siennes, chassa les cheveux qui lui couvraient le visage, fronça les sourcils. Puis elle dit en le regardant dans les yeux :

— Si c’est vraiment le cas… C’est inquiétant. S’il apprend que tu es vivant, il va peut-être revenir te tuer.

Tetsuo ouvrit de grands yeux. Au même moment, il lui sembla entendre un bruit derrière lui et il se retourna. Il alla jeter un coup d’œil par la fenêtre. Puis il referma les rideaux sans laisser le moindre interstice, et dit après avoir pris une grande inspiration :

— S’il veut venir, qu’il le fasse. Ce sera la preuve que je ne me suis pas suicidé. Toi et Riku, vous pouvez vivre sans avoir de sombres arrière-pensées. Nous sommes tous les trois des victimes, voilà la pure vérité.
Commenter  J’apprécie          10
Dans le cabinet de consultation, face au Dr Terada en blouse blanche, Tetsuo raconta ainsi en détail la scène de son réveil dans la salle de réunion. Non parce que Terada le lui avait demandé, mais parce qu’il était persuadé que ce moment où il avait retrouvé sa conscience intéresserait particulièrement le médecin. Et sans nul doute, avec son point de vue professionnel, Terada lui ferait remarquer certaines choses qui avaient échappé à un profane comme lui.

— … Juste avant que je me réveille, c’était le noir complet. Puis quelque chose d’aveuglant, venu de l’extérieur, tout près de moi, s’est mis à clignoter. Une lumière réelle, je pense…
Commenter  J’apprécie          10
L’histoire qui avait laissé la plus forte impression à Tetsuo à propos de son père était celle-ci : l’année de la naissance de son fils, cet homme qui envoyait d’habitude à peine dix cartes de vœux de Nouvel An, en avait rédigé cinquante, qu’il avait envoyées à tous les gens de sa connaissance pour annoncer : “Nous avons eu un garçon !” Ce furent, en fin de compte, les dernières cartes écrites par son père.

Tetsuo avait ainsi la certitude que son père s’était réjoui de sa naissance. Il imaginait le caractère sans façon de son père. C’était la base de son attachement à cet homme dont il n’avait aucun souvenir direct. Chaque fois qu’il l’évoquait, il apparaissait sous les traits d’un homme qui, bien que disparu depuis bientôt quarante ans, continuait éternellement à écrire avec enthousiasme des cartes de vœux annonçant : “Nous avons eu un garçon !” Même s’il arrivait quelque chose à Tetsuo, son père ne le saurait jamais et continuerait à se réjouir de la naissance de son unique fils.
Commenter  J’apprécie          10
— Ah bon ? Toi au moins, Tetsuo, tu dis la vérité, contrairement à mon mari, alors je te crois. Quand je serai au paradis, je t’enverrai des signaux, à toi seul, en secret de lui.

— Il sera jaloux, ça va créer des problèmes.

— Ça ne fait rien, tu sais. Il m’a assez rendue jalouse au cours de ma vie… Je me demande juste si les enfants peuvent comprendre ce genre de signe. C’est ma seule inquiétude. Le nôtre est encore si petit.

— Il comprendra, c’est sûr. Les enfants sont plus purs que nous.
Commenter  J’apprécie          10
D’après l’ami de Tetsuo, les médecins avaient annoncé à sa femme qu’il lui restait quatre mois à vivre, alors qu’en réalité il n’y en avait plus qu’un. Il s’était demandé si ce genre d’“attention” était vraiment bénéfique au patient.

La jeune femme s’était redressée à grand-peine pour s’adosser au dossier du lit inclinable, et avait demandé à Tetsuo :

— Dis, Tetsuo… Qu’est-ce qui se passe quand on meurt ? Tu crois qu’il existe un monde après la mort ?

Tetsuo observait son expression : devant le sourire fugitif qui venait de passer sur son visage, il crut voir brûler comme une flamme crépitante le précieux reste de vie qui l’habitait encore.

— Tu as perdu ton père très jeune, n’est-ce pas Tetsuo…? As-tu déjà eu l’impression qu’il veillait sur toi du haut du ciel, ce genre de chose ?

Tetsuo répondit sans détourner le regard :

— Hmm, oui, j’ai toujours eu l’impression qu’il me protégeait de là-haut.

— Vraiment ? Depuis le paradis, alors ?

— Le paradis ou autre chose, je ne sais pas, mais en tout cas ce genre de monde, oui.
Commenter  J’apprécie          10
l était allé rendre visite à l’hôpital à la femme d’un ancien camarade de lycée – suffisamment proche pour qu’ils s’invitent l’un l’autre à leurs mariages respectifs. Atteinte à vingt-huit ans d’un cancer généralisé, elle venait d’être prévenue qu’il ne lui restait que quelques mois à vivre.

Elle était très amaigrie, comme si la lutte pour se maintenir en vie lui avait arraché ses dernières ressources.
Commenter  J’apprécie          10
Le monde après la mort n’existait pas. Les fantômes n’existaient pas. Une fois morts, les êtres humains ne laissaient rien sur Terre, hormis leurs cendres. Sa conviction sur le sujet était aussi dure que les petits galets de la rivière.

Il avait eu une seule conversation, absolument pas préméditée, sur le monde d’après la mort, quatre ans plus tôt.
Commenter  J’apprécie          10
À la suite de cet incident, il avait décidé intérieurement de ne plus parler de la mort avec personne. Si le sujet venait sur le tapis, il laissait la conversation se dérouler sans lui, feignant de ne pas entendre et gardant ses idées pour lui.
Commenter  J’apprécie          10
i Tetsuo avait frappé son camarade de classe, ce n’était pas parce qu’il savait à quel point son père pensait profondément aux proches qu’il avait laissés derrière lui, autrement dit lui-même et sa mère. Ce qui l’avait rendu fou de colère, c’était que l’autre avait nié que l’on puisse savoir ce genre de chose, comme si ce n’était qu’une question de croyance.

Tetsuo l’avait frappé au visage pour lui faire ravaler ses paroles.
Commenter  J’apprécie          10
Chaque soir, en se mettant au lit, il disait “Bonne nuit, papa” d’une petite voix inaudible, avant de fermer les yeux. Mais son père ne lui avait jamais envoyé le moindre signe.

Un jour, il débita pour voir tous les gros mots qu’il connaissait, puis attendit un moment une réaction en retour.

Si, le lendemain, il avait par exemple trébuché sur un caillou en chemin, il aurait considéré cela comme un signe et aurait continué à croire toute sa vie. Mais les jours et les mois s’écoulant sans le moindre signe de ce genre, il avait fini par arrêter de souhaiter bonne nuit à son père. Autrement dit, il était parvenu à une conclusion.
Commenter  J’apprécie          10
Quand il demandait à sa mère, Keiko, où était son père maintenant, elle faisait diverses réponses : dans le ciel, dans le caveau familial, ou encore dans le cœur de ceux qui lui avaient survécu. Tetsuo accueillait ces réponses avec un léger sentiment de joie, mais quand il fut en âge d’entendre parler du paradis et de l’au-delà, il se persuada que c’était l’endroit où son père se trouvait.
Commenter  J’apprécie          10
Ce n’était pourtant pas un garçon bagarreur. Ni avant ni après il n’avait levé la main sur quiconque et, loin de le soulager, ce geste avait provoqué en lui un profond malaise. Il l’avait aussitôt regretté, et chaque fois que la scène lui revenait à l’esprit, il serrait les dents, attendant qu’elle s’efface de nouveau.
Commenter  J’apprécie          10
Un collégien à la peau blafarde – celui qui avait initié les autres à ces jeux occultes – avait argumenté que si son père ne s’était jamais manifesté, c’était parce qu’il faisait peu de cas de sa famille. C’est à ce moment-là que le poing de Tetsuo était parti tout seul.
Commenter  J’apprécie          10
En quatrième, un groupe d’élèves de sa classe passionnés d’occultisme se retrouvait toujours pendant la pause déjeuner dans un coin de la salle, juste derrière la place de Tetsuo, pour des séances de spiritisme. Il les avait ignorés jusqu’au jour où, n’en pouvant plus, il avait frappé du poing sur son pupitre et s’était retourné pour leur dire, avec l’air le plus grave qui soit, que ce qu’ils faisaient était une imposture. Une pièce de dix yens s’était aussitôt arrêtée sur la lettre ha de la planche spirite comme pour dire : “Hein ?” Les participants, traits crispés, avaient opposé à Tetsuo des arguments stéréotypés : il avait des préjugés parce qu’il manquait de sensibilité aux esprits, il existait des phénomènes que la science ne pouvait pas expliquer, etc. Tetsuo avait riposté avec force :

— Écoutez, les gars. Moi, mon père est mort quand j’avais un an. Mais je n’ai jamais vu son fantôme, jamais ! Si l’autre monde ou les revenants existaient, il me serait apparu, c’est sûr ! Et pourtant, je ne l’ai jamais vu, pas une fois, je vous dis, pas une seule ! Alors, vos histoires de paradis, de fantômes, tout ça, c’est du baratin. Comment les esprits des morts pourraient-ils parler ?!
Commenter  J’apprécie          10
Tetsuo n’était pas homme à croire aux fantômes ni à la vie après la mort. À l’époque où il était collégien, cela l’avait même amené à se battre avec un camarade de classe.
Commenter  J’apprécie          10
Quels mots auraient-ils échangés ? La conversation aurait-elle rebondi spontanément entre eux, comme entre deux hommes du même âge ?…
Commenter  J’apprécie          10
Il perçut soudain la présence de son père, toute proche. Ce n’était pas la silhouette qu’il connaissait à travers des photos et qui flottait à l’arrière de son esprit, mais une sensation charnelle, comme si l’épaule tiède de son père était venue s’appuyer un instant contre la sienne.

C’était la première fois qu’il ressentait aussi intensément sa présence.
Commenter  J’apprécie          10
Si, à cet instant, son père mort était venu s’asseoir à ses côtés, ils auraient été deux hommes du même âge.

Il se tourna lentement pour jeter un regard sur la place vide à côté de lui, comme s’il contemplait un miroir
Commenter  J’apprécie          10
Tamotsu Tsuchiya était mort à trente-six ans et, pour cette raison, son fils Tetsuo avait toujours considéré cet âge comme une étoile noire à l’horizon de son avenir. Et puis un jour il l’avait atteint lui aussi. Il s’était rendu compte avec stupéfaction, un peu plus tôt, en remplissant le carré “âge” du questionnaire médical, que c’était précisément cette année.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Keiichirô Hirano (161)Voir plus

Quiz Voir plus

Les filles du docteur March (Quizz simple)

Comment s'appelle la plus jeune des filles ?

Jo
Margaret
Beth
Amy
Estelle

12 questions
13 lecteurs ont répondu
Thèmes : romanCréer un quiz sur cet auteur

{* *}