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Critiques de John Le Carré (778)
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L'espion qui venait du froid

Le troisième roman de John le Carré fut le bon, celui de la gloire. Il était le premier à révéler les dessous de la lutte impitoyable que se livraient les services secrets au lendemain de la guerre mondiale. L'action débute et se termine à Berlin au beau milieu d'un poste frontière. le dénouement est identique, au début un homme à vélo est abattu sur un pont à quelques mètres de la zone ouest, à la fin un couple subit le même sort en tentant d'escalader le mur.

Alec Leamas dirigeait en Allemagne de l'Est un réseau d'espionnage dont le dernier membre encore vivant vient d'être abattu sous ses yeux (le cycliste). le retour à Londres signe la fin de sa carrière opérationnelle et la descente aux enfers commence. Il se réfugie dans l'alcool, perd son travail et finit même en prison pour quelques mois.

Bien sûr, la déchéance n'est qu'un rôle. Peut-il encore être utile ? Si oui, avec quelle motivation ? La vengeance ? Eliminer le responsable de tous ces morts, Mundt le chef des services secrets est-allemands, celui qui, quelques années plus tôt, en plein coeur de Londres, avait tenté de tuer George Smiley (le héros récurrent de le Carré) ? Oui, ça mériterait de repartir une dernière fois. «Vous représentez le dernier épisode de la chasse au trésor. Tachez de rester en vie et nous aurons remporté une grande victoire ».

A sa sortie de prison, un agent de l'Est l'attend pour le convaincre de changer de camp « il devait à la fois les réconforter et détruire leur dignité d'homme » , l'interrogatoire est concluant car, dans le tas de renseignements fournis, il y a une piste qui intéresse tout particulièrement les Allemands : nom de code « Rolling Stone » (amusant de noter que le roman date de 63 et la formation des Rolling Stones de 62). Ce Rolling Stone (bourlingueur en français) ne serait-il pas un membre haut placé des services secrets allemands travaillant pour les Anglais ? Leamas n'y croit pas ou feint de n'y pas croire, l'essentiel est que les Allemands, eux, y croient : «l'homme qui tient un rôle encourt des dangers psychologiques évidents, en soi la pratique du mensonge n'a rien de particulièrement éprouvant ; c'est une question d'habitude professionnelle que la plupart des gens peuvent acquérir, mais alors que l'aigrefin, l'acteur ou le joueur peuvent rejoindre leurs admirateurs après la représentation, l'agent secret, lui ne peut pas se payer le luxe de la détente…on dit que Balzac, sur son lit de mort s'inquiétait de l'état de santé de ses créatures…c'était seulement en de rares circonstances, comme ce soir en allant se coucher, qu'il se permettait le luxe de contempler… le mensonge énorme qu'il vivait »

L'acteur est bon, tout comme son texte, et le piège consistant à faire éliminer l'adversaire par ses propres concitoyens va fonctionner « F marchait comme un somnambule vers le piège qu'il lui avait tendu ».

Trop simple, le piège ne se refermera pas comme prévu car le plan était encore plus machiavélique « nous assistons à l'épisode dégueulasse d'une opération immonde, maintenant tu sais tout, et que le Ciel nous aide tous les deux ! »

« Pour quoi prends-tu les espions ? C'est un minable défilé d'imbéciles vaniteux, de traitres aussi oui ; tu les imagines… comme des moines dans leur chapelle en train de soupeser le Bien et le Mal ?... Je l'aurais tué si j'avais pu. Je le vomis. Mais pas maintenant car ils ont besoin de lui pour permettre à la masse imbécile que tu admires tant de dormir sur ses deux oreilles. Ils ont besoin de lui pour assurer la sécurité des gens ordinaires, des minables comme toi et moi. Ils ne se dressent pas…sur un podium pour nous adjurer de nous battre pour la Paix ou pour Dieu ou pour n'importe quoi donc. Ce sont de pauvres cons qui s'évertuent à empêcher les apôtres de toutes les religions de s'entredévorer »

« Tu te trompes…Ils sont pires que nous tous…ils méprisent tout ce qui est authentique, l'amour… »

« C'est vrai, c'est le prix qu'il faut payer : mépriser d'un bloc Dieu et Karl Marx »

Cinquante-cinq ans plus tard, rien n'a changé, le roman est toujours aussi fort !
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Un homme très recherché

humour caustique,tension

croissante,scène finale

poignante, une oeuvre

qui révèle une vision sombre des services secrets, en guerre contre le terrorisme.

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La taupe

Un vrai bon gros livre d'espionnage.

On y retrouve l'ingrédient essentiel : qui travaille pour qui ? Ce qui génère régulièrement une certaine perturbation dans la compréhension de l’histoire. Comme chacun essaye de manipuler l’information à son avantage, on s’en retrouve à douter de qui est qui, qui a fait quoi, qui est le bon ou le méchant ! A ce titre, les personnages sont particulièrement intéressants : Smiley, bien sûr. Jim, Bill et la femme de Smiley, qui ne fait pas partie du cirque mais qui finalement va intervenir dans l’histoire….

Le nœud de l'énigme se situe dans une taupe infiltrée dans ce réseau anglais appelé "le cirque ". Smiley, un ancien du cirque, est le personnage principal. Il sort de sa retraite pour démasquer l’espion haut placé qui est la taupe.

Ne cherchez pas beaucoup d’action dans ce livre, Smiley passe une grande partie de son temps à explorer des dossiers, et à se rappeler des souvenirs personnels pour faire des recoupements. Le peu d’action se trouvant justement au sein de ces flashbacks.

Un roman remarquable, qui a été traduit au cinéma par un non moins remarquable film.

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Le Chant de la Mission

Avec, en exergue, ces mots de Joseph Conrad dans Au coeur des Ténèbres

" La conquête de la terre , qui consiste principalement à l'arracher à ceux dont le teint est différent du nôtre ou le nez légèrement plus aplati, n'est pas une fort jolie chose, lorsqu'on y regarde de trop près"



L'intrigue de ce roman de John Le Carré est celle d'un projet destiné à « apporter la démocratie et le développement au Congo oriental ». Et là, vous traduisez naturellement, un projet qui vise à s'en approprier les ressources minières.

Y participent à Londres des capitalistes, un conseiller New Labour, un ancien ministre africain et un vénérable lord. Mais pour réussir, ce projet-complot nécessite sur place l'aide de nobles seigneurs locaux , tous d'ethnies différentes, mais dont le point commun est la haine respective qu'ils se témoignent.

Et, pour la traduction, il est fait appel aux services de Bruno Salvador, dit Salvo .

Qui est donc ce Salvo? Une brillante réussite de la Grande Bretagne multi culturelle...

Il est né dans un couvent où sa mère l'abandonna après avoir vécu "trois mois d'amour vache entre les mains des carmélites ".Son père était missionnaire blanc et sa mère congolaise.( l'union furtive d'un" bouseux irlandais missionnaire catholique " et d'une villageoise congolaise du Kivu). Shocking! Il a été élevé en Angleterre, dans un sanctuaire du Sacré-Coeur, où un Frère Michael l'a initié- entre autre- à la sodomie et a exploité son " oreille de mainate " et sa " mémoire d'éléphant " en lui faisant apprendre le français et un grand nombre de langues africaines. Brillant interprète, marié, par hasard, à une Pénélope blanche, riche et journaliste à succès, pour remercier le sort et Sa Gracieuse Majesté qui lui ont permis d'échapper à un destin de pauvre africain, il met ses dons linguistiques au service de son pays..Je vous recommande le début de ce livre, le récit de la jeunesse de Salvo est un régal de cet humour anglais que j'adore. Peu de mots, mais ils atteignent leur but!



Gentil , Salvo, et reconnaissant. Persuadé également d'agir pour la bonne cause.. Ce qu'il va découvrir va le faire progressivement changer d'avis.

Car ce qu'ils ont oublié , ces bienfaiteurs des peuples africains, c'est que Salvo est lui-même un Africain.

Et c'est là que j'aime John Le Carré qui toujours donne à ses personnages une dimension complexe liée à leurs racines. Comme il est lui-même un homme complexe de par son histoire personnelle, telle qu'il l'a un peu dévoilée dans Un pur espion.



L'oeuvre de John Le Carré , toujours de nature politique, évolue...

Mais dans ses premiers livres, dont le thème central était la guerre froide, la politique avait un sens, même si elle n'était pas toujours glorieuse.

Puis il est passé à l'accusation , la dénonciation comme dans La constance du jardinier. Il persistait quand même des causes pour lesquelles lutter.

Ici...la politique elle même est fiction, il n'existe plus d'autres valeurs que les valeurs individuelles , et c'est bien peu pour lutter contre de tels personnages corrompus....





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Un traître à notre goût

Cette lecture me laisse quelques questions qu'il me faudra résoudre en lisant un ou deux autres titres de John Le Carré... Parce que bon, je ne vais pas vous faire languir plus que ça : oui, j'ai aimé ce roman d'espionnage bien d'actualité qui met en scène un jeune couple qui va se trouver confronté à du blanchiment d'argent sale à grande échelle et toucher du doigt les liens qu'il peu y avoir entre les gouvernements et les économies parallèles.



La narration est digne d'un scénario. On commence par découvrir Gail et Perry à Antigua. Rapidement, s'intercalent des morceaux de leur "interrogatoires" par les services secrets britanniques avant que l'intrigue ne suive un ou deux personnages secondaires pour nous planter le décor de la scène finale. Si les personnages sont peut-être un peu nombreux, un minimum d'attention à la lecture permet de voir au fil des pages la mise en place d'une énorme machinerie, dépassant largement nos deux héros.



Si je ne ferai pas de ce roman un coup de coeur, c'est plus parce que le genre, même s'il m'intéresse, ne fait malgré tout pas partie de mon style de prédilection. Que ce soit en roman ou en film, j'aime bien l'espionnage, mais à petite dose ! Ceci dit, je ne peux que reconnaître le talent de John Le Carré pour ficeler une intrigue des plus pertinentes qui n'hésite pas à interpeller le lecteur en soulignant les intérêts que peuvent avoir les États à ne pas mettre le doigt sur un réseau pourtant connu de blanchiment d'argent... Reste à savoir s'il y a un peu de vrai dans tout ça...!
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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L'espion qui venait du froid

J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce classique de l'espionnage : l'impression de regarder un vieux film en noir et blanc. Tout un contexte que je ne connais que par les livres, et qui m'a donné l'impression que ce texte était déjà daté. La femme n'y est vraiment pas à l'honneur et on sent que tout était tendu dans ce climat d'après guerre où on ne sait pas vraiment qui est le méchant ou plutôt où chacun des protagonistes est le méchant.

Un roman cynique et à l'opposé d'un roman optimiste. Le pire c'est qu'il semble réaliste.

Pas un mauvais moment, contente d'avoir découvert cet auteur.
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L'espion qui aimait les livres

Je découvre John Le Carré avec un roman paru après son décès. Un livre qu’il n’a pas voulu publier de son vivant.



Dans ce récit, l’auteur nous introduit dans le monde très fermé des espions. Il est surtout question du côté privé de la vie de ces hommes et de ces femmes qui pratiquent un métier qui doit rester opaque aux yeux de tous.



L’auteur maîtrise bien son sujet ayant lui-même fait partie des services secrets britanniques, ce qui laisse supposer qu’il en connaissait aussi les failles.



Un livre à l’univers captivant qui se lit assez vite car la plume est fluide et certaine.

Les tout est servi avec des personnages mystérieux, attrayants et intéressants à découvrir.



Je remercie les Éditions du Seuil et Babelio qui m’ont permis de découvrir ce roman dans le cadre de la dernière Masse critique.

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L'espion qui aimait les livres

Mes vifs remerciements à l'opération masse critique privilégiée de Babelio et aux éditions du Seuil pour ce roman intriguant. Roman posthume qui a vu le jour grâce à son plus jeune fils Nick Cornwell (romancier sous le pseudonyme de Nick Harkaway). Un récit qui nous dévoile une partie du fonctionnement des Renseignements britannique, les infiltrations d'agents secrets et le tout joué dans une librairie.



Deux personnages importants à suivre au fil de la lecture : Julian qui s'installe dans une librairie sur la côte anglaise, il a quitté volontairement son métier de trader; et Edward, personnage mystique, immigré polonais, qui lui rend visite et s'intègre inopinément dans l'évolution de sa librairie.



Voilà un texte qui pourrait prendre des allures de polar humoristique jusqu'à aller vers le roman noir. Le sujet varie sur les agents secrets vieillissants, ce qu'il reste de leurs missions, et surtout démêler qui est vraiment qui dans toute cette histoire. On pourrait s'empêtrer dans la position des personnages, mais avec ces chapitres courts, pas le temps de se poser trop de questions et l'on remet vite dans le bon ordre tout ce petit monde.



Une intrigue complexe, intéressante, vite lu où j'ai passé un bon moment. Déjà lu de cet auteur "Retour de service" que m'avait offert Sonia.

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L'espion qui venait du froid



John Le Carré est-il marié? C'est-y un coeur à prendre? J'aime ces anglais qui ont une classe folle, la classe de l'esprit, et qui ne s'abaissent devant personne. Celui qui a dit haut et fort que « la manière dont Bush et sa junte ont réussi à dévier la colère de l'Amérique, de Ben Laden à Saddam Hussein, [était] l'un des meilleurs tours de passe-passe de relations publiques de l'histoire », continue également à déplorer "l'inféodation du Royaume Uni aux États Unis".



L'espion Leamas au tempérament irascible, excédé d'avoir passé sa vie à se sortir des embûches d'un métier qu'il a fini par détester, tombe dans la boisson. "On se le montrait subrepticement du doigt, comme on désigne un athlète déchu, en disant : " C'est Leamas. Le type qui a fait une boulette à Berlin. Malheureux de le voir se laisser aller comme ça!"



Et pourtant, une femme semble toucher cet homme dur, aigri, coléreux. Une dénommée Liz, qui travaille pour le Parti.



L'intrigue n'est pas absolument compliquée, mais ses éléments s'imbriquent de telle sorte qu'à un moment l'on se demande qui est transfuge : du grand art.



Il y a dans ce roman quelque chose qui évoque l'axiomatique : il y a dans ce qui se vend (les renseignements) comme une appartenance au domaine logique . La théorie mathématique axiomatisée est "constituée à la fois par un système logique sous-jacent, représenté par des axiomes logiques (par exemple A OU ¬A [« A ou non-A »]) et par une partie spécifique, particulière à la théorie considérée (et qui est parfois la seule à être explicitée)". Le "code" observé par les espions d'un bord ou d'un autre quant à lui "semble" logique. L'est-il?



Je ne suis pas sûre de me comprendre moi-même, mais l'idée me plaît!



L'espionnage n'est-il pas (dans les romans en tout cas) une sorte de jeu effarant? Et ces transfuges qui risquent leur vie, existent-ils vraiment?



Roman fabuleux que "L'espion qui venait du froid". J'avais toujours cru qu'il s'agissait du pôle nord et qu'il arrivait couvert de givre. Non pas, mais quelle force, quelle énergie..



Et maintenant je file en Cornouailles rendre visite à l'auteur! Pourquoi pas?
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La taupe

Ce roman est le parfait anti-James Bond . L’action y est réduite au strict minimum tout se passe en quête de renseignements , en interrogatoires. L’atmosphère est nocturne , oppressante . George Smiley le personnage principal est certes un maître es espionnage mais aussi un homme empêtré dans le réseau confus des amours et des amitiés . Un magnifique roman .
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L'héritage des espions

De nos jours, Peter Guillam, espion anglais, est rappelé par les services secrets suite à une enquête sur une opération ayant eu lieu il y a plus de cinquante ans.

C'était l'époque de la guerre froide, et ça espionnait sec entre l'Angleterre et le bloc de l'Est !

Avec plusieurs collègues, et sur l'ordre de leur supérieur George Smiley, ils avaient réussi à convaincre une espionne de l'Est de travailler pour eux.

L'opération se termine mal avec deux espions morts assassinés à Berlin.

Les enfants des deux victimes demandent justice aujourd'hui et Peter doit répondre de tous les actes et décisions prises alors…

Comment justifier ces morts aujourd'hui alors qu'à l'époque la lutte contre le bloc communiste était primordiale !





Disons-le tout de suite aux lecteurs peu habitués aux romans d'espionnage, l'intrigue est complexe, d'autant plus si, comme moi, vous n'avez pas lu le titre auquel ce roman se réfère, « L'espion qui venait du froid ».

Les flash-back et les différents noms des protagonistes m'ont quelque peu déstabilisée et je n'ai sans doute pas apprécié à sa juste valeur ce qui est sans doute le testament du grand John le Carré.





Toutefois j'ai aimé sa manière de décrire le monde d'avant où l'espionnage était subordonné à des convictions politiques fortes, à l'opposé du monde d'aujourd'hui où la bureaucratie mène le monde.

Peter se rend compte qu'ils se sont peut-être faits manipuler, en effet l'espionnage est souvent un jeu de dupes où le mensonge et la trahison sont courants.

Mais la question est aussi de savoir si la fin justifie les moyens !

Peter est nostalgique du temps passé, du temps de sa jeunesse aussi et des émotions fortes qu'il vivait alors.

En fait ce livre est moins un roman d'espionnage qu'un roman psychologique où un espion s'interroge sur le sens de sa vie…

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Les Gens de Smiley

Le Carré et ses histoires d'espionnages.Il reste fidèle à son domaine de prédilection et s'en sort avec talent. Avec lui, il s'agit surtout de pénétrer le psychisme de "l'homme de l'ombre". Dans ses livres, il sait installer un climat, une ambiance. C'est bon, même si c'est construit toujours sur le même "canevas", c'est un peu le reproche que je lui ferais.
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Un traître à notre goût

Un gros maffieux russe blanchisseur d'argent sale sentant l'horizon s'obscurcir veut couvrir ses arrières et se rapatrier, lui et sa famille, à Londres, capitale du fair-play, du tennis et des bonnes écoles pour un zek élevé dans les geoles de la Kolyma et éduqué sur le tas de fumier, drogue, armes et argent sale, consécutif à la chute du mur de Berlin et du régime soviétique : voilà pour le prologue. Pour ce faire, il a jeté son dévolu sur un jeune couple d'anglais plus-que-parfaits qui, il l'espère, lui permettront d'échapper à une mort certaine et violente en persuadant les services secrets britanniques qu'il a beaucoup à offrir, i.e. les noms de la haute finance britannique et européenne corrompus jusqu'à la moëlle.

Autant le dire tout de suite, quand on lit John Le Carré, il vaut mieux ne pas être distrait et ne pas faire autre chose en même temps, c'est encore plus vrai pour celui-ci à tel point qu'il faudrait que je le relise entièrement pour être sure de ne pas être passé à coté de quelque chose ...

Une construction un peu dérangeante, un vocabulaire truculent et une intrigue passionnante... juste une petite angoisse à là la fin : est ce que ça fonctionne VRAIMENT comme ça ????

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Un homme très recherché

Prenez ces composants :



La ville de Hambourg avec ses arrivées de migrants douteux et sa brume persistante.

Le contexte, risque d'attentats quasi permanent.



Une histoire passée, trouble et troublante doté d'un colonel nommé Karpov de l'ancienne Armée Rouge, disparu au moment de votre lecture, pillant les divers peuples limitrophes de la Russie, pour placer ses gains à l'aide d'une complicité britannique, sur des comptes spéciaux nommés "lipizzans".



Des personnages pittoresques avec l'avocate, Annabel, passionnée et passionnante mais au bout de ses forces.



Son client, Issa le tchétchène martyr, fils du colonel Russe, potentiellement fortuné puisque héritier.

Mais Issa est en fuite et ne veut pas de son héritage qu'il considère comme impropre, il cherche l'asile politique en Allemagne et souhaite devenir médecin, il est pourtant soupçonné d'actes terroristes par les polices US.

Va t-il s'en sortir ? Ou cette terrible machine à soupçons va t-elle le broyer définitivement ?



Le banquier anglais Tommy quasi attachant s'occupant de cette tortueuse affaire et voulant la sauver quoi qu'il en coûte.



Les services espionnages des différentes nations européennes prêts à bondir à tout moment.



Ajouter y :

Le talent de John le Carré installant l'atmosphère du roman d'espionnage au ton de savoureux suspens.



Vous obtiendrez :

Un moment de lecture en bonne compagnie aux nombreux rebondissements.



La tension est palpable à la fin du récit.



Je m'y crois dans cette scène finale ou chacun n'est soudain plus à sa place, ce moment où tout va basculer d'un côté ou de l'autre pour Issa.



Au départ ce roman est cette alternance d'ambiances entre les quartiers des clandestins et ceux des avocats et banquiers, puis toutes les ambiances se mélangent.



Malgré quelques longueurs, tout se tient jusqu'à la fin, je pense continuer à lire d'autres romans d'espionnages.

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Chandelles noires

Impossible de mettre plus de deux étoiles à ce roman signé John le Carré, mais qu'on dirait écrit par un autre. Ou par deux autres, co-signataires de la traduction française, soit Maurice Rambaud et Marcel Duhamel. Reprenons donc sur ce qui m'a personnellement gênée dans ma lecture de cet ouvrage, paru en 1962 en langue anglaise, et en 1963 chez Gallimard, probablement dans la collection Série Noire de Duhamel, ce qui lui valut probablement aussi d'être épinglé dans celle des romans policiers du Livre de Poche en 1965, et finalement dans le bac du bouquiniste d'où, en honnête amatrice de John le Carré, je l'ai exhumé. Des les premières pages, un léger malaise me saisit. Il n'a rien à voir avec la situation de l'action, une école privée anglaise, tres semblable à celle où le Carré posera également des scènes intercalaires de La Taupe, de même que je ne suis pas gênée que l'histoire soit une murder story et non un roman d'espionnage.Non, le malaise tient à ce que je n'entends ni la voix, ni la musique dramaturgique de le Carré, ni cet espace laissé par cet auteur si délicieusement ironique, entre lui-même et ce qu'il écrit, espace dans lequel le lecteur vient avec une certaine joie s'installer, cet espace de jeu qui s'appelle ordinairement humour. L'humour est ce qui permet aux anglais de supporter la pluie, l'ennui, et d'echapper à l'enflure vaniteuse de l'ego, tout en laissant une certaine place aux idéaux , à l'amour du cricket.et de la monarchie héréditaire. le passage de l'anglais au français , souvent délicat, est parfois carrément raté, si ce minuscule espace est ecrasé par une certaine conception du roman policier et du style et de la langue à utiliser pour le traduire. J'ai lu beaucoup de le Carré, toujours en français, et leur puissance est tout à fait liée au travail du traducteur ou de la traductrice., travail que je mesure vraiment par comparaison à cette traduction-ci. Avez-vous eu la meme experience que moi avec cet auteur? Je lirai avec grand intérêt vos commentaires.
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La Maison Russie

LA MAISON RUSSIE de JOHN LE CARRÉ

C’est la fin des années 80, Gorbatchev est au pouvoir en URSS, c’est la glasnost. Quand Niki accepta les lettres et les carnets que lui donna Katia à la foire aux livres de Moscou parce que son voisin de stand Barley n’était pas là, il n’imaginait pas à son retour à Londres qu’en donnant le paquet au foreign office il allait mettre la Maison Russie en émoi et la faire trembler sur ses bases. En bonne logique c’est Barley qui aurait dû recevoir les documents mais il était parti à Lisbonne avec sa maîtresse! Alors la maison Russie va se mettre en quête de Barley, le rapatrier à Londres et l’interroger, car le matériel contenu dans les documents s’avère explosif et personne chez les pros n’avait rien vu venir. Barley collabore, d’autant que dans sa jeunesse il avait postulé pour être un espion, mais c’est un homme bien particulier qui ne se laisse ni intimider, ni manipuler. Il va accepter de retourner à Moscou pour rencontrer l’auteur des documents et négocier avec lui, mais il y a Katia, et Barley n’est qu’un homme… Le narrateur de ce récit c’est Harry, qui raconte l’histoire avec un certain détachement tout en réglant ses propres problèmes extra conjugaux!

Une lecture divertissante et intéressante, on retrouve l’espionnage selon Le Carré fait d’hommes et de femmes de tous les jours pris dans des engrenages qui les dépassent, des anti James Bond.
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L'espion qui aimait les livres

Julian, ex trader reconverti en bibliothécaire hasardeux, rencontre non fortuitement un ancien camarade de classe de son père, Edward Avon alias Teddy. Julian découvre les méandres de l’espionnage aux côté de ce dandy couleur britain dont le passé à l’accent de l’Est reste perceptible.

Stewart « proctor », service secret en fin de carrière est mis sur la piste d’une erreur « système défense ». Ses compétences sont en alerte. Quelque chose se trame et il doit mettre en branle son flair d’expert renifleur. Il se pourrait bien qu’un agent dormant soit passé « out of control ».

Le Foreign office demande du résultat rapide. La géopolitique a changé, la guerre froide n’est plus et d’autres dangers latents sont à surveiller.

Proctor réactive son réseau d’ancien collègues, pressent du louche et enquête à sa manière.

Le passé glorieux percute un présent en déclin mais les réflexes restent aiguisés.

Une écriture et des dialogues au cordeau. Ça cisaille et c’est un peu déroutant à la lecture mais extrêmement dynamique pour le coup. Des « Character » intéressants et une ambiance so british d’une station balnéaire du Suffolk, East England campent le récit solidement.

Première incursion dans l’univers de John Le carré avec son dernier manuscrit édité en posthume par l’un de ses fils.

Merci à l’éditeur et Babelio pour cette masse critique là encore sortant bien de mes habitudes livresques.

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L'espion qui venait du froid

Au poste-frontière qui sépare Berlin-Ouest de Berlin-Est, peu de temps après la construction du mur, Alec Leamas, un agent des services secrets britanniques, assiste en quelques minutes, impuissant, au démantèlement du réseau qu'il a constitué en RDA, orchestré par Hans-Dieter Mundt, le tout-puissant chef du renseignement est-allemand.

Abattu, vidé, lâché par sa hiérarchie, Leamas va saisir la chance ultime de se remettre en selle et de laver cet affront.

J'avais lu auparavant de Le Carré "La Taupe" et "Comme un collégien", écrits une dizaine d'années après "L'espion qui venait du froid". Ce roman de Le Carré explore les mêmes thèmes, mais avec une brièveté, un laconisme et une économie de moyens qui en font son efficacité. Lire un roman de John Le Carré est comme entrer dans une pièce aveugle dont on a brutalement coupé l'électricité : privé du sens de l'orientation, on ne sait pas de quel côté le coup va venir. Comme Leamas dans une des rares scènes d'action - très réussie - du livre, on poste sa chaise au centre de la pièce plongée dans l'obscurité pour préparer sa riposte. A rebours de la géopolitique et de sa logique bipolaire, impossible de savoir dans le monde de l'espionnage à quel saint se vouer. Dans ce marigot, cimetière de toutes les illusions, il ne s'agit plus que de sauver sa peau.
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Retour de service

Le dernier opus de John le Carré n’est pas d’une lecture limpide, en tous cas pour un néophyte comme moi, pas coutumier du monde de l’espionnage et du contre-espionnage.

Nat est proche de la retraite. Espion au service de la Couronne britannique, il a passé une bonne partie de sa carrière dans les pays de l’Est et à Moscou, dans la période post communiste.

L’histoire qui nous concerne se déroule en Angleterre, au moment du Brexit. Nat a été nommé chef d’une officine (le Refuge) où se trouvent les des espions britanniques en pré-retraite.

Le Brexit ne fait pas l’unanimité, Trump est un allié encombrant qui divise et qui provoque des réactions épidermiques, la Grande Bretagne doit faire face à une situation géo-politique particulièrement délicate : l’espionnage et le contre-espionnage ont encore de beaux jours devant eux : chaque pays cherche à connaître quelles alliances peuvent se nouer et quels pièges peuvent se fomenter. C’est dans ce contexte que Nat va nous dévoiler l’objet de sa dernière opération particulièrement alambiquée, dans laquelle on peut se demander qui manipule qui ?!



Le lecteur est plongé dans les arcanes de ce monde très spécial et l’auteur ne fait rien pour nous faciliter le travail. Il faut vite maîtriser le vocabulaire relatif à l’espionnage, les différentes opérations (Rosebud, Jéricho, Nébuleuse), les différentes officines (le Bureau, le Département Russie, le Refuge) les noms d’emprunt, les noms de code, les échanges d’informations au niveau international, les taupes, les agents doubles… au lecteur d’être vigilant au risque d’être totalement manipulé par John le Carré !
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L'héritage des espions

Comment décrire le lien avec John le Carré ? Sans jamais le rencontrer, j'ai vécu à ses côtés le mur de Berlin, le Checkpoint Charlie, les soirs glacés et les "Trabant" brinquebalantes, les rencontres furtives entre deux pardessus et chapeaux de feutre ou même avec des talons aiguilles, des traversées de pont au matin givré, etc. Ces personnages ont été au cours de cette vie qui compte vingt-quatre volumes, des copains de route appartenant à un univers où la fin justifie les moyens et où l'Occident a la certitude que sa liberté est incontournable au prix d'en priver d'autres !

L'héritage des espions raconte la remontée à la surface d'une vielle opération visant à déstabiliser la Stasi dans les années 50 : Windfall, pilotée par le fameux Georges Smiley accompagné de son fidèle Peter. Ce fut un fiasco menant à la mort d'Alec (L'espion qui venait du froid) et de sa compagne Liz au pied du mur de Berlin en 1961. Toute une vie s'écoule. Un jour, Peter est convoqué pour rendre des comptes au service qui l'a employé avant de devoir, aussi, se justifier devant les héritiers et leurs avocats de ces deux meurtres !

L'occasion est ainsi posée pour raconter la vie d'un homme qui a passé le plus clair de son temps et son énergie dans l'ombre, à suivre des ordres, jamais discutés, pour que la paix puisse se développer dans ce monde où la guerre froide était le quotidien. Mais, le monde a changé ! Il faut trouver un coupable à ces dommages collatéraux produits sur l'autel de l'équilibre mondial.

Évidemment, le génie de John le Carré ne raconte pas aussi simplement cette histoire puisqu'il l'entrecroise d'autres situations qui vont tout au long du roman nous happer subtilement et implacablement dans ce labyrinthe avec une langue toujours aussi superbe et un style travaillé et si juste. Quelle régularité que ce génie!

L'avantage avec les écrivains c'est que leurs œuvres ne meurent jamais puisqu'elles renaissent à chaque lecture ! Ce roman, comme les précédents, accueilleront encore et encore nos yeux fatigués, pour comprendre l'Histoire ! Est-ce que cela en valait la peine ? Est-ce que la fin justifie les moyens ? Quand la fiction fait œuvre de pédagogie ... Surtout s'y précipiter !
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L'espion qui venait du froid

"L'espion qui venait du froid" est un roman d'espionnage signé...

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