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Critiques de John Le Carré (778)
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L'espion qui aimait les livres

Le dernier le Carré s'intitule donc « L'espion qui aimait les livres », jolie pirouette de l'auteur, ex-espion ayant passé la majeure partie de sa vie à écrire des livres.

Tout avait commencé avec « L'espion qui venait du froid », (en réalité le troisième roman de l'auteur) celui qui décida de quarante ans de succès. A cette époque, George Smiley ne se posait pas de question, il faisait la guerre à un ennemi implacable. Et puis, un jour, George triompha de Karla, un autre vit le mur de Berlin s'effondrer ce qui permit à beaucoup de commentateurs de ce côté-ci du rideau de fer désormais bien rouillé de prétendre que c'était la « fin de l'Histoire ».

Les héros de le Carré firent désormais face à des multinationales pharmaceutiques (la Constance du jardinier), à des trafiquants d'armes (Le Directeur de nuit) et commencèrent à s'offrir le luxe de tomber amoureux (Comme un collégien, la Maison Russie). Ils se posèrent des questions sur le bien fondé de leurs missions (Le Chant de la mission), ils commencèrent à éprouver des sentiments et de la compassion pour les victimes de causes qu'ils étaient chargés de combattre (Un Homme très recherché).

Ici, le héros de la guerre froide a pris sa retraite, il ne s'intéresse plus qu'aux porcelaines et aux livres. Qu'a-t-il vécu en Bosnie ? Aurait-il repris du service à l'insu du « service » ? Les livres qu'il aime beaucoup lui serviraient ils de couverture ?

Inutile de déflorer plus avant cette intrigue subtile et pleine de sous-entendus.

Les espions réclament leur libre arbitre. La saga se termine bien loin de la rigueur de George Smiley mais n'est-elle pas l'exact reflet d'un Occident épuisé, endormi à force de compassion, préférant chercher à comprendre ses ennemis plutôt que les combattre ?

George Smiley est mort, John le Carré est éternel.

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La taupe

- Je veux dire : ça n’est pas un cousin ?

- Oh, Seigneur, murmura Smiley."



Espion emporté dans la chute de Control, qui supervisait le service de renseignement extérieur anglo-saxon et avait été déboulonné pour paranoïa avérée par un quatuor ambitieux, George Smiley est prié de reprendre du service après que l’existence d’une taupe au sein des services secrets a été authentifiée par la confession d’un agent russe.



Mendel dit de ce drôle de bonhomme qu’à le voir, on ne le laisserait pas traverser la rue sans accompagnement mais qu’à l’instar de ces vieux chênes tordus, lui seul reste debout dans les pires tempêtes.

Karla, maître espion soviétique, pense qu’il représente la menace la plus redoutable pour sa taupe…



Écarté un temps des services, discrédité, George Smiley est le meilleur agent pour assembler le puzzle, traquer la taupe dans les dossiers, faire les recoupements nécessaires entre les opérations ratées, les avertissements de Control, les souvenirs des années où travailler pour le Cirque revenait à défendre l’empire et ses valeurs, à mener une existence héroïque pleine de dangers, les déplacements des quatre suspects, la réorganisation complète du Cirque, les échanges avec les correspondants et espions retournés.



J’avais été enthousiasmée par le film de Tomas Alfredson, avec Gary Oldman, Colin Firth, Tom Hardy, Mark Strong, David Dencik, Ciarán Hinds, John Hurt, Benedict Cumberbatch, Toby Jones, Kathy Burke, une distribution éblouissante pour un film remarquable.

Rien à voir, dans ce Londres crépusculaire et cette quête laborieuse, avec les pifs-pafs-poufs ultra-sophistiqués de l’agent 007 !



À lire La taupe, je constate avec quel soin le réalisateur a reconstitué cet univers à la dérive, nostalgique de hauts faits d’armes que les protagonistes sont trop vieux désormais pour pouvoir les reproduire dans un monde redistribuant les cartes sans cesse.

Et encore, nous ne sommes que dans la première moitié des années 1970, la guerre froide bat son plein, l’explosion éparpillant les équilibres en milliers de petites pièces improbables attendra encore quinze ans pour se produire.



Il y a donc l’Est et l’Ouest, deux blocs immuables en apparence, se regardant en chiens de faience tandis que les espions s’affairent dans l’ombre.



À aucun moment il n’est fait allusion à cette vérité historique que, pour ce qui est des taupes soviétiques au sein des services secrets des pays de l’Ouest, la Grande-Bretagne a payé un lourd tribut avec les Magnificent Five qui ont mis à mal sa crédibilité pour de longues années.

Mais il y en a forcément des échos, dans le choix des membres du quatuor, de leurs profils, de leurs faits d’armes, et de la confiance qui leur est donnée juste parce qu’ils viennent pour la plupart du meilleur monde et ont usé leurs fonds de culottes sur les mêmes bancs.



Il est d’ailleurs à souligner que John Le Carré a vu sa carrière dans les services secrets brutalement imterrompue après que sa couverture a été compromise par Kim Philby, le plus célèbre des Magnificent Five.



Mais revenons à La taupe.

Ce George Smiley, avec ses problèmes de couple et cette dégaine impossible, paumé dans des manteaux ou des imperméables trop grands, quelle trouvaille pour nous mener par le bout du nez dans les méandres de sa quête…

Il cache bien son jeu.



Il n’est pas dupe du fait que la découverte de la taupe ne résoudra pas ses difficultés conjugales, pas davantage qu’elle n’apaisera les blessures de ceux qui l’ont crue et suivie, et ont été ses victimes.

Mais il ira jusqu’au bout.



J’ai trouvé ce livre tout bonnement fumant.

Les personnages sont finement posés, rien n’est simple ni simpliste dans cette histoire.

Le monde des espions est bien loin de la caricature qu’on a l’habitude de voir au cinéma.

John Le Carré le brosse avec intelligence et précision.

Sa description des a priori et des obstacles auxquels est confronté Smiley dans sa quête est criante de vérité, tant il est vrai que la société anglo-saxonne reste régie par une hiérarchie sociale qui a davantage en commun avec le système des castes indiennes qu’on ne le croit de ce côté-ci de la Manche, système que la Grande-Bretagne avait d’ailleurs largement contribué à imposer sur tout le sous-continent indien.



Il faut voir comme on lui renvoie systématiquement les cousins de sa femme, l’un ministre, l’autre à la tête du Cirque…



Quant à la chasse à La taupe, elle est complexe mais accessible, elle ménage le suspens et nous cueille à froid aux meilleurs moments.

Une réussite.

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L'espion qui venait du froid

Et voilà qu'il gèle, un temps à vous présenter Leamas ! Ou pas ?

Début des années soixante, Berlin, check point Charlie, la nuit s'installe, au loin un homme à vélo passe le contrôle côté Est. Et puis, soudain, le hurlement des sirènes déchire le silence de la nuit et de puissants projecteurs balayent le bout de route pour cerner le cycliste, tirs des gardes, l'homme s'écroule. La nuit se referme sur un silence de mort.

Comment Mundt a-t-il pu savoir ? s'interroge Leamas...





Présenter L'espion qui venait du froid alors que ce livre a reçu le prix Edgar Allan Poe en 1965 et que le film avec en vedettes Richard Burton et Claire Bloom est passé de multiples fois à la télé ? Inutile, insultant, incongru. La guerre froide s'est terminée bien avant le réchauffement climatique, me direz-vous. Soit ! Je vous laisse le lien de la première scène du film pour mieux visualiser.





Alors quelques mots sur David Cornwell, ancien espion, alias John Le Carré, un des meilleurs auteurs anglais toujours vivant ? Non plus, je vous renvoie à son excellente autobiographie : Le Tunnel aux Pigeons, que j'avais chroniquée en février 2017, ainsi qu'à cette interview à domicile dans la grande librairie pour laquelle je place aussi le lien ci-dessous.





Je vous dirai juste que j'aime beaucoup le style de John Le Carré, ses interrogations (notamment sur la raison d'état, les limites du droit, la liberté de l'être), et l'ambiguïté de ses personnages. Des récits d'espionnage bien plus réalistes que James Bond ou OSS117. Et celui-ci en particulier qui vous fait entrer dans un monde d'information et de désinformation au point où le doute finit par supplanter toute réalité, au point où la raison perd pied, au point d'assister au burn-out d'un espion bien avant que le nom ne soit inventé par quelque psy. Ah dans le renseignement et le contre-espionnage, ils sont diaboliquement forts ces Anglais !





https://www.youtube.com/watch?v=6e5rHbDpUuA

https://www.youtube.com/watch?v=PbsYa-m66VY
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L'espion qui aimait les livres

Je ne connais que très peu cet auteur donc mon avis est celui d'un novice. Cette courte critique entreprise pour signaler que, malgré le titre, il n'y a que très peu d'espionnage au sens de double zéro sept dans ce livre.

Je l'ai trouvé très mélancolique, très "monde d'avant". Une époque où la technologie ne se substituait pas encore à l'humain, où les discussions souvent vides de contenu ne tournaient pas autour de l'intelligence artificielle...

C'est donc un roman qui prétexte l'univers des services secrets pour parler de l'humain, de sa complexité, de ses appartenances multiples, de ses fidélités et des accommodements avec la vérité qui les accompagnent.

Il y avait la possibilité de faiblesse dans le monde d'avant. C'était fort.



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Le Tailleur de Panama

Harry Pendel est Le Tailleur de Panama, le meilleur, l’unique et sublime confectionneur des élégances. Comme chez tout tailleur des beaux quartiers, on imagine les clients, tandis qu’il prend leurs mesures pour leur tailler de beaux costumes, passer leur temps à lui tailler, en retour, une bavette. Quand on vous aura confié que tout ce qui compte au Panama se fournit chez Pendel & Brathwaite, suivant en cela l’exemple fameux de l’ancien chef de l’Etat, le redoutable Noriega, qui, en bon boucher qu’il était, présentait toutes les références pour tailler de belles bavettes, vous vous direz, comme moi, que si l’ex taillait, l’actuel doit tailler aussi. Et (j’espère que vous me suivez toujours), de fil en aiguille… on pourrait ainsi s’autoriser à penser que des informations « de source sûre » et « de première main » transitent à Panama par le canal auditif du tailleur des éminences.

Les services secrets de Sa Majesté ont flairé le bon filon. Faisons chanter le tailleur et à nous les informations secrètes sur mesure et cousues main. Le problème, c’est que le tailleur n’est pas tout à fait ce qu’il prétend être ou avoir été. Il manie bien le ciseau, mais ses armoiries sentent un peu le contreplaqué. Les bavettes premier choix n’étant en réalité que de vils bas-morceaux, notre tailleur se met à la broderie avec, il faut en convenir, un talent certain. Son officier traitant n’est pas très regardant, préoccupé qu’il est de trouver la façon la plus juteuse de puiser personnellement dans les fonds secrets destinés à rémunérer ses « sources ». Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse, Londres est ravi, l’opération Boucan semble plaire à tout le monde. On songe à Graham Green et effectivement, à la fin du roman, dans les remerciements, Le Carré revendique la filiation : « Ce livre n’aurait jamais vu le jour sans Graham Greene. Après la lecture de Notre homme à La Havane, l’idée d’un mythomane du Renseignement ne m’a jamais quitté. »

On s’amuse énormément tout au long de ce roman, où on a envie d’encadrer trois citations par page. Les scènes d’anthologie (le recrutement du futur espion ou celui de son officier traitant, l’essayage présidentiel, l’acquittement du juge ou la colère de l’épouse du tailleur) se succèdent à un rythme soutenu pour le plus grand plaisir du lecteur. Mais, comme toujours chez Le Carré, derrière l’intrigue, derrière les mensonges de personnages tellement pittoresques (ils le sont tous : le tailleur, l’espion-escroc, l’ambassadeur, « el presidente », le journaliste, etc.), derrière l’humour tantôt pince-sans-rire, tantôt facétieux, va finir par apparaître une vérité bien tragique. La pourriture gagne les lieux de pouvoir et d’influence, l’appât du gain a pris le pas sur toutes les autres considérations, les responsables en titre ne contrôlent plus rien, hormis leur carrière et les revenus confortables qui vont avec, tandis que le petit peuple, abreuvé de mensonges et de propagande lénifiante, est chargé de régler les additions.

Et en me souvenant que Panama a laissé en son temps de cuisants souvenirs aux épargnants français tandis qu’une bonne partie de la classe politique de l’époque était compromise (euphémisme), il m’est d’avis que la gestion (c’est beaucoup dire) de type « politique du chien crevé au fil de l’eau », grâce à laquelle la pandémie du Covid-19 se répand si aisément dans notre beau pays en ce moment, pourrait avoir quelque chose à voir avec ce que décrivait Le Carré, à propos du Panama et de son propre pays, il y a un peu plus de vingt ans.

« Dites-moi, Juan Carlos, j’ai cru comprendre qu’on allait vous confier la direction d’une importante commission parlementaire ? s’informa-t-il d’un ton sérieux. Je vais bientôt vous habiller pour votre inauguration présidentielle, si je comprends bien.

_ Importante ? répéta Juan Carlos avec un rire gras. La commission pauvreté ? C’est la plus minable de toutes. Pas de fonds, pas d’avenir. On reste assis à se regarder et à déplorer le sort des pauvres, et après on va s’offrir un bon gueuleton. »
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Notre Jeu

Agent double et ménage à trois. Ou (si l’on préfère la version échecs) : quand le fou décide de faire cavalier seul… après avoir détroussé un de ses ex-employeurs et troussé la compagne de l’autre.

Rappel : un agent double est une personne qui travaille pour le compte de deux services de renseignements, dont l'un des deux prend pour des secrets extraordinaires les informations toxiques que le second a décidé de lui faire passer. Ce qui nous ramène à notre sous-titre de départ car, même s’il l’ignore (ce qui est préférable pour la santé de l’agent double) et tout ravi qu’il soit, l’intoxiqué est bel et bien cocu. Quant à Tim, l’autre, qui se croyait le maître du jeu…

« Mais enfin qu’est-ce qui te dérange, Timbo ? Tu m’as volé ma vie. Je t’ai volé ta femme. C’est tout simple… »

Abandonnons quelques instants ces complications affectives pour aborder quelques réflexions de géopolitique. D’abord, parce que c’est plus convenable et ensuite parce que c’est, tout de même, le fond de commerce de l’auteur.

La Guerre froide est terminée, l’Occident a vaincu. George Smiley a triomphé de Karla et certains se rappellent que le combat a été mené au nom de la liberté et du droit des peuples à l’auto-détermination. D’autres, les plus nombreux, les dirigeants, soucieux de ne pas humilier inutilement et dangereusement l’Ours russe, entendent oublier les grands principes et pratiquer la « real politik », seule compatible, à leurs yeux, avec la paix et la prospérité. Tim l’a compris et coule des jours heureux dans une retraite anticipée et ensoleillée par la jeune et belle Emma. Mais comme on ne fera jamais un bon roman avec une insipide histoire de retraité comblé, voici donc Larry, l’ex-agent double devenu son ami, qui n’entend pas se résigner à la retraite : « Je ne veux pas d’un havre de sécurité. Ca ne m’a jamais tenté. J’emmerde les havres de sécurité. J’emmerde l’immobilisme. J’emmerde les profs, les retraites indexées et le lavage de la voiture le dimanche. Et toi aussi, je t’emmerde. »

La dernière phrase se révèlera prophétique, bien sûr, et conduira, bien malgré lui, Tim le placide jusque sur les pentes du Caucase, dans cette fourmilière de cinq cents kilomètres environ du nord (frontière avec la Russie) au sud (frontières avec la Turquie et l’Iran), et d’ouest (Mer noire) en est (Caspienne), où s’affrontent (j’allais dire cohabitent, ce qui aurait été une erreur) une quarantaine de nationalités, les unes de confessions chrétiennes, les autres musulmanes, chacune ayant de très bons motifs de détester ses voisines. C’est la toile de fond de Notre Jeu qui permet à l’auteur de traiter magistralement, comme toujours, quelques uns de ses thèmes de prédilection : l’amour contrarié, le courage, l’honneur, la loyauté, le libre arbitre de l’individu, la beauté des causes perdues et l’amitié. Et comme ses personnages ont de la profondeur et de la ressource, l’aventure n’en est que plus passionnante. Cap sur l’Ingouchie, pays des Ingouches, baptisés ainsi par les Russes (traduction en ingouche : les hommes), alors qu’eux-mêmes se nomment Ghalghaï, (habitants de la forteresse).

"Si vous voulez passer un super Noël, essayez donc Grozny en décembre... Il y fait noir comme dans un tunnel, ça pue le pétrole, les chiens sont ivres, les jeunes portent des bijoux en or et des Kalachnikov.

_ Grozny, en Russie ? fais-je avec un regard éberlué.

_ En Tchétchénie, pour être exact. Dans le Caucase du Nord. C'est devenu indépendant. Mais unilatéralement. Moscou n'apprécie pas franchement.

_ Comment y es-tu allé ?

_ En stop. J'ai pris l'avion jusqu'à Ankara, puis jusqu'à Bakou, je suis remonté un peu le long de la côte et j'ai tourné à gauche. Du gâteau.

_ Et que faisais-tu là-bas ?

_ J'allais voir des amis. Des amis d'amis.

_ Des Tchétchènes ?

_ Un ou deux, et quelques uns de leurs voisins.

_ Tu en as informé le Service ?

_Oh, je me suis dit que ce n'était pas la peine. Un petit voyage pour Noël, de belles montagnes, de l'air pur... Qu'est-ce que ça peut leur faire ? »

Ca va leur faire beaucoup de soucis et encore plus d’ennuis parce que, quand un allumé s’introduit dans une poudrière, la situation y devient vite explosive …

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L'héritage des espions

Je n'ai quasiment rien compris mais c'est quand même cool.



Je m'explique.

(Je précise aussi que je poste un avis sur le livre audio.)



Peter Guilham, espion à la retraite - si tant est qu'on puisse être un espion à la retraite - coule des jours heureux en Bretagne jusqu'au jour où il est convoqué à Londres pour rendre compte d'une vieille affaire qui s'est déroulée en pleine Guerre Froide. Affaire qui avait fait trois victimes dans les rangs du Service et pour lesquelles les héritiers demandent aujourd'hui réparation, réhabilitation et dommages et intérêts.



Pourquoi je n'ai rien compris ?

Parce que c'est mon premier John le Carré et qu'on ne m'ôtera pas de l'idée qu'il faut être un fidèle de l'auteur pour raccrocher ce dernier wagon à la loco et en savourer tout le suc.



Parce que Georges Smiley et consorts me sont aussi familiers que la grand-tante et le grand-oncle de Donald Trump - si tant est qu'il ait une grand-tante, je sais seulement qu'il a un grand-oncle Sam - or on passe à côté de "L'héritage des espions" si on n'a pas un minimum d'éléments sur cet espion mythique créé par John le Carré. En tout cas, moi, je suis passée à côté.



Parce que malgré la qualité d'enregistrement et de lecture de cet Audiolib, un roman qui n'a de cesse de passer d'une époque à une autre, distantes d'un demi-siècle, sans que l'auteur déploie le minimum syndical en termes de descriptions, ça n'aide pas à planter le décor, d'autant plus regrettable que j'aurais adoré qu'il fasse renaître sous mes yeux ébahis les années 50.



Pourquoi c'est quand même cool ?

Parce que malgré le jargon d'espionnage dont je n'ai compris qu'un mot sur trois (et encore je suis généreuse), malgré l'intrigue complexe à suivre lorsqu'on ne fait qu'en entendre sa lecture sans la voir de ses propres yeux sur le papier, malgré les très nombreux personnages dont j'ai rapidement renoncé à retenir la grande majorité, malgré tout cela, on sent la patte d'un Maître, d'un auteur qui maîtrise son sujet à fond, qui jongle avec les rebondissements et les retournements de situations, et qui surtout se sait compris par un public averti, fidèle et qui en redemande.



C'est seulement dommage que je ne compte pas (encore) parmi ces élus ; bref, il vaut mieux à mon avis ne pas commencer à lire John le Carré dans le désordre.





Challenge ABC 2018 - 2019

Challenge des 50 Objets 2018 - 2019
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L'espion qui venait du froid

Incroyable... Je peux vous dire que j'ai abordé ce bouquin avec un préjugé plutôt négatif. En général, les livres d'espionnage m'ennuient et j'ai beaucoup de mal à les lire. L'avantage de celui-ci c'est qu'il est court, cela me pesait un peu moins, du coup.



Mais il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, parait-il... L'intérêt des challenges, c'est de découvrir des auteurs qu'on n'aurait jamais lus autrement.

J'avoue que je n'ai jamais été attirée par les bouquins de John le Carré. J'avais tort, je l'admets sans peine. C'est juste excellent. Hormis quelques bugs de traductions (type "transformer les pions en véritables personnes", ce serait plutôt l'inverse qu'il veut dire, à la base, hem...), c'est vraiment bon.



Punchy, efficace, il n'y a pas une ligne de trop, de très nombreux dialogues rendent le tout vivant, et l'hyper-manipulation qui est présentée dans ce livre est juste, euh, étonnante. Soufflante. Incroyable.

Dans une longue préface John le Carré explique que tout le monde a cru que c'était "vrai" (une autobio, mais que ça ne l'est pas), mais il y a de quoi, ça sonne tellement juste et réaliste...



C'est un exercice de haute voltige, brillamment exécuté, parce que malgré les très nombreux personnages, à aucun moment on ne se perd. C'est vraiment une très belle découverte, "La taupe" n'a qu'à bien se tenir ! ;)



(Challenge illimité "Enquêteurs")
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Retour de service

L’intrigue débute en 2018, juste avant le référendum sur le Brexit et la visite de Trump, sous un gouvernement conservateur, dont le ministre des Affaires étrangères (Boris Johnson) est, selon Nat, aussi ignorant qu’un âne. Nat et Ed, après chaque match de badminton, discutent politique, enfin, c’est surtout Ed qui parle en ardent défenseur de l’Europe. Il donne libre cours, à sa haine de Trump, de Poutine, et « des profiteurs bourrés de fric se faisant passer pour des hommes du peuple qui mènent le pays vers le précipice« . Ils, veulent saboter l’Union européenne, tandis que la Grande-Bretagne, s’est définitivement résolue à n’être plus que le « toutou » d’un président américain fasciste, lié aux fondamentalistes religieux. Voilà, on est rapidement dans le bain et dans la tonalité de cette lecture.



Je connaissais John Le Carré de réputation, et j’étais donc très heureuse de pouvoir découvrir son 25ème livre. Il a une carrière prolifique et sa renommée n’est plus à faire dans le domaine du roman d’espionnage. À l’heure de la consommation « fast-food » et de la digestion rapide, lire un John Le Carré, conduit nécessairement à prendre son temps ! Ce n’est pas une lecture qu’on ingurgite à la va-vite. Non pas par l’intrigue, première couche qui ne dévoile pas grand-chose, mais bien par la construction et la profondeur du propos.



John Le Carré, sait de quoi il parle, il prend le temps de poser les jalons avant de divulguer ses cartes. Comme il a certainement dû le faire du temps de la guerre froide, puisqu’il a lui-même été espion au service de sa majesté. À l’image des espions du bureau des légendes, John Le Carré, dresse un portrait, bien réel de l’espionnage, loin des scènes explosives, que l’on peut retrouver dans certaines lectures.



Ici point de surenchère, il prend le temps de poser les bases, mais surtout de les coller à la réalité. Ce qui pourrait être un handicap pour le lecteur actuel, plus habitué à l’action, a été pour moi une plongée dans ce flegme tout britannique, qui prend le temps d’analyser les situations, d’observer avant d’agir.



Sous couvert de roman d’espionnage, John Le Carré nous plonge en plein Brexit, avec des ramifications géopolitiques insoupçonnables, à l’actualité déroutante des relations internationales biaisées par la « folie » de Trump et la paranoïa de Poutine.



Europhile convaincu, il ne prend pas de pincettes, à travers son personnage principal, pour dire ce qu’il pense du Brexit et de ces hommes politiques qui dirigent le monde, notamment à travers des dialogues d’une grande vivacité et à l’humour qui m’a vraiment séduite.



John Le Carré tire habilement les ficelles pour diriger le lecteur dans un imbroglio d’intrigues, l’obligeant ainsi à ne pas baisser la garde, notamment grâce aux pistes trompeuses, et aux personnages obscurs. C’est du bon polar d’espionnage, c’est jouissif et jubilatoire.
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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Le Chant de la Mission

Le Carré s'intéresse à l'Afrique, entre La constance du jardinier et Le chant de la mission il attire l'attention de son lectorat sur l'urgence de mettre un terme à la mort imminente de ce continent et notamment l'Afrique subsaharienne. Autant dire qu'il n'est pas arrivé, enfin il essaie et c'est déjà pas mal.

Salvo, interprète de son métier donne un coup de main rémunéré aux services secrets britanniques dans la traduction des langues africaines, swahili, shi et autres. Son talent lui permet de se rendre en mission, sur le terrain, pour espionner et traduire des fomentateurs d'un complot au Kivu, Congo oriental. Sous prétexte de se débarrasser de Kinshasa la capitale et de faire de la province du Kivu un état libre et autonome, une bande de gens bien intentionnés concocte un coup d'état avec main mise sur les richesses du coin et, soi-disant avec redistribution au peuple. On signe un contrat, on se tape sur le ventre, tout en sachant que le peuple, lui, non seulement n'en saura rien, mais n'aura aucune part du gâteau.

Salvo a bien compris la manoeuvre et subtilise des cassettes compromettantes qu'il ramène en Angleterre. Aidé par une infirmière congolaise il va chercher à faire échouer ledit complot. Il découvrira, alors, que le mal est bien plus profond qu'il ne le pense.

Littéraire et politique, philosophique et bien écrit, drôle malgré tout, foncièrement espionnage, ce livre ravira les fanatiques de Le Carré et les amateurs de cette Afrique si riche et si pauvre en même temps. Lecture prenante et enthousiasmante. Un bon moment qui, malgré tout laisse entrevoir bien des questions sans réponse et bien loin d'en trouver...


Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Le voyageur secret

J’adore les soirées de remises de diplôme. L’atmosphère y est jeune et joyeuse, on y fait d’agréables rencontres après avoir vérifié d’un œil léger mais attentif l’entourage de son rejeton. On s’attarde devant le buffet assez généreux pour vous faire oublier quelques instants les lourdes dépenses que vous avez engagées avec une constance résignée pour permettre à la prunelle de vos yeux de décrocher le précieux sésame… enfin, c’est comme ça qu’on vous l’a vendu. C’est, d’expérience, beaucoup plus agréable que les pots de départ à la retraite.

Chez les espions du MI6, il y a aussi des étudiants qui travaillent très dur. On les envoie à la « nursery » de Sarratt où de féroces instructeurs leur apprennent le métier, de la simple filature jusqu’au mode d’emploi de leur pilule de cyanure en passant par tout ce qu’il faut savoir pour rester discret et en vie le plus longtemps possible. On comprend aisément qu’aucun diplôme ne soit délivré et qu’aucun parent ne soit invité à une soirée qui n’est pas censée exister. Mais la soirée existe. On reste entre soi et on invite un conférencier chargé, à base d’anecdotes truculentes ou instructives, de parrainer la nouvelle promotion. Et si, cette année, on réussissait à sortir de sa retraite de Cornouailles le légendaire Smiley ? Ca aurait de la gueule, se dit Ned l’ancien patron de la Maison Russie, lui aussi arrivé non loin du précipice de la retraite.

« Et aux pieds de Smiley, était installée ma dernière promotion d’étudiants, les jeunes filles en robe du soir tel un parterre de fleurs, les garçons, fringants et enthousiastes après leur épuisant entraînement physique de fin de stage dans l’Argyll »

« Puis la légende se mit à parler… Son aisance souveraine à cet exercice me frappa donc avant même la profondeur de ses remarques. Je vis dès les premières phrases les visages de mes étudiants s'éclairer d'une sereine admiration, et ce public d'ordinaire difficile lui accorder progressivement son attention, sa confiance et son appui. »

Ned a réussi son coup, ses étudiants sont ravis et Smiley s’épanouit à évoquer les talents gâchés, la qualité typiquement anglaise de dissimulation, la difficulté pour un enquêteur à prendre un menteur en défaut et celle encore plus considérable à reconnaître la vérité. Il aborde le moment où l’officier traitant qu’ils vont devenir cesse de collecter les informations fournies par ses agents pour risquer lui-même sa vie ; il leur fait partager la frustration du vieil agent qui connaît toutes les ficelles mais ne peut que regarder les jeunes opérer car sa couverture est grillée et il leur conseille de rester humains : « si jamais la tentation d’agir avec humanité vous assaille, j’espère que vous n’y verrez pas une faiblesse. Donnez-lui sa chance. »

Et pendant que la légende parle, Ned laisse ses pensées vagabonder. Ce que dit Smiley fait écho à sa carrière : agents, collègues, adversaires et situations défilent. Ned est Le Voyageur Secret, il voyage dans sa mémoire, revisitant ses amours, ses espoirs, ses succès et ses échecs. De ses débuts où il échappe à une gaffe monumentale à l’interrogatoire-confession de Cyril, l’espion qui voulait simplement parler à quelqu’un, en passant par Ben l’étourdi et Stefanie l’éconduite, le capitaine Brandt et Bella la jeune lettonne. Il revit sa discussion avec le tueur qu’on avait envoyé au professeur Teodor sans doute parce qu’il fournissait tant de précieux renseignements, et celle avec le colonel Jerzy au cours de laquelle il crut sa dernière heure venue. Il croit entendre à nouveau la confession de Hansen le jésuite défroqué chez les Khmers rouges et repense enfin à Smiley et à tout le bien qu’on peut faire avec une simple paire de boutons de manchette.

Beau et fort.

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Un traître à notre goût

En vacances dans les Caraïbes, Gaïl et Perry font une partie de tennis, quand le talent de ce dernier est repéré . Il est invité par Dima, à échanger quelques balles . Celui-ci, et sa famille se font de plus en plus collants et invitent le couple à une soirée . Bien malgré eux, Gaïl et Perry vont se retrouver embringués dans quelque chose qu'ils n'avaient pas prévus . Dima est un haut représentant de la mafia Russe .Contactés par les Services Secrets Anglais , le couple va devoir collaborer .



Bon, raconté comme ça , ça a l'air bourré d'action, de suspens ... ? Bof, bof !J'ai lu mieux .

Lorsque j'étais ado , j'ai lu énormément de romans d'espionnage , j'aimais l'action, le suspens et la sensation de comprendre le monde , celui dont " ♫ on nous cache tout, on nous dit rien ♫".

Récemment j'ai vu l'excellent film "La taupe" adapté d'un roman de le Carre , et j'ai eu envie de me replonger dans un de ses livres . Soit , c'est moi qui ai changé (genre plus blasée ...) , soit ce roman est vraiment plat . J 'ai trouvé ça très gentillet comme histoire d'espionnage . Aucun suspens, pas d'intrigues compliquées, une psychologie des personnages des plus sommaire ... Rien de "bouleversifiant ". "Un traitre" , un chouïa insipide comme goût pour moi ...mais d'autres palais apprécieront ...
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La taupe

Une "taupe" se trouve dans les services secret de sa très gracieuse majesté. Voilà pour le sujet. Ici, il n'est pas question de super héros du genre" james Bond". L'histoire est lente, les hommes parlent peu, ils écoutent. Il est vrai qu'il est assez difficile de suivre le récit au vu du nombre de personnages, des rappels du passé. Malgré tout, sans être un spécialiste du roman d'espionnage, l'ambiance me paraît bien rendue, et l'histoire crédible. Pour ceux qui s'intéressent à cette période que l'on a appelé " guerre-froide".
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L'espion qui aimait les livres

Un ultime cadeau ?

( à noter je parle ici du livre version papier et non audio, il y a un petit bug sans gravité )Tout d'abord, non pas un grand mais un immense merci à Babelio qui m'a fait parvenir le dernier roman de le Carré, mon auteur préféré. Je mesure la chance incroyable que j'ai eue !

Ce court roman (220 pages seulement, snif !, c'est bien vite passé ) de le Carré dormait dans les cartons depuis plusieurs années. Grace à son fils il est enfin publié. Son écriture rappelle celle, plus tendue qu'autrefois, de ses derniers romans, plus accessibles disons-le (ses romans des années 1970-1980 étaient bien plus difficiles à lire, là franchement cela ne doit effrayer personne, c'est un véritable bonheur de lecture !).

Il y est question d'une librairie, du sud de l'Angleterre (que décidément le Carré m'a vraiment donné envie de découvrir !) du conflit en ex-Yougoslavie, de la guerre froide, des services secrets britanniques. Il y a beaucoup de choses très belles dans ce livre que je vous laisse découvrir pour insister sur quelques points.

Comme toujours ce qui m'a frappé dans ce roman, outre la qualité de l'intrigue (mais je souhaite pas enfoncer de portes ouvertes !), c'est la perfection de la mise en route (Boyd parle pour le Carré des plus brillants débuts de romans qu'il connaisse et on peut lui faire confiance !), l'incroyable vérité des personnages. Pour un peu on aurait presque l'impression de s'être fait des amis ! le Carré a "défend" thèses, mais il fait absolument l'inverse d'un roman à thèse car ce qui prédomine chez lui, une fois encore ici, c'est l'humanité des personnages, sans rien qui paraisse artificiel. Je suis chaque fois bluffé, ici comme dans ses précédents romans.

Comme le souligne Télérama dans son numéro du jour, par la plume de Nathalie Crom, on est aussi frappé par l'intense mélancolie qui se dégage de ses livres. C'est souvent ironique, drôle, mais l'impression d'ensemble (peut-être est un peu influencé toutefois par la fin désabusée d'un auteur anglais qui, dégouté par le Brexit, finit par adopter la nationalité irlandaise...) est celle d'une réelle tristesse. Tristesse qui, je dois le dire, colle assez bien à la période que nous vivons !

Alors qu'importe que certaines scènes aient un peu un air de déjà vu (un débriefing qui rappelle Comme un collégien- je n'ai pas de mérite je suis en train de le relire, ou une histoire d'amour jolie mais qui fait écho à d'autres qu'il a racontées), car si l'on n'a jamais lu le Carré on s'en fiche, on risque simplement de se rendre compte de l'immense écrivain qu'il était, pas par le contenu de ce qu'il avait à dire (certes très intéressant mais ce n'est pas non plus un essai de Pascal Boniface ou d'Yves Lacoste), mais pour des raisons purement littéraires !

J'espère que les cartons de le Carré nous livrerons encore de belles choses et que ce n'est pas là son ultime cadeau !! Si toutefois c'était le cas, ce serait déjà beaucoup !

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Retour de service

A 88 ans, John Le Carré reste le maître incontesté du roman d'espionnage, et il livre avec Retour de service un roman en phase avec l'actualité puisqu'il y est question de Poutine, de Trump, du Brexit et de l'Europe.

Si je n'ai pas été totalement captivée par l'histoire, j'ai apprécié le style de narration et le personnage de Nat.

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Comme un collégien

J'ai reçu ce livre mais en lisant la 4ème de couverture, je me doutais qu'il n'allait pas me correspondre. Je ne l'auras jamais pris de moi même, j'ai quand même voulu lui donner sa chance malgré ces 677 pages mais j'ai pas aimé. Je n'accroche pas de manière générale avec les romans d'espionnage, les histoires d'agents secrets, agents doubles... Je ne mets donc pas de note car je ne suis pas bien placer pour juger de la qualité du livre, des personnages,... Je ne veux pas le pénaliser ni vous dire de ne pas le lire, de l'acheter,.. Je ne suis pas amatrice de ce genre donc pas crédible pour le juger. A vous de faire votre propre avis...
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Retour de service

Eminent spécialiste en la matière, John Le Carré a travaillé pour les services de renseignement anglais durant la Guerre Froide. Depuis plus de 50 ans, il se consacre à l’écriture. Mieux vaut tard que jamais pour que je me plonge dans l’un de ses bouquins. C’est donc chose faite et cette lecture m’a beaucoup plue.



« Retour de service » est le parfait roman d’espionnage. Certains lecteurs n’adhèreront pas à ce domaine si particulier et à ce style d’écriture tout à fait singulier. Pour ma part, j’ai adoré. Je m’y suis retrouvée très vite en plein dans cette atmosphère secrète à peine quelques pages lues. Même si l’action se déroule à notre époque, c’est entouré d’une aura très révélatrice des films et livres d’espionnages qu’on a pu voir ou lire se déroulant du temps de la Guerre Froide.



C’est une plongée dans les arcanes de la géopolitique mondiale. Ce sont des couloirs cachés aux communs des mortels où très peu de gens y ont accès, tant la culture du secret doit y être maintenue. Doté d’un humour très british, le héros principal Nat est un dandy sur le retour, élégant par son style mais n’ayant pas sa langue dans la poche. Chacun des personnages trouve sa place.



Ce que j’ai trouvé très appréciable dans ce livre, ce sont les questions si actuelles que traite l’auteur puisque l’on est en plein Brexit où les deux camps (pro et anti) se font encore face. Trump et Poutine se partagent l’échiquier mondial. Autre sujet présent qui n’est pas laissé pour compte : les lanceurs d’alerte. Et tout cela est finement analysé.



Agréable à lire par sa justesse et sa crédibilité, ce thriller d’espionnage m’a projetée au coeur de la City, en compagnie de Nat, Prue, Ed et Florence. Habilement écrit et décrit, ce milieu si particulier vous électrisera même si vous n’êtes pas un féru, voire un adepte de la politique. Le final est peut-être un peu commode à mon goût mais il n’a en rien entaché mon plaisir de lecture.



Je remercie les éditions Seuil et BePolar.fr pour l’envoi de ce livre.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Une petite ville en Allemagne

1967, à Bonn, l'ambassade de Grande Bretagne retient son souffle. Les consignes étaient pourtant claires et strictes : ménager le gouvernement allemand et ne rien faire qui puisse lui déplaire car la Grande Bretagne tente de rejoindre le Marché Commun en dépit de la ferme opposition de la France de De Gaulle. Obtenir et préserver l'appui de la République Fédérale d'Allemagne est donc crucial. Mais, même en Allemagne, il y a des opposants. Ils se sont trouvé un leader charismatique qui fédère agriculteurs, étudiants et beaucoup d'autres mécontents qui manifestent violemment contre les intérêts anglais. C'est le moment qu'un modeste diplomate (un subalterne, presqu'insignifiant, un intérimaire en quelque sorte) choisit pour disparaitre avec des dossiers confidentiels. Cela devient vraiment très fâcheux, comme on dit dans le langage diplomatique, lorsqu'il apparait qu'un de ces dossiers était classifié ultra secret.

Au-delà de l'intrigue et d'un suspens entretenu jusqu'à la dernière page, ce roman est, comme souvent chez le Carré, le prétexte à interrogations multiples sur : la démocratie et ses accommodements, la vérité et ses zones d'ombre, la justice et ses limites, l'histoire et sa mythologie, le pouvoir et sa corruption. La caste du Foreign Office a toujours autant de suffisance et de morgue vis-à-vis de ceux qui ne sont que des supplétifs. Il est bien seul, le petit espion. Qu'a-t-il emporté, qu'a-t-il vu qu'il n'aurait pas du voir et surtout que va-t-il en faire ? Est-il passé chez les Russes ? Pourquoi fait-il aussi peur aux Anglais qu'aux Allemands ? Que représente donc Bonn, cette « Petite Ville en Allemagne » ? Une nouvelle Allemagne lavée de toutes ses impuretés, un allié indéfectible de l'Ouest, l'assurance de « plus jamais ça » ou la tentation de s'opposer à l'ennemi héréditaire en s'alliant à l'Est ? A voir, en lisant ce remarquable roman. Cinquante ans d'âge et toujours aussi pertinent, le désenchantement reste le même, le cynisme des uns se nourrissant de l'apathie des autres pour condamner l'homme qui se voudrait libre.
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La constance du jardinier

Big Pharma ?

Je ne suis pas complotiste. Mais les complots cela peut aussi exister. Entre les délires que l'on entend tous les jours et une attitude naïve il y a de nombreux degrés. Ce roman est là pour nous le prouver.

Ce roman (magnifiquement adapté d'ailleurs au cinéma) dénonce la politique de certains grands groupes pharmaceutiques à un certain moment, en certains lieux. Et c'est un constat terrible. John Le Carré est pour moi l'un des auteurs les plus importants pour comprendre l'histoire récente, qu'il s'agisse de la guerre froide ou bien sûr comme ici du chaos de l'après-guère froide.

Le livre est magnifiquement écrit, l'histoire finalement romantique en diable (mais comme toujours en réalité chez Le Carré), la fin tragique (si vous avez lu un Le Carré qui finit bien, il m'a échappé !), et le réalisme au plus haut niveau. John Le Carré enquêtait énormément pour ses romans ( il l'a raconté de manière plaisante dans ses mémoires).

Inconsolable de son décès, je regrette un écrivain qui nous aidait réellement à comprendre notre monde, quand d'autres nous aident à nous intéresser à leur nombril. Et puis il y a une écriture si singulière, une ironie puissante et un sens qui n'est presque qu'à lui des personnages.

La finesse et la puissance de son analyse sur bien de sujets nous manque. Pour ceux qui découvrent le regard de Le Carré sur l'Afrique, on peut prolonger cette lecture par le magnifique Chant de la mission.
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Un homme très recherché

Issa ,un immigré tchéchène débarque à Hambourg et contacte une avocate en lui demandant de servir d'intermédiaire auprès d'un banquier anglais qui détiendrait un compte bancaire au nom de son père ,un ancien colonel de l'armée rouge .Il aimerait que cet argent sale lui permette de financer ses études de médecine et de venir en aide aux tchéchènes .Seulement il est loin de se douter que les services secrets de plusieurs pays s'intéressent de près à lui. Un bon roman d'espionnage teinté d'humour.
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