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Y a-t-il un terreau culturel favorable à la croissance et à l'industrialisation ? Les facteurs culturels peuvent-ils expliquer pourquoi l'Europe s'est autant enrichie depuis la fin du XVIIIe siècle ? Si Max Weber et Karl Marx se sont déjà penchés sur le sujet, l'historien et économiste Joel Mokyr considère qu'il faut surtout comprendre les conditions intellectuelles favorisant l'innovation et la créativité. C'est ce qu'il explique dans son ouvrage "Une culture de croissance : les origines de l'économie moderne", paru chez Gallimard en 2019. Pour en discuter, il est l'invité de Guillaume Erner. Visuel de la vignette : Getty #economie #europe #croissance ----------------------------- Découvrez tous les invités des Matins dans "France Culture va plus loin" https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDroMCMte_GTmH-UaRvUg6aXj ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-invite-e-des-matins Suivez France Culture sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture

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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
L'histoire économique et l'histoire intellectuelle sont deux disciplines dynamiques et actives qui ne se recoupent guère, ce qui est un scandale. Hormis la grossière hypothèse matérialiste qui explique les changements de croyances et de savoir par la suprématie des structures économiques, on a guère fait d'efforts pour montrer que ce qui s'est produit dans les économies du monde est une fonction de ce que les gens croyaient. Par dessus tout, la croissance économique moderne du "Grand Enrichissement" a été tributaire d'un ensemble de changements radicaux des croyances, des valeurs et des préférences : un ensemble que je désignerai par le mot "culture" malgré les nombreuses inquiétudes justifiées quant à l'usage abusif et les ambiguïtés de ce terme.
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(...) les titulaires érigent de hautes barrières à l'entrée sur le marché des idées afin de protéger leur monopole. Ces barrières s'en remettent souvent à une terminologie du style "hérésie", "apostasie" et "blasphème" et ont besoin du pouvoir politique brut pour empêcher les idées nouvelles de concourir. Dans d'autres cas, le système éducatif peut intégrer une protection du statu quo intellectuel, comme le système d'examens de la bureaucratie chinoise (...). A la différence des systèmes économiques éminemment compétitifs -- où l'entrée et la sortie à la limite se font sans effort et sont gratuits --, à un certain niveau tous les systèmes (...) culturels doivent inclure un tel système en place afin de donner une once de stabilité aux croyances existantes et empêcher un chaos complet. Toute la question est de savoir dans quelle mesure cette résistance est hermétique. Trop hermétique, elle risque de rendre impossible toute espèce d'innovation et de condamner une société à la stase culturelle. Tout est ici affaire de degré. (...)
Ce qui changea l'histoire c'est qu'en Europe, à la longue' les innovateurs triomphèrent du conservatisme. Cela n'arriva nulle part ailleurs. Un candidat sérieux à l'explication est (...) le "système des Etats" européen, constitué d'unités très fragmentées, constamment à couteaux tirés les unes avec les autres. L'Europe tira des avantages considérables de cette fragmentation politique quoique à un coût considérable.
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(...) dans toute économie, la technologie finit par se cristalliser, en sorte que le progrès ralentit puis s'essoufle. La stagnation se produit parce que le statu quo peut étouffer les nouveaux défis au savoir installé et bloquer les avancées non marginales par toute une gamme de moyens -- de la menace de persécuter les hérétiques et de brûler leurs livres à des mécanismes subtils mais efficaces comme les méritocraties où la clé de la réussite personnelle était la maîtrise sans discernement du corpus de connaissances hérité du passé.
(...)
La bonne façon d'envisager l'essor de la science et de la technologie modernes en Europe consiste (...) à y voir non seulement la continuation naturelle de la culture antique, médiévale et renaissante, mais aussi sa répudiation. Le tour pris par les évènements n'avait rien d'inexorable ; de fait, l'issue de ce combat était loin d'être acquise. Moyennant une petite réécriture de l'histoire, un régime catholique obscurantiste aurait pu mettre la main sur l'Europe. La République des Lettres se serait alors transformée en une théocratie d'ignorantins dominée par les jésuites (...). Dans ce monde, des penseurs hors cadre, de Newton et Spinoza à Toland et La Mettrie, auraient pu être réduits au silence ou suffisamment découragés, en sorte que les Lumières auraient bien pu ne pas décoller.
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Pour saisir l'importance réelle des Lumières européennes dans les développements économiques qui suivirent, rappelons qu'elles comportaient deux idées éminement novatrices et complémentaires : celles que le savoir et la compréhension de la nature peuvent et doivent être employés pour faire progresser les conditions matérielles de l'humanité, et la conviction que pouvoir et gouvernement ne sont pas là pour servir les riches et les puissants, mais la société dans son ensemble. Leur combinaison et leur triomphe sur le marché des idées créèrent une synergie massive qui aboutit aux changements spectaculaires que nous observons, de l'industrialisation et de la croissance du capital physique et humain à la découverte et à la maîtrise des forces et ressources naturelles qui dépassaient encore l'imagination en 1750. C'est une histoire qui sera contée et racontée à maintes reprises. Beaucoup d'autres ne manqueront pas de défier et de contester les arguments que j'avance ici. Cela illustre, en fin de compte, un marché des idées qui fonctionne bien.
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Ce qui apparut dans l'Europe médiévale, et se révéla d'une grande importance, c'est que la fragmentation politique alla de pair avec une unité intellectuelle et culturelle, un marché intégré des idées, qui permit à l'Europe de bénéficier des économies d'échelle évidentes associées à l'activité intellectuelle. Cette unité dérivait du patrimoine classique de l'Europe et de l'usage généralisé du latin comme lingua franca des intellectuels, mais aussi de l'Eglise. Si, pendant une bonne partie du Moyen Age, le niveau de l'activité intellectuelle -- pour ce qui est du nombre de participants et de l'intensité des débats -- resta faible en comparaison de qu'il allait advenir après 1500, cette activité avait un caractère transnational. Cette combinaison unique de fragmentation politique et d'institution paneuropéenne de la République des Lettres est la clé des changements intellectuels spectaculaires d'après 1500.
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(...) une bonne partie de la littérature qui s'efforce d'expliquer les différences de performances économiques et de niveaux de vie (...) a accepté (...) l'appel de Douglass North à l'intégration des institutions dans notre récit de la croissance économique. (...) le casse-tête est que de meilleurs marchés, un comportement plus coopératif et des allocations plus efficaces ne sauraient (...) en eux-mêmes expliquer la croissance de la créativité technique et de l'innovation économique en Europe (...). A première vue, la Révolution industrielle, au sens d'accélération du progrès technique, ne parait pas avoir répondu à quelque stimulus institutionnel évident.
(...) Si la génération et l'amélioration continue de nouvelles "connaissances utiles" -- tant scientifiques que techniques est au coeur de la croissance économique moderne, l'énigme est celle de la motivation ou des incitations.
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Pour l'économiste qui s'interroge sur les racines du développement européen (...) les thèmes cohérents de la culture de l'élite indiquent tous la même direction : une culture des améliorations pratiques, une croyance au progrès social et la reconnaissance que le savoir utile était la clef de leur réalisation. Ces croyances étaient complétées par d'autres éléments culturels (...) : l'idée de pouvoir politique comme contrat social, les limites formelles assignées à l'exécutif, la liberté d'expression, la contestabilité intellextuelle, la tolérance religieus, les droits humains fondamentaux consacrés par la loi, le constat que l'échange est un jeu à somme positive, le caractère vertueux de l'activité économique et du commerce, la saintenté des droits de propriété, et la folie des idées mercantilistes faisant de l'Etat plutôt que de l'individu, l'objet ultime de la société.
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Un lien étroit existait entre la compétition des entités politiques (...) et un nouveau trait de l'élite intellectuelle (...) qui apparaît en Europe au début des Temps Modernes : l'essor de la "science ouverte". A de très rares exceptions près, les savants européens qui firent des découvertes ou formulèrent des intuitions nouvelles (...) portèrent l'information dans le domaine public à travers des livres, des brochures, leur correspondance personnelle ou des périodiques. C'est seulement ainsi que d'autres pouvaient (...) reconnaître leur travail et que leur réputation pouvait grandir. (...) En réduisant le caractère secret de la connaissance et en transformant le savoir utile en un système libre (...), les intellectuels européens créèrent une institution qui réduisait les coûts d'accès.
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L'histoire est parsemée d'épisodes de fleurissement scientifique et technique, mais celui qui s'est produit en Europe après 1700 fut à bien des égards unique. Il ne fut ni l'inéluctable point culminant de l'histoire occidentale, ni le signe d'un plus grand dynamisme de la culture occidentale, mais le résultat involontaire et non anticipé d'un concours de circonstances qui affecta la culture de certaines parties de l'Europe et, à travers elles, les institutions qui établissent les paramètres du développement intellectuel. Ni le monde antique, ni l'Eglise médiévale, ni la Renaissance ne rendaient inévitables les succès matériels de l'Occident.
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Le point de vue dominant, apparu comme un produit du marché des idées, était que la quête du savoir utile se poursuivrait sous la forme d'un projet collaboratif au sein d'un système compétitif, mais que le bénéficiaire ultime de ces efforts non coordonnés et individualistes était "tout le genre humain", et que le savoir accumulé lui-même importait davantage que les individus qui le produisaient. Le concept de veritas filia temporis (la vérité est la fille du temps) (...) a résumé l'idée que le progrès historique signifie que l'histoire consiste en une progression de l'obscurité vers la lumière, non pas l'inverse.
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