Vanessa a passé deux ans de son existence en prison, reconnue coupable du meurtre de son mari.
Libérée en contrepartie de son témoignage accablant un de ses beaux-frères qui purge sa peine en prison, sa belle-famille la hait et a juré vengeance.
Libre, dans un programme de protection de témoins, mais privée de ses enfants, placés définitivement dans une famille pieuse.
Elle se retrouve dans un bar à motards minable au fin fond de l’Amérique profonde.
Elle s’appelle dorénavant Freedom. La jeune fille naguère timide et classique est une femme tatouée, buvant comme un trou, psychotique et violente.
Sa fille disparaît au moment où son beau-frère sort de prison.
L’heure de la vengeance semble s’annoncer.
Freedom va devoir affronter son destin… ou le façonner à sa manière…
Vous pouvez tout infliger à une femme: l’insulter, la mépriser, la rabaisser plus bas que terre, la battre, la violer, lui briser les os et le coeur, la mettre en prison.
Elle doutera d’elle, du monde, elle se laissera dériver, elle se mutilera, s’auto-détruira.
Mais vous ne pouvez pas toucher ses enfants.
Car celle que vous pensez à terre, détruite, se relèvera et vous montrera comment on ne doit pas traiter une femme! Comment une femme existe et balaye tout sur son chemin pour sauver ses enfants!
C’est le portrait de Freedom qui, par le choix même de son prénom de femme cachée, annonce la couleur: personne ne peut plus l’enchaîner ni l’avilir!
Personne ne peut plus la détruire… sauf elle-même: elle a pris son destin en main!
Elle peut être une épave avec son bocal de cachets à suicide, sa mine d’alcoolo et sa violence à fleur de peau.
On peut la penser folle ou tellement désespérée que plus rien ne la touche.
Freedom est une écorchée vive, une de celle que la vie n’a pas épargnée, une de celle qui ne se laisse plus approcher par qui que ce soit. C’est une femme anéantie par les épreuves, blessée et agonisante, des bleus au corps comme à l’âme.
Son chemin n’a été jalonné que de pauvres types et de gros connards au point qu’elle ne se reconnaît même plus le droit de laisser une chance à un homme bon, Mattley, qui pourtant va lui apporter son soutien inconditionnel.
Mais c’est une mère aussi et avant tout.
Même dans sa descente aux enfers, elle ne perd pas de vue ses enfants, Rebekah et Mason, de loin en loin, devenus des étrangers: d’autres noms, une autre vie pour une existence qu’elle espérait meilleure.
Mais cette vie n’est pas meilleure et Freedom va tout lâcher, jusqu’à sa nouvelle identité, sa relative protection de témoin, jusqu’à se coller une cible en plein front pour ses beaux-frères plein de suffisance, de rancoeur et de soif de vengeance.
Tout lâcher pour retrouver ses enfants et les sauver.
Je pourrais axer mon ressenti essentiellement sur la personnalité de Freedom, tant la puissance de ce personnage dans sa violence, sa maladresse, son imprudence et sa fragilité est addictive… mais ce serait faire offense à la richesse de ce roman.
Jax Miller a été ambitieuse en mêlant à la descente aux enfers de Freedom, un sectarisme fanatique, un serial killer, une bande de sous-hommes vengeurs, une tempête cataclysmique, la sagesse amérindienne et… j’en oublie encore un ou deux certainement. Ambitieuse pour un premier roman de vouloir nous offrir une intrigue riche en mystères et rebondissements. Si elle a su habilement gérer les différentes histoires dans la grande histoire, je regrette toutefois que des sujets aussi intéressants nous dévoilant tout un pan de la société américaine n’aient pas été plus approfondis, tout comme certains personnages secondaires! Certes, cela aurait rallongé significativement le nombre de pages mais aurait ajouté une plus value non négligeable à cette découverte livresque!
Le sujet de la secte religieuse est celui qui est le plus étoffé puisque l’éducation des enfants de Freedom a été confiée à une famille ayant fondé une « religion » les Adventistes du troisième jour. L’auteur aborde l’aura de la secte, ses méthodes de recrutement, ses travers. Ce n’est pas le paradis sur Terre: Rebekah fuit, Mason a quitté la famille depuis un moment…
Le thème est grave, fait écho à plusieurs faits divers aux States notamment, mais reste, à mon goût, trop peu développé dans ce roman. C’est dommage…
Les infâmes est un roman noir, bien dark, un road trip effréné, concentrant tout ce que les hommes peuvent avoir d’abject, et c’est un portrait de femme avant tout, sombre, étouffant et désespéré tissé par ces hommes infâmes!
Entre son flic de mari se croyant tout permis sous prétexte qu’il a un gros calibre à la ceinture, ses collègues solidaires, corrompus et silencieux, les agents du FBI incompétents et pétris d’a priori, les gourous incestueux et assassins, les bikers soûlards à la main baladeuse, les beaux-frères castagneurs dégénérés au QI d’huître, Jax Miller ne hisse guère les hommes sur un piédestal, loin de là.
Ce ne sont pas des saints, ce sont des ordures, des « monstres bien trop ordinaires ».
Juste un mot sur l’écriture… j’ai eu une frayeur dans les premières pages avec un langage très familier et vulgaire, langage que je n’apprécie que très peu dans les romans… mais c’est un malaise très passager qui s’efface au fur et à mesure que le lecteur plonge dans ce qui n’est réellement pas la crème de la société!
Et commencer la plupart des chapitres par « Je m’appelle Freedom » peut sembler lourd mais c’est une manière, à mon sens, pour Vanessa de se convaincre de sa nouvelle vie tout en étant hantée par son ancienne. Un clin d’oeil qui traduit la fragilité de cette femme malgré ses manières dures et frondeuses.
Pour un premier roman, c’est un coup de foudre! Jax Miller m’a conquise et il est clair que je vais la suivre à la trace!
Et j’ai adoré suivre Freedom, la tatouée au langage peu châtié, la violente, la paumée… mais par dessus tout, la mère…
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