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Critiques de Jacqueline Harpman (281)
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Moi qui n'ai pas connu les hommes

Un roman, une claque ! L'histoire d'une fille, la petite, enfermée dans une cave avec 39 femmes, gardées par des gardiens qui ne disent rien. Et puis un jour, une sirène retentit, les gardiens s'en vont et elles sont libres. Commence une longue errance, une quête. Passionnant ! Un questionnement sur ce qui fait l'humain, le sens de la vie, l'amour...
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La Dormition des amants

« Je reprends la tâche dont je voudrais qu'elle ne soit jamais terminée comme si, me souvenant, j'étais toujours avec elle, vivante, radieuse, rieuse, jeune, et nous avons encore devant nous une éternité de cet étrange bonheur qui fut le nôtre. » (p. 218) Maria Concepcion, reine de France et d'Espagne, vient de s'éteindre. Son amant de toujours, Girolamo de los Lloros, prend la plume pour raconter ce que les chroniques ne savent pas. « Je ne suis point le héros de cette histoire, seulement l'historien. » (p. 14) Infante d'Espagne, Maria a été élevée par son père pour devenir reine. Mariée à Édouard, roi de France, elle prouve à l'Europe qu'une femme dument instruite a les épaules pour régner et s'imposer dans la politique des hommes. Si Maria Concepcion a aimé son époux, elle a aimé encore plus Girolamo, garçon châtré qu'elle a sauvé de la mort quand elle n'était elle-même qu'une enfant. Ces deux-là ont grandi comme des âmes sœurs, inséparables et fusionnels, si ce n'est dans leur chair. « Tu ne sauras jamais combien tu m'aimes et combien je t'aime. » (p. 222) Ces amants innocents et toujours purs ont vécu un amour impossible et parfait, car jamais entaché par les jeux de la chair. « Nous fûmes toujours chastes. Peut-être en a-t-elle souffert plus que moi. » (p. 292 & 293)



Que cette uchronie est belle ! L'autrice nous plonge dans un 17e siècle imaginaire. La Saint-Barthélemy a bien eu lieu, Henri IV a promulgué l'Édit de Nantes et les tensions entre communautés religieuses perdurent. Mais les monarques ne sont pas ceux de nos livres d'histoire. La Cour vit à Vaux-le-Roy, palais royal aux allures de dédale, avec des pièces murées et des portes secrètes. De guerres européennes en intrigues de cour, Maria Concepcion forge son destin de femme régnante et émancipée, inconditionnellement soutenue par Girolamo, son eunuque résolument fidèle et éperdu d'amour.



J'ai découvert Jacqueline Harpman avec Moi qui n'ai pas connu les hommes, roman qui m'a durablement marquée. Avec ce nouveau roman au titre magnifique, j'ai retrouvé la belle langue de l'autrice, soutenue mais jamais maniérée, et j'ai apprécié sa parfaite maîtrise de la conjugaison. Oui, la conjugaison et la concordance des temps, c'est une passion chez moi.
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En toute impunité

Ça alors, voilà que Jaqueline Hapman nous fait le coup de la panne !

En l'occurrence, c'est son narrateur qui se voit contraint, pour cause d'ennuis mécaniques, d'abandonner son véhicule en rase campagne et de passer une nuit "chez l'habitant", façon "j'irai dormir chez vous".

Toutefois, à la différence d'Antoine de Maximy, notre naufragé de la route ne trouve pas refuge dans une modeste fermette sur un clic-clac douteux, mais dans un vaste domaine du XVIIIe siècle : La Diguière.



Plutôt sympa, me direz-vous ! Ben oui mais non, pas vraiment.

D'abord parce que la bâtisse, qui jadis fut somptueuse, tombe peu à peu en décrépitude, ensuite parce que les propriétaires du lieu (grand-mère, filles et petites-filles) semblent prêtes à tout pour sauvegarder leur patrimoine et rendre à ce joyau architectural sa majesté d'antan. Charmé dans un premier temps par cette famille d'aristocrates sans le sous, pour le moins atypique et exclusivement féminine, notre narrateur découvre peu à peu l'envers du décor... La Diguière se révèle être la seule raison de vivre de ces drôles de dames pas vraiment fréquentables, et l'emprise qu'exerce le domaine sur cette fratrie, sur son visteur (et sur le lecteur ?) est étonnante !



Ce qui démarrait gaiement comme une comédie champêtre riche en rebondissements et en dialogues percutants tourne bientôt à la farce vaguement malsaine mais non dénuée d'un humour à la fois fin et féroce et émaillée de réflexions subtiles sur la nature humaine, la culpabilité et l'absence de scrupules, la frontière parfois confuse entre le bien et le mal...



Avec son écriture toujours vive et élégante, la romancière belge qui m'avait déjà conquis avec "Moi qui n'ai pas connu les hommes" propose donc ici - dans un genre radicalement différent - une histoire a priori moins extravagante mais tout aussi prenante et toujours centrée sur des personnages féminins assez charismatiques.

Jaqueline Hapman n'a décidémment pas fini de me séduire !

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Moi qui n'ai pas connu les hommes

L'année s'achève, c'est l'heure de la rétrospective 2017 !

En février dernier, je lisais avec grand plaisir "Le Gardien" de Peter Terrin, un huis-clos étonnant dans les sous-sols d'un immeuble (vide ?). Un ami qui me voulait du bien - et que je remercie chaleureusement au passage - me recommandait alors le présent roman de Jacqueline Harpman. "Tu m'en diras des nouvelles". Bon.



En août, je découvrais Yves Berger et "Le monde après la pluie", l'histoire d'un groupe de rescapés d'on ne sait quel cataclysme, battant la campagne (vide ?).



Il m'aura fallu attendre décembre pour mettre enfin la main sur "Moi qui n'ai pas connu les hommes", la synthèse parfaite des deux précédents ouvrages, le meilleur de ces deux lectures délicieusement insensées !

Situations kafkaïennes, imbroglio psychologique, vastes étendues (vides ?), grands questionnements non résolus et univers résolument dystopique : tout y est ! Qui sont ces quarante femmes, enfermées depuis des lustres dans une cave et surveillées par des gardiens mutiques ? Qui les maintient captives et pourquoi ? Qu'y a-t-il dehors et sur quelle planète sommes-nous ? Quel est le sens (si sens il y a) de cette expérience démente ?

Beaucoup de questions et très peu de réponses, de quoi frustrer les lecteurs les plus « rationnels » … et de quoi enchanter les autres !



L'héroïne de cette histoire n'a pas de nom, pas de parents, pas de passé ni d'avenir, pas d'espoirs, pas de souvenirs : son monde se limite à cette cave mystérieuse, où elle a semble-t-il toujours vécu, et à ses trente-neuf co-détenues. (OK, pour le « feel-good book » et « l'esprit de Noël », on repassera !)

Il n'empêche que cette jeune prisonnière - analphabète et sans repère - déborde de curiosité et d'imagination. La façon dont elle développe son intellect, son désir d'apprendre et de cultiver son monde intérieur, sa soif d'imprévu en vase clos et sa capacité d'abstraction nous ouvrent des pistes de réflexion multiples.

Psychanaliste confirmée, Jacqueline Harpman a en effet construit son roman comme une étude quasi-anthropologique passionnante, en s'interrogeant subtilement sur ce qui nous définit en tant qu'êtres humains, les singularités qui nous structurent, les ressorts psychiques et les sentiments profonds qui nous animent. Avec ses quarante cobayes, elle s'intéresse aussi à l'impact de la détention prolongée, des privations et de l'absence d'intimité sur le comportement des individus et sur leurs relations sociales. Pas franchement gai donc, mais franchement intéressant, original et très bien écrit !



Peut-on concevoir le ciel si on ne l'a jamais vu ? Deviner le vent, l'amour, ou le goût du chocolat ? Imaginer l'Homme quand on ne connaît que la Femme ? Rêver de liberté si l'on n'a pas conscience d'être enfermé ? Trouver un but, une cohérence à l'existence ?

Questions vertigineuses, donc, et très grand roman pour finir l'année en beauté !

Merci encore manu_deh ! ;-)
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Moi qui n'ai pas connu les hommes

Une bien belle découverte grâce au défi solidaire. Le résumé m'intriguait mais je craignais l'ennui. Comme par magie, je me suis fait embarquer par cette histoire alors que, techniquement, il ne s'y passe pas grand chose. Ce qui m'a vraiment intéressée c'est le cheminement de pensée de la narratrice. Comme elle a été enfermée toute jeune, elle n'a aucun souvenir du passé à partager avec ses compagnes d'infortune, alors elle s'isole, se sent exclue et méprise les autres femmes pour ce qu'elle n'a pas connu. Puis, petit à petit le besoin de connaître, à défaut de comprendre prend le dessus. Rien ne tombe sous le sens pour celle qui ne connaît rien de l'affection, de l'amour, du contact physique et de la société des humains. Sa réflexion s'appuie sur ses expérimentations et déductions et elle finit par développer une grande intelligence et par s'ouvrir aux autres. Le cadre imaginé par Jacqueline Harpman est particulièrement anxiogène et on se prend à espérer une fin heureuse.
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La plage d'Ostende



"Dès que je le vis, je sus que Léopold Wiesbeck m'appartiendrait. J'avais onze ans, il en avant vingt-cinq."



Magnifique histoire d'amour que celle d'Emilienne et Léopold. Et pourtant si tragique, si pathétique, si désespérante.



J'ai éprouvé des difficultés à entrer dans les salons cossus de Uccle, au sein de cette communauté de gens pour qui avoir une maison de vacances à 20 kilomètres de chez eux, dans un Brabant Wallon déjà embourgeoisé, était du dernier chic. C'était au temps où ils allaient s'encanailler dans un Molenbeek populaire, repère d'artistes et noyau de la projection de films sur grand écran. On est dans les années 50, une autre époque, un autre temps,...



La plume de Jacqueline Harpman, que je découvre ici, est simplement magnifique. Et c'est grâce à elle que je me suis de plus en plus immiscée dans la tête d'Emilienne qui nous raconte sa folle histoire d'amour, celle qui l'a révélée à la vie et sans laquelle elle peut désormais mourir.

On imagine mal une gamine de onze ans tomber amoureuse, se créer une personnalité à laquelle l'élu ne pourra que succomber quelques années plus tard et consacrer sa vie à cet amour, contrarié dès le départ. Et pourtant, si on voulait résumer le roman en quelques mots, ça pourrait être ceux-là.



Le personnage d'Emilienne recèle une telle ambiguïté! Entre la femme forte qui s'arrange pour que le monde tourne comme elle l'a décidé et la femme soumise qui se retrouve à vivre aux Etats-Unis sans le vouloir et mère sans l'accepter. C'est cette ambiguïté qui fascine tout au long de la lecture.



Les deux derniers chapitres sont magnifiques. Tellement bien écrits, tellement plein d'amour, tellement pudiques et pourtant tellement inconvenants.
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En toute impunité

La rentrée des classes a eu lieu voici un peu plus d'une semaine, et je peine, depuis à m'intéresser à un livre et à rédiger un avis complet. En toute impunité est tombé à un mauvais moment.

C'est ma première rencontre avec cette autrice et je ne sais pas s'il y en aura une seconde, ne serait-ce que parce qu'un seul de ses livres est disponible.

J'ai presque envie de dire que le narrateur est extérieur au récit. Nous sommes presque dans une histoire désuète, avec un homme qui tombe en panne et passe la nuit en tant qu'invité (même s'il paye pension) à la Diguière. Il n'est pas tout jeune, il est célibataire, presque endurci, et il jette un regard assez tendre sur cette famille entièrement composée (à cette époque de femmes, y compris si l'on compte la Diguière, ce manoir tentaculaire pour lequel les six femmes de la famille (je compte Madeleine, la domestique, qui sait absolument tout sur la famille comme membre de la famille) ne cesse de trouver des moyens ingénieux pour réparer et pour survivre, quitte à vivre quasiment en autarcie et à ne pas céder aux sirènes de la modernité. Bien que l'histoire soit quasiment notre contemporaine, j'ai eu l'impression de me retrouver plonger dans une époque plus lointaine, presque surannée, tant leur mode de vie, leur unique obsession est hors du temps.

Je ne dirai pas que j'ai vu venir le dénouement, non, je dirai qu'il est parfaitement cohérent avec la logique et l'obstination des personnages féminins.



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Moi qui n'ai pas connu les hommes

Je me faisais tout un monde de ce roman avant de le débuter. J'en avais récemment entendu beaucoup de fois parler par des booktubeuses. J'étais intriguée, en même temps je craignais de ne pas adhérer. J'avais peur de la plume, qu'elle soit trop abstraite pour moi. Ne me demandez pas pourquoi, je n'avais jamais lu Jacqueline Harpman avant. Mes craintes se sont vite envolées, dès les premières lignes.



"La petite", celle qui n'a pas de nom, celle qui est arrivée un peu là par hasard, nous livre un monologue sur sa vie, d'abord captive, puis "libre". Elle nous raconte ce qu'elle ressent, ce qu'elle pense ressentir, sur ses liens aussi avec les autres prisonnières, ce qui unit, ce qui les sépare.

Je ne saurais réellement dire les sentiments qui m'ont traversée au moment de la lecture, simplement que j'étais happée, comme hypnotisée, que j'ai lu ce livre d'une traite, un peu comme si l'auteure l'avait elle-même écrit d'un seul tenant.



Un livre bouleversant, implacable, dur, rempli de rage, de vivre et de raconter au monde ce qui pourrait arriver si on ne prend toujours pas garde des avertissements qui nous sont donnés depuis des décennies et des décennies.



Un roman noir, dans le sens premier du terme, qui peut laisser son lecteur perplexe, chaos (KO). Un roman qui laissera son empreinte sur moi, assurément.
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La plage d'Ostende

« La plage d’Ostende » est un roman écrit par Jacqueline Harpman, écrivaine et psychanalyste belge, décédée en 2012. On y retrouve deux grands thèmes: la passion amoureuse et la détermination d’un caractère hors du commun. Le milieu bourgeois du Bruxelles des années 50 et 60, avec ses convenances et ses mondanités, n’a rien de très folichon. A vrai dire, je me suis ennuyée au début puis je me suis laissé happer par cette histoire d’amour passionnée.



Déterminée, Emilienne Balthus, 11 ans, tombe amoureuse de Léopold Wiesbeck, 25 ans. Emilienne n’a rien laissé au hasard : ses vêtements, sa coiffure, son maintien, son physique même doivent se modeler à sa volonté pour plaire à Léopold. Rien de romantique dans ce long et patient travail pour se construire une identité compatible avec l’objet de son désir.

Toute sa vie est construite sur ce sentiment tenace, sans tenir compte du monde extérieur, de façon tout à fait égocentrique. Intelligente, elle devient professeur d’université et vit dans un univers luxueux et calme.

Ecrit à la première personne, ce qui donne de la crédibilité à l’histoire, le récit est au passé, Emilienne confie donc des souvenirs et on sait que la fin lui est connue. Celle d’une relation amoureuse qui a eu des conséquences dévastatrices pour plusieurs personnes comme dans son entourage.



Jacqueline Harpman sait admirablement décrire les sentiments et manie, d'une plume fluide, l'analyse de l'être humain. D’Emilienne, l’auteur fait ressortir l’intelligence, la beauté, l’esprit calculateur, l’égocentrisme, la froideur et la passion intense. Les personnages secondaires, dont Léopold, l'être aimé et amoureux, Mme van Aalter qui manœuvre pour tout décider de la vie du

peintre et Georgette, la rivale qui s’efforce de séparer les amants, sont très bien décrits, réalistes et tous manipulés à différents degrés.

J’ai beaucoup aimé ce roman à l’écriture travaillée mais aisé à lire.

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Moi qui n'ai pas connu les hommes

Quarante femmes sont enfermées dans une prison. Aucune d'entre elles ne sait pourquoi elles se retrouvent là, personne ne se rappelle de son emprisonnement, aucune consigne de l'extérieur ne leur parvient. On leur apporte tous les jours à manger, on leur donne du tissu et du savon quand elles en ont besoin, sans un mot. Parmi ces quarante femmes, une jeune fille, trop jeune, sans doute enfermée là par erreur. Au contraire des autres, elle n'a pas le moindre souvenir du monde avant cette cellule. Son corps n'a pas poursuivi son développement, lassé sans doute par l'inutilité des efforts à faire : pas de règles, pas de poitrine, pas de désir.



Ces femmes vont tenter de donner un sens à cette vie qui n'en a aucun : on discute des recettes de cuisine possibles tout en sachant qu'il n'y a qu'un seule manière de faire possible, on tente de comprendre ce qui s'est passé et ce qu'on leur veut, on invente une notion du temps basée sur les battements du cœur pour retrouver les habitudes de la vie précédente. Et puis un jour, les gardes quittent la prison précipitamment, en laissant les clés sur la porte. Les prisonnières vont pouvoir quitter les lieux et chercher des traces d'humanité.



L'ambiance du roman est très particulière : on se sent un peu oppressé par l'histoire de cette jeune fille qui est obligée de vivre dans un univers qui n'a pas le moindre sens. Un livre marquant.
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Orlanda

Orlanda est bien sûr la réponse de Jacqueline Harpmann à ORLANDO de Virginia Woolfs .

Orlanda c'est un peu le rêve que l'on a tous , d'être dans la peau du sexe opposé et pouvoir ressentir des sensations auxquelles on aura jamais accès .

Jacqueline Harpmann est psychanalyste et ses livres sont bien sûr fort axé sur la psychologie .

Ce livre se lit néanmoins facilement car cette romancière a beaucoup de talent
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En toute impunité

Un architecte en déplacement, tombé en panne en rase campagne, trouve refuge dans la maison la plus proche. Une maison ? Un manoir, plutôt, dont, en professionnel, il admire l'exceptionnelle beauté.

En attendant la réparation de son auto, on lui propose de l'héberger quelques jours contre rémunération. Car les trois générations de femmes qui y vivent manquent cruellement d'argent pour entretenir la propriété : le toit fuit, le pavement de la cour s'effondre, le parc est à l'abandon. Tout le mobilier de valeur a déjà été vendu. Mais dans ces pièces vides règnent la débrouillardise, la fantaisie et la chaleur humaine. Et on y mijote des projets pas très moraux...

C'est une lecture agréable, sans plus ; l'idée aurait pu faire l'objet d'une nouvelle très percutante, mais elle se dilue dans un roman inutilement étiré. L'autrice semble avoir pris grand plaisir à décrire le mode de vie de cette famille, pourtant cela reste assez superficiel et plutôt répétitif.

Challenge solidaire 2022

Challenge ABC

LC thématique d'avril 2022 : ''La Nature dans tous ses états”
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Orlanda

Déroutant et perturbant, dans le style comme dans le fond !

Ça m'arrive rarement, mais j'avoue que j'ai eu du mal à avoir un avis pertinent sur ce roman et à savoir si je l'avais apprécié. C'est très étrange comme sensation...



En explorant à sa façon la dualité homme-femme qui existe en chacun de nous, l'autrice met à profit sa formation de psychanalyste pour nous embarquer dans une histoire totalement "perchée", qui m'a carrément retourné le cerveau, au sens propre comme au figuré !



Déjà, le concept : il faut s'accrocher, du moins pour un esprit psycho-rigide et cartésien comme le mien, car on part très loin, aux confins des fantasmes les plus fous, entre science-fiction et voyage introspectif et psychanalytique.

Partons donc du postulat qu'une partie de notre âme, se trouvant à l'étroit, refoulée et bridée dans notre propre corps, migre pour squatter celle d'un autre individu, de sexe différent pour corser l'affaire ! ... Quelles en seront les conséquences ? Cela sera-t-il viable ?

Il y a du Freud là-dedans, on est à la limite de la schizophrénie, justifiée par les traumatismes de l'enfance, sous l'éducation d'une mère "castratrice".



Et nous voilà partis à réfléchir à "Qui suis-je ?", "Suis-je un ou multiple ?", "Suis-je seule détentrice de mon âme ?" , "Puis-je me délester d'une portion de moi-même sur un autrui pour lui permettre de s'épanouir ?", "Pourquoi se construit-on en fonction des attentes de ceux qui nous élèvent, et refoulons-nous la part de nous-mêmes qu'ils ne souhaitent pas voir ?"...



Tout cela doublé d'une narration très particulière qui a contribué à me perdre plus d'une fois, tant il était difficile de savoir qui s'exprimait.

Quand un seul esprit cohabite dans deux corps, et plusieurs esprits dans un même corps, le tout vu de l'intérieur, puis de l'extérieur... Quand "je" est aussi "il", mais en même temps "elle", tout en étant "moi", puis que la narratrice externe s'en mêle... Vous la sentez monter vous aussi, la céphalée ??



Ajoutons à cela que l'autrice est très érudite et nous le fait savoir en usant de nombreuses et très pointues références littéraires, importantes pour la compréhension du texte, mais dont certaines subtilités ont malheureusement manqué à ma culture... Mieux vaut donc maîtriser entre autres, Virginia Woolf et son Orlando, ainsi que Proust et sa Recherche pour bien suivre.



Ensuite, un point m'a un peu dérangée : c'est l'aspect réducteur, caricatural et grossier conféré à l'âme masculine, en la résumant quasiment à une obsession permanente pour l'activité sexuelle, présentée comme libératrice. J'y ai trouvé un certain manque de finesse, comparativement au reste de l'analyse qui est bien plus poussée, et je n'ai pas compris l'intérêt d'une insistance si redondante.



Cela dit, j'ai apprécié la découverte de cette autrice, d'un style et d'un scénario original et inattendu. J'ai été curieuse de voir jusqu'où J. Harpman allait pousser la folie du concept de son roman. Je me suis enrichie des réflexions qu'elle a fait naître au fil des pages.

Mais j'ai quand-même été assez perturbée par l'aspect si loufoque de l'histoire et de la narration. Où a-t-elle été chercher tout ça ?? Et après mes efforts pour pénétrer cet univers si particulier, j'ai finalement été plutôt déçue par la toute fin, que j'ai trouvée un peu abrupte et trop facile, au regard de l'aspect tortueux du reste du roman.



Je retiendrai donc une lecture exigeante, riche, complexe et marquante, qui, si elle m'a intéressée, instruite et amenée à réfléchir, m'a apporté plus de nœuds au cerveau que la détente et le plaisir escomptés.



(Challenge Solidaire Babelio 2022 - 5/30)





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Moi qui n'ai pas connu les hommes

C'est une belle allégorie de notre condition humaine. Un livre sur la féminité, sur l'existence, sur le temps aussi. Un groupe de femme abandonné de tous dans un monde désertique: une enfant qui n'a connu que cela va tenter de le parcourir et d'apprendre à vivre seule. Un livre que je conseillerais bien au ados. Une très belle écriture, entre la philosophie et la psychanalyse.
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Moi qui n'ai pas connu les hommes

J'aurais mis du temps pour me décider à écrire cette critique tellement ce livre m'a laissé perplexe. Aimé, pas aimé ? Tout ce qu'on puisse dire c'est qu'il est très déroutant. Les dystopies ne sont absolument pas mon genre de prédilection, certaines je peux me laisser entraîner par l'histoire. Mais là l'histoire c'est le néant, l'absence de vie, d'espoir.

L'héroïne n'a connu qu'une pièce vide, partagée avec 39 femmes inconnues, sans lien entre elles. Maintenues en captivité, sans conscience possible du temps proprement dit, elles sont sous la surveillance de gardiens jusqu'à l'improbable déclenchement d'une alarme. Branlebas de combat, les gardiens disparaissent en s'enfuyant. Une clé à leur portée, pour la liberté ?

Mais la liberté peut elle vraiment exister dans un monde vide, aride, sans espoir?



Dystopie, lecture dérangeante, déstabilisante. Sans doute pari tenu pour l'intention de l'autrice mais je n'ai pas accroché. Sortir de sa zone de confort pour le challenge solidaire n'apporte pas toujours de bonnes surprises.

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Moi qui n'ai pas connu les hommes

J’ignorais dans quoi je m’engageais en ouvrant ce roman choisi dans le cadre du challenge solidaire. Je n’avais même jamais entendu parler de @Jacqueline Harpman et, comme je ne lis jamais les quatrièmes de couverture que j’ai bannies à jamais depuis de nombreuses années, je m’attendais à tout sauf à autant de noirceur.



Ce roman raconte, par la voix d’une narratrice parvenue au terme de sa vie, la survie de quarante femmes dans un monde aux allures postapocalyptiques. Enfermées de nombreuses années sans se souvenir de comment elles sont arrivées dans cette cage dans une cave, elles finissent par s’échapper dans des circonstances mystérieuses.

Là commence la longue errance ; dans une plaine vide de toute vie humaine, animale, ou végétale ; la recherche d’autres éventuels survivants ou d’une trace d’une quelconque civilisation mais à chaque fois ce sont des autres caves qui sont découvertes avec leurs charniers dans les cages fermées. Elles semblent être les seules survivantes de ce monde dévasté.



Quelle lecture éprouvante, quel sentiment de malaise permanent et ce si ce n’était le talent de @Jacqueline Harpman je ne sais pas si j’aurais eu la force d’aller au bout des deux cents pages de ce roman où l’interrogation sur le sens de la vie prend ici tout son sens.

Comment continuer à vivre quand il n’y a plus d’Espoir ? La réponse est donnée par « la petite » qui fait preuve d’une résilience inébranlable, d’une volonté absolue de vivre quoi qu’il en coute jusqu’à…



Un roman dystopique inclassable et bouleversant.



Challenge Multi-défis

Challenge solidaire

Challenge riquiqui

Pioche dans ma PAL

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Moi qui n'ai pas connu les hommes

J’ai découvert ce livre en lisant une chronique sur Babelio et il m’a tout de suite intriguée.



C’est une histoire assez particulière, la narratrice, encore adolescente est enfermée avec d’autres femmes dans une cage située dans un sous-sol.

Elles sont gardées et surveillées par des hommes, elles ne voient jamais la lumière du soleil, elles vivent selon un rythme qui leur est imposé, elles ne savent pas ce qu’elles font là. La jeune fille, qui est la narratrice de cette histoire essaie de savoir auprès des anciennes ce qu’était la vie d’avant mais les femmes sont peut coopératives avec la « petite » et leurs souvenirs s’éloignent de plus en plus.



Un jour un phénomène étrange ce produit, alors que la grille de la cage est ouverte par les gardes pour déposer de quoi faire à manger, une alarme retentit et les gardes prennent la fuite, laissant la grille ouverte. La liberté est là, une nouvelle vie peut commencer pour ces femmes.



Une histoire étrange, bouleversante mais effrayante aussi. Je me suis posée des tas de questions tout au long de ma lecture, j’ai essayé d’imaginer où l’auteur voulait m’emmener, comment allait se dérouler la suite de l’histoire, comment je vivrais cette situation…. Est-ce que cette vie était possible ? …



Il y a des histoires que vous n’arrivez à lâcher, et il y a des histoires qui ne vous lâches pas.



#Challenge multi-défis 2022

#Challenge riquiqui 2022

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Moi qui n'ai pas connu les hommes

Quel roman ! Je n’ai jamais rien lu de pareil… Roman de la désespérance absolue, je ne sais pas si j’ai aimé, mais ce dont je suis sûre c’est que je ne sors pas indemne de cette lecture qui m’a bouleversée.

La petite a 14/15 ans. On ne sait pas bien. Elle vit dans une cave, derrière des grilles, depuis qu’elle s’en souvient, avec 39 autres femmes. On l’appelle « la petite ». 3 gardes les surveillent étroitement. Les contacts sont interdits, à la moindre désobéissance, le fouet claque. Comment se sont-elles retrouvées là ? Personne ne s’en souvient. Pourquoi ? Personne ne sait ? Dans quel objectif ? Le mystère est entier. Jour après jour, mois après mois, année après année, elles vivent ou plutôt survivent entre ses grilles. Les journées sont seulement rythmées par la baisse des lumières lorsqu’il faut dormir et les aliments transmis par un garde 2 à 3 fois par jour. Elles ne peuvent pas se suicider, les gardes veillent, le fouet claque, elles n’ont même pas le droit de pleurer sur leur sort… Jusqu’au jour où une sirène retentit, le garde qui était en train de passer les aliments, se sauve avec ses deux collègues en laissant tomber ses clés….

Un roman qui dérange, qui amène des questions, qui resteront sans réponse forcément mais l’important n’est-il pas seulement de se les poser ?

Je vous conseille cette lecture si vous avez le cœur bien accroché et que vous souhaitez vous interroger sur la vie, la solitude, les sentiments, les rapports humains etc.

Si vous êtes intéressés par les romans « feel-good » : passez votre chemin

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La plage d'Ostende

Quelle livre époustouflant! C'est la première fois que je lis un livre de Jacqueline Harpman et j'ai déjà commencé un second! Le début me semblait tirer en longueur mais une fois que l'histoire d'amour commence entre Léopold et Emilienne, je n'ai pas pu reposer le livre. Cette écriture est vraiment magnifique et j'ai ressenti énormément d'émotions en lisant ce livre. Superbe!
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Moi qui n'ai pas connu les hommes

Quand la solitude pèse comme un couvercle, sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis...parce que ce roman étrange m'a rappelé un poème de Baudelaire.

40 femmes enfermées dans une cage/cave.

On ne sait par qui.

On ne sait pourquoi.

On ne sait depuis quand.

Elles ont de quoi manger, de quoi se changer. mais manque de tout ce qui fait un être humain : la liberté, l'intimité, l'horizon, l'espoir.

Elles n'ont pas de livre, ne peuvent pas écrire, n'ont pas le droit ni de chanter ni de se toucher.

Leur cerveau s'est engourdi pour qu'elles survivent, sans sombrer dans la démence estompant le passé des souvenirs bien trop cruels du monde d'avant et le futur sans espoir.

Mais l'une d'elle, la plus jeune, qui n'a aucun souvenir hors cette cage, un jour apporte le petit plus qui sème dans ce groupe la graine de la liberté.



Je n'en dirai pas plus pour vous laisser savourer ce roman. Toutefois, si vous chercher des pages à fous-rires vous n'en trouverez aucun. L'atmosphère est plutôt au combat pour la survie et contre la désespérance.



Alors, faut-il le lire ? Oui. Grand oui.

Mais si vous aimez, tentez ensuite le fabuleux Mur Invisible de Marlen Haushofer.
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