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Critiques de Herman Melville (525)
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Mardi

Parce que le capitaine décide de prendre la direction de l'Arctique et du froid pour la chasse à la baleine, alors qu'il était prévu que le bateau reste dans le Pacifique Sud pour cette chasse, le narrateur décide de le déserter en "empruntant" une chaloupe. Il a en effet repéré, à plusieurs lieues, des îles qui sont selon lui les îles Kingsmill, en actuelle Micronésie, où se rendre. Après s'être trouvé un compagnon de voyage, les voilà partis pour un long périple sur mer, ponctué de diverses aventures, dont la dernière scellera leur destin, surtout celle du narrateur, et les mènera sur l'archipel de Mardi... ce qui ne sera que l'occasion de nouvelles aventures.



Comme à son habitude - enfin du moins en comparaison des trois autres romans lus de Melville auparavant -, l'auteur ne nous mène pas du tout où l'on l'attend : en effet, ce qui démarre comme un roman d'aventures polynésien prend progressivement des atours de conte philosophique, en ce que l'archipel dont il est question, totalement imaginaire, nous permet de découvrir d'autres mœurs, d'autres religions, d'autres coutumes, d'autres récits, historiques ou légendaires, qui construisent une histoire presque utopique de Mardi - qui sera à relativiser au fil des découvertes.



Le narrateur, tout comme ses compagnons, dont la liste s'étoffe au fil des rencontres, nous proposent, face à cet archipel qui les étonne autant qu'il les émerveille, une réflexion profondément philosophique et humaniste.



Une belle surprise, encore une fois, à l'ouverture d'un roman de Melville, même si, encore une fois, sa lecture en est exigeante, car particulièrement contemplative et réflexive, et de fait d'une grande richesse. J'ai désormais assez tourné autour du pot : il est temps de me frotter à Moby Dick. Ce sera pour 2022 !
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Moby Dick

J’avais très envie de me pencher sur ce classique américain depuis un certain temps déjà, mais la taille du livre me rebutait un peu. J’ai donc pris mon livre a deux mains et lu ce roman en plusieurs parties.

J’ai beaucoup aimé le début et la mise en place des personnages. Par contre, par la suite j’ai surtout trouvé ça long. C’est très bien écrit, mais je m’attendais à un peu plus d’action. Il y a beaucoup de documentations faites par l’auteur ce qui est vraiment bien.

Si vous hésitez à cause de la chasse aux baleines, il y a certains passages un peu plus rudes, mais ce n’est clairement pas la majorité du roman. Et puis qui remportera la bataille, l’homme ou la nature ?

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Moby Dick

Il me reste 120 pages à lire...120 pages de torture.

Mais que ce livre est long ...et ennuyeux....
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Bartleby

« Bartleby, le scribe » est une nouvelle de Herman Melville l’auteur de Moby Dick. Parue en 1853 pour la première fois dans un magazine (parutions dans des magazines qui permettaient, à l’époque, à nombre d’auteurs outre-Atlantique d’exister en tant qu’écrivains), elle vint enrichir le recueil « Les Contes de la véranda » quatre ans plus tard. Cette histoire, que l’on peut rapprocher de « Wakefield » de Nathaniel Hawthorne ou plus récemment de « Un homme qui dort » de Georges Perec, appartient à un univers étrange, plus répandu qu’il n’y paraît, celui de la désertion intérieure…



Le narrateur est un avoué (un avocat si vous préférez) qui engage un scribe, Bartleby, dont il va nous conter l’histoire tragique et singulière. Ce bonhomme va peu à peu, sans que son employeur parvienne à le retenir, s’enfoncer dans le mutisme et l’abandon au monde. Qu’est-ce qui prédisposait cet individu, somme toute ordinaire, à cette plongée dans un puits sans fond ? Doit-on y voir une critique de la sourde emprise de la société industrielle sur nos vies comme semble le suggérer le complément de titre : « Une histoire de Wall Street » ? Est-ce le récit du double de l’auteur, Herman Melville, qui, peu de temps après la parution de cette nouvelle, a cessé d’écrire jusqu’à sa mort en 1891, trente-cinq ans plus tard  ? Ou bien, doit-on croire, comme nous y invitent les nombreux témoignages de disparitions volontaires de nos jours, que nos sociétés induisent, pour ceux qui se sentent inadaptés ou troublés par l’incessant brouhaha du monde, une fuite, un effacement du monde des vivants ?



Ce que certains considèrent aujourd’hui comme le testament de cet immense auteur américain est une nouvelle qui, à l’image de son « héros-malgré-lui », se dérobe au sens commun, à l’évidence d’une fin qui viendrait semer les indices d’une interprétation. Bartleby choisit volontairement de « disparaître », il ne subit pas comme le Meursault de Camus, mais agit en pleine conscience, librement. Intimement. Certains peuvent être déroutés par l’absence de glose qui tenterait de sauver ce petit personnage du néant dans lequel il plonge, mais que savons-nous réellement les uns des autres ? Comment supposer l’existence d’un sens si l’on rechigne à toute forme de non-sens ? Par ailleurs, j’ai un infini respect pour les auteurs qui se gardent, au terme de leur histoire, de me livrer toutes les clés. Mieux, j’admire ceux qui n’en livrent aucune, laissant au lecteur le soin de se forger une opinion. Pour ceux qui souhaitent (préfèrent) être guidés, il y a les plans ou les recettes de cuisine. La littérature, il me semble, n’appartient pas à ces catégories d’ouvrages.



Cette histoire m’a troublé. M’a interrogé sur la nature de mes choix. Elle a résonné en moi, à de multiples reprises. Ce n’est jamais simple de trouver un équilibre. J’y suis parvenu en m’échappant, régulièrement, d’un monde qui me heurte, quotidiennement et profondément. La nature, à l’inverse du « Un homme qui dort » de Georges Perec que j’évoquais au début, m’apaise. Pas pour ce qu’elle est, plutôt pour ce qu’elle n’est pas : un univers qui ne cesse de se contempler et de s’auto-représenter. Moi aussi, j’aurais probablement voulu retenir Bartleby, mais j’ai accepté qu’il m’échappe. Humblement.



Merci, Herman, pour votre humilité, votre simplicité et d’une certaine manière, votre liberté.
Lien : https://voushumains.com
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Moby Dick

Personnellement, j'ai été complètement immergée dans cette chasse à la baleine. J'avais l'impression d'être aux côtés des marins, de sentir le vent et l'eau salée qui fouettent le visage, d'être sur le baleinier en pleine nuit à lutter contre ces cétacés gigantesques. Parce que Herman Melville est tellement expansif qu'il nous emporte dans cette folle aventure.



Un roman particulièrement pédagogique aussi. Plusieurs chapitres étant consacrés à décrire la technique de la chasse à la baleine, le matériel présent sur le baleinier et le rôle de chacun des membres de l'équipage. On  y découvre le difficile travail des marins et les différentes étapes du traitement des graisses de baleines.



Enfin, il est important de préciser que j'ai découvert Moby Dick à travers un livre audio. C'est Jonathan Cohen qui est le lecteur fantastique de ce roman. Je trouve que sa voix, à la fois grave et chaleureuse, donne toute sa grandeur à ce texte, et nous immerge complètement dans l'histoire. En conteur hors pair, il varie les intonations et les rythmes, entretenant le suspense déjà présent dans le texte initial.



Une très belle expérience de lecture, que je vous conseille.
Lien : https://carnetdelecture1.wor..
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Bartleby

« Je vois encore cette silhouette lividement propre, pitoyablement respectable, incurablement abandonnée ! c’était Bartleby. » C’est par ces mots que Melville(1819-1891), auteur Américain célèbre aussi pour avoir écrit « Moby Dick », décrit cet homme fondamentalement énigmatique qu’est Bartleby. Là encore nous sommes en face d’une nouvelle d’une puissance d’évocation sans pareil, impossible de ne pas être tour à tour surpris, agacé, pris de pitié pour ce Bartleby qui est devenu à toute forme d’opposition, de résitance ce qu’est Oblomov pour l’apathie… « Je préférerais pas » c’est par ces mots que Bartleby marque son refus de céder aux règles édictées par la société, ces mots revenant sans cesse dans la bouche de Bartleby. Préférer, du latin praeferre signifiant porter en avant. « Rien n’affecte autant une personne sérieuse qu’une résistance passive. » Il incarne cette résistance passive qui désarçonne totalement notre pauvre narrateur. Tour à tour drôle mais aussi profondément cruel, ce texte soulève derrière son apparente simplicité une montagne de questions parce que c’est « son âme qui souffrait ». Bartleby nous convie ainsi à un questionnement métaphysique, métapsychologiqe sur ce qu’est le fait d’être… Bartleby dérange, il nous fais peur par son inflexibilité, il ne semble déjà plus de ce monde et pourtant il en fait partie puisqu’il amène l’autre à se situer par rapport à lui. Ce n’est pas Bartleby qui se plie aux règles, par ces simples mots, ceux sont les fondements mêmes de nos sociétés modernes qui sont critiqués. Sa passivité est rébellion. Bartleby est une formidable célébration de la puissance du Verbe. Un classique à lire et à relire. Il possède une noirceur évidente derrière son apparente absurdité. J’aime tout particulièrement cette citation :« Ah ! le bonheur courtise la lumière, aussi croyons nous que le monde est joyeux, mais le malheur, lui, se cache et nous croyons qu’il n’existe pas. »
Lien : https://thedude524.com/2009/..
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Bartleby

J'ai beaucoup aimé ce livre mais j'y ai trouvé un sens dont je ne suis pas sur que l'auteur voulut l'y placer. Une interprétation du moins.

Bartleby incarne la personnification de la vacuité existentielle. Il se définit par ce qu'il ne fait pas, ce dont il ne veut pas, ce qu'il n'a pas, ce qu'il préfère ne pas.

Et il est à l'image de l'étude et de son patron c'est le révélateur de cette vacuité, une étude routinière mathématique égale de jour en jour, où les papiers sont reproduits où il n'y a nulle création ni production innovante, dans un monde finalement arrêté ou figé dans les habitudes, sans ressenti autre que les humeurs de chacun. C'est quand Bartleby arrive que les gens se réveillent que la routine s'achève car les personnages réagissent, se rendent compte ressentent enfin par opposition à l'absence de tout ce que représente le personnage éponyme. Cela fait penser à Kafka, à Ionesco aussi un peu et cet existentialisme où finalement l'individu compte sur autrui pour exister est magnifique.



Melville écrit de plus si finement avec une délicatesse telle que l'on est fortement touché par son récit.
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Billy Budd, marin

J'ai lu ce roman il y a quelques années, à l'occasion de mon travail de recherche autour du film magnifique qui s'en est inspiré, "Beau Travail" réalisé par la française Claire Denis. Billy Budd ne peut pas être du goût de tous je crois, du fait que Melville plante le décor de ce court roman dans l'univers 100% masculin de la Navy du 18ème siècle. L'action y est peu présente et se développe sous la forme d'une suite de micro-événements qui finissent par provoquer un drame. L'art de la manipulation perverse dirait-on, exercée par un homme vicieux, un gradé expérimenté, qui exploite à son avantage d'un côté la naïveté d'un jeune soldat tout juste enrôlé, et de l'autre l'intransigeance de la loi martiale qu'il connaît bien.





Les personnages et les actions sont un peu à l'image de ce corps d'armée : très codifiés. J'irais même jusqu'à dire qu'il y a un certain manichéisme ou un traitement assez caricatural non seulement dans la psychologie des personnages, mais aussi dans la manière qu' a Melville de nous les dépeindre ; la beauté pure, parfaite, candide et lumineuse du jeune Billy rencontre la noirceur, la perfidie, l'obscurité de son capitaine d'arme Claggart. L'un est la blanche colombe, l'autre, le Malin. Cet aspect du roman n'est peut-être pas d'une très grande subtilité, mais Melville maîtrise à merveille l'art d'obliger le lecteur à lire entre les lignes, développant un deuxième niveau d'analyse qui lui est au contraire très subtil.





Billy Budd offre une approche assez osée pour l'époque de la crainte de l'homosexualité dans l'armée. Certains passages du roman touche à une évidente sensualité, une complicité "excessive" partagée par un groupe d'hommes vivant en vase-clos, dans un microcosme isolé et éloigné de tout. L'arrivée du jeune gabier de misaine provoque de l'émoi, tant sa beauté intérieure comme extérieure chamboule l'atmosphère à bord du navire. Ce personnage très "féminisé" suscitera de l'amour autant que de la haine empreinte de jalousie, jusqu'à provoquer le drame. Il y a quelque chose de tragique chez Melville, dans la fatalité qui s'abat sur Billy Budd, et contre laquelle il ne peut rien. La question de la sexualité et de la sensualité au sein de l'armée ont toujours été tabou, et continuent de faire couler de l'encre, même à notre époque. La répression des instincts par le code et par la loi ne peut que faillir face à au caractère pulsionnel de la nature humaine. Dans ce roman, il est intéressant de voir comment la pulsion détourne la loi à son profit, et comment la loi, censée être juste, incarne la plus parfaite injustice.
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Moby Dick

Un classique de 730 pages.

Si j'ai ressenti par moment quelques longueurs, ce livre n'en est pas moins un chef d'œuvre.

Il alterne séquence poétique et séquence théâtrale, descriptions teintées d'humour des différents aspects de la vie de marins baleinier : présentation des différents types de cachalots, des différents métiers...

Ajoutez à cela une pincée de fantastique et vous obtenez cette aventure.
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Moby Dick

Un classique parmi les classiques qui m'a surprit par sa construction. Je m'attendais à un roman d'aventure sentant l'iode, la sueur et le sang, un roman fait de matelots, de tavernes et d'embruns. Le démarrage m'a donné raison avec les préparatifs pour l'embarquement, durant lesquels Ismaël fait face à de nombreuses péripéties. En revanche, une fois embarqué sur la grande bleue, le livre se mue en encyclopédie de la baleine, brièvement entrecoupée de rencontres avec d'autres navires et de quelques scènes de chasse.



Tout y passe : l'anatomie de sa baleine, son mode de vie, les différentes espèces, l'utilisation par l'homme, l'histoire de la chasse, le matériel, la vie des matelots, la nourriture, les grandes nations baleinières, etc… La documentation d'Herman Melville est impressionnante d'exhaustivité et de précision, tandis que le récit passe au second plan pendant presque la moitié du roman.



Cet étalage d'informations peut sembler rédhibitoire mais c'est compter sans la très belle écriture de Melville, qui réussi le tour de force de partir de ces détails purement « techniques » et rationnels pour ensuite les mêler à des descriptions à la beauté lyrique. Moby Dick est un hymne à l'océan, à sa richesse et à ses dangers. C'est un témoignage de cette époque où la mer n'avait pas livré tous ses secrets, où les marins s'embarquaient pour trois années sans certitude de retour. C'est un récit qui vous embarque et vous imprègne de son univers.



Moby Dick est un livre passionnant à l'aura quasi-mystique, magnifié par la quête du capitaine Achab et par la légendaire puissance de ce Léviathan hors du commun.
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Omoo

Dans ce second roman, Melville s’inspire à nouveau de son vécu de jeune matelot dans les mers du sud. Omoo désigne une sorte de vagabond, errant d’îles en îles. A la fin de son premier roman, il quittait la vallée des Taïpis, à bord de la Julia, un baleinier. Il retrouve non seulement les flots mais aussi les conditions exécrables des gaillards d’avant, au milieu des rats et de la vermine, d’un équipage composé de marginaux et d’aventuriers intrépides. Il croise ainsi d’étranges personnages tel le docteur Long Ghost qui l’accompagnera plus tard. Une mutinerie éclate et une fois débarqué à Papeete, qui n’est alors qu’un gros village, c’est la prison qui les attend. Il en échappera et découvrira des îles dont la beauté l’étonne tout en constatant l’indigence à laquelle les indigènes sont de plus en plus confrontés, contaminés par une civilisation qui les a déracinés, leur apprenant des vices qu’ils semblaient ignorer. Dans ce roman les circonstances sont souvent scabreuses et les digressions multiples, au sein d’une nature luxuriante qui enchante.
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Bartleby

Le célèbre "I would prefer not to" est traduit ici par "Je préfèrerais pas".



Homme d'un certain âge, le narrateur emploie dans son bureau des copistes de pièces juridiques ou scribes.Parmi eux les déjà originaux Dindon (Turkey), Lagrinche (Nippers) sans oublier le garçon de bureau, Ginger Nut, qui fournit les autres en biscuits au gingembre.

"Les biscuits au gingembre sont ainsi appelés parce que le gingembre participe à leur composition et détermine en fin de compte leur saveur."

Bien sûr, bien sûr.



A la suite d'une annonce arrive un nouveau scribe, à "la silhouette lividement propre, pitoyablement respectable, incurablement abandonnée! C'était Bartleby!"



Après une période où il accomplit à merveille son travail, voilà qu'il répond à toute demande "Je préfèrerais pas." et refuse de quitter le bureau! Que faire face à une attitude obstinée et respectueuse? Le patron de Bartleby passe par différentes émotions, argumente, tente de trouver une solution à cette situation devenue complètement absurde.



On ignore si le narrateur est crédible, on n'en saura pas plus au sujet de Bartleby...



L'ironie de Melville est palpable au cours des pages, qui laissent le lecteur amusé, perplexe, déstabilisé, quasi inquiet au fur à mesure de l'histoire. Il faut découvrir ce petit chef d’œuvre sans équivalent. Personnellement je ne connaissais que le début de l'intrigue et ai pris connaissance de son déroulement et sa conclusion avec intérêt et incertitude.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Bartleby

Un petit bijou, un livre inclassable. « I would prefer not to » dans le texte original. Une phrase courte mais d’une puissance étonnante et d’une construction grammaticale parfaite en cela qu’elle évoque parfaitement le pouvoir de la résistance passive de Bartleby. Cette simple phrase aura pour conséquence une remise en question philosophique voire théologique du narrateur. Elle m’a tour à tour désarçonné, amusé et inquiété. Une écriture plutôt moderne pour un roman publié en 1853. Stupéfiant qu’un si court roman ait fait coulé autant d’encres pour tenter d’en percer le mystère.
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Moby Dick



Mocha Dick





Surgi des océans du monde en creux,

dans les rêves de John Cleves Symmes,

aux yeux d'Adam Seaborn, moi, monstrueux

animal, né d'amours sérénissimes,

dans le continent Symzonia, l'ultime,

d'un léviathan et d'un béhémot,

après avoir repoussé tous les assauts,



j'ai nagé loin, jusqu'à l'île Mocha,

moi, cachalot albinos, oubli de Dieu,

pour demander aux hommes si, comme moi,

ils ont pénétré les sources des mer bleues,

et cherché les abîmes au fond des yeux,

aux portes des pays de l'ombre des morts,

ouvertes dans la pénombre des remords.



Moi, que les marins appelèrent du nom

de Mocha Dick, j'ai été la substance

des rêves de cent lanceurs de harpons,

qui m'ont percé comme pour une vengeance,

en la fardant du nom de subsistance,

pour vendre mon huile et mon spermaceti,

et mes fanons, aussi mon ambre gris.



Physeter recouvert de mille pousse-pieds,

fantôme des gouffres de l'antarctique -

où se sont engloutis les baleiniers,

fils perdu des vapeurs alcooliques,

dans des maelstroms, entonnoirs mythiques -

moi, poisson borgne j'ai séduit un éclopé

pour qu'il me donne un peu d'humanité.



Il a porté mon nom de baleine blanche,

aux oreilles d'un capitaine boiteux,

pilon en bois arrimé sur les planches

du pont, échappé de livres très vieux,

à la poursuite des secrets des cieux;

sur les océans j'ai porté son âme,

quand Asmodée chantait des épithalames,



aux noces de Mocha Dick et de Moby Dick.











Mocha Dick était un cachalot blanc – certainement albinos – vu pour la première fois près de l'île Mocha (au Sud du Chili). Il fut tué, très âgé et borgne en 1859, il portait sur son corps19 harpons (à certaines périodes de sa vie, les baleiniers en avaient compté plus de 100). Il mesurait 33 m et pesait plus de 100 tonnes. Herman Melville ne l'a jamais écrit, mais il est très vraisemblable que Mocha Dick ait été présent dans Moby Dick.



John Cleves Symmes (1780 – 1829) à la suite de Edmond Halley (plus connu par la comète qui porte son nom ) , il a développé la théorie de 'la terre creuse', imaginant même que le monde souterrain avait ses entrées aux deux pôles.

Sous terre, il y aurait un continent habité, appelé Symzonia dans un roman attribué à un Capitaine Adam Seaborn, mais dont Symmes pourrait être le véritable auteur.

Cette théorie de la terre creuse a encore des adeptes; au 20° siècle elle a été une des bases de réflexion (?) de l'ordre de Thulé – société secrète Allemande raciste et mystique qui inspira le nazisme (Hess, Goering et bien d'autres étaient membres de cet ordre)





© Mermed
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Bartleby

Incroyable vie que celle de Herman Melvil - la ruine et la mort de son père, la faillite de son frère qui vont le propulser sur les mers - qui devint plus tard le Melville (avec deux L E) du très très célèbre Moby Dick pourtant assassiné par la critique et ignoré par le public à sa parution en 1851. Herman à alors 32 ans. Il mourra 40 plus tard quasiment oublié…

Bartleby ou la résistance passive par excellence, armée de la plus redoutable - mais pacifique - formule: I would prefer not to… J’aimerai mieux pas, je préfère ne pas… La culpabilité l’impatience ou la colère glissent misérablement sans aucune prise sur la détermination folle et définitive de l’étrange Bartleby.
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Moby Dick

C'était un deuxième essai et j'abandonne de nouveau, plus loin qu'à ma première lecture cependant (à plus d'un tiers).. Je n'arrive vraiment pas à entrer dans ce roman, il ne se passe pas grand chose et toujours pas de Moby Dick à l'horizon... Hormis peut-être la rencontre entre Queequeg et Ismaël, je trouve tout ça long et ennuyeux...
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Bartleby le scribe (illustré)

Une bien sombre nouvelle.



Herman Melville de sa belle plume, nous trouble au point que quelques pages plus tard, nous sommes toujours dans l’embarras comme son personnage.

Qu’elle force étrange à ce spectre Bartleby, l’enveloppe de ce voile gris comme si il sortait d’une armoire entourée de boules de naphtaline. Personne ne comprend cet être qui « j’aimerais mieux ne pas ».

2 copistes Dindon et la Pince et Gingembre le coursier qui ne tient pas en place… 1850 à Wall street, ça rigole pas comme l’ambiance qui règne avec ce juge perdu dans cette étude avec d’aussi drôles de personnages.



Les illustrations sont étonnantes par leur qualités graphiques autant par le réalisme que les couleurs ambiantes. La silhouette de Bartleby nous donnent exactement l’état général de cet être étrange et sangsue.

Des pleines pages et un format haut donne toute la majesté à cet ouvrage un peu suranné.
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Moby Dick

Quelle belle façon de terminer mon année de lecture . Longtemps j'ai retardé le moment de lire cet extraordinaire roman et je ne sais pas pourquoi j'ai tant hésité. Je le qualifie d'extraordinaire non pas à cause du thème de la chasse à la baleine mais par sa façon de traiter le sujet. Il est extraordinaire aussi par la variété de thèmes qu'il aborde: l'étude des baleines, le déroulement d'une chasse, l'entêtement d'un homme qui va jusqu'à l'obsession criminelle, le passage incroyable sur l'histoire de Jonas dans la baleine, l'aspect religieux ou spirituel de l'entreprise, l'inquiétude d'in des seconds à propos de la possibilité d'épuisement de la ressource en cas de surpêche, les métaphores magistrales, la poésie de certains passages etc.



Je me suis régalé à la lecture de roman immortel et on pourrait passer des jours à étudier ce texte sans épuiser le sujet. Ce qui m'a convaincu de le lire c'est une vidéo sur You Tube de Benjamin McAvoy qui en parle avec enthousiasme. Quand on parle de littérature classique moderne on pense aux français, aux anglais, aux russes, mais rarement aux américains pourtant Moby Dick est sûrement un classique tout comme le capitaine Achab a sa place parmi les personnages mythiques de la littérature. Moby Dick est un livre que je relirai certainement dans le futur comme on relit Hugo, Tolstoï, Dickens et autres.
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Moby Dick

Oh, je ne vais pas m'étendre (d'ailleurs il n'y a pas la place sur le Pequod), tant de choses ont déjà été dites. Oui, c'est un monument, un chef-d'œuvre, à lire absolument etc. Et pourtant j'ai attendu le crépuscule de ma (forcément trop courte) vie pour m'y atteler.

Pas déçu (forcément, après ce que je viens de dire…). Mais c'est tout de même un peu long, je dois dire. Enfin, disons qu'il y a des longueurs. Du moins à mes yeux. Oui, je l'avoue, j'ai sauté quelques pages détaillant un peu trop à mon goût certains aspects technico-historiques liés à la pêche à la baleine. Ah, modernité, quand tu nous tiens ! Allez à l'essentiel, mon cher. Eh bien non. Car c'est grand, l'océan, et en plus, il n'y en n'a pas qu'un. Moby Dick et le capitaine Achab le savent bien. Et Herman Melville aussi, au risque de parfois noyer le lecteur.
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Moby Dick

« Qu'ils aient une vie courte et une mort joyeuse ! » comme le souhaitait un capitaine anglais amputé du bras à de braves marins. Cela ne sera pas le cas du capitaine Achab, comme on le sait.



Ce roman qui a une vertu didactique, vous deviendrez incollable sur le classement des cétacés, l'organisation hiérarchique d'un baleinier du 19eme siècle, la liste des provisions nécessaires au bateau, le dépeçage et l'exploitation des ressources issues de l'animal, conserve sa puissance aventureuse puisque la chasse se faisait alors au contact de l'animal et non pas traitreusement à l'aide d'un canon à harpon du haut d'un bateau métallique.



On suit donc les périples du village flottant qu'est le baleinier Pequod au travers du témoignage d'un jeune homme qui y embarque de l'île américaine de Nantucket, accompagné d'un cannibale. Il nous fait le récit des péripéties au milieu de trois océans, au sein de l'équipage bigarré du Pequod parti à la chasse à la graisse et l'ambre gris.



Le récit exalte la grande pêcherie baleinière en général et le viril métier de baleinier en particulier, de préférence Nantuckais mais c'est bien sur aussi l'histoire tragique de la vengeance monomaniaque du capitaine à la jambe d'ivoire, seul maitre à bord après dieu, celle de l'obsession impie d'un homme orgueilleux qui souhaite rejoindre sa destinée dans son combat à mort avec le léviathan.



Un étonnant et subtil équilibre entre l'encyclopédie et l'odyssée qui constitue une brique littéraire qui sent l'humidité océane et l'haleine de requin, l'iode et les viscères de cachalot où se mêlent exotisme, mysticisme et superstition. Symbolisme, mythologie grecque (on peut y retrouver certaines conventions théâtrales : les apartés et les descriptions de mouvements entre parenthèses) et astrologie se retrouvent au milieu des cris des goélands et des bancs de krill.



Même si la lecture est envoutante et je me suis retrouvé avec plaisir sur le pont du Pequod plusieurs soirées de suite, je retire une demi étoile à cause de la fin qui m'a semblé moins épique que l'adaptation qu'en avait faite John Houston.
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