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Citations de Edgar Hilsenrath (401)


"Nous avons aussi des femmes sans culpabilité personnelle, mais qui croient à la personnalité collective et souhaitent faire réparation au nom de tous." (p. 277)
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« Comprenez-moi bien, Effendi. Si vous êtes coupable, vous nous devenez utile. Et aussi longtemps que vous nous serez utile, vous vivrez. Le procès sera long. Aussi vivrez-vous encore longtemps. […] un long procès est un long procès. Et la guerre sera peut-être finie avant que le procès s’achève. Dans ce cas, votre vie ou votre mort n’auront plus tant d’importance à nos yeux. […] Il y a des époques où les innocents doivent mourir et où les coupables peuvent survivre. A de telles époques, il vaut mieux être coupable. »
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Pendant les cours de sport, nous devions marcher au pas pendant un quart d'heure. En chantant des chansons. L'une des chansons que le professeur nous avait apprises, plaisait particulièrement aux garçons. Ils la chantaient à chaque fois : " Quand le sang du Juif gicle sous nos couteaux, la vie est deux fois plus belle... "
Comme je ne chantais pas avec eux, j'étais roué de coups.
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Je n’ai pas besoin de montre, car je suis intemporel.
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S'il meurt, j'aimerais bien en avoir un autre, même si ce n'est pas facile aujourd'hui avec un gosse, vous savez... mais juste pour serrer quelque chose contre soi, un petit corps tout chaud... on est si seul.
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« Ecoute-moi bien, Thovma Khatisian : cet ancêtre-là surtout, je veux parler de l’arrière-grand-père de ton grand-père, était fait d’un tout autre bois. A quatre-vingt-dix-sept ans, il était encore capable de tirer deux coups par jour, un avant de s’endormir, un autre au point du jour.»
« Comment ça, Meddah ? »
« Voici comment : avant de s’endormir, il le faisait avec l’arrière-grand-mère de ton grand-père, car il était malin comme tous les Arméniens qui sont notoirement plus malins que les Juifs et les Grecs eux-mêmes. L’arrière-grand-père de ton grand-père se disait : Si je ne le fais pas avec elle, va savoir si elle ne me mettra pas de la bouse de vache à la place du miel dans le boulgour de demain. Je préfère ne pas prendre ce risque, bien que mon estomac soit encore en état et que je pète comme un blanc-bec de soixante-treize ans. »
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» « Qui aurait cru à l’époque qu’on aurait un jour une police juive à Prokov ? Et pourtant ce n’est pas si fou que ça. Les autorités ne sont pas tombées sur la tête, et cette idée de police juive n’est pas conne. Ça marche pour les autres ghettos sous contrôle allemand. Pourquoi ça ne marcherait pas ici ? Les Roumains ont beaucoup appris des Allemands. Ils savent que la création d’une police juive donne aux rafles, comme on dit, un semblant de légalité. Tu me suis ? Si des juifs font la chasse au juifs, ça a sa raison d’être.»
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"Il est inexact de dire qu'ici l'amour est uniquement une question d'argent. Celui qui dans ce pays désire une fille qui ne tapine pas et n'est qu'une call-girl ou quelque chose dans le genre- une fille de l'autre espèce si l'on peut dire-, pour celui-là, l'amour dépend avant tout de l'aura de réussite qu'il est tenu, en tant qu'homme, de dégager. Si toi, Jakob Bronsky, tu devais rencontrer une telle fille, elle se posera les questions suivantes: Qui est Jakob Bronsky ? Pourquoi écrit-il dans une langue qui n'est pas IN et qui n'est parlée que de quelques greenhorns? Où ces gribouillages le mèneront-ils ? A rien probablement."
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"L'homme s'habitue trop vite aux bonnes choses, et il est prompt à oublier le reste. On ne devrait pas oublier [...], quand bien même on a passé des jours , des semaines ou des mois près du feu, même alors, on ne devrait pas oublier la rue. Sinon l'on devient ingrat."
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"Et les gens biens, on leur fait confiance...La confiance, c'est leur salaire."
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Madame Holle avait deux jambes. L'une aryenne, l'autre non. La non aryenne était en bois. Elle l'attachait le jour et la détachait tard le soir avant d'aller se coucher.
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« En Allemagne, on te rappelle à chaque instant que tu es juif. Ce n’est pas qu’on ressente de l’antisémitisme, mais les gens ont mauvaise conscience quand ils rencontrent un Juif. Ils te traitent avec un excès de précautions, c’est très désagréable. » (p. 94)
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Quand j'entends l'heure sonner, je sais que je vis encore.
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- Tu étais au ghetto ?
- Oui. A Moguilev-Podolski, le grand ghetto des Juifs de Roumanie.
- Ma famille était au ghetto de Varsovie, dit-elle. Ils sont tous morts.
- Je suis désolé.
- Des milliers de gens vont écrire leur histoire, dit mon professeur, et il n'y aura pas grand-chose de valable dans tout cela.
- Je ne veux pas écrire de témoignage, mais un roman.
- On ne peut pas écrire de roman sur le ghetto, a-t-elle dit.
- Si. On peut, ai-je dit.
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Le Dniestr offrait ce jour-là un spectacle idyllique. Au crépuscule l'eau prenait une couleur plus tendre, une couleur entre chien et loup, mélange de gris, de noir et de brun, étrangement indéfinie. Le fleuve paraissait aussi couler plus lentement, mais ce n'était qu'une illusion. A cette heure du couchant, il donnait l'impression de s'étendre à l'infini, comme s'il venait de nulle part et n'allait nulle part, telle une ombre glissante dans un paysage silencieux et rêveur.
Deux cadavres flottaient paisiblement sur le fleuve : un homme et une femme. La femme voguait un peu à l'avant de l'homme. On eût dit un jeu amoureux. L'homme essayait sans cesse d'attraper la femme, sans jamais y parvenir. Un peu plus tard, la femme dériva légèrement sur le bord et fit risette à l'homme, qui lui rendit son sourire, puis la rattrapa. Son corps heurta le cadavre de la femme.
Les deux cadavres se mirent alors à tourner en cercle ; ils se collèrent un moment l'un à l'autre, comme s'ils voulaient s'unir. Puis, réconciliés, ils reprirent leur dérive.
Le crépuscule s'épaississait. Le vent rafraîchissait les deux corps, avec la même tendresse que l'eau, les berges et les champs de maïs de l'autre côté, sur la rive roumaine.
Encore un jour absurde qui touche à sa fin.
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Ton père a des mains sensibles... Ce sont des mains tristes, tourmentées, car les mains, à l'instar des yeux, ont une expression.
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- Il a perdu la mémoire, dit Bulbul. Il ne sait plus rien. Il est sans souvenirs.
- Pourtant c'est un poète, dit Yuksel Effendi, le zapieth. Le prêtre Kapriel Hamadian n'a-t-il pas dit une fois : Les poètes sont notre mémoire ?
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- Qu’est-ce que c’est, un travailleur immigré ?
- Une espèce d’invité qu’on fait venir pour l’exploiter et dont on veut se débarrasser dès qu’on n’a plus besoin de lui.
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_ Il a dit : « Le violon tzigane fait la grève. C’est tout à fait étrange. Cependant, nous savons qu’il est empli de mélodies et de contes. » J’ai demandé : « Vous ne pouvez rien sortir de ce violon ? Même par la force ? »
« Même par la force, a dit le directeur du musée des camps de concentration. Pas le moindre son. Ce vieux violon est devenu muet de chagrin. »
« Muet ? »
« Complétement muet. »
« Pourquoi ? »
« Parce que son maître est mort. »
« Le violon le sait ? »
« Il ne le sait pas. »
« Il cherche son maître ? »
« Il le cherche encore. »
« Il le cherchera jusqu’à la fin des temps ? »
« Jusqu’à la fin des temps. »
« Et il le trouvera un jour ? »
« Non. »
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LE MAÎTRE-NAGEUR

JE VIS DANS LE PAYS que ceux de l’autre côté appellent l’autre Allemagne. Comme je souffre d’une maladie contagieuse, en l’occurrence l’envie de voyager, et que récemment j’ai voulu aller me baigner à l’Ouest libre, j’ai été arrêté. On m’a menotté et on m’a dit que dans mon cas particulier, seul le maître-nageur était compétent.
— Quel maître-nageur ? ai-je demandé.
— Celui de la Stasi.

— Vous tremblez de peur, dit le maître-nageur.
— Oui.
— Voulez-vous que je vous prenne le pouls ?
— Ce n’est malheureusement pas possible.
— Pourquoi ?
— Parce que j’ai des menottes.

— Vous m’avez l’air d’avoir réponse à tout !
— Oui.
— On aurait mieux fait de vous descendre tout de suite !
— Oui.
— Ça aurait mieux valu pour vous !
— Oui.

— Vous savez ce qui attend un type atteint d’envie de voyager ?
— Je peux l’imaginer.
— Vous avez déjà essayé de guérir de cette maladie ?
— Non.

— Alors comme ça, vous vouliez foutre le camp ?
— Oui.
— En passant tout simplement la frontière ?
— Oui.
— Pourquoi ?
— Pour aller me baigner.
— Juste pour vous baigner ?
— Oui.

— Où vouliez-vous vous baigner ?
— Dans la mer.
— Vous pouvez aussi le faire chez nous.
— Où donc ?
— Dans la mer Baltique.
— Je voulais me baigner dans la Méditerranée.

— Ah, c’est donc cela, dit le maître-nageur. Une envie déviationniste.
— Oui.
— Qu’est-ce que je peux dire… je veux dire en tant que maître-nageur de la Sécurité ?
— Je ne sais pas.
— On ne peut pas se baigner dans une envie !
— Vous avez raison.
— La propagande de l’Ouest vous a embrouillé. Reconnaissez-le.
— Je le reconnais. Cette fichue propagande ! C’est elle qui m’a embrouillé !
— Voilà, vous devenez raisonnable.
— J’avais les idées de travers.
— Mais oui.
— La Méditerranée n’existe pas.
— Vous avez enfin pigé.
— Elle n’existe qu’à la télé.
— C’est cela.
— Et au cinéma.
— Tout juste.
— Et sur la carte.

(p. 11-12)
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