Citations de Claire Keegan (309)
Nous nous relevons et, immobiles, comtemplons l'eau.
"Regarde, il y a trois lumières maintenant à l'endroit où il n'y en avait que deux."
Je porte mes yeux vers le large. Les deux lumières y clignotent comme avant, mais une autre constante brille entre elles. P77
Et ainsi les jours passent. Je continue d’attendre qu’un incident se produise, que ma sensation de bien- être s’envole…
Le rivage est complètement lisse, sans aucune trace de pas. Au-delà d'une ligne sinueuse dans le sable, proche des dunes, des objets ont échoué : des bouteilles en plastique, des branches, le manche d'un balai qui a perdu sa brosse et, plus loin, une porte d'écurie, au verrou cassé. "Le cheval de quelqu'un s'est sauvé" dit Kinsella. Il marche ensuite durant un moment. C'est plus calme ici, à l'abri du bruit de la mer. "Tu sais, les pêcheurs trouvent parfois des chevaux en mer. Un homme que je connais a remorqué un poulain un jour et l'animal est resté couché des heures avant de se relever. Il était indemne. C'est juste la fatigue d'avoir été au large si longtemps.
Je reste éveillée le plus longtemps possible, puis je m'oblige à me lever et à utiliser le pot, mais je fais juste quelques gouttes. Je me recouche, la peur au ventre, et je m'endors. A un moment, plus tard dans la nuit (j'ai l'impression que c'est beaucoup plus tard), la femme entre. Je ne bouge plus et respire comme si je dormais toujours. Je sens le matelas s'enfoncer, le poids de la femme sur le lit.
"Dieu te vienne en aide, Petite, dit-elle. Si tu étais à moi, je ne te laisserais jamais dans une maison avec des inconnus.
"Les mots sortent, rapides et irréversibles. C'est l'attrait permanent de l'écriture : dans l'écriture, il est possible de changer les mots, d'avoir une nouvelle chance."
"Les gens ne comprennent pas, mais il faut regarder le pire en face pour être paré contre tout."
Je pense à la femme de la chaumière, à sa façon de marcher et de parler, et j'en conclus qu'il existe des différences énormes entre les gens.
Je me fige sur la chaise, attendant qu'un incident beaucoup plus grave se produise, mais Kinsella ne fait rien de plus: il reste juste là, immobile, enfermé dans les remous de ses propres paroles. Dès qu'il se détourne, je me précipite vers l'escalier mais, quand j'arrive à la salle de bains, la porte ne veut pas s'ouvrir.
« On se réjouit de la garder. […] Elle est la bienvenue ici. » (p. 19)
Je suis dans une situation où je ne peux ni être ce que je suis toujours ni devenir ce que je pourrais être.
Tu n'es pas toujours obligée de dire quelque chose, reprend-il. Pense que la parole n'est une nécessité en aucune circonstance. Nombre de gens ont beaucoup perdu pour la seule raison qu'ils ont manqué une belle occasion de se taire.
une chose étrange s'est produite pour toi ce soir mais Edna ne pensait pas à mal . Au contraire , elle est d'une bonté excessive . elle veut trouver la bonté chez les autres et parfois sa manière de la trouver c'est de leur faire confiance , en espérant qu'elle ne sera pas déçue p 75
-Quand je pense à ce qui aurait pu arriver.
-Tu l'as déjà dit cent fois.
-Mais ...
-Rien n'est arrivé, la fillette va bien. Point à la ligne.
Couchée là les pieds sur la bouillotte, j'écoute la pluie et je lis mes livres, prête plus d'attention aux histoires et invente une autre fin pour chacunes d'elles, à chaque relecture.
Ah, les femmes ont presque toujours raison quand même, dit-il. Sais-tu pour quoi les femmes ont un don ? (...) Les éventualités. Une vraie femme regarde loin dans l'avenir et devine ce qui arrive avant qu'un homme flaire quoi que ce soit. (p. 77)
Elle m'emmène dans la maison. Il y a un moment très sombre dans le couloir ; alors que j'hésite, elle hésite avec moi. Puis nous passons dans la chaleur de la cuisine où il faut que je m'assoie, que je me mette à l'aise. Sous l'odeur de pâtisserie, un désinfectant, un produit javellisé pointe. Elle retire du four une tarte à la rhubarbe qu'elle pose sur le plan de travail pour la laisser tiédir : du sirop bouillonnant prêt à déborder, de fines feuilles de pâte sculptées dans la croûte. Un courant frais souffle par la porte mais ici tout est chaud, tranquille et propre. De grandes marguerites sont immobiles comme le grand verre d'eau dans lequel elles se dressent. Il n'y a trace d'enfant nulle part.
Nos verres se touchent. Je bois ma bière, réconfortée à l'idée que des minéraux se cachent dans la bande blanche à son sommet.
Tu n'es pas toujours obligée de dire quelque chose, reprend-il. Pense que la parole n'est une nécessité en aucune circonstance. Nombre de gens ont beaucoup perdu pour la seule raison qu'ils ont manqué une belle occasion de se taire. (p. 75)
- Elle a dit que les choses étaient sans doute en train de changer, mais qu'une bonne moitié des hommes de ton âge veulent uniquement que nous nous taisions et que nous vous donnions ce que vous désirez, que vous êtes gâtés et que vous devenez méprisables quand les choses ne se passent pas comme vous le souhaitez.
- Tu sais ce qui est au cœur de la misogynie ? Dans le fond ?
- Alors je suis misogyne à présent ?
- Ça consiste simplement à ne pas donner, avait-elle dit. Que ce soit croire que vous ne devriez pas nous accorder le droit de vote ou ne pas nous donner un coup de main pour la vaisselle - c'est tout crocheté au même wagon.
"Tu as séjourné dans le Wicklow ?
- Je suis allée à Glendalough et Avonsdale, avait-elle dit. Et j'ai marché dans les collines. C'est de jolis paysages.