Citations de Claire Keegan (309)
On dit qu'un malheur se produira si on ne jette pas l'eau du bain de pieds. On dit qu'un homme ne devrait pas vivre seul. On dit que, quand une chèvre mange des patiences, c'est signe de pluie.
La nuit des sorbiers
Judge se félicite de ne pas savoir parler. Il n'a jamais compris l'obligation qu'ont les humains de converser : les gens, quand ils parlent, disent des choses inutiles qui améliorent rarement, pour ne pas dire jamais, leur existence. Leurs paroles les attristent. Pourquoi ne peuvent-ils pas se taire et s'embrasser ? La femme pleure à présent.
Il y a dans l’air le goût d’une chose plus sombre, d’une chose qui pourrait arriver et s’abattre et changer la situation.
Là où il y a un secret, il y a de la honte, et nous n’avons pas besoin de honte.
"La nuit des sorbiers"
Elle tâchait de ne s'appesantir sur rien.Traduire le passé en mots semblait inutile puisque le passé avait déjà eu lieu. Traître, le passé avançait lentement. Il la rattraperait à la longue. Et de toute façon, qu'y pouvait-elle? Le remords ne changeait rien et le chagrin ne servait qu'à ranimer les souvenirs.
Dans la cour, de hautes vitres brillantes reflètent notre arrivée. Je me vois sur la banquette en train de regarder, aussi farouche qu’une enfant gitane avec mes cheveux en bataille, mais mon père, au volant, ressemble juste à mon père.
Dès qu’il la prend, je me rends compte que mon père ne m’a jamais tenu la main, et une partie de moi voudrait que Kinsella me lâche pour que je n’aie pas à éprouver cette sensation. C’est une sensation pénible mais progressivement je m’apaise et ne me préoccupe plus de la différence entre ma vie à la maison et la vie que j’ai ici.
Elle a marché pendant une demi-heure, ses pieds nus dans le bord écumeux de la mer, puis elle a rebroussé chemin le long du sentier de la falaise et regardé son mari, cinq minutes après l'heure dite, claquer la portière et mettre le contact. A l'instant où il partait, elle a sauté sur la route et arrêté la voiture. Puis elle est montée et a passé le reste de son existence avec un homme qui serrait rentré sans elle.(Près du bord de l'eau)
"Quelqu'un te demande si ça va - question tellement idiote -, mais tu ne pleures pas avant d'avoir ouvert et refermé une autre porte, avant de t'être bien verrouillée à l'intérieur de la cabine.
Etre un adulte était, pour l'essentiel, être dans les ténèbres.
Parfois tout le monde était dans le vrai. La plupart du temps, chacun, esprit sensé ou esprit fêlé, trébuchait dans le noir, tendait ses mains vers quelque chose qu'il voulait sans même le soupçonner
"Tu n'es pas toujours obligée de dire quelque chose, reprend-il. Pense que la parole n'est une nécessité en aucune circonstance. Nombre de gens ont beaucoup perdu pour la seule raison qu'ils ont manqué une belle occasion de se taire."
Nous ne parlons ni l'une ni l'autre, comme les gens se taisent parfois quand ils sont heureux. Dès que cette pensée me vient, je m'aperçois que le contraire est vrai aussi.
Alors qu'elle les admirait, il trouvait les femmes de Vermeer, pour la plupart, oisives : restant assises là, comme si elles attendaient quelqu'un ou quelque chose qui ne viendrait jamais - ou se contemplant dans un miroir. Même la robuste laitière semblait verser le lait tout à loisir, comme si elle n'avait rien d'autre à faire ou de mieux à faire.
Certes un très beau livre mais la fin m'a laissé sur ma faim ...
Il en vint à se demander à quoi bon être en vie si l’on ne s’entraidait pas. Était-ce possible de continuer durant toutes les années, les décennies, durant une vie entière, sans avoir une seule fois le courage de s’opposer aux usages établis et pourtant se qualifier de chrétien, et se regarder en face dans le miroir ?
A quoi nous mène la réflexion ? Dit elle. Réfléchir ne réussit qu’à nous décourager.
Bientôt, il se ressaisit et conclut que rien ne se reproduisait jamais ; à chacun étaient donnés des jours et des occasions qui ne se présenteraient pas une seconde fois.
Alors qu'ils continuaient d'avancer et rencontraient d'autres gens connus ou inconnus de Furlong, il en vint à se demander à quoi bon être en vie si l'on ne s'entraidait pas.
Était-ce possible de continuer durant toutes les années, les décennies, durant une vie entière, sans avoir une seule fois le courage de s'opposer aux usages établis et pourtant se qualifier de chrétien, et se regarder en face dans le miroir ?
Bientôt, il se ressaisit et conclut que rien ne se reproduisait jamais; à chacun étaient donnés des jours et des occasions qui ne se présenteraient pas une seconde fois. Et n'était-ce pas doux d'être là où l'on était et, par exception, de laisser l'atmosphère vous ramener dans le passé, malgré le bouleversement, au lieu de toujours examiner la mécanique des journées et les difficultés futures, qui n'apparaîtraient peut-être jamais.