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Critiques de Charlotte McConaghy (71)
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Je pleure encore la beauté du monde

Je ne vais pas hurler avec les loups, puisque je me retrouve un peut toute seule à faire ma ronchon sur ce livre, je vais donc pousser un petit solo ! Ahouuuuu ! Ahouuuuuu !

Voilà qui me fait du bien (peut-être un peu moins à vos oreilles) !

Incursion au pays des loups … en terre écossaise.

Oui, cette association ne vient pas immédiatement à l’esprit. Pourtant, un véritable programme de réintroduction des loups avait été initié en 2021 dans le pays (probablement interrompu par le covid).

Dans le roman de Charlotte McConaghy, Inti Flynn, responsable du Cairngorms Wolf Project, s’installe ainsi dans les Highlands avec cet objectif. Avec son équipe, elle va œuvrer à la réintroduction de plusieurs meutes de loups, mais elle va se heurter à la réticence de la population paysanne locale et aux éleveurs de moutons.

J’ai apprécié les descriptions du travail d’Inti qui doit sans cesse composer entre intervention humaine et un certain laisser faire pour préserver le côté sauvage des loups.

Tout cet aspect du roman, cette fable écologiste est réussi et m’a vraiment beaucoup plu.

Mais, il y a un mais, l’autrice a voulu accoler à cette histoire beaucoup trop d’autres sujets à mon sens, et qui trop embrasse mal étreint… Ainsi viennent se mêler les violences faites aux femmes, des meurtres, une histoire d’amour, des flashbacks… et là ça part un peu trop dans tous les sens.

Le bouquet final m’a semblé un grand feu d’artifice de n’importe quoi et mon plaisir de lecture est retombé comme un soufflé à la lecture des multiples invraisemblances…

Dommage, Charlotte McConaghy aurait pu s’en tenir à son premier sujet qui se suffisait amplement à lui-même.

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Je pleure encore la beauté du monde

Une magnifique fable écologique et féministe qui nous emmène à la rencontre des loups dans les imposantes forêts d'Ecosse. Mais nombreux sont ceux qui s'opposent à cette réinsertion dans leurs terres, pourtant indispensable pour la survie de tous. Bouleversant et puissant, indispensable !
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Je pleure encore la beauté du monde

Et voilà ce livre terminé, avec la phrase leitmotiv qui me revient en tête : "l'infini mystère des loups".



Nous suivons à travers ce roman, à travers les paysages de l'Écosse, entre montagne et forêts, les efforts d'Inti et de son équipe pour réimplanter des loups. L'idée est de tester si la présence des loups a pour effet de dynamiser la croissance de la végétation, et de ramener de la biodiversité dans ces montagnes esseulées, ces plaines plutôt dédiées aux moutons. Il est vrai qu'auprès des éleveurs l'affaire ne sera en rien facile, encore moins acquise. Inti et ses collaborateurs sont prévenus : si un seul loup attaque le bétail, les fermiers organiseront une battue et les tueront tous.



Mais Inti n'est pas femme à s'en laisser conter, et surtout, il y a bien longtemps qu'elle a tourné le dos à sa propre espèce pour suivre l'appel de la forêt, qui résonnait pour elle, pour élever ces meutes, les suivre, les étudier et les protéger. En saurons-nous plus sur cet animal mythique ? Bien sûr, nous ne serons pas déçus, car nous apprendrons à connaître la plupart d'entre eux, à nous prendre de sympathie pour eux, ces bêtes souples et furtives qui chassent le daim. Nos nuits n'ont qu'à tendre l'oreille pour percevoir, lointain, le hurlement d'appel ou de regret. le roman s'émaille de rencontres infimes ou magiques avec la meute, surtout celle de Cendre et de ses louveteaux. Mais chut... Ne faut-il pas s'habituer à les appeler d'un numéro, pour garder la distance nécessaire ? Regardez donc ces yeux jaunes et demandez-vous si vous pouvez les oublier, vous en défaire...



Mais que peut-il arriver lorsqu'un homme est attaqué de nuit, avec des blessures horribles qui rappellent fort une certaine dentition inexorable ? C'était certes un homme mauvais, qui cognait sur sa femme, mais que faire ? Comment empêcher la contagion et protéger ce qui peut l'être encore, bêtes et humains ? Comment se battre lorsqu'on souffre au-delà du sensible de tout ce qui est fait à tous ? Lorsqu'on se débat encore avec une enfance au goût sauvage mais si douce et forte, avec les traumatismes du passé, qui ont meurtri sa soeur jumelle Aggie au-delà de la conscience ? Comment accepter d'aimer et de faire confiance ?



Inti découvrira certaines de ces réponses dans ce grand roman d'aventure au souffle poétique, à la langue puissante ; peut-être la façon d'exprimer les sensations d'autres qui deviennent les siennes est-elle un peu systématique - c'est la seule chose en quoi le texte manque parfois de subtilité, d'autant plus que le profil cognitif de la jeune femme se réveille davantage dans certaines scènes marquantes, mais ne semble pas toujours actif. C'est sans conteste une belle lecture qui vous entraîne très loin, un grand merci à @Cassiopee42 qui m'a donné envie de le lire par sa belle critique.
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Je pleure encore la beauté du monde

La rage m’habite

Le beau se montre à moi

Mais il est trop faible

Face à toute l’horreur environnante

Le beau est broyé

La bonté est moribonde

La rage l’emporte

La haine est victorieuse

La violence omniprésente

Pourtant, je sais que cette noirceur me détruira l’âme

Mais qu’importe

Le futur n’existe pas

Je vis dans le présent

Je me consume

~

Un récit qui m’emporte loin entre bonté et violence, entre sagesse et fatalisme, entre écologie et mercantilisme. Tout dans ce récit est dualité, combat… Certains combats sont perdus d’avance malheureusement, mais cela ne signifient pas pour autant qu’ils ne doivent pas être menés.
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Je pleure encore la beauté du monde

Après une période d'adaptation un peu longue au style d'écriture de Charlotte McCONAGHY, ce qui ne m'a pas aidée, j'avoue avoir été un peu déçue par les premiers chapitres de ce roman.



Je m'attendais à plus d'interactions entre l'homme et l'animal et aussi à être transportée en Écosse.

Mais l'auteure a été avare, à mon goût, de descriptions de paysages et de folklore de ce pays et il m'est même arrivé d'occulter totalement l'endroit où se déroule l'histoire.



Toutefois, après environ un tiers du roman, je me suis surprise à apprécier l'intrigue et les différents rebondissements.

J'ai découvert également une maladie que je ne connaissais pas et qui tient une place importante dans cette aventure.



Je reste quand même dans l'idée que les interactions entre humains tiennent plus de place dans ce roman que la relation entre l'animal et l'homme.



Et enfin, en refermant le livre, la question que je me pose encore une fois est la suivante : qui de l'homme ou du loup est le plus sauvage et le plus dangereux ?
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Je pleure encore la beauté du monde

Charlotte McConaghy propose avec Je pleure encore la beauté du monde un roman moderne, émouvant, prenant, sans jamais en faire trop.



Avouons-le, c’est d’abord le titre et la couverture qui m’ont attiré vers ce livre. Je ne connaissais pas l’autrice… et c’est une belle découverte.



Dans son roman, Charlotte McConaghy raconte en parallèle deux histoires, celle de Inti et sa sœur Aggie, lorsqu’elles sont enfants, jeunes filles et jeunes adultes en Australie, puis, plus tard, celle de Inti et sa sœur Aggie, transformées par des événements qu’elles ont vécus, qui se retrouvent en Écosse pour essayer de réintroduire le loup dans les Highlands. En faisant progresser ces deux temporalités, l’autrice permet à son lecteur de mieux comprendre les agissements, les motivations et les émotions de Inti et Aggie.



Comme l’annonce la quatrième de couverture, le roman explore bien « les noirceurs de l’âme humaine et les splendeurs d’une nature menacée de destruction ». Et je suis bien forcé d’admettre que le livre a été poignant et émouvant, qu’il n’en fait pas trop, n’a pas besoin de tout décrire pour émouvoir et, surtout, qu’il a su maintenir mon intérêt et me surprendre. J’ai aimé l’idée de la synesthesie visuo-tactile, dont souffre Inti et qui lui fait ressentir dans son corps tout ce que ressentent ceux qu’elle voit autour d’elle. J’ai aimé l’enjeu écologique et l’enjeu féministe, le parcours des personnages, souvent cassés d’une manière ou d’une autre, la nuance, puisque tout n’est jamais blanc ou noir. J’ai aimé le croisement entre le nature writing et le polar.



Certaines pages m’ont fait découvrir le mystère des loups, leurs interactions avec les autres animaux, la forêt et les hommes. D’autres pages ont pu m’arracher une larme (ou deux ?). Tout le livre m’interroge : quelle est la part d’animalité en l’homme ? quelle est la part d’humanité en l’animal ? l’homme est-il plus humain que l’animal, sous prétexte qu’il est homme ? qui est le plus sauvage et le plus violent, l’homme ou l’animal ?



Bref, c’est une très belle découverte et un roman qui m’aura marqué, c’est certain.
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Je pleure encore la beauté du monde

« J’avais toujours su qu’il y avait quelque chose de différent en moi, mais ce jour-là, pour la première fois, j’ai compris que c’était un truc dangereux. Ce fut aussi le jour où, alors que j’émergeais de la cabane en titubant, accueillie par les violacées d’un long crépuscule, je posai les yeux sur la lisière des bois et vis mon premier loup. Qui me vit également. »



Depuis toute petite, Inti Flynn est fascinée par les loups. Elle en a d’ailleurs fait son métier, puisqu’elle est responsable de leur réintroduction dans différentes régions du monde. Cette fois, c’est dans les Highlands écossais qu’elle va devoir menée à bien sa mission. Un retour du loup qui inquiète dans la région et suscite l’hostilité de certains, en particulier celle des éleveurs de moutons qui craignent pour leurs troupeaux.



L’opposition entre pro et anti-loups, assez habituel et compréhensible lorsqu’il s’agit de réintroduire des animaux prédateurs, est décrite de manière subtile et sans jugement de la part de l’autrice. Chacun à ses arguments à faire valoir et je trouve intéressant que même Inti soit aussi confrontée à des situations qui lui feront revoir certaines de ses positions.



Dès les premières lignes du roman, on apprend qu’Inti a une affection neurologique, la synesthésie visuo-tactile, et a donc la particularité de ressentir les expériences sensorielles des êtres vivants qu’elle voit : « Quand je vois, je ressens, et pendant quelques instants, je suis les autres, eux et moi ne faisons qu’un et leur douleur ou leur plaisir est le mien. »

Une singularité que Charlotte McConaghy exploite parfaitement dans le roman puisque cette synesthésie exacerbe les émotions que peut ressentir Inti. Les interactions avec les loups sont ainsi décrites avec beaucoup de justesse et de sensibilité, et cela nous permet de comprendre aussi la relation toute particulière qu’Inti entretient avec la nature de manière générale. Les très belles descriptions de la nature, véritable explosion de couleurs, m’ont particulièrement plu.



« Notre trio se met en route et les arbres nous enveloppent rapidement. La mousse recouvre le sol d’un tapis vert citron. Certaines espèces de fougères m’arrivent aux épaules. Je caresse des troncs rugueux et des ramures lisses, glisse les doigts entre des feuilles veloutées, effleure des aiguilles pointues. Mes pieds s’enfoncent légèrement dans le sol spongieux. La canopée laisse entrevoir le gris du ciel, sa lumière souligne les contours de chaque chose, éclairant les couleurs de l’intérieur. »



L’autrice vient en revanche greffer sur son récit d’autres intrigues, dont certaines flirtent avec le thriller, et qui m’ont semblé desservir le roman en s’écartant du sujet principal. Les réactions et agissements d’Inti sont aussi parfois difficiles à comprendre et à mesure que l’histoire progresse mon intérêt pour le récit a fini par faiblir.



Lecture donc en demi-teinte, mais je retiendrai la plume sensible et poétique de Charlotte McConaghy, ainsi que les très beaux passages de nature-writing.
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Migrations

BON j’ai terminé Migrations de Charlotte McConaghy eeeet c’était bien mais pas fou non plus. Forcément, en lisant que c’était super déprimant j’avais quelques attentes, et puis j’en ressors sans avoir versé une seule larme, c’est un peu raté.



C’est l’histoire de Franny, une femme pas très stable qui, dans un futur plus ou moins proche où les animaux sont quasi disparus, décide d’intégrer coûte que coûte un bateau de pêcheurs (détestés par la population pour leur implication dans la disparition des animaux) pour pouvoir suivre la dernière migration des Sternes arctiques.



Et a mesure que l’on constate la fragilité de la nature et des animaux, on se rend compte que Frannie, ce drôle d’oiseau, est également au bord de la rupture.



C’est un beau livre, un récit intéressant, au fur et à mesure on commence à comprendre Frannie et son histoire, ce qui l’a mené ici et c’est assez touchant mais ça reste un personnage assez complexe et je ne sais pas trop quoi en penser une fois le livre terminé. C’est un livre assez poétique et mélancolique, mais il m’a manqué un vrai attachement aux personnages pour un peu plus d’émotions !
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Migrations

Pas emballé par ce premier roman encensé par Le Monde notamment. Si l’extinction – en cours – des espèces sauvages est angoissante, car ici on en est au dernier stade, il ne reste quasiment plus d’oiseaux ni de poissons, la quête de Franny, ornithologue amateur n’arrive pas à me captiver.

Celle-ci a la volonté insensée de suivre des sternes dans leur migration, qui les conduit de l’océan Arctique à l’Antarctique, ce qui en font les oiseaux les plus résistants. S’il s’avère que cette jeune femme est d’une ténacité incroyable, qu’elle quitte tout, y compris son mari, pour accomplir son périple, c’est pour la comparer à ces sternes, ultimes résistants de cette Terre qui se délite par la faute de l’homme. Et Franny va jusqu’à s’embarquer avec l’ennemi – un équipage de pêcheurs – pour les convaincre de suivre ces oiseaux, capables de dénicher les derniers harengs.

Le passé complexe de Franny émergera par bribes, de l’Australie à l’Irlande, à la recherche d’une famille dont chaque membre semble disparaître pour fuir les autres, avec des épisodes obscurs évoquant l’héroïne comme une meurtrière instable.

Rien à dire de l’écriture, brillante, mais le très lent accouchement des dessous de l’intrigue fait que j’ai finalement eu hâte d’en terminer avec ce livre. Reste que c’est important de signaler, encore et encore, que nous sommes les deux pieds dans l’anthropocène, en embarquant dans notre naufrage une grosse part de la faune et de la flore, et que le futur proche décrit ici est plus probable de jour en jour.

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Migrations

Franny est née sous l'étoile du tourment.

Sa vie entière n'est qu'une longue fuite en avant, aimantée par la mer.



Lorsque le récit commence, 80% de la faune sauvage a disparu de la surface de la terre.

Franny tente d'embarquer à bord d'un bateau de pêche pour suivre la migration des dernières sternes arctiques, puis mourir...



Un livre sombre, plein de colère et désespoir.

Une personnalité dont on découvre le triste parcours au fil des pages, terrassée par le chagrin et la culpabilité.

Heureusement, un final un brin plus optimiste.
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Migrations

Ce roman s’ouvre sur Franny, au milieu du Groenland :

« Voilà six jours que je suis seule au milieu de rien. J’ai perdu ma tente, hier. Le vent et la pluie me l’ont arrachée pour l’offrir à la mer. Mon visage et mes mains portent les coups de becs d’oiseaux réputés comme étant parmi les plus protecteurs du règne aviaire. Ma récompense, ce sont ces trois Sternes arctiques que j’ai réussi à baguer. Et puis, mes veines gorgées d’iode.

Je marque une pause sur la crête pour un dernier coup d’œil. Le vent me calme un instant. L’océan monochrome et l’horizon d’un gris indifférent encadrent une vaste étendue immaculée qui éblouit par contraste. Même au beau milieu de l’été, des éclats monumentaux de glace céruléenne flottent tranquillement. Des douzaines de Sternes arctiques noircissent les airs et la terre. Les toutes dernières, peut-être. S’il existe un endroit au monde où je serais capable de rester, ce pourrait être ici. Mais les oiseaux, eux, n’y resteront pas. Alors moi non plus. »



Après avoir lu cet extrait, je n’ai pas pu lâcher le roman avant la fin.

Dépaysement assuré : ça sent l’iode, le large, les oiseaux et la glace.



L’histoire se déroule dans un futur non daté, plus ou moins proche, où de nombreux animaux – qui sont en voie de disparition actuellement – ont totalement disparu. C’est une ode à la nature sauvage et plus particulièrement à ces oiseaux, les Sternes arctiques, qui effectuent la plus grande migration jamais vue jusqu’alors. En moins d’un an elles font l’aller-retour entre l’Arctique et l’Antarctique (environ 70 000 km me dit Wikipédia) et sachant qu’elles vivent entre 20 et 30 ans en moyenne, ça fait un sacré trajet parcouru sur toute une vie… Dans ce roman, ces Sternes sont les dernières encore en vie et Franny est persuadée qu’elles la mèneront vers la clé de leur survie… et de la sienne.



Ce roman est avant tout l’histoire de Franny, trentenaire, qui s’est fixé comme objectif de suivre ces dernières Sternes lors de leur migration, du Groenland jusqu’à l’Antarctique. C’est l’histoire d’une femme qui fait corps avec la nature et qui ne s’épanouit que lorsqu’elle s’immerge dans les eaux glacées des lacs et des océans. Ce n’est pas une histoire joyeuse car cette femme a vécu bien des tourments qui la hantent encore aujourd’hui. Une histoire sur les disparitions, sur les rencontres et sur ce qui lie l’humain à notre planète.



Malgré le fait que Franny cumule quand même beaucoup de choses tragiques, j’ai aimé être en mer dans la tempête avec elle. J’étais curieuse de suivre ces oiseaux que je ne connaissais pas avant ma lecture, et ravie de lire de nouveau un « nature writing ».



Récit psychologique sur fond de dépaysement glaciaire, parfait à lire bien au chaud au coin du feu ou sous la couette.

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Migrations

Un premier roman magnifique d’une jeune autrice et scénariste australienne, déjà traduit dans plus de 20 pays.
Lien : https://www.lapresse.ca/arts..
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Migrations

Roman d'anticipation? Oui, mais avec l'impression que le futur décrit par Charlotte Mc Conaghy risque d'être vécu par tous les humains qui ont moins de moins de quarante ans en 2022. J'en ai 62 et je n'ai pas d'enfant, je ne devrais donc pas me sentir concerné. Et pourtant je ne comprends pas l'indifférence, l'ignorance, les calculs de bas étages de trop de mes contemporains. Sacrifier l'avenir parce que qu'on refuse d'admettre que les choses changent semble être la préférence de beaucoup trop de monde. Migrations est vraiment bien écrit (et bien traduit). On s'attache à Franny malgré touts ses défauts. La double histoire tragique, personnelle et écologique nous offre un roman passionnant qui se dévore. Les personnages secondaires sont tout aussi intéressants, on s'attend presque à les retrouver pour une suite.
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Migrations

Nous sommes dans quelques années sans savoir précisément laquelle. La sixième extinction de masse a commencé. Exit les lions, les loups, les corbeaux. Régulièrement une espèce disparaît. Les poissons ont disparu des océans presque totalement. Les oiseaux ont déserté le ciel.

Pourtant il semble que l'oiseau migrateur le plus endurant résiste.  Il s'agit de la sterne arctique. Celle-ci migre tous les ans de l'Arctique aux confins de l'Antarctique en suivant les côtes africaines ou sud-américaines. Durant son périple elle engloutit des bancs de petits poissons.

Franny Stone est une jeune femme incapable de se fixer. D'Australie en Irlande, elle a toujours été subjuguée par la mer, les oiseaux. Un baûme sur les pertes qui ont bouleversé sa vie.

Sans en connaître la raison au début du roman, nous suivons Franny au Groenland où elle suivre la migration des serbes arctiques.

Elle convint Ennis,  patron d'un chalutier de l'emmener avec son équipage afin de suivre la migration des sternes. Pour les pêcheurs,  c'est tout bénéfice avec la promesse que les oiseaux les mèneront à des poissons devenant très rares.

Cette longue migration , vers le Sud sera l'occasion d'apprendre par bribes les aléas de la vie de Franny.

Migrations porte bien son pluriel.

Migration du monde en général,  qu'il soit animal ou humain. Mais les humains ne sont ils pas des animaux ?

A travers un jeu d'aller retour bien maîtrisé,  Charlotte McConaghy nous délivre un roman brutal et poignant.

Cette anticipation de quelques années n'est pas si loin de notre quotidien et nous interpelle fortement sur notre rapport au réchauffement climatique et à la transition écologique.

Quant à l'histoire de Franny que l'on découvre peu à peu, elle nous tient en haleine et par sa brutalité nous rappelle la brutalité de cette sixième extinction de masse qui n'est pas une fatalité

Dernière phrase du roman :

" Ma mère me disait toujours de guetter les indices.

Les indices de quoi ?

Les indices de la vie.  Ils sont partout "



Ps. Il s'agit d'un premier roman de très grande tenue que l'on ne lâche pas.
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Migrations

Voilà un roman qui tranche agréablement avec toutes mes lectures actuelles et qui m’a apporté un vent de renouveau rafraîchissant aux odeurs d’embrun, aux clameurs des goélands et d’un océan déchaîné qui se brise sur la coque du chalutier. Pas seulement. Il y a aussi de ces nausées terribles provoquées par le bouillonnement des vagues, de la raideur de la collision avec ces icebergs. C’est un premier roman choc de l’auteure australienne Charlotte McConaghy, qui met au premier plan son attachement au monde animal, cette menace d’extinction qui pèse de plus en plus sur lui, ainsi que cette peur de tout voir basculer et disparaître irrémédiablement, tout en explorant le thème fort de l’ancrage familial à travers celui du voyage.



C’est un roman qui sonne comme un avertissement terrible avant que l’irréparable n’arrive, puisque l’auteure en a presque fait une dystopie : Nous sommes dans un monde ou presque tous les animaux sont sur le point de disparaître, le loup gris, par exemple, n’y est représenté que par un dernier individu miraculeusement découvert, les poissons ont été péchés massivement et ne sont guère visibles qu’à travers de rares bancs. C’est un monde, pas si dystopique au fond, qui s’apprête dangereusement à être le nôtre si nous continuons aveuglément dans la voie que nous avons prise. Charlotte McConaghy construit une histoire d’amour, celle de Franny et de son mari Niall, avec ses drames, les responsabilités de chacun au sein de ce monde en mauvaise posture. Et surtout, l’auteure australienne reconstitue une Franny, issue d’une famille déchirée entre Australie et Irlande, qui recherche désespérément des survivants, ce qui lui rester encore, car tous comme les oiseaux qu’elle va suivre, elle semble être la dernière représentante d’une famille anéantie par la vie et l’homme.



L’histoire de Franny est totalement liée à ces animaux qui disparaissent, mais encore plus aux oiseaux, car c’est à travers eux qu’elle a fait la connaissance de celui qui sera son mari, ornithologue de renom. Lui est un homme bien planté sur sa terre, sa nature à elle au contraire est semblable à ces oiseaux migrateurs, il faut qu’elle se déplace pour survivre, qu’elle voyage d’un bout à l’autre du monde, elle ne peut pas se fixer. Peut-être est-ce dû à son identité qu’elle partage entre ses ancêtres irlandais et cette Australie où elle a grandi, peut-être à l’éclatement de sa famille, Franny après la mort de sa mère est partie migrée à l’autre bout de la planète, peut-être est-ce sa nature profonde aussi. Comme ces Sternes arctiques qu’elle va poursuivre jusqu’en Antarctique.



C’est à rebours que nous prenons connaissance du drame de Franny, alors même qu’elle s’est mise en tête de poursuivre les déplacements migratoires des oiseaux, qu’elle a bagués en Arctique, au fur et à mesure de son périple en mer dans un bateau de pêche, ou elle a fini par se laisser accepter. Parmi les meilleures pages, on compte celles ou elle apprend à faire connaissance avec l’équipage de marins du Saghani, où elle s’initie à leur activité journalière sur le bateau, à nouer des relations presque intimes avec eux, à comprendre cet attachement avec la mer qui peut les pousser à prendre la semaine pendant de si longues semaines, et surtout elle qui combat contre l’extinction des animaux, ce qui les pousse eux à dépeupler les océans de ses derniers océans. Malgré une inimitié réciproque, Franny devient part entière de cet équipage en s’intégrant peu à peu dans cette drôle de vie de famille, l’intimité n’existe plus, ce qui pour une déracinée comme elle, est une nouvelle expérience.





Franny qui aime par-dessus tout bourlinguer, c’est un voyage initiatique qu’elle accomplit là, autant sur le plan physique que psychologique, s’initiant à une vie nouvelle. Celle qui prend la mer totalement éteinte est devenue une autre femme, assumant ses erreurs, en choisissant une direction dans sa vie, qui l’amène bien au-delà de ce qu’elle pensait arriver. En plus de vivre et respirer sur le pont du navire avec elle, nous nous prenons au jeu de cette course après les sternes arctiques, ou après cette pêche en or à laquelle rêve le Capitaine, qui portent finalement l’espoir d’un avenir encore possible pour le monde animal, pour l’humanité ou pour leur propre avenir.



Ce roman m’a apporté une bouffée d’oxygène salutaire, depuis ce Groenland glacial aux mers déchainées et solitaires, même si c’était là était tout sauf une croisière de plaisance qu’a effectué là la jeune femme irlandaise, qui a passé le filtre des tempêtes, icebergs et autres obstacles naturels, J’ai profité avec plaisir de ces paysages, de ces grands espaces, qu’a su décrire l’auteure, en même temps que j’ai appris à connaître Franny ainsi que les raisons profondes de sa propre migration. Même si les animaux sont en voie de disparition dans ce roman, tout n’est pas entièrement noir, et l’auteur nous laisse, ainsi que ses personnages, avec un dernier espoir, surement faible, néanmoins bien présent et tangible.
















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Migrations

Superbe de pureté ! Ce livre nous projette dans le futur mais un futur qui nous parle !!! Un roman qui nous reconnecte avec la fragilité de la nature et les vrais sentiments humains, purs, sans faux semblants ! Bref, un livre qui fait beaucoup, beaucoup de bien !
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Migrations

Charlotte McConaghy nous offre à la fois une dystopie écologique et un conte adulte.

Dans Migrations, il n’y a plus d’oiseaux. Tous ont arrêté de chanter, les poissons se font très rares. Plus d’animaux sauvages, le parc des Yellowstone est l’une des dernières forêts de pin qui existe pourtant, tu n’entends plus aucun son. Pas de loup, plus d’ours, aucun cerf, toutes formes de vie ont été décimés.

Un temps inconnu, mais qui pourrait bien être proche de notre époque.

Un seul groupe d’oiseaux reste encore, ils vont effectuer leur dernière migration. Les sternes.

Franny veut les suivre à travers leur périple et peut-être les sauver.

80 % des espèces sauvages sont éteintes, les autres connaîtront la même destinée dans une décennie, il existe des refuges où on tente de préserver les espèces… utiles. Ceux qui pollinisent, ceux qui sont importants pour l’homme. Il reste le bétail évidemment, car il faut bien manger et puis les animaux de compagnie parce qu’ils nous permettent d’oublier que tous leurs congénères se meurent.



Sa nationalité fluctue comme les marées. Marée haute, australienne ; basses, irlandaise.



« Guette les indices. Les indices de quoi ? De la vie, ils sont partout ».



Ennis, loup de mer, chef de meute. La meute c’est son équipage. Tous dépendent de lui. S’il se trompe, si l’itinéraire n’est pas le bon pour ramener le poisson pas d’argent au retour.

Léa, Malachai, Dae, Samuel, Basil et Anik.

Chacun a leur histoire, leur raison pour travailler à bord de ce bateau, à ce moment-là. Un groupe homogène avec tous, le même point commun, le désir d’être en mer pour chercher ce qui leur manquait sur terre.

Ces exilés de la terre ferme adorent l’océan, leur navire. Chacun à leur façon vit le deuil de cette vie condamnée à disparaître. Un métier qui n’existera plus quand le dernier poisson aura été pêché.



Franny, 12 ans plus tôt, collectionne les sourires, car ils sont rares et un geste agréable à observer.



Elle refuse d’abandonner son but. Pas après tout ce qu’elle a vécu et survécu ! Son cœur sauvage en abrite un autre plus calme. Dans ce cœur plus calme, il y a la voix de son mari Niall.

Elle veut aller le plus au Sud pour suivre la migration naturelle la plus longue sur terre.

Pour cela, Franny, tu as besoin du bateau d’Ennis.

Ton âme a beau être vagabonde, tu es déterminée.

Ta place c’est là où mènent les murs aux reflets argent là où sont le sel et la mer et les bourrasques.



Les oiseaux, pour elle, incarnent la solitude absolue ou son contraire. Ils représentent au cœur de l’hiver, quand la nature est endormie, la manifestation physique de quelque chose de profond. Ils sont le temps, le monde, ils sont les distances. Les latitudes et les longitudes des distances qu’ils parcourent des endroits où Fran ne pourra jamais les suivre.



Pourquoi cette obsession ? Pourquoi ce besoin viscéral de se frotter au danger ? Fran est une énigme.

Elle a été enfermée 4 ans en prison, mais pourquoi ? Est-ce cela qu’elle fuit ou est-elle en quête d’elle-même ?

Arrivée à destination se transformera-t-elle en oiseau comme la légende qu’un garçon lui a raconté, un jour, longtemps auparavant ?

Retrouvera-t-elle sa mère qu’elle n’a eu de cesse de chercher ?



Les réponses se trouvent à bord du bateau et 12 ans plus tôt

Charlotte McConaghy choisit l’alternance de temps et de lieux pour que l’on comprenne toute la complexité de son héroïne.

Une héroïne en perpétuelle migration, constamment en mouvement. Une femme dotée de nombreuses facettes notamment une part sauvage, elle la dompte parfois, parfois cette part quasiment animale prend le dessus.



Dans ce livre, il y a du blanc neige, du bleu indigo, du noir corbeau, les becs vermeils des sternes.

Il y a les merveilles et les périls de la vie et comme parfois ils se confondent.

Il y a aussi une boîte de Pandore, un passé qu’on essaie de fuir, un futur impossible

Dans ce roman, il y a le regard des animaux plein de sagesse ancestrale

Des battements de cœur qui ressemble à des battements d’ailes de papillons pris dans la lumière des phares.



Je me souviens d’un jour où, grâce aux oiseaux, je suis revenue à la vie. Plus forte que jamais

Le doux devient amer et même le ciel aux airs d’infini te paraît parfois amer

Il te faut un horizon pour toi supporter les murs. Les murs intérieurs aussi. Ceux-ci sont très épais. Tu as entouré ton cœur d’une muraille infranchissable.



Le temps de ma lecture, je me suis sentie oiseau. Un oiseau survolant l’immensité de l’océan, me posant à terre pour écouter Fran me narrer son histoire bien plus complexe, sombre et triste que je ne le pensais. Très belle aussi.

Un conte pour adulte addictif avec ses moments angoissants, ses rebondissements, les révélations, surtout dans la seconde partie, qui te donnent envie de tourner et tourner encore les pages.



Poissons décimés, océans vidés, vous avez pris et encore pris maintenant il ne reste plus rien.



Une héroïne tourmentée, inconstante, cassée, impulsive et pourtant, tellement attachante. Quand tu auras assemblé les pièces qui composent le fil de sa vie, quand tu auras assemblé les rouages de son horloge biologique avec ce qu’il s’est passé auparavant, bien avant, puis 12 ans plus tôt puis 4 ans plus tôt ; tu comprendras toute la complexité de Franny et toutes les tempêtes qui ont décimé sa vie.

Libérée de ses chaînes là enfin elle restera tranquille.



Un conte magnifique, il faut le savourer pour comprendre le sens de cette fable. Les illusions allusions, le langage parfois imagé, et puis surtout prend le temps d’observer cette immensité de bleu et de blanc. La banquise, les icebergs qui se détachent. Je les ai entendus couler dans la mer là où aucun homme n’a encore pénétré. Un sanctuaire préservé.

Laisse-toi guider par la plume de Charlotte McConaghy et ressens. Tout. Intensément.



« Le sens de la vie : notre vie a un sens très simple : il réside dans notre capacité à prendre soin des choses et des êtres et à rendre la vie plus douce à ceux qui nous entourent. »



Contrairement à la plupart des autres dystopies environnementales, celle-ci n’est ni dans l’urgence ni trop moraliste. En fait, c’est un roman tranquille. Une histoire subtile et triste d’une femme et de son chagrin.

Et c’est une histoire d’amour aussi. Pour une personne et pour une planète.

Je ne peux pas vous dire à quel point j’ai aimé ce livre.

Le début peut sembler lent, mais il est nécessaire, crois-moi, une fois que tu as passé les 150 premières pages, tu voudras savoir. Il y a quelque chose dans le personnage de Franny. Quelque chose d’indéfinissable, de brut, solitaire et confus, qui te donnent envie de savoir d’où elle vient et où elle finira. Même son âge, au départ, est impossible à deviner.



L’atmosphère créée par l’écriture de Charlotte McConaghy m’a laissé un frisson qui n’a toujours pas disparu. Elle parvient à rendre cette histoire froide, le plus simple des événements et des actions comme une brise glacée sur la nuque. Froide et pourtant tellement bleue, tellement belle.

Bien que, plutôt prévisible, je dirais que cela semble inévitable. Comme si nous anticipions quelque chose, en sachant que cela ne pouvait pas être bon. J’ai vu le point culminant du roman venir, mais cela n’a rien changé à l’impact qu’il a eu pour moi.
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Migrations

Franny Stone s’est fixée un objectif : suivre la dernière migration des Sternes arctiques. Pour ce faire, elle embarque à bord d’un navire de pêche dirigé par Enny Malone. À travers le parcours de cette femme désespérée, l’auteure nous offre un roman talentueux qui nous parle de folie, d’obsession, d’emprisonnement mais aussi d’espoir et de résilience. Un roman qui questionne intelligemment notre rapport au monde et aux autres espèces !
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Migrations

« Les animaux meurent. Bientôt nous serons seuls ici-bas. » Ainsi s’ouvre « Migrations » de Charlotte McConaghy. Nous sommes bien sur terre, ou ce qu’il en reste. Peu à peu, celle-ci se vide de toutes les espèces animales qui la peuplaient autrefois. Une extinction de masse. Franny Stone est passionnée par les oiseaux, tout particulièrement les Sternes arctiques. Son objectif est de prouver que toutes les espèces animales ne sont pas éteintes et qu’il reste de l’espoir. « La Sterne est l’animal qui effectue la plus grande migration de tout le règne animal : elle fait l’aller-retour entre l’Arctique et l’Antarctique en moins d’un an. »



Franny embarque à bord du Saghani en persuadant son capitaine Ennis Malone de dévier de sa trajectoire pour suivre 3 Sternes qu’elle a précédemment baguées en lui promettant des bancs entiers de poissons à pêcher. Mais Franny n’est pas tout à fait la femme qu’elle laisse paraître. Au fond d’elle se cachent de lourds secrets que le lecteur découvre dans des apartés, sous forme de retour en arrière, 12 ans plus tôt, 4 ans plus tôt, sous d’autres cieux.



« Migrations » est un superbe voyage vers L’Antarctique, ce lieu un peu mythique qui ne s’atteint que par une solide volonté. Le voyage que propose l’auteur est semblable à un château de cartes qui s’écroulerait au gré de l’avancée. Le bateau fend les océans, et derrière lui, le monde s’effondre. Dans ce futur proche sans réelle datation, le réchauffement climatique a progressivement tué toute vie animale, transformant par extension celle des hommes. La plume de Charlotte McConaghy incarne à la fois ce monde en perdition, mais décrypte également une migration personnelle, un exode intime, une fuite introspective : celle de Franny. « Toute ma vie n’aura été qu’une longue migration sans destination, autant dire une migration qui n’avait aucun sens. Je pars toujours sans raison, juste pour être constamment en mouvement, et cela me brise le cœur en mille, dix mille morceaux. Quel soulagement d’avoir enfin un but. » Au gré des pages, Franny se raconte. Le lecteur sent bien qu’elle est en recherche de paix intérieure, mais pourquoi ? Sous sa mélancolie racontée lors des évènements du passé se cachent une forme d’acceptation, un renoncement assumé, une résignation qui touche à l’intime d’une vie et à l’intégralité de son existence sur terre. « Je m’étends sur le dos, plus perdue que jamais, parce que je n’ai pas le droit au mal du pays, je n’ai pas le droit de me languir des choses que j’ai si opiniâtrement laissées derrière moi. Ce n’est pas juste d’être parfaitement capable d’aimer, mais absolument incapable de rester. » Il y a entre Franny et la nature un attachement singulier. L’auteur décrit magistralement ce lien indéfectible qui la relie par exemple à l’océan ou à toute forme d’étendue d’eau en faisant d’elle une « selquie », une créature mi-humaine, mi-phoque capable de s’immerger dans les eaux les plus froides du globe, un rituel proche d’une purification de l’âme, dont les effets ralentissent les flux sanguins, et les pensées néfastes. Franny se cherche, Franny veut aller au bout du monde pour aller au bout d’elle-même, car Franny cherche la rédemption.



J’ai été profondément émue par cette femme résiliente, mais au fond si délicate, cherchant à faire la paix avec elle-même tout en déployant cette force tenace pour accepter son passé et ses démons, se raccrochant aux promesses qu’elle s’est faites à elle-même et aux autres. Malgré le maelstrom d’un monde qui s’écroule, elle conserve cette ardeur vitale pour arriver au bout du chemin fixé, au cœur d’une nature qui bataille pour préserver son aspect sauvage et indompté. « Pourtant, dans notre mégalomanie et notre quête obsessionnelle du “sens de la vie”, nous avons oublié l’essentiel : préserver la planète qui nous a tous vus naître. »



Sous le prétexte de suivre les Sternes arctiques, Charlotte McConaghy met en lumière quelque chose de plus viscéral, de plus instinctif, mais aussi de plus impérieux : « échapper à sa prison de peau pour enfin vivre libre. » Elle le fait remarquablement bien, en vaporisant, par petites touches, les combats et les émotions d’une femme qui fait le point sur sa vie. Happé par les émotions de Franny, l’avancée vers l’Antarctique et les digressions du passé, je n’ai pu qu’être réellement charmée par la force des mots et des idées qui sont développées ici. Malgré l’angoisse que peut représenter la thématique centrale, la disparition progressive de notre terre telle que nous l’avons connue, ce récit m’a apaisée, comme si, moi aussi, il m’avait été offert l’occasion de faire la paix avec moi-même. « Quand on se lance dans l’ultime migration, non seulement de sa vie, mais de toute son espèce, on ne rebrousse pas chemin au dernier obstacle. Peu importent la fatigue et la faim, peu importe que l’espoir ne soit plus qu’un vague souvenir. Il faut aller jusqu’au bout. »
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Migrations

« Nous pouvons aussi en prendre soin. […] »



De disparitions, de promesses, et d'amour… Entre ciel et mer.

En quête de traces. Dans une nuée d'oiseaux par-delà les océans…



Franny Stone est au Groënland, prête à suivre les sternes arctiques durant leur migration. La dernière volée…, car ces oiseaux font partie des espèces en déclin extrêmement menacées.

Les sternes « voyagent » d'Arctique en Antarctique chaque année, « la plus longue migration de tout le règne animal » !

Bien déterminée à les suivre durant leur migration et ainsi en savoir plus sur le réchauffement climatique, la jeune femme réussit à convaincre Ennis Malone, capitaine d'un bateau de pêche sur le point de prendre la mer, de l'embarquer avec son équipage à bord du Saghani.



Auprès de ces « exilés de la terre ferme », c'est l'opportunité de suivre les sternes en période de migration et vu qu'elles se nourrissent de poissons, cela présage de bonnes prises pour le Saghani.



Une expédition en haute mer pour ces marins et pour la jeune femme portant mystères et souffrances, car qui est-elle vraiment ? .

« Ce monde fait de peur qui est devenu le mien, je crains d'y survivre au moins autant que je crains de ne pas en réchapper ».



C'est alors une véritable traversée mêlant passion, conviction, motivation, manipulation, provocation, et, révélations ; source d'émotions et de découvertes.



Si l'on est attiré par la nature sauvage, les oiseaux, sensibilisé par les espèces menacées, en voie d'extinction, notre environnement et la préservation de notre belle planète, ce livre vous parlera. de même pour le milieu de la pêche et la spécificité de la vie à bord, racontés. Rien de manichéen, et c'est ce qui m'a plu aussi, tout étant bien plus complexe.



C'est aussi une histoire amenant des réflexions sur la nature humaine, la culpabilité ; sur la vie.

J'ai aimé le style, les descriptions, sublimes, le décor liant ces deux éléments, l'air et l'eau. le souffle, la vie et ses inévitables dangers. Et même s'il y a du chagrin, il y a aussi de l'optimisme dans le fond.

C'est une quête de traces conjuguant beauté et intrigue .



J'ai ressenti une belle évasion littéraire et un apprentissage. J'ai aimé les explications sur les oiseaux, les espèces menacées. Il y a tant à apprendre des comportements des animaux et de leçons à méditer.

J'ai aussi aimé ce roman pour ses résonnances à titre personnel,



« […] peut-être que l'homme n'est pas condamné à être toujours un poison ou une plaie pour la Terre. Peut-être sommes-nous encore capables d'en prendre soin. »

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