Citations de Blaise Pascal (802)
Il est dangereux de dire au peuple que les lois ne sont pas justes, car il n'y obéit qu'à cause qu'il les croit justes.
Vanité, fragment 43, p. 81
Nous ne nous tenons jamais au temps présent. Nous anticipons l'avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours, ou nous rappelons le passé pour l'arrêter comme trop prompt, si imprudents que nous errons dans les temps qui ne sont point nôtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient, et si vains que nous songeons à ceux qui ne nous sont rien, et échappons sans réflexion le seul qui subsiste. C'est que le présent d'ordinaire nous blesse. Nous le cachons à notre vue parce qu'il nous afflige, et s'il nous est agréable nous regrettons de le voir échapper. Nous tâchons de le soutenir par l'avenir, et pensons à disposer les choses qui ne sont pas en notre puissance pour un temps où nous n'avons aucune assurance d'arriver.
Que chacun examine ses pensées. Il les trouvera toujours occupées au passé ou à l'avenir. Nous ne pensons presque point au présent, et si nous y pensons ce n'est que pour en prendre la lumière pour disposer de l'avenir. Le présent n'est jamais notre fin. Le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Aussi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre, et nous disposant toujours à être heureux il est inévitable que nous ne le soyons jamais.
Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre.
Mien, tien. "Ce chien est à moi, disaient ces pauvres enfants ; c'est là ma place au soleil". Voilà le commencement et l'image de l'usurpation de toute la terre.
Vous croyez avoir la force de l'impunité, mais je crois avoir la vérité et l'innocence.
NDL : cette phrase est peut être le nœud des Provinciales, dont le but est la mise en accusation de simonie par Pascal et Port Royal des jésuites, surtout le père Antoine Escobar.
Que chacun examine ses pensées, il les trouvera toutes occupées au passé ou à l'avenir. Nous ne pensons presque pas au présent; et, si nous y pensons, ce n'est que pour prendre la lumière pour disposer de l'avenir.
De même ; il est dit dans l’Evangile : Donnez l’aumône de votre superflu. Cependant plusieurs casuistes ont trouvé moyen de décharger les personnes les plus riches de l’obligation de donner l’aumône. Cela vous paraît encore contraire ; mais on en fait voir facilement l’accord, en interprétant le mot de superflu, en sorte qu’il n’arrive presque jamais que personne en ait ; et c’est ce qu’a fait le docte Vasquez en cette sorte, dans son traité de l’aumône, c. 4 :
Ce que les personnes du monde gardent, pour relever leur condition et celle de leurs parents n’est pas appelé superflu ; et c’est pourquoi à peine trouvera-t-on qu’il y ait jamais de superflu dans les gens du monde, et non pas même dans les rois. […]
Le silence de ces espaces infinis m'effraie.
Curiosité n’est que vanité. Le plus souvent, on ne veut savoir que pour en parler.
"Qu’il est difficile de proposer une chose au jugement d’un autre sans corrompre son jugement par la manière de la lui proposer ! Si on dit : je le trouve beau, je le trouve obscur, on entraîne l’imagination à ce jugement, ou l’on l’irrite au contraire. Il vaut mieux ne rien dire ; car alors il juge selon ce qu’il est, c’est à dire selon ce qu’il est alors, et selon que les autres circonstances, dont on n’est pas auteur l’auront disposé ;"
"Après tant de gens qui ont prédit cet avènement, JÉSUS-CHRIST est enfin venu dire : me voici, et voici le temps. Il est venu dire aux hommes, qu’ils n’ont point d’autres ennemis qu’eux mêmes; que ce sont leurs passions qui les séparent de Dieu ; qu’il vient pour les en délivrer, et pour leur donner sa grâce, afin de former de tous les hommes une Église sainte ; qu’il vient ramener dans cette Église les Païens et les Juifs ; qu’il vient détruire les idoles des uns, et la superstition des autres."
"L'homme est un roseau le plus faible de la nature mais c'est un roseau pensant."
"Le nez de Cléopâtre s'il eut été plus court toute la face de la terre aurait été changé."
"Ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force."
"Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos, dans une chambre."
Il y a des passions qui resserrent l'âme et qui la rendent immobile, et il y en a qui l'agrandissent et la font se répandre au-dehors.
L'homme n'est ni ange ni bête et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête.
196. Tous les hommes se haïssent naturellement l'un l'autre.
128. La mort est plus aisée à supporter sans y penser que la pensée de la mort sans péril.
33. Qui ne voit pas la vanité du monde est bien vain lui-même. Aussi qui ne la voit excepté de jeunes gens qui sont tous dans le bruit, dans le divertissement et dans la pensée de l'avenir ? Mais ôtez leur divertissement, vous les verrez se sécher d'ennui. Ils sentent alors leur néant sans le connaitre, car c'est bien être malheureux que d'être dans une tristesse insupportable aussitôt qu'on est réduit à se considérer et à n'en être point diverti.
Quand on veut montrer à un autre qu'il se trompe, il faut observer par quel côté il envisage la chose, car elle est vraie ordinairement de ce côté-là et lui avouer cette vérité, mais lui découvrir le côté par où elle est fausse. Il se contente de cela, car il voit qu'il ne se trompait pas et qu'il manquait seulement à voir tous les côtés;
[Fragment 751]
Console-toi, tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais trouvé.
[Fragment 479]
Les deux raisons contraires. Il faut commencer par là : sans cela on n'entend rien, et tout est hérétique. Et même, à la fin de chaque vérité, il faut ajouter qu'on se souvient de la vérité opposée.