Anna Bailey

J'ai essayé de commander un muffin, non seulement y avait pas de glutten dedans, mais y avait pas de sucre non plus. Un muffin sans sucre. Comme si le monde était pas suffisamment décevant comme ça ."

Mais quand les doutes vous tenaillent suffisamment longtemps, vous en arrivez à cette manière de penser : le malheur est une maladie mortelle.

Rat - avec ses jeans moulants et les consonnes latérales, coulantes et obscures, de son accent inconnu - est un étranger. Il est une balle qui a pénétré la ville et n'a pas encore laissé de plaie en ressortant. Les gens n'ont pas encore décidé où il se place, comment ils vont se former autour de lui , ou même s'ils vont le faire.

Mais les nuits d'été sont sensuelles. Elles sont lentes, faciles, et tellement intimes. On peut réaliser ses fantasmes dans les bois, derriètre la grange, dans l'ombre, avec les étoiles pour seuls témoins. La nuit est faite pour les désirs imprononçables. La nuit est faite pour ne pas parler du tout, elle est faite pour les regards furtifs sous les réverbères des petites routes poussièreuses, pour le parfum des cheveux d'un amant, pour les doigts qui se frôlent dans le noir.

Aujourd'hui, le pasteur Lewis annonce qu'il va parler de "l'homosexuel". Noah n'a que sept ans et il ne sait pas qui est l'homosexuel, mais il est clair que le pasteur Lewis ne l'aime pas, car il le décrit comme "arrogant" et 'sans coeur" et, pire que tout, " ennemi de Dieu".

Noah retire les bagues de Rat et entrelace leurs doigts.
- On irait où ?
- Où tu veux, n'importe où, mais loin d'ici - de cette ville, de ces gens tellement furieux parce que Jésus ne les change pas en vin."

" J'ai aimé ça, dit-elle enfin. Le tuer, je veux dire.
- Bon Dieu, [...].
- Dieu n'a rien à voir là-dedans."

La vraie vie, c'est pas Les Experts, dràgutà.

Tu crois que c'est comme ça qu'on répare le monde, dit-il ? Tout le monde se met en colère et reste en colère ? Je sais qu'on a tous le fantasme de dire aux gens qui nous ont fait souffrir à quel point ils nous ont fait souffrir, mais la plupart du temps, ils ne le regrettent même pas, alors c'est quoi la solution ? Tu comptes juste rester en rogne pour le restant de tes jours ?

Melissa sait que le jour approche où elle va devoir dire la vérité à sa fille : au fond, la plupart des hommes sont médiocres. Comme la plupart des gens, d'ailleurs, mais les hommes, on leur laisse le droit de grandir avec la certitude que le monde leur appartient, tandis que les femmes n'ont pas cette option.

La culpabilité est un corps qu'il est difficile d'ensevelir, quel que soit le nombre de fois où vous affirmez que Dieu vous pardonne. Si vous laissez certaines choses mijoter assez longtemps, il va leur pousser des crocs et des griffes, et elles finiront par remonter à la surface.

Mais les nuits d'été sont sensuelles. Elles sont lentes, faciles, et tellement intimes. On peut réaliser ses fantasmes dans les bois, derrière une grange, dans l'ombre, avec les étoiles pour seuls témoins. La nuit est faite pour les désirs imprononçables. La nuit est faite pour ne pas parler du tout, elle est faite pour les regards furtifs sous les réverbères des petites routes poussiéreuses, pour le parfum des cheveux d'un amant, pour les doigts qui se frôlent dans le noir.

– Pas vraiment. J’étais petit, alors tout ça, c’est très flou. L’Angleterre, c’était plus chez moi. » L’haleine de Rat fait des nuages dans l’air glacial. « Les messes étaient super longues, par contre, ça je m’en souviens. Si tu crois que les baptistes c’est l’horreur, ben t’as jamais été à une messe orthodoxe.

Non. Elle a dit non. Quand est-ce que ce mot a perdu sa signification ?

Maman les appelait des hommes-fantômes. Ils errent comme s'ils ne savaient plus qui ils étaient. On dit de respecter les militaires, mais seulement quand ils meurent pour nous. À croire qu'on les punit pour avoir survécu.

- Réfléchissez, maintenant. Qu'est ce que vous avez fait pour mettre Samuel tellement en colère ? "
La question lui avait fait l'effet d'un coup dans le sternum.
- Pardon ?
- Vous savez, qu'est-ce que vous avez fait pour l'énerver, au départ ?
- Je n'ai rien fait du tout.

Elle connaissait le sort des femmes battues, elle avait fait le voeu de ne jamais laisser ce genre de choses lui arriver. Imbécile, se tance-t-elle maintenant en enfouissant le visage dans son oreiller - comme si c'était jamais les femmes qui permettaient que ce genre de choses leur arrive.

Abigail voulait tout savoir sur Emma, elle a tout fait sortir en tirant les fils un à un, comme si elle défaisait un tricot, et il fut un temps où elle donnait des bouts d'elle même en échange.

La socièté dans laquelle nous vivons célébre - et même encourage - les comportements homosexuels, et vous autres, pauvres enfants, vous êtes assaillis par cette propagande vingt-quatre heures sur vingt-quatre, de tous les côtés, avec vos réseaux sociaux et vos séries télé. Ce n'est pas étonnant qu'une telle confusion régne chez les jeunes d'aujourd'hui.

- Un copain, hein ? Il est comment ?"
Melissa se racle la gorge.
Emma sourit encore furtivement à ses chaussures.
" Il est vraiment sympa, Maman."