Citations de Amy Engel (460)
Et il a grandi dans les ténèbres, il sait qu'elles se dissimulent au grand jour. Contrairement à la plupart des gens, il n'a pas peur de se pencher sur les zones d'ombre.
- Tu ne peux pas continuer de baiser avec Cooper !
- Et pourquoi, bon Dieu ? T'as rejoint la police du cul ?
Pour le meilleur et pour le pire, Roanoke était une demeure dans laquelle on pouvait facilement s'égarer. Certains jours, je perdais la trace d'Allegra, de papi ou de mamie pendant des heures d'affilée, comme s'ils avaient été engloutis par la maison et que je ne les reverrais pas avant qu'elle soit disposée à les recracher. Mais ça présentait aussi certains avantages, quand j'avais envie d'être seule.
Je rêve des filles de Roanoke, perdues ou brisées. Regards fixes et corps fracassés. Jane. Sophia. Penelope. Eleanor. Camilla. Emmeline. Allegra. Elles m'appellent, me supplient de les aider. Je les cherche, les cherche tant et plus, sans jamais en trouver une.
J'apaise la douleur avec une bière, puis une autre et une troisième, m'étouffant dans la précipitation. J'essuie les larmes de la paume de la main en essayant d'oublier qui je suis et d'où je viens. En essayant d'oublier ce que ça signifie d'être moi.
- Tout va de travers sans elle, ici, dit-il d'une voix étouffée. Sans Allegra.
- Flash spécial ! annoncé-je. Tout est toujours allé de travers, ici.
Je tente toujours de garder une longueur d'avance sur mon passé, sur mon grand-père, sur Roanoke.
Pour ce que ça m'a servi...
- [...] Elle disait qu'elle avait Roanoke dans le sang.
- Nous l'avons toutes dans le sang. Comme une infection.
J'aurais pu me scotcher une pancarte avec "entrée libre" sur le vagin que ça ne l'aurait toujours pas tenté.
- Je ne dirais pas vraiment qu'on sortait ensemble. On sautait la partie où l'on dînait ensemble au restau. On allait droit au but.
On baisait debout, contre n'importe quelle surface disponible, pour employer une description technique. En fait, la vérité est un peu plus compliquée, mais c'est la version que j'ai choisie.
Je me tournai vers Roanoke. Les inconnus qui passaient et voyaient la maison dans le lointain la prenaient sans doute pour un asile de fous. L'idée me fit sourire. A mes yeux, elle évoquait un navire, solide et insubmersible, flottant sur une mer de blé déchaînée.
En le regardant, j'éprouvai une étrange fierté à savoir que j'étais sa descendante. Si le charisme incarne le pouvoir, mon grand-père était roi.
Ce brave Tommy ne comprendrait jamais que l'on a parfois besoin de faire du mal aux autres, juste pour se prouver que l'on est en vie.
Alors que ma tête sait que cet endroit m'est néfaste, mon cœur idiot et traître fredonne "maison".
Elle me rappelait ma mère, son esprit cyclothymique. Comme une funambule sur la corde raide entre lumière et obscurité, entre joie et chagrin, tandis que moi, j'étais réduite à attendre au-dessous, les bras ouverts, espérant la rattraper. C'est du moins ce que j'avais fait avec ma mère quand elle était plus jeune. Ces dernières années, j'avais été plus encline à retirer le filet pour la regarder tomber.
La bâtisse était à parts égales horrifiante et fascinante.
Son baiser n'efface pas la douleur en moi. Pas de guérison miraculeuse, pas de remède magique. Mais c'est un départ. Un sacré bon départ.
Je ne savais pas qu’il pourrait si bien lire en moi. et j’ignore pourquoi je suis surprise. Il m’observe depuis le moment où nous nous sommes rencontrés, apprend à me connaitre comme il l’a fait avec la rivière et le bois.
page 192
Je l'attrape par le poignet et le tire vers l'eau.
- Allez !
- On va où? demande-t-il dans un éclat de rire.
- E avant ! dis-je en désignant l'océan effrayant, sans limites et magnifique.
Tout comme cette vie que nous avons choisie. Tout comme l'amour que nous éprouvons l'un pour l'autre.
Main dans la main, nous entrons dans les vagues.
- Tu te rappelles, au début de notre mariage? Quand tu m'as demandé qui je voulais devenir?
[...]
- Oui je m'en souviens.
Je repense à celle que j'étais lorsqu'il m'avait posé cette question : j'avais peur, je ne savais plus où j'en étais, je tombais amoureuse d'un garçon avec qui je pensais ne jamais pouvoir être, j'ignorais quelle jeune fille se cachait vraiment sous la façade imposée par ma famille. Je suis encore effrayée parfois, mais maintenant, je sais qui je suis. Ma naissance s'est faite dans la douleur et dans le sacrifice, dans la joie et dans l'amour inconditionnel. Je suis plus forte qu'avant, capable de prendre des décisions difficiles sans fléchir, mais je ne suis pas dure. J'ai peut-être les mains sales, mais mon âme reste pure. J'aime plus profondément que je ne l'aurais cru possible, sais jusqu'où je peux aller pour protéger ceux qui me sont chers. Je suis en mesure de survivre ici, mais aussi de vivre tout court. Je peux abattre un chevreuil pour le repas du soir et apprécier la beauté d'un aigle solitaire qui s'élance dans un ciel bleu éclatant. Je peux tenir en respect un inconnu avec mon poignard, mais aussi rire avec mes amis autour de la chaleur d'un feu de camp. Je peux vivre avec la peur de perdre Bishop et l'aimer avec passion malgré tout.
- Voilà qui je veux être. celle que je suis maintenant.