Citations de Marc Aurèle (737)
La philosophie consiste en ceci : à veiller à ce que le génie qui est en nous reste sans outrage et sans dommage, et soit au-dessus des plaisirs et des peines ; à ce qu'il ne fasse rien au hasard, ni par mensonge, ni par faux-semblant ; à ce qu'il ne s'attache point à ce que les autres font, ou ne font pas. Et en outre, à accepter ce qui arrive et ce qui lui est dévolu... Et surtout à attendre la mort avec une âme sereine, sans y voir autre chose que la dissolution des éléments dont est composé chaque être vivant.
NDL : peu de philosophes définissent la philosophie : j'aime cette définition, exhaustive, à laquelle il ne manque pas grand chose, je pense.
Le temps est comme un fleuve et un courant violent formé de toutes choses. Aussitôt, en effet, qu’une chose est en vue, elle est entrainée ; une autre est-elle apportée, celle-là aussi va être emportée.
![](/couv/cvt_Pensees-pour-moi-meme_2597.jpg)
Le temps de la vie de l'homme, un instant ; sa substance, fluente ; ses sensations, indistinctes ; l'assemblage de tout son corps, une facile décomposition ; son âme, un tourbillon ; son destin, difficilement conjecturable ; sa renommée, une vague opinion. Pour le dire en un mot, tout ce qui est de son corps est eau courante ; tout ce qui est de son âme, songe et fumée. Sa vie est une guerre, un séjour sur une terre étrangère ; sa renommée posthume, un oubli. Qu'est-ce donc qui peut nous guider ? Une seule et unique chose : la philosophie. Et la philosophie consiste en ceci: à veiller à ce que le génie qui est en nous reste sans outrage et sans peines ; à ce qu'il ne fasse rien au hasard, ni par mensonge ni par faux-semblant ; à ce qu'il ne s'attache point à ce que le autres font ou ne font pas. Et, en outre, à accepter ce qui arrive et ce qui lui est dévolu, comme venant de là même d'où lui-même est venu. Et surtout, à attendre la mort avec une âme sereine sans y voir autre chose que la dissolution des éléments dont est composé chaque être vivant. Si donc pour ces éléments eux-mêmes, il n'y a rien de redoutable à ce que chacun se transforme continuellement en un autre, pourquoi craindrait-on la transformation de leur ensemble et sa dissolution ? C'est selon la nature ; et rien n'est mal de ce qui se fait selon la nature.
Si l’on vient te dire qu’un tel a mal parlé de toi, ne te justifie pas sur ce qu’on te rapporte, mais réponds : « Il faut qu’il ignore tous les autres défauts qui sont en moi, pour ne parler que de ceux-là seuls qui lui sont connus. »
Épictète
Celui qui aime la gloire met son propre bonheur dans les émotions d’un autre ; celui qui aime le plaisir, dans ses propres penchants ; mais l’homme intelligent dans sa propre conduite.
Que de loisirs il gagne celui qui ne regarde pas à ce qu’a dit le voisin, à ce qu’il a fait, à ce qu’il a pensé ; mais à ce qu’il fait lui-même, afin que son acte soit juste, saint et absolument bon. Ne jette point les yeux sur les âmes noires ; mais cours droit à la ligne du but, sans te disséminer.
Seras-tu donc un jour, ô mon âme, bonne, simple, une, nue et plus apparente que le corps qui t'entoure?
Les mots qui naguère étaient compris de tout le monde ont aujourd'hui besoin d'explication. Il en est de même des noms qui jadis étaient les plus illustres, et qui à cette heure ont aussi besoin qu'on les explique […]. Le plus parfait oubli les a bien vite submergés […]. Qu'est-ce donc après tout que cette éternelle mémoire? Une pure vanité.
Pensées, Livre IV, [4,32] XXXII, traduction J. Barthélemy Saint Hilaire, Paris, 1876. Cité par Marco Lodoli dans Nouvelles îles, guide vagabond de Rome, page 142
Agir, parler et penser comme si, dès maintenant, tu pouvais cesser de vivre.
C'est une citadelle que l'intelligence libérée des passions.
« En te levant le matin, rappelle- toi combien est précieux le privilège de vivre, de respirer , d’être heureux » .
Vois ce qu'ils sont lorsqu'ils mangent, dorment, s'accouplent, vont à la selle, etc. Vois-les ensuite lorsqu'ils se donnent de grands airs, font les fiers, se fâchent et vous accablent de leur supériorité. Peu avant, de combien de maîtres étaient-ils les esclaves, et par quelles sujétions ! Peu après, ils se retrouveront réduits au même état !
NDL : j'adore ce passage sur l'orgueil, et il y en a bien d'autres dans ce livre.
Chasse dehors l'opinion et tu seras sauvé. Qui donc t'empêche de la chasser ?
![Marc Aurèle](/users/avt_fd_111115.jpg)
I
Le matin, dès qu’on s’éveille, il faut se prémunir pour la journée en se disant : « Je pourrai bien rencontrer aujourd’hui un fâcheux, un ingrat, un insolent, un fripon, un traître, qui nuit à l’intérêt commun ; mais si tous ces gens-là sont affligés de tant de vices, c’est par simple ignorance de ce que c’est que le bien et le mal. » Quant à moi, considérant la nature du bien qui se confond avec le beau et celle du mal qui se confond avec le laid ; considérant en même temps que celui qui se met en faute à mon égard se trouve, par le décret de la nature, être de ma famille, non qu’il vienne d’un même sang et d’une même souche, mais parce qu’il participe aussi bien que moi à l’intelligence et à l’héritage divins, je me dis deux choses : d’abord que nul d’entre ces gens ne peut me faire le moindre tort, puisque aucun ne peut me faire tomber dans le mal et le laid ; et en second lieu, que je ne puis éprouver ni colère ni haine contre un membre de la famille à laquelle j’appartiens moi-même. Nous sommes tous faits pour concourir à une œuvre commune, comme dans notre corps collaborent les pieds, les mains, les yeux, les rangées de nos dents en haut et en bas de la mâchoire. Agir les uns contre les autres est donc certainement manquer à l’ordre naturel. Or, c’est agir en ennemi que de se laisser aller à son dépit et à son aversion contre un de ses semblables.
1.
Ἕωθεν προλέγειν ἑαυτῷ· συντεύξομαι περιέργῳ, ἀχαρίστῳ, ὑβριστῇ, δολερῷ, βασκάνῳ, ἀκοινωνήτῳ· πάντα ταῦτα συμβέβηκεν ἐκείνοις παρὰ τὴν ἄγνοιαν τῶν ἀγαθῶν καὶ κακῶν. Ἐγὼ δὲ τεθεωρηκὼς τὴν φύσιν τοῦ ἀγαθοῦ ὅτι καλόν, καὶ τοῦ κακοῦ ὅτι αἰσχρόν, καὶ τὴν αὐτοῦ τοῦ ἁμαρτάνοντος φύσιν ὅτι μοι συγγενής, οὐχὶ αἵματος ἢ σπέρματος τοῦ αὐτοῦ, ἀλλὰ νοῦ καὶ θείας ἀπομοίρας μέτοχος, οὔτε βλαβῆναι ὑπό τινος αὐτῶν δύναμαι· αἰσχρῷ γάρ με οὐδεὶς περιβαλεῖ· οὔτε ὀργίζεσθαι τῷ συγγενεῖ δύναμαι οὔτε ἀπέχθεσθαι αὐτῷ. Γεγόναμεν γὰρ πρὸς συνεργίαν ὡς πόδες, ὡς χεῖρες, ὡς βλέφαρα, ὡς οἱ στοῖχοι τῶν ἄνω καὶ τῶν κάτω ὀδόντων. Τὸ οὖν ἀντιπράσσειν ἀλλήλοις παρὰ φύσιν· ἀντιπρακτικὸν δὲ τὸ ἀγανακτεῖν καὶ ἀποστρέφεσθαι.
Toutes choses sont liées entre elles, et d'un nœud sacré; et il n'y a presque rien qui n'ait ses relations. Tous les êtres sont coordonnés ensemble, tous concourent à l'harmonie du même monde; il n'y a qu'un seul monde, qui comprend tout, un seul Dieu, qui est dans tout, une seule matière, une seule loi, une raison commune à tous les êtres doués d'intelligence, enfin une vérité unique, n'y ayant qu'un seul état de perfection pour des êtres de même espèce, et qui participent à la même raison.
« Raisin vert, raisin mûr, raisin sec, tout est changement, non pour ne plus être, mais pour devenir ce qui n’est pas encore ».
Epictète
« La meilleure façon de se venger d’un ennemi, c’est de ne pas lui ressembler . »
Vénère la faculté de te faire une opinion. Tout dépend d'elle, pour qu'il n'existe jamais, en ton principe directeur, une opinion qui ne soit pas conforme à la nature et à la constitution d'un être raisonnable.
Une excellente manière de te défendre d'eux, c'est d'éviter de leur ressembler.
ÉDITIONS LES BELLES LETTRES - traduction A.I. Trannoy
Quand tu te lèves le matin, pense
aux précieux privilèges que tu as d'être vivant,
de respirer, de penser, de sentir, de toucher et d'aimer.