Il y a bien longtemps que je me promettais de lire
Stefan Zweig , monument de la littérature, le mot semble tout à fait justifié eu égard aux critiques dithyrambiques lues ici ou là.
J'ai donc emprunté à la bibliothèque de mon village un recueil assez complet de romans et nouvelles.C'est d'ailleurs un manuel littéraire qui présente et analyse l'oeuvre, que je pense avoir mieux appréciée ainsi.
Ainsi j'ai lu:
Le
conte crépusculaire,
Amok, ou le fou de Malaisievingt quatre heures de la vie d'une femme,
La collection invisible,
Le bouquiniste Mendel,
Les deux jumelles,
et
le joueur d'échecs.
Et je m'en suis tenue là.
Je dois avouer que je n'ai pas tout aimé, même si Zweig est un virtuose de l'écriture avec des personnages et des descriptions d'une finesse incomparable, j'ai parfois ressenti de l'ennui dans ces descriptions fouillées -parfois trop pour moi- sans doute dois je apprendre la contemplation et la patience ;-)
Je joue donc avec le feu en ne mettant que 3,5, j'en suis consciente, je risque de m'attirer les foudres de certains "Babelio's" redresseurs de torts !…Mais bon, tant pis, on ne peut pas plaire à tout le monde n'est ce pas?
J'ai particulièrement apprécié
le joueur d'échecs, c'est le dernier opus de ce recueil et selon moi c'est vraiment la meilleure lecture que j'ai faite pour
Stefan Zweig. Contrairement aux autres romans ou nouvelles ,il y a une sorte de suspense qui tient le lecteur en haleine, ceci allié à toutes les qualités reconnues de l'écrivain en font pour moi une sorte de perfection. Ce n'est pas pour rien que Zweig a été l'ami de
Freud: en effet il excelle dans l'analyse psychologique et ce tout au long de ses écrits.
J'ai été déçue par « 24 heures de la vie d'une femme », je ne sais pas pourquoi, sans doute à cause de son grand succès, du fait que cela est été adapté au cinéma… On ne sait jamais trop ce que l'on met derrière un titre ? C'est toutefois très réussi dans la description du basculement psychologique d'une personne à la faveur d'une rencontre inattendue. Mais trop longuement décrit pour moi. Je pense que c'est la nouvelle que j'ai le moins appréciée.
Amok décrit aussi le basculement dans la folie, Zweig se plaît à décrire des situations psychologiques extrêmes. Cette fois il décrit l'affrontement de deux êtres tous deux pétris d'orgueil, jusqu'à y préférer leur perte. Dans ce roman j'ai été gênée par le ton employé par Zweig pour décrire les «indigènes » : « car les filles d'ici ,ces petites bêtes gracieuses et gazouillantes, tremblent de respect quand un blanc, un monsieur les prend » ; « Vous n'avez pas vécu sous les tropiques...Vous ne savez pas quelle insolence c'est quand un Jaune, un coquin… ». Alors bien sûr ces phrases sont sorties du contexte. Il s'agit du personnage principal, médecin de son état, perdu dans la brousse ,qui perd pied petit à petit. Il est dans la situation du colon, entouré de domestiques asservis , pour ne pas dire des esclaves, bien sûr c'est au temps des colonies, il y a bien longtemps, un tout autre temps ! Mais tout de même cela m'a chiffonnée...
La collection invisible, et
Les deux jumelles, sont deux nouvelles très courtes et assez agréables à lire, un peu à la manière d'un conte, avec une morale ( la richesse est avant tout intérieure et intime pour l'une, le triomphe de la vertu sur le péché et la débauche pour l'autre , enfin c'est ma version très très simplifiée n'est ce pas...)
Le bouquiniste Mendel rejoint le thème du joueur d'échecs, à savoir la torture par la privation intellectuelle , la haine de l'étranger et bien sûr aussi la monomanie ( thème cher à Zweig).
Même si je ne regrette pas ces moments de lecture, je vais laisser de côté Zweig pour l'instant et me tourner vers davantage de légèreté (futile que je suis!...)