La femme et le paysage /
Stefan Zweig
Publiée en 1935 en France, cette nouvelle situe l'action dans la haute vallée du Tyrol en Autriche, pays natal de
Stefan Zweig.
Au cours d'un été caniculaire du début du XXe siècle, le narrateur en villégiature dans une pension est assis détendu dans un fauteuil de rotin devant l'entrée de la pension et aperçoit une jeune fille qui semble exaltée par la chaleur. Ils semblent attirés l'un vers l'autre dès les premiers regards.
le vent se lève voluptueusement et l'orage menace. La pluie se fait attendre… le narrateur sent qu'avec la jeune fille, il est en harmonie : « L'ardent magnétisme de mon désir l'entourait. Je regardais fixement son dos , mon regard la pénétrait , caressait ses cheveux comme de loin , je l'appelais des lèvres , je la pressais contre moi , je la fixais sans arrêt , je projetais hors de moi toute ma fièvre afin qu'elle la sentît fraternellement . » le regard de la jeune fille le trouble…
Au cours d'une nuit de transe somnambulique, la jeune fille va quitter les appartements qu'elle occupe avec ses parents. Et errant dans les couloirs elle entre inconsciente dans une chambre qui n'est pas la sienne…
Dans un style exalté et sur un rythme trépidant, cette nouvelle étrange dont émane une certaine sensualité, met en scène d'une part un narrateur observateur épiant tous les gestes et mouvements d'une jeune fille qui attend quelque chose et qui est une manière allégorie du paysage environnant la pension, desséchée et attendant la pluie qui la fera renaître, le narrateur figurant le ciel salvateur. Certains traits du caractère de la jeune fille au cours de l'action peuvent aussi laisser supposer qu'elle est sujette à certains moments d'égarement, d'inconscience et d'hystérie. Au cours de la nuit de somnambulisme, la jeune fille a-t-elle réellement vécu ce qu'elle croit ?
On remarquera par ailleurs la qualité des descriptions évoquant la chaleur de l'été ainsi que l'orage menaçant et la pluie désirée. Sans parler de l'art de Zweig pour rendre compte de la tension amoureuse, de son déchainement concomitant à celui des éléments.
Un très beau texte comme toujours avec
Stefan Zweig.