J'ai décidément un problème avec
Stefan Zweig et l'écriture de ses personnages féminins. J'avais trouvé très hypocrite ses «
Vingt-quatre heures de la vie d'une femme » et je ne suis finalement pas surprise d'être également déçue par «
La Peur ».
Ses personnages féminins, en tout cas dans ces deux textes, sont pathétiques et ridicules. Et comme en plus l'auteur remue bien le couteau dans la plaie en donnant la part belle à des considérations psychanalytiques… Sur ce dernier point, ça me rappelle la lourdeur de certains passages de la «
Thérèse Raquin » de
Zola, où il y a en fin de compte très peu d'action et beaucoup de descriptions de l'état nerveux de Thérèse…
Mais j'ai du mal à comprendre qu'on puisse trouver à Zweig de vagues relents de féminisme ou tout simplement de beaux
portraits de femmes… Les héroïnes des deux textes que j'ai lus sont ridicules, s'enfoncent toutes seules dans leurs délires, sous le regard médusé de leurs proches (le gigolo qui se demande pourquoi Mémère lui prend la tête, les enfants qui se demandent pourquoi Mémère leur adresse soudainement la parole...).
On lit par-ci par-là que c'est merveilleux comme elles s'affranchissent de l'atmosphère pesante de leur société, de leur temps… Heu… Je n'ai pas lu la même chose. La vieille dame « passionnée » des «
Vingt-quatre heures de la vie d'une femme » est une veuve (donc c'est moins grave si elle fait n'importe quoi avec un gigolo accro au jeu) dont le coup de folie reste secret (donc elle s'en sort droite comme un i).
Quant à la jeune femme de «
La Peur », elle est absolument ravie de retrouver son mari et sa vie de trucs indispensables car futiles (et ce n'est pas moi qui interprète). Alors certes pendant ses deux semaines de panique-à-bord elle se rend compte que c'est limite si elle connaît le nom de ses enfants, que son mari est peut-être beau et peut-être même intéressant, et que les domestiques ne veulent pas l'avoir dans les pieds… Qu'elle n'a rien connu d'aussi violent comme émotion que
la peur de perdre un mode de vie qu'elle est la première à trouver dépourvu de la moindre profondeur.
Cette femme est complètement extérieure à sa propre vie, avant, pendant et après son moment de panique. Je ne crois pas l'auteur une seule seconde quand il sous-entend qu'elle a pris du plomb dans la tête. Ce qui est d'ailleurs très condescendant : "voyez, elle est moins bête!". Mouais.
Et puis alors, la blague du mari qui lui donne une leçon en la poussant au suicide, et elle qui est ravie de se réveiller auprès de lui après une nuit de convulsions en comprenant enfin qu'il est derrière tout ça… S'il vous plaît… On te vend le mari tendre et compréhensif, alors que c'est un psychopathe, marié avec une dinde de l'espèce la plus insipide qui soit.
Mais au moins, Zweig m'énerve, il ne me laisse pas indifférente. A voir si je lis d'autres textes de lui…