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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est la guerre en Syrie, plus spécialement à Damas où il y a des barrages militaires dans chaque rue. Une jeune adolescente, la narratrice, nous raconte sa vie et nous explique les évènements dont elle est témoin. Elle ne parle pas et elle doit toujours être accompagnée par un proche auquel elle est attachée par une corde, car sinon elle ne peut réprimer une envie de marcher droit devant elle. Elle se réfugie dans des contes, des histoires plutôt pour enfants et surtout "Le petit prince" et "Alice au pays des merveilles". Pour supporter l'horreur de son environnement, elle se réfugie dans le dessin, la peinture, les couleurs, l'écriture et les planètes du Petit Prince. Les avions ne cessent de larguer leurs bombes chimiques et détruisent tout. Au cours de sa fuite elle se verra très souvent entourée de cadavres de femmes, d'hommes, d'enfants...
J'ai été surpris par le ton extrêmement détaché avec lequel elle décrit les horreurs qu'elle voit. Elle semble ne plus avoir d'émotions. Elle se contente de survivre et de subir. Sa vision du monde bute sur une incompréhension de ce qu'il lui arrive. Elle se contente d'obéir d'abord à sa mère, puis à son frère, et enfin à un ami de son frère.
A travers ce regard innocent, l'auteure nous fait vivre l'horreur de la guerre en Syrie sur les populations. C'est comme si j'y étais. Alors, oui, il y a bien quelques longueurs, mais, rien en regard de l'émotion que ce livre m'a procuré. Je retiendrai surtout la maîtrise du récit qui nous emmène inéluctablement vers la fin. Il y a quelques jours, je lisais "Zamir" de Hakan Gunday dont un des thèmes est également la guerre en Syrie, plus centré sur l'émigration. Ce sont deux facettes d'une même réalité qui m'amènent une fois de plus à à réfléchir, peut-être un peu naïvement, sur le sens de l'existence et à ma place dans ce monde. Un récit que je conseille à tous ceux que le sujet intéresse.
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Quel est son nom ? On ne le connaîtra pas.....Jamais, elle n'est que l'image d'une jeunesse syrienne sous les bombes. On ne lira que ses feuilles où elle nous raconte son enfance et cette adolescence qu'elle vit aux milieux des bombardements.

Un étrange récit dans lequel l'auteure s'est mis à la place de cette jeune fille, dans les conditions de son isolement mais aussi dans sa tête, dans ses pensées, dans son quotidien, attachée par une corde soit à une personne soit à une fenêtre, 

Pourquoi Samar Yazbek choisit de l'encorder depuis qu'elle marche ? Cette enfant qui éprouvait tant le besoin de marcher, de bouger, qui était donc la vie même ? Peut-être pour que le contraste avec ce besoin de liberté et l'immobilisation soit plus grand. Pourquoi avoir choisi d'une enfant muette ? Peut être pour justifier ses écrits. Elle ne sait que psalmodier le Coran, son refuge son seul moyen d'expression sonore, une mélopée qu'elle lance comme une bouée d'espérance.

Ce qui me frappe dans ce récit c'est l'implacabilité des sentiments : pas beaucoup d'émotions ressenties par la jeune fille, même dans les décès, une sorte de distance par rapport à la mort, peut-être un quotidien tellement présent, même quand elle touche ses proches, ses très proches.

Au milieu du quartier de la Goutha (tristement célèbre pour les bombardements chimiques il y a quelques semaines) elle partage avec nous, avec son langage, son quotidien, les silences rompus par les avions survolant les ruines et déchargement leur triste cargaison, le peu d'activité qu'elle peut avoir. Elle se réfugie dans l'écriture, dans ses souvenirs de lecture et en particulier le Petit Prince, son livre préféré mais aussi dans sa mémoire : les couleurs sont omniprésentes, les personnes qui ont compté pour elle : Set Souad, cette bibliothécaire qui a pris des risques pour lui faire découvrir les livres entre autre. Elle possède une imagination débordante, elle créée un monde de survie, inventant des planètes, des couleurs pour les moments de bonheur qu'elle vit mais aussi pour les moments de tristesse. Ils ont tous une couleur.

Il y a dans l'écriture une ambiguïté : souvent des phrases simples, d'une adolescente avec ses mots, son regard naïf parfois sur ce qui l'entoure, son environnement mais par d'autres des profondeurs philosophiques, qui sont un peu contradictoires.

Une petite syrienne qui écrit comme elle pense, qui jette sur le papier ses pensées, ses souvenirs, comme ils viennent, qui relate une terrifiante situation d'abandon, de ruines, de massacres.

On est parfois désorienté par le style mais il n'est pas question ici de style : c'est un témoignage de l'enfer syrien, du quotidien des gens vivant sous les bombes, encore plus lorsque vous êtes femme et que l'on ne peut par exemple vous dévêtir, même à l'hôpital, pour une question d'honneur alors que ses vêtements sont imprégnés de produits toxiques... Il y a plus de femmes qui décèdent que d'hommes pour cette raison.

Un récit poignant dans une écriture particulière, qui ne peut surtout laisser indifférent. C'est une longue agonie d'une jeunesse qui ne trouve d'échappatoire que dans le souvenir des livres, du plaisir de la lecture, du dessin, de ses petits trésors accumulés, perdus mais toujours présents dans son esprit.

Merci aux Editions Stock et NetGalley pour cette lecture malheureusement d'actualité. Ne fermons pas les yeux.

Dans ma note je distingue l'histoire et le style, ce dernier étant parfois un peu déroutant.
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Ce serait mentir de dire que cette lecture fut facile. La marcheuse est une histoire singulière dans un contexte de guerre où l'horreur et la peur se ressentent tout au long du roman. Cependant, cette lecture fut difficile pour moi plutôt au niveau du style, la narratrice s'adresse à son lecteur, lecteur dont elle ne connait pas l'identité. Cette manière qu'elle a de l'apostropher, m'a parfois un peu dérangé, mais ce qui a ralenti ma lecture c'est l'impression de confusion que j'ai ressentie tout au long du roman. Conséquence d'un récit qui n'est absolument pas linéaire, qui se perd, revient, avance et au final tourne parfois en rond.. C'est revendiqué par la narratrice, elle joue avec cela. Mais je pense au contraire que ce style singulier, étrange est en parfaite concordance avec le contexte dans lequel vit la narratrice. Les repères sont bousculés dans un pays détruit, où les seuls moyens d'expression qu'elle possède sont l'écriture et le dessin.
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Le guerre de Syrie racontée par Rima, une fillette qui a la tête dans les histoires, les mots et les couleurs. Rima lit beaucoup, dessine aussi, et s'invente des planètes. Rima est une fillette particulière qui ne parle pas sauf pour réciter le Coran ou le Petit Prince et dont les jambes se mettent en mouvement dès que sa maman détache la cordelette qui relie leurs poignets. Mais un jour tragique, sa maman disparaît lors d'un contrôle policier et Rima, blessée est conduite dans un hôpital/prison. Orpheline, c'est son frère, un adolescent combattant qui vient la chercher et la cache, et l'entrave pour la protéger, pour l'empêcher de marcher. Seule, dans un souterrain, attachée à un vasistas, sans électricité, avec quelques victuailles, Rima regarde la guerre par la fenêtre à barreaux et raconte, par écrit. Elle décrit des choses terribles en plus de la guerre, la solitude, la faim, la peur mais en toute ingénuité et clairvoyance et s'adresse à celui ou celle qui découvrira son journal.
Ce roman m'a vraiment touchée. L'histoire est poignante, l'écriture sensible et juste.
Il faut le lire, et le faire lire !
Lien : http://www.levoyagedelola.com
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Ce livre est troublant car, au-delà du fait que sa lecture soit compliquée par sa structure, l'histoire racontée en est presque plus forte.
On se retrouve au coeur de la Ghouta, en Syrie, avec une jeune fille enchainée car elle ne peut pas s'empêcher de faire marcher ses jambes dès qu'on la lâche, ce qui provoque des tragédies qui vont l'amener dans la Ghouta justement.
Elle nous raconte son quotidien dans cette Syrie dévastée à coup d'attaques chimiques et s'évade par l'écriture et le dessin...
C'est dur, triste et sans espoir mais il faut le raconter quand même...
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Ce livre n'est pas un roman c'est un univers, l'univers poétique et métaphorique de Rima, adolescente syrienne sans père, considérée comme folle par sa mère. Dans l'enfer de la guerre, Rima raconte son quotidien, la triste réalité de la guerre mais aussi et surtout le monde imaginaire qu'elle se crée peuplé de ses souvenirs de lectures, des personnes qui ont compté pour elle et de couleurs.
Je suis immédiatement entrée dans l'univers de Rima, sa poésie et sa candeur mais paradoxalement ce sont les raisons qui m'ont fait aimé ce livre qui m'ont parfois gênée en cours de lecture.
Habituellement j'ai beaucoup de mal à suivre les romans où l'auteur prend la voix d'un enfant ou d'un adolescent. Je trouve souvent que cela sonne faux. Cela n'a pas été le cas dans ce livre probablement parce que l'écriture est singulière. Rima est-elle simple d'esprit ou traumatisée ? Cette enfant muette qui sait si bien utiliser les mots m'interpelle. Elle écrit comme elle pense, jetant sur le papier ses pensées, ses souvenirs, comme ils viennent. Certes l'ensemble est décousu et cela me perturbe parfois mais peu importe je la suis dans son récit.
En début de lecture j'étais un peu agacée par ses digressions, ses « ça c'est une autre histoire, je te la raconterai », »je t'en dirai plus par la suite » et comme en écho à mes propres réflexions Rima a écrit « Je voulais t'en faire part dès le moment où je t'ai parlé d'elle, mais les idées s'embrouillent dans mon esprit et je m'éparpille en propos divers. J'en profite pour te dire que j'adore ce mot – « éparpillement » » . Dès lors plus aucun « éparpillement » ne m'a semblé de trop, probablement aussi parce que les faits évoqués justifiaient qu'elle s'éparpille !
Au milieu de la Goutha elle me fait vivre son quotidien et partage avec moi, avec son langage, le peu d'activité qu'elle peut avoir, les silences rompus par les avions survolant les ruines. Elle me l'explique avec ses mots d'adolescente mais moi je sais à quel enfer cela correspond et je trouve que c'est toute la force de ce texte, ce décalage entre le récit de Rima et la violence de la réalité. Rima se réfugie dans l'écriture, dans ses souvenirs de lecture et en particulier le Petit Prince, son livre préféré mais aussi dans sa mémoire : elle se souvient notamment de Set Souad, cette bibliothécaire qui a pris des risques pour lui faire découvrir les livres. Voilà une bien belle façon de montrer le pouvoir de la littérature et de l'art pour élargir l'horizon.
Je trouve que la puissance de ce roman est faite de ce décalage entre les mots de l'adolescente et la réalité que l'on devine derrière ses mots. Il n'est pas surprenant que les livres de référence de Rima soient « le petit Prince » et « Alice aux pays des merveilles » des livres à l'apparence simple qui renferment plusieurs niveaux de lecture.
Et si je relisais « le Petit Prince » juste pour me rappeler que « Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c'est fatiguant, pour les enfants, de toujours et toujours leur donner des explications... » ?
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Que dire... une claque. Ce roman m'a fichu une claque. Parce que le sujet qu'il aborde est douloureux, horrible à écrire. Comment être juste ? Samar Yazbek ne fait pas une fausse note. Je l'ai trouvé tellement juste dans ses mots, les mots de Rima. Rima, c'est la petite fille de l'histoire. La petite fille qui ne demande qu'à dessiner, marcher, vivre dans le monde d'Alice aux pays des merveilles et parler avec le Petit Prince. Rima vit avec sa mère et son frère, dans un quartier malaisé. Les journées sont longues, chaudes, bruyantes. Rima est constamment reliée à sa mère par une corde qui lui entaille le poignet. Pour ne pas qu'elle s'échappe. le mutisme de la fillette est dur à vivre, au début. Puis ses proches s'y habitue. C'est peut-être mieux qu'elle ne parle pas.

Rima observe, écoute le monde comme personne. Elle distingue les couleurs, les textures. Et puis elle dessine. Elle raconte une histoire. Son histoire. C'est ainsi qu'on apprend la mort tragique de sa mère lors d'un contrôle de papier à un barrage. La mère et la fille se rendent à Damas pour visiter une amie. Rima est impatiente. Mais la guerre est déjà là, les soldats sont partout, personne n'est libre d'aller à sa guise. Rima est apeurée, elle a chaud, elle s'urine dessus. La mère descend du bus qui les conduit, et Rima s'échappe. La mort de la mère n'est pas clairement énoncé dans le roman, sa chute et le sang sur Rima présagent qu'elle n'ouvrira plus jamais les yeux. Rima, elle, ne semble pas s'en rendre compte. Où est sa mère ?

L'hôpital pénitencier dans lequel elle est soignée n'est pas des plus amicaux. D'autres enfants comme elle sont allongés dans des lits. le silence règne. Rima ne cesse de réfléchir. Que fait-elle ici ? Et même, quel est cet endroit ? Et où est son frère.

Quand les deux enfants se retrouvent, c'est le silence. Son frère est-il comme elle finalement ? L'adolescent a changé. La guerre l'a changé. Peut-être est-ce dû à la peur que Rima voit dans ses yeux, la dureté aussi. Ou peut-être l'arme qu'il porte en bandoulière.

Ghouta. Une cuve assiégée depuis des semaines. Rima y restera un petit moment. Tantôt dans un appartement avec d'autres réfugiés, tantôt dans une cave, seule. Malgré les épreuve, la jeune fille ne cesse de voir la vie en couleurs. Elle dessine avec ce qui lui tombe sous la main. Les épreuves autour d'elle ne semblent pas vraiment l'atteindre bien qu'elle les subisse. C'est comme si elle flottait au-dessus de son propre corps, qu'elle volait et regardait tout d'en haut. Comme si elle n'était pas vraiment là.

La fin ouverte laisse flotter tout un tas de questions. A nous de piocher celle qui nous satisfait le plus.

Un très beau roman, une très belle plume que je découvre.
Lien : https://loeildem.wordpress.com
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Un récite bouleversant et nécessaire qui nous plonge, à travers les yeux d'une petit fille, dans les horreurs de la guerre en Syrie.
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Dans ce récit aux nombreux va et vient, comme les vagues qui s'échouent et se retirent doucement, nous laissant patauger dans l'écume, la chronologie est volontairement hachée, saturée de digressions. S'il faut accepter de se laisser porter, de laisser la vague d'un souvenir nous monter aux genoux puis de se retirer en nous laissant un peu désarçonnés, la narratrice, elle, ne perd jamais le fil de son histoire, même si elle veut nous le faire croire. Alors, elle nous remet les pendules à l'heure, et reprend. C'est un peu déroutant au début, ce va et vient perpétuel, ces répétitions, cette voix qui s'adresse directement au lecteur. Puis on se laisse prendre au jeu, ou plutôt aux tripes, car ce que cette jeune fille enfantine - que l'on dit folle -, ce que cette muette nous raconte, ça tord le ventre. C'est les explosions, les corps qui chutent, ce pays qu'on appelle la Syrie. Et c'est poétique, pictural, orné de couleurs, mais au fond terriblement violent. le soir, quand je m'allongeais dans mon lit, dans mon pays sûr, avec la culpabilité de laisser les Personnages - à prendre comme une allégorie bien sûr - sous leur ciel en feu, j'entendais moi aussi les avions. À peine ma tête touchait l'oreiller et mes oreilles sifflaient, vrombissaient, bourdonnaient de ce déploiement d'oiseaux de guerre. Comme un écho lointain. J'ai entendu la guerre de loin.

Au milieu du bruit, il y a des pauses enchantées, des bulles de vie : tout ce qui se passe dans l'imaginaire de la jeune fille. Sa poétique. C'est très particulier, d'alterner ainsi ces deux ambiances. Il faut aussi de la patience pour suivre toutes les planètes secrètes de l'héroïne. Laissez-vous porter, emporter, et poursuivez votre lecture.

Comme il est écrit en couverture, ce roman à la narration très originale est pour le moins "bouleversant et nécessaire".
Lien : https://librairieenfolie.wor..
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