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EAN : 9782376410119
180 pages
Gwen Catala (28/09/2016)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Les influences philosophiques qui marquèrent Virginia Woolf et son œuvre sont liées en grande partie aux philosophes qu’elle étudia et rencontra.

Bien que le plus proche fut son père, Leslie Stephen, d’autres ont joué un rôle majeur, au travers de l’informelle communauté d’artistes et d’intellectuels du Bloomsbury Club, puis, dès 1920, du Memoir Club, où les rencontres se concentraient autour du même thème : la mémoire.

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cette édition bilingue de trois textes de Virginia Woolf est captivante parce que le style de Virginia Woolf est incomparable, parce que la traduction de Jean-Yves Cotté est alerte et, enfin, parce que ces trois textes forment un tout et en disent long sur la formation et l'émancipation intellectuelles de l'un des plus grands écrivains anglais.
La maison du 22 Hyde Park Gate est plongée dans la pénombre, une haute façade étroite dans une ruelle, un décor noir et rouge festonné de lourds rideaux, des pièces exiguës pour abriter la plus recomposée des familles, huit enfants issus de trois unions. le père, Leslie Stephen, impose ses humeurs changeantes, sa stature écrasante d'intellectuel victorien, tandis que la mère assure son rôle d'hôtesse auprès des nombreux visiteurs. Après sa disparition – Virginia a treize ans – George Duckworth, le frère aîné, assoit son pouvoir sur la maisonnée et sur ses demi-soeurs. L'ironie mordante avec laquelle le décrit Virginia Woolf se fracasse sur ce qui n'est pas un aveu, mais une façon de défier : « Oui, les vieilles dames de Kensington et Belgravia n'ont jamais su que, pour ses pauvres petites Stephen, George Duckworth n'était pas seulement un père et une mère, un frère et une soeur : il était aussi leur amant. »
Le 46 Gordon Square, dans Bloomsbury, accueille la lumière après l'obscurité, les deuils à répétition et l'éclatement de la famille, ô combien salutaire pour Virginia qui vient de connaître son premier effondrement nerveux. Les enfants Stephen, Vanessa, Thoby, Virginia, et Adrian s'installent dans une maison spacieuse, claire, s'ouvrant sur un petit parc. Thoby y ramène ses amis de Cambridge, et ces jeunes gens qui constitueront l'avant-garde intellectuelle et artistique anglaise de l'entre-deux-guerres se livrent à leur passe-temps favori : débattre. S'affranchir des convenances victoriennes, Vanessa et Virginia le feront avec délectation.
Moi, Snob ? est un texte rédigé en 1936 par Virginia Woolf à la demande de Molly MacCarthy pour le Memoir Club qui regroupe les anciens membres du Bloomsbury Group. La tâche confiée à Woolf est d'évoquer certains de ses souvenirs, mais elle s'y refuse en arguant d'une vie sans relief et décide de se livrer à une introspection sur une question assez frivole : Suis-je snob ? On retrouve dans ce choix présenté avec beaucoup de fausse humilité toute l'acidité de son esprit. L'écrivaine, sans nul doute taxée de snob, va très habilement dynamiter le reproche. Tout l'intérêt du questionnement réside dans l'art de structurer sa réponse, sa construction en miroir. Voyons, semble-t-elle nous dire, si je fréquente des snobs. Desmond MacCarthy ? John Maynard Keynes ? Non. Puisque « le snobisme repose sur le désir d'impressionner autrui », elle se reconnaît ce défaut : elle goûte les signes de la distinction aristocratique, disposition acquise dans l'entourage de ses parents à Kensington. Et de nous faire la démonstration d'une aristocratie que l'on gagne à fréquenter pour sa capacité à s'abstraire des règles bourgeoises. Mais, le vrai snobisme n'est pas celui de Virginia Woolf, mais celui des parvenues qui usent de leur position sociale pour impressionner autrui avec une vulgarité que les gens de qualité – Virginia – ne mettraient jamais en oeuvre. La construction en miroir fonctionne sur trois plans distincts : deux célébrités de mes amis et moi, des aristocrates – amis de mes parents – et moi, des pseudo-aristocrates de mes amis et moi. Si elle ne savait pas à ce point masquer son esprit mordant sous l'humour et la dérision, on pourrait presque l'entendre : Quod erat demonstrandum.
Quand Virginia Woolf s'interroge sur l'un de ses défauts, il est probable qu'elle le transforme en qualité, voire en vertu morale. Quand Virginia Woolf souligne les qualités de ses fréquentations, il est tout aussi probable qu'elle en révèle les faiblesses. Elle sait manier avec brio l'art de la vacherie.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
« Lady Ottoline », écrivis-je dans mon journal, « est une grande dame qui, lasse de la classe sociale à laquelle elle appartient, essaie de trouver ce qu’elle cherche parmi les artistes et les écrivains. Pour cette raison, comme s’ils étaient porteurs de quelque message divin, elle les approche avec déférence et ils la voient comme un esprit désincarné fuyant son milieu pour un autre où elle n’aura jamais sa place. Elle offre un spectacle incroyable à défaut d’être très belle. Comme la plupart des oisifs elle vit dans un décor raffiné choisi avec grand soin. Elle se donne le plus grand mal à mettre en valeur sa beauté comme s’il s’agissait d’un objet rare déniché dans une sombre ruelle florentine. Il paraît toujours possible que les riches Américaines qui promènent le doigt sur sa cape persane en ajoutant « très beau » puissent glisser jusqu’à son visage et le qualifier de bel ouvrage de style Renaissance tardive ; le front et les yeux remarquables peut-être restauré. La pâleur de ses joues, sa façon de rejeter la tête en arrière et de vous regarder d’un air ébahi la font ressembler à une Méduse marmoréenne. Elle est oisive avec curiosité. »

Le Bloomsbury du temps passé.
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Soudain la porte s’ouvrit et la longue et sinistre silhouette de Lytton Strachey apparut sur le seuil. Il pointa du doigt une tache sur la robe de Vanessa.
« Sperme ? » demanda-t-il.
Peut-on réellement dire une chose pareille ? pensai-je. Nous éclatâmes de rire. Ce seul mot avait suffi à jeter à bas toutes les barrières de la retenue et de la décence. Le sexe s’infiltrait dans notre conversation. Nous avions toujours le mot homosexuel au bord des lèvres. Nous parlâmes copulation avec la même exaltation et la même spontanéité que si nous avions discuté de la nature du bien.

Le Bloomsbury du temps passé.
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Je veux des couronnes, certes, mais des couronnes ancestrales. Des couronnes qui symbolisent la terre et les manoirs. Des couronnes qui engendrent la spontanéité, l’excentricité, l’aisance, et confortent si bien votre position que vous pouvez disposer autour de votre assiette des montres Waterbury et donner en mains propres des os ensanglantés aux chiens.

Snob, moi ?
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Oui, les vieilles dames de Kensington et Belgravia n’ont jamais su que, pour ses pauvres petites Stephen, George Duckworth n’était pas seulement un père et une mère, un frère et une sœur : il était aussi leur amant.
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Vidéo de Virginia Woolf
Soirée rencontre à l'espace Guerin à Chamonix autour du livre : Vers l'Everest de George Mallory traduit par : Charlie Buffet
enregistré le 24 février 2024
Résumé : Inédits du célébrissime George Mallory, premier disparu de l'Everest.
«Une masse triangulaire incongrue a surgi des profondeurs; son côté se perdait dans les nuages. Très progressivement, nous avons vu apparaître les flancs d'une grande montagne, ses glaciers et ses arêtes, tantôt un éclat, tantôt un autre à travers les échancrures mouvantes, jusqu'à ce que, bien plus haut dans le ciel que ce que l'imagination avait osé suggérer, apparaisse le sommet blanc de l'Everest. C'était comme la création la plus folle d'un rêve.» En 1921, un homme marche vers l'Himalaya, fasciné. Il est le premier Occidental à approcher le plus haut sommet du monde, à le décrire, à le photographier, et à s'élever sur ses pentes. Cet homme, c'est George Mallory. Britannique, dandy, courageux dans l'effort et l'inconfort, il est alpiniste par passion, écrivain et artiste par vocation: «Les alpinistes n'admettent aucune différence sur le plan émotionnel entre l'alpinisme et l'Art. Ils prétendent que quelque chose de sublime est l'essence même de l'alpinisme. Ils peuvent comparer l'appel des cimes à une mélodie merveilleuse, et la comparaison n'est pas ridicule.» Mallory écrivait. Ses textes racontent au plus intime ce que fut l'exploration exaltante de l'Everest jusqu'à ce 8 juin 1924 où il disparut sur les dernières pentes du Toit du monde, qu'il fut peut-être le premier à atteindre. Et où son corps momifié a été découvert le 1er mai 1999. Tous les écrits de George Mallory sont rassemblés pour la première fois dans ces pages: textes de réflexion, récits d'ascension, lettres à sa femme Ruth, jusqu'au dernier message confié à un Sherpa…
Bio de l'auteur : George Mallory, né le 18 juin 1886 en Angleterre, fils d'un pasteur anglican, proche du « groupe de Bloomsburry » (Keynes, Virginia Woolf) pendant ses études, alpiniste élégant (une voie porte son nom à l'aiguille du Midi), disparu à l'Everest le 8 juin 1924.
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