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sur 392 notes
« L'écosystème est comme une cathédrale qui s'effondre si on retire une pierre de voûte. En surexploitant la mer, nous avons transformé le monde en désert ».

Quelle épopée je viens de vivre ! « Mers mortes » est avant tout un roman écologique, une fable post-apocalyptique, qui ne peut laisser indifférent. La façon avec laquelle Aurélie Wellenstein aborde ces sujets, dans un style sans détour, sans concession, laisse à penser que cette auteure écrit avec son coeur, voire avec ses tripes, sur le réchauffement climatique, la pollution, la surpêche, la disparition des poissons et de toutes les espèces aquatiques.

« le réchauffement climatique, en réduisant l'oxygénation des océans, avait entraîné leur acidification. Les rejets d'engrais, d'hydrocarbures et de déchets dans les estuaires avaient pollué les eaux claires et les avaient changées en écume sale et huileuse. Les récifs coralliens étaient morts les premiers. Puis la banquise s'était amenuisée sans espoir de retour. le krill à la base de la chaîne alimentaire marine avait disparu, poursuivant parmi les espèces aquatiques la désastreuse réaction en chaîne qui les avait amenés jusqu'ici : dans un cimetière. »

Alors l'histoire peut dérouter et pourtant…Les mers sont mortes. Elles produisent cependant des marées fantômes qui se déversent sur les réfugiés climatiques emplies de spectres de poissons, de méduses, de requins, de baleines. Venus se venger. Seule la présence d'un exorciste peut protéger les humains grâce au déploiement d'un bouclier, d'un dôme protecteur, tenant à distance les spectres. Il peut aussi les désintégrer. le jeune Oural est précisément un exorciste protégeant une poignée d'hommes et de femmes au sein d'une citadelle. Cette protection lui procure pouvoir et respect auprès de sa communauté. Sa vie va complètement basculer lorsque une bande de pirates dirigée par le charismatique et sauvage Bengale vient le chercher, de force…Bengale a en effet une mission à accomplir. Une mission apportant le salut pour l'humanité….ou sa damnation éternelle.

Et nous voilà embarqués avec Oural sur un bateau pirate avançant au gré des marées montantes. Une épopée fantastique à travers des océans peuplés de fantômes, à collecter de grandes âmes, celles d'autres exorcistes pour les offrir au Léviathan, dernier animal marin vivant, dans ce qui reste de banquise.

L'écriture se veut poétique et prend des allures de contes gothiques par moment qui m'ont tenu en haleine : « La grande carcasse gémissait, grinçait, craquait pendant la métamorphose de l'épave en navire. Puis, les ongles des cadavres proliférèrent sur le bois jusqu'à y former une carapace jaunâtre. Les voiles reprirent leur apparence abominable, couleur chair. Dans les cages à oiseaux, les flammes vertes se mirent à brûler avec intensité. Un son aigu s'éleva, des cris à glacer le sang : les âmes hurlaient toutes en même temps ».

Alors dit comme ça, cette histoire de marées fantômes, de spectres, d'exorcistes, peut paraitre alambiquée, invraisemblable, notamment aux lecteurs peu habitués du genre, mais le talent de conteuse d'Aurélie Wellenstein est fascinant, je suis restée captivée par ce récit dans lequel, à chaque marée montante, aventures et évolutions des sentiments sont au rendez-vous. Son message, tel un cri, de ne pas laisser faire le génocide des océans, génocide produisant notre propre perte, d'avoir de l'empathie pour les animaux, est transmis avec une telle force…c'est certain, un certain nombre de scènes, dans lesquelles j'ai eu l'impression moi-même d'étouffer (la scène de la marée noire notamment est incroyable, j'ai respiré vraiment différemment durant ma lecture), vont me rester longtemps en tête tant ce livre est immersif.

« de nouveau, l'impitoyable crochet le souleva par la bouche. Son corps franchit le bastingage. Il s'arqua en arrière, sans pouvoir résister à la traction. Il heurta le sol où il convulsa, frappant désespérément le pont du navire de la queue et de la tête. Des formes indistinctes se dressaient autour de lui. Il claqua des mâchoires. Ses forces le quittaient. Il se noyait dans l'air. La douleur le ranima. Une douleur atroce, au niveau de son aileron. Suivie immédiatement de la même brûlure aux nageoires. On lui arrachait les membres, on le découpait vivant. La gueule béante, il poussa un hurlement muet. Seuls des rires lui répondirent. Son sang giclait de ses blessures. L'odeur de son propre sang l'amena au bord du vertige. Les ombres finirent de lui trancher les membres. Déjà on le saisissait. Il se retrouva en l'air, bascula par-dessus bord et claqua les flots en une gifle monstrueuse. L'eau. L'eau. L'eau. Il voulut plonger, mais il était incapable de bouger. Son corps se tordait en vain. On lui avait coupé l'aileron, les nageoires. Et maintenant, impuissant, il coulait comme une pierre ».

« Mers mortes » a été pour moi une expérience de lecture tant le message écologique est transmis de façon singulière et haletante, comme si l'auteure avait voulu nous faire sentir, ressentir, véritablement, la souffrance des animaux et les conséquences de ce que nous faisons. Un livre dont l'aura verte va vibrer longtemps en moi.

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Merci Babelio, merci Masse Critique, Merci Scrinéo ! Dans "Mers Mortes" d'Aurélie Wellenstein la civilisation humaine n'est plus… La doxa de la croissance infinie, la religion du consumérisme et le cancer productiviste ont logiquement conduit à son autodestruction quand les océans ont fini par s'assécher, ne laissant que des terres désolées, polluées et surchauffées, et quand les nations submergées par des centaines de millions de réfugiés. Mais ce n'était que le début du cauchemar… Car les mers sont revenues, sous la formes de marées fantômes porteuses de millions de spectres vengeurs. L'humanité en voie d'extinction ne doit ses dernières heures qu'à des mutants psioniques capable d'émettre un champ protecteur tenant à distance les spectres vengeurs : on les appelle exorcistes, Oural avec sa delphine fantôme est l'un d'entre eux, et sa vie bascule quand Bengale le Nécromancien, capitaine du navire pirate Naglfar, met sa communauté à feu et à sang pour s'emparer de lui… C'est parti pour une odyssée post-apo aux allures de catabase, un voyage fantastique à travers des mers et océans fantômes peuplées de démons et de merveilles, et tout est prétexte à raconter l'histoire du Capitaine Bengale qui collecte les grandes âmes pour les offrir au Léviathan qui dort et rêve sous les reliquats de la banquise arctique (Lovecraft Power !) : c'est celle de la fin du monde, mais aussi celle de sa potentielle rédemption ou de son éternelle damnation...

Première remarque cela ressemble initialement beaucoup au film "Final Fantasy : les créatures de l'esprit", dans lequel une humanité réfugiée dans des îlots bunkerisés affrontait sans le savoir les fantômes de tout un monde alien (visuellement cela m'a aussi fait penser à un chouette concept utilisé par la mangaka française VanRah dans son "Strag Dog", où des créatures marines fantômes hantent les rues d'une métropole moderne construite sur les ruines d'une cité engloutie)... Deuxième remarque c'est la forte présence des éléments horrifique : les créatures marines fantômes tuent les survivants humaines en volant leur âme, mais en volant une partie de leur âme seulement ils les transforment en zombies, en les volant petit à petit ils officient comme des vampires, et s'ils possèdent les humains ils les transforment en monstres hybrides dignes du "Devilman" de Go Nagai… Troisième remarque, post-apo oblige il y a pas mal de scènes qui ne dépareilleraient pas dans un opus de la saga "Mad Max", mais nous sommes à la fois dans la science-fiction car Bengale officie comme comme émule du Capitaine Nemo, mais aussi dans le fantastique car Bengale officie comme émule du Hollandais Volant. Il y a donc une démarche vernienne complètement assumée avec ce voyage de la France vers le Groënland dans lequel Bengale le Nécromancien qui a voyagé dans le monde entier montre à Oural l'Exorciste qui n'a jamais quitté sa communauté les horreurs des mers mortes de la même manière que la Capitaine Nemo expliquait au Professeur Pierre Aronnax les merveilles des océans vivants. Mais il y a sans doute plus encore une démarche moorcockienne avec l'antihéros maudit, les références au romantisme noir, le mélange entre théâtre élisabéthain et philosophie existentialiste sur fond de péripéties pulpiennes (remember la naissance de la fantasy française avec Fabrice Colin et Mathieu Gaborit), et une multitude d'éléments que les fins connaisseurs se feront une grande joie de lister par le menu (ainsi si le Naglfar est dans la mythologie viking le vaisseau de la fin des temps, il ressemble ici très fortement au vaisseau de la terre et de la mer présent dans le premier opus de la saga d'"Elric le Nécromancien"). Quatrième remarque, tout cela nous amène tout naturellement vers une dimension psychologique : Bengale, le Nafgar et tout son équipage lié par le désespoir vivant par procuration le rêve de leur capitaine, sont quasiment un détournement grimdark donc post TINA d'"Albator" / "Harlock", de l'Arcadia et de tout son équipage lié par l'espoir qui vivant par procuration le rêve de leur capitaine. Oural apprend à connaître Amazone et Congo, Nil et Arctique, Rio Grande et Oued Medjerbah, Escaut et Tamise, et à travers eux il apprend à connaître Bengale avant de rallier son rêve qui pourrait bien tourner au cauchemar (et si Léviathan l'avait recruté pour hâter la fin de l'humanité au lieu de tenter de la sauver ?). Jusqu'où peut-on aller par amour ? Jusqu'où peut-on aller par ambition ? La relation Oural / Bengale emprunte à la relation Guts / Griffith du "Berserk" de Kentaro Miura à un point parfois confondant ! (qui elle-même emprunte à la relation Isht van / Guin racontée par Kaoru Kurimoto dans sa saga fleuve qui voulait associer/opposer les héros solaires de R.E. Howard aux héros lunaires de Michael Moorcock : c'est Tristan et Yseult version homoérotique, et nous sommes aux frontières des romances lgbt !). Jusqu'à la qu'à la dernière page j'ai craint une nouvelle Eclipse / une nouvelle Occultation (ceux qui savent sont déjà dans leur bunker avec un arsenal et une capsule de cyanure), mais au final la fin est ouverte et chacun se l'appropria comme il l'entendra...

L'auteure est également ce qu'on pourrait appeler une écologiste radicale, et c'est très crûment et souvent vues de l'intérieur qu'elle dépeint les horreurs que les homines crevarices infligent aux gens et à l'environnement en sachant pertinemment que le mal se tapit dans le coeur de chaque homme. Personnellement je n'ai pas envie de mettre dans le même panier ceux qui les moyens de changer les choses mais qui le font pas parce qu'ils s'en foutent (suivez mon regard vers celui qui prétend parler et agir écologie mais qui dans le même temps relancent les industries les plus polluantes qui soient dans les zones naturelles de Guyane), et ceux qui essayent de changer les choses mais dont l'impact est si faible qu'il en devient décourageant (genre à la moindre sécheresse on demande aux gens de faire des efforts, mais même si on se laissait tous mourir de soif cela ne ferait que 10% d'économie alors que dans le même temps on ne demande strictement aucun effort à l'agriculture et l'industrie qui dépensent sans compter les 90% restants).
Au final beaucoup d'ingrédients bigrement intéressants pour un résultat qui n'est pas si éloigné de "Merfer". Mais si China Miéville péchait par un excès de littéralité au point d'oublier ses personnages et son histoire, Aurélie Wellenstein pécherait plutôt elle par un manque de littéralité : le ton résolument Young Adult n'est pas à la hauteur du propos, et il y a beaucoup de familiarités et de facilités dans les dialogues qui tirent carrément l'ensemble vers le bas… On a fait le choix d'un stand alone et d'un roman court, tant mieux ou tant pis, mais si on avait trouvé le bon ton et le bon style, le bon format, la bonne longueur et le bon rythme pour conter cette nouvelle Odyssée, on aurait eu tout simplement un chef d'oeuvre ! Pour tout le reste les éditions Scrinéo ont fait du bon boulot avec une mise en page aérée qui se lit facilement, rapidement et agréablement (ça fait du bien un éditeur qui pense aux lecteurs avant de rogner sur le papier pour augmenter la marge bénéficiaire), et la chouette illustration de couverture du désormais bien connu Aurélien Police...


Challenge défis de l'imaginaire (SFFF) 2019
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Mers mortes est un roman de science-fiction post-apocalyptique.

« le réchauffement climatique, en réduisant l'oxygénation des océans, avait entraîné leur acidification. Les rejets d'engrais, d'hydrocarbures et de déchets dans les estuaires avaient pollué les eaux claires et les avaient changées en écume sale et huileuse. Les récifs coralliens étaient morts les premiers. Puis la banquise s'était amenuisée sans espoir de retour. le krill à la base de la chaîne alimentaire marine avait disparu, poursuivant parmi les espèces aquatiques la désastreuse réaction en chaîne qui les avait amenés jusqu'ici : dans un cimetière. »

Ces mers mortes produisent des marées fantômes qui se déversent sur les réfugiés climatiques en spectres de poissons, baleines, requins… venues se venger de leur agonie.
Oural est un exorciste, il peut émettre un bouclier et désintégrer les spectres vengeurs. Bengale est un pirate, mi- sauvage et déterminé. À bord de son vaisseau fantôme, avançant au gré de ces marées étranges, la mission de cet équipage insolite se dessine. Le temps est compté, l'air se raréfie et bientôt la vie disparaîtra de la surface de la planète.

Un roman fascinant dans un futur cauchemardesque où les hommes ont laissé faire le génocide des océans, fabriquant eux-mêmes leur propre perte. Il reste un infime espoir de sauver la vie sous la forme d'une quête, d'un pardon, d'un lien à renouer avec la nature.

Je remercie Babelio et les Éditions Scrineo pour ce récit écologique. Il nous met face à nos erreurs, notre manque de réaction, notre insouciance, notre bêtise et notre violence envers les êtres vivants. La couverture est magnifique, couleur d'essence de vie mêlée au spectre de l'océan. Au bord du gouffre, subsiste malgré tout l'élan dessiné par la dauphine Trellia, son lien d'amitié avec l'homme.

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Dans un futur, proche ou lointain. La fin du monde n'a pas eu lieu. Mais les mers et les océans ont totalement disparu, emportant avec eux les animaux marins qui les peuplaient. Tous ont péri. Déserts de sable arides, chaleur suffocante, terre rocailleuse et craquelée, c'est le paysage qu'Oural l'exorciste, 21 ans, voit tous les jours du haut de son bastion. Là, à l'abri d'une citadelle, quelques êtres humains survivent, placé sous la protection du jeune homme. Lui seul a le pouvoir de repousser les hordes spectrales d'animaux marins qui viennent se venger des hommes lors des marées fantômes. Avides de vengeance, ils dévorent les âmes de ces humains responsables de leur disparition. Oural, vénéré comme un jeune dieu, n'a connu que cette vie. Jusqu'au jour où une bande de pirates, dirigée par Bengale, attaque le bastion et le capture. Oural, contraint et forcé, va partir pour un long voyage au bout duquel le mystérieux Bengale lui promet le salut. Fou ou prophète ? Oural trouvera peut-être le sens de sa propre destinée à l'orée de son périple.

Il ne faut jamais se fier à sa première impression. N'étant pas forcément une adepte de la littérature fantasy, j'ai parcouru la quatrième de couverture de manière assez sceptique. Des poissons aux allures de morts vivants qui se mettent à dévorer les âmes des hommes lors de marées fantômes... cela faisait beaucoup de choses à imaginer pour mon pauvre cerveau. Puis finalement, le talent de conteuse d'Aurélie Wellenstein, très souvent récompensé pour ses romans, a opéré.

Il y a tout d'abord un thème majeur dans ce roman d'anticipation glaçant, qui , par les temps qui courent, ne peut que nous interpeller : l'écologie. La surpêche, le réchauffement climatique, la pollution des mers, la disparition progressive des espèces aquatiques, tout est abordé. C'est dans un style sans détour que l'auteur nous décrit la souffrance des animaux, éprouvante pour le lecteur, traqués par les pêcheurs ou suffocant lors d'une marée noire. Les visions du jeune Oural sont terrifiantes, tout comme les paysages et personnages qui peuplent ce monde post-apocalyptique. Car les hommes subissent ce qu'ils ont engendré et leur vie est en sursis. Si les animaux ont disparu, eux ne tarderont pas à les rejoindre. Aujourd'hui survivants, ils ont connu le sort des réfugiés climatiques, vivant dans des camps où la loi de plus fort régnait. La violence, très présente dans le roman, n'épargne pas le lecteur. A coup de Kalachnikov ou d'âmes arrachées, l'hémoglobine coule à flot et certaines scènes sont vraiment glauques. Les personnages ne nous sont pas ainsi rendus forcément très attachants : en proie à leur angoisse et à leur désespoir, nous ne souhaitons pas les accompagner dans leur mission. Nous sommes un peu comme Oural, contraints et forcés. le seul rai de lumière apparaît sous la forme de Trellia, une jeune dauphine fantôme, gaie et courageuse, qui accompagne Oural dans ses combats.

Si l'auteur a voulu frapper fort avec ce roman qui plaira aux adeptes du genre, elle a réussi. Le rythme est haletant du début à la fin, réservant des rebondissements à chaque nouvelle marée haute. Glaçant, désespéré, inhospitalier, le monde d'Oural est un cauchemar que l'on ne souhaiterait pour rien au monde connaître, où les sacrifices seront nombreux pour tenter un sauvetage des mers. C'est un message écologique choc : si nous ne faisons rien pour arrêter ce mouvement destructeur, notre monde ressemblera-t-il un jour à celui du jeune héros ? Terrifiant !

Merci aux éditions Scrinéo et à Babelio pour l'envoi de ce roman.
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C'est la première fois que j'achète un roman sans même lire le résumé. Lorsque j'ai lu le titre et le nom de l'auteure, ma passion pour la nature et l'océan m'a incité à le choisir sans hésitation.

Aurélie Wellenstein est une jeune autrice française que je suis depuis plusieurs années. En explorant des thématiques variées autour de l'animalité et de notre identité, elle propose des univers imaginaires foisonnants et riches, mais également sombres et inquiétants.
A mi-chemin entre la Fantasy et le récit post-apocalyptique, l'autrice nous incite à nous pencher sur la problématique autour des océans et des mers, et de notre responsabilité quant à sa bonne santé.

Pour les lecteurs qui aiment la bande dessinée, Aurélie Wellenstein a sorti en septembre 2021 « La baleine blanche des mers mortes », un prélude à ce roman. La magnifique couverture laisse entrevoir un univers emprunt de poésie et de tristesse.

*
Aurélie Wellenstein nous projette dans une histoire assez effrayante, évoquant la souffrance des océans et la disparition de toute vie si l'homme continue à la surexploiter dans l'indifférence la plus totale.

Le monde est à bout de souffle, la vie est en sursit, l'air se raréfie.
Le réchauffement climatique a provoqué la disparition des mers et des océans. Ces vastes étendues d'eau salée se sont asséchées et transformées en déserts de sable. Les animaux qui les peuplaient ont disparu par la faute des hommes et sont devenus des hordes de créatures fantomatiques assoiffées de vengeance.
A chaque marée montante, ces cadavres vaporeux profitent de la houle pour attaquer les hommes et se repaître de leur âme.

« Sauvagement assassinés, les mers et les océans charriaient au creux de leurs vagues monstrueuses le souvenir de leur supplice, et à chaque fracas, chaque dégorgement d'écume dans le monde des humains, ils paraissaient hurler « vengeance ! ». »

La quasi-totalité de l'espèce humaine a également disparu. Ceux qui ont survécu se sont retranchés derrière les hautes murailles de bastions, attendant dans la terreur, les résurgences des marées hautes charriant les spectres des animaux marins, requins, baleines, méduses, … qui viennent se faire justice après avoir été massacrés par les hommes.

Heureusement, pour contrer ces marées fantômes, certains survivants ont développé des pouvoirs psychiques qui leur permettent de repousser les fantômes des créatures sous-marines jusqu'à la marée suivante.
Oural fait parti de ces rares individus dont les talents d'exorciste l'ont hissé à un rang élevé dans sa communauté, jusqu'au jour où le jeune homme va être enlevé par une bande de pirates menée par Bengale.
C'est le début d'une longue quête que je vous laisse découvrir à bord d'un navire fantôme qui prend vie à chaque marée spectrale. Il m'a rappelé le Hollandais Volant dans « Pirates des Caraïbes », à la fois majestueux et terriblement effrayant.

*
L'idée de départ consistant à mélanger piraterie, message écologique, évolution du monde vivant, anticipation, fantastique, spiritisme et dérèglement climatique est vraiment originale.
Ce récit sombre et cruel m'a captivée, mais il a été aussi pour moi qui aime l'océan, source de peine.

Les talents de conteuse de l'auteure, son imagination débordante sont indéniables pour raconter l'asphyxie de notre monde, l'esprit justicier des océans peuplés de spectres, le froid glacial et humide qui enveloppe le lecteur à chaque marée.
Les descriptions de ces animaux décharnés arborant les blessures infligées par les hommes sont pénibles. On ressent de plein fouet leur odeur de mort et de putréfaction, leur douleur, leur désespoir et leur colère vorace.

J'ai été particulièrement sensible aux rêves d'Oural qui décrivent la violence des hommes, l'agonie des animaux. Ces moments particulièrement forts sont d'autant plus marquants que l'auteure rend ces scènes très visuelles. Voici un extrait de l'agonie du requin découpé vivant, mais ce n'est pas le seul.

« de nouveau, l'impitoyable crochet le souleva par la bouche. Son corps franchit le bastingage. Il s'arqua en arrière, sans pouvoir résister à la traction. Il heurta le sol où il convulsa, frappant désespérément le pont du navire de la queue et de la tête. Des formes indistinctes se dressaient autour de lui. Il claqua des mâchoires. Ses forces le quittaient. Il se noyait dans l'air.
La douleur le ranima. Une douleur atroce, au niveau de son aileron. Suivie immédiatement de la même brûlure aux nageoires.
On lui arrachait les membres, on le découpait vivant.
La gueule béante, il poussa un hurlement muet.
Seuls des rires lui répondirent. »

*
A cela s'ajoute des personnages tous moralement complexes qui dévoilent lentement leurs forces et leurs faiblesses. Je regrette toutefois leur manque d'empathie qui me les a rendus assez peu sympathiques.
Bengale est un personnage charismatique mais assez opaque et inaccessible. La mission qu'il s'est fixé le rend particulièrement froid et violent. le lecteur ne comprend ses intentions que tardivement dans le récit.
Oural, quant à lui, m'a un peu agacée par ses indécisions, ses atermoiements continuels. Animé par des motivations superficielles et égoïstes, il va toutefois évoluer de manière cohérente avec son personnage.

La seule que j'ai aimé retrouver tout au long du récit est Trellia, la petite Delphine fantôme, qui est la seule à faire preuve d'empathie, de bonté, et surtout de pardon.

*
En me promenant sur la plage, encore imprégnée par cette lecture, j'ai imaginé le monde sans océans. Mes yeux se sont promenés sur cette immensité bleutée, belle et sauvage. Mes souvenirs m'ont ramenée aux magnifiques paysages sous-marins vus lors de mes plongées, à cette flore et cette faune abondantes, pleines de vie et de couleurs.
A ces images, se sont superposées celles d'une mer de sable jonchée de cadavres d'animaux marins. Au cri des oiseaux marins et au déferlement du ressac se sont substitués la mort et le silence. Et cela m'a remplie de tristesse et de découragement face à ce futur possible si les hommes ne changent pas leur mentalité et leur façon de vivre.

« On aurait pu sauver ce monde ... Mais non. On était trop paresseux, trop égoïstes. Dix milliards d'êtres humains qui dévorent les océans. Aucune limite à la croissance, l'humanité qui dépouille des millions d'espèces dans une expansion surréaliste. Et ne va pas croire qu'on ne savait pas ce qu'on faisait ! »

Portée par des images très fortes et une écriture à la fois poétique et cruelle, ce récit m'a remuée par la force de son engagement. J'ai été pilonnée par les nombreuses vagues fantômes qui accompagnent ce récit. Je suis ressortie de ce voyage incroyablement troublée, mais également avec une envie irrésistible de retourner me promener au bord de l'océan, pour l'admirer et respirer ses embruns salés.
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Quelle claque ! Ce roman envoûtant m'a tenue en haleine toute la nuit ! (Merci l'insomnie qui me permet parfois d'y voir du positif !) L'ayant lu d'une traite, je n'ai pas senti de longueurs, de répétitions ou d'ennui : tout s'est enchaîné rapidement dès les premières pages, ne laissant aucun temps mort à Oural, un jeune exorciste qui va être enlevé par des pirates. J'ai presque tout apprécié : l'ambiance, les protagonistes, la plume de l'auteure ainsi que le message écologique derrière la fiction.

L'univers post-apocalyptique est l'un des éléments qui m'a le plus conquise. de façon générale, j'apprécie les récits où la survie est l'une des principales occupations des personnages. Ces derniers ont un fonctionnement qui leur est propre et tentent toujours de faire face aux éléments, mais aussi aux Hommes qui sont parfois aussi dangereux que le reste… Ici, les premières pages se déroulent aux côtés d'Oural, de sa garde du corps Sélène et d'un groupe de rescapés. Avec eux, on découvrir notre monde ravagé par la sécheresse et le sable. L'eau est devenue une denrée rare, voire quasiment absente sur tout le globe. le quotidien des survivants est malheureusement bouleversé par le cycle des marées hautes où des fantômes marins, avides de vengeance, attaquent les derniers bastions. Pour contrer ces flots démoniaques, il existe les exorcistes : des mages ayant des dons psychiques. Oural est l'un d'eux. Il est donc très précieux, car sans lui, la ville aurait été anéantie depuis bien longtemps… J'ai réellement apprécié l'idée de magie, de mers déchaînées et de Terre dévastée. Aurélie Wellenstein a su imaginer un ensemble captivant, dangereux et incroyable ! Jamais la nature et les animaux marins n'ont été aussi impressionnants… D'ailleurs, moi qui n'apprécie pas plus que ça les dauphins, ai été charmée par Trellia, un dauphin fantôme qui s'est pris d'affection pour Oural depuis son enfance.

Très vite, grâce à l'arrivée du capitaine Bengale et de son équipage, l'atmosphère du récit va basculer sur un mélange de piraterie et de roman d'Aventure. J'ai aimé ce cocktail, savourant ainsi chaque attaque navale, les razzias sur des camps de rescapés, les eaux remplies d'animaux en tous genres, … Et que dire de Bengale, ce personnage qui m'a fascinée ?! Au départ, son attitude m'a rappelé Negan (The Walking Dead) et Barbossa (Pirates des Caraïbes). Son sourire félin, son cynisme, sa puissance, sa franchise, sa façon de jouer avec le héros et son caractère ont rapidement su éveiller ma curiosité. La personnalité qu'il a ensuite développée au contact d'Oural m'a également beaucoup plu, si bien que je guettais avec impatience un dialogue entre les deux rivaux. Bengale est l'une des forces de cette histoire, balayant même la majorité de son équipage, pourtant intéressant ! C'est d'ailleurs l'un des petits regrets que j'ai eu : j'aurais adoré en savoir un peu plus ou voir davantage certains matelots qui ne font malheureusement pas le poids face au tandem principal !

L'intrigue apportera parfois son lot de révélations inattendues, notamment en ce qui concerne le secret du capitaine ou le but de ce dernier… Mais ce qui m'a le plus agréablement surprise est le dénouement. Ayant lu deux titres de l'auteure, je me doutais que l'on ne serait pas sur du happy-end et que certaines têtes tomberaient… ce qui me plaît ! Non pas que je sois sadique néanmoins, je trouve que cela ajoute de la crédibilité et de la noirceur à l'oeuvre. Aurélie Wellenstein m'a habituée à des conclusions « coup de poing » et a su me satisfaire une fois encore ! Honnêtement, je n'étais pas loin du coup de coeur. Pour l'atteindre, j'aurais souhaité un peu plus de pages (trop dur de quitter ces personnages), une concrétisation de certaines relations ainsi que le développement plus important des personnages secondaires. En tout cas, c'est l'une des oeuvres que je préfère de cette auteure talentueuse ! Si vous cherchez un roman post-apo' avec de la magie, de la piraterie ainsi que des messages écologiques pointant du doigt l'irresponsabilité et la cruauté des hommes, celui-ci saura vous emporter. Alors, qu'attendez-vous pour hisser les voiles ?
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Mers mortes d'Aurélie Wellenstein est un roman particulier et immersif. Assez dénonciateur, l'auteure nous emporte dans un univers où les mers et les océans ont totalement disparu. L'eau n'est plus et les animaux sont morts et nous hantent, nous les êtres humains, coupable de ne pas avoir pris soin de ce que la terre nous avait offerts. Les années qui suivent le désastre sont catastrophiques car les mers reviennent sous la forme de catastrophes naturelles où des hordes de poissons et autres animaux marins fantômes se déchaînent et tuent tous sur son passage. Oural est un jeune garçon qui a des pouvoirs d'exorcistes. Ses pouvoirs, très convoités, qui lui permettent de protéger son village va attirer le regard d'un pirate...


Mers Mortes est un roman assez singulier au premier abord. L'univers, très original, peut demander un certain effort pour le comprendre. Mais une fois pris dans ce tourbillon, il est impossible de lâcher le roman. On veut comprendre et, comme Oural, on est totalement subjugué par la quête de Bengale, ce capitaine de navire pirate à la personnalité sombre et mystérieuse. Tout est secret dans cet univers et l'auteure nous tient en haleine tout le long du récit avec des révélations surprenantes et des rebondissements souvent tragiques. Aurélie Wellenstein, toujours égale à elle-même, nous charme par sa plume très travaillée et poétique.


Mers mortes est finalement plus qu'un simple roman pour adolescents. Ce fut, pour moi, une véritable expérience de lecture. Je remercie Babelio et les éditions Scrineo pour l'envoi de cette pépite dans le cadre d'une opération Masse Critique.
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Je remercie les édtions ScriNéo et Babelio pour l'envoi de ce roman à la sublime couverture.
Je dois dire que j'étais loin de deviner le contenu de ce récit, je m'attendais à ce que l'écologie soit le sujet traité et non les conséquences désastreuses avec un monde « irréel » peuplé de créatures imaginaires.
Je n'aime pas du tout ce genre de littérature, avec des zombies et autres balivernes, d'une part, je trouve cela répugnant et d'autre part, je ne vois pas trop le plaisir que l'on peut avoir à lire ce genre de monstruosités. Bref, je fus piégée, car quand j'accepte une lecture dans le carde d'une masse critique privée, je mets un point d'honneur à lire le livre jusqu'au bout.
Si je retire tout le côté que je n'aime pas, je dois dire que j'ai été embarqué avec le capitaine Bengale avec plaisir, car il y a de l'action, un défi à relever, avec la piraterie on ne s'ennuie pas un instant. Même si je déplore la cruauté, les scènes vraiment très glauques, j'avoue que le récit est bien mené, et il défile à une vitesse grand V de part toutes les batailles que l'équipage doit affronter.
L'auteur met l'accent sur la fragilité du monde vivant et dénonce la cruauté de l'homme envers les poissons, il n'est pas fait mention des autres animaux d'ailleurs. On reste vraiment sur le monde marin, la pollution des océans…
Un très bon récit d'actions dans son genre, ça plait ou pas, mais même si cela n'est pas à mon goût j'affirme malgré tout que c'est un excellent roman avec un style agréable.
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Roman d'anticipation, hélas. Il y a quelque temps, certains d'entre nous déploraient, à juste titre, que peu d'auteurs ne relaient dans leurs écrits les sinistres alertes dont nous faisons quotidiennement les frais. Evolution et réfugiés climatiques, disparition programmée des espèces, pollutions irrémédiables. « Science sans conscience n'est que ruine de l'art », lorsque la littérature s'élève au niveau de conscience, l'art porte royalement son message. A travers une intrigue très imaginative et surprenante, ce roman délivre un témoignage poignant de nature à interpeler chacun d'entre nous. Les mers ont disparu au profit d'un désert constellé de ruines où subsistent de rares bastions d'humains. Dans cet univers post apocalyptique subsistent les marées, un étrange phénomène de montée d'eaux fantômes hantées d'esprits, ceux des créatures marines méthodiquement, horriblement massacrées par l'homme. Avides de vengeance, folles de douleur, ces âmes se pressent pour dévorer les humains survivants. Seuls les exorcistes peuvent les contenir, mais eux-mêmes sont traqués par une bande de pirates investis d'une mission insensée. Un récit magique, sensible, palpitant d'émotions, couronné par le « prix imaginales des bibliothèques en 2020 ». A lire sans attendre.
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Je remercie les éditions Scrinéo et Babelio car j'ai eu le plaisir de recevoir, grâce à une masse critique privilégiée : Mers mortes d'Aurélie Wellenstein.
Les humains ont massacré les mers et les océans. L'eau s'est évaporée ; les animaux sont morts.
Quelques années plus tard, les mers et les océans reviennent. Ils déferlent sur le monde sous la forme de marées fantômes et déplacent des vagues de poissons spectraux, tous avides de vengeance. Les fantômes arrachent leurs âmes aux hommes et les dévorent. Bientôt, les humains eux aussi seront éteints… Leur dernier rempart face à la mort : les exorcistes.
Nous allons faire la connaissance de l'un d'eux : Oural, qui va se faire kidnapper par une bande de pirates et naviguer sur les mers mortes à bord d'un bateau fantôme.
Mers mortes est un roman de science-fiction post-apocalyptique pour les jeunes adultes assez sombre. L'ambiance est parfois glauque, nous sommes dans un monde sinistre. Il fait très chaud, les mers et océans ont disparus. Il n'y a plus d'animaux marins, ni tout ce qui se rapporte à l'eau. Honnêtement, cela fait froid dans le dos !
Ce roman m'a mis un peu mal à l'aise par moment, j'espère que cela n'arrivera jamais.
J'ai eu un peu de difficultés à rentrer dedans par moment car c'est écrit à la troisième personne. Je préfère les romans écrits à la première personne.
Mais soudain... je me suis rendue compte que je n'arrivais plus à lâcher ce roman !
J'ai apprécié la plume d'Aurélie Wellenstein. Elle a une sacré imagination et même si ce monde qu'elle a crée est assez sombre, j'ai apprécié le message écologique derrière l'histoire. Je trouve que ce roman fait vraiment réfléchir.
J'ai apprécié les personnages, à commencer par le capitaine Bengale, le pirate. Il est fascinant, et sa personnalité est très intéressante. Oural est lui aussi un personnage très intéressant, il est exorciste et les gens ont besoin de lui pour gérer les marées hautes remplies de fantômes.
Tous deux forment un duo improbable mais très réussi, l'auteure a bien fait de les associer.
L'histoire est bien ficelée, et l'ensemble donne un bon roman pour les jeunes adultes.
Je n'ai pas l'habitude de lire ce genre de roman, je ne suis pas une grande adepte de la science fiction mais cette lecture fût une bonne surprise :)
Ma note : 4.5 étoiles
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