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EAN : 9782913366473
340 pages
L' Iconoclaste (06/09/2012)
4.27/5   11 notes
Résumé :
Emmanuel de Waresquiel, historien et portraitiste de talent, s’est penché sur les derniers instants de dix écrivains dont il est proche : Le Prince de Ligne, Benjamin Constant, Gérard de Nerval, les « suicidés de la société » Jacques Rigaut et Jacques Vaché, Paul Léautaud, Stefan Zweig, Robert Brasillach, Julien Gracq…
L’auteur a choisi cet instant ultime où la vie bascule, où l’homme est à nu, pour éclairer d’un jour nouveau la vie et la personnalité de chac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Une lecture de pur hasard... au gré de mes visites et flâneries à ma médiathèque...Découverte qui m'a bouleversée de par son sujet, mais aussi pour les portraits très émouvants d'écrivains, qui continuent à nous questionner et ceci pour le reste des siècles..…puisque que ces récits de vies d'écriture ont en leur noyau les interrogations essentielles sur notre « humaine condition »..
Un auteur, historien, et biographe connu… dont je lis le premier texte avec cet ouvrage. Emmanuel de Waresquiel décide de parler de lui à travers la vie de dix écrivains qui ont marqué son chemin de lecteur et d'écrivain. Il choisit de narrer des destins d'écriture, dans leurs dernières années, à l'approche de leur fin, de vieillesse, ou écourtée pour diverses raisons : suicide, mal-être, périodes historiques troubles et violentes…

Dans son avant-propos, Emmanuel de Waresquiel présente très explicitement l'objet de ce texte : « la mort est toujours là. On apprend à vivre en cherchant obscurément les moyens d'exister avec elle, qu'on la provoque ou qu'on la flatte, qu'on l'accepte ou qu'on l'ignore. Voilà comment mon livre est né, à travers une série de portraits d'écrivains confrontés à la mort et à leur mort . J'en ai choisi une dizaine parmi ceux que je lis depuis longtemps. (…) On est anthropophage. On se nourrit un peu de la mort des écrivains qu'on aime. » (p.11-12)

Dix portraits captivants, entre le misanthrope, Paul Léautaud, le taciturne, Julien Gracq, Stefan Zweig, l'écrivain célèbre, adulé, mis au ban de la société de par sa judaïcité, et désespéré de cette humanité devenue barbarie… Robert Brasillach, les « Suicidés de la société » Jacques Rigaut et Jacques Vaché, Gérard de Nerval, Benjamin Constant et le Prince de Ligne… Tous ces portraits sont finement écrits, ciselés…mais mes préférences vont à Paul Léautaud, et Stefan Zweig…des auteurs qui m'accompagnent depuis longtemps…

Il est question du rapport à l'écriture, de la perception de soi, des autres, d'un mal de vivre profond pour la plupart d'entre eux…si tenace que leur passion pour l'écriture ne suffit plus à combler quoi que ce soit…à un moment donné…Ce livre est troublant, dérangeant car il est une réflexion sur la mort, mais aussi sur l'amour de la vie, même si les destins d'écrivains présentés dans ce volume étaient abîmés par des profondes blessures, et manques initiaux de base… et je pense surtout à Paul Léautaud…grandi dans la solitude, avec une mère inconséquente, indifférente…

L'écriture pour oublier, donner un sens, donner le change, échapper un temps au non-sens de son existence, trouver « une place »… sur cette terre…
« J'écris pour vomir ». Les écrivains sont des menteurs, des affabulateurs qui commettent des livres pour mieux se protéger. (p.132)

J'ai beaucoup apprécié le style d'Emmanuel de Waresquiel : poétique, précis, élégant…j'ai souligné trop de passages pour les nommer ici… cela deviendrait fastidieux à la lecture… Je me permets toutefois de citer un long paragraphe de l'avant-propos, qui donne à la fois et le ton, et le style, et le propos central auquel tenait son auteur :

« je parle un peu de tout dans ce livre, du ciel et des enfers, de ceux qui ont fait des choix et de ceux qui n'en ont pas fait, de ceux qui sont restés seuls debout devant leur fenêtre et de ceux qui ont dansé sur leur tombe aussi. On y trouvera des prisons, des voyages et des exils, des enfances qui se prolongent, des vieillesses qui viennent trop vite, des passions et du vide, le tremblement des rêves et de la folie. Les hommes qui y passent sont nus, et leurs plaies sont à vif. Je les fais entrer dans mon livre au moment où leur vie bascule, quand elle ne sera plus jamais comme avant. C'est Benjamin Constant en 1814 dans la spirale de sa passion pour Juliette Récamier, c'est Gérard de Nerval au bord de sa folie à la clinique du docteur Blanche en 1841, Jacques Vaché dans les tranchées de la somme, son monocle à l'oeil gauche, c'est Brasillach qui marche vers sa prison, c'est Zweig sur son dernier bateau en partance pour le Brésil. Certains ont dit oui, d'autres non, mais tous se sont retrouvés à un moment de leur vie devant la mort, bien avant que celle-ci ne les emmène. (…) A tous j'ai posé cette même question. Dis-moi comment tu es mort. Tu me diras qui tu es, moi qui sais à peine qui je suis »… (p.16-17)
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J'ai aimé cet essai du grand historien Emmanuel de Waresquiel, qui évoque ici, dans la perspective de sa propre mort, les écrivains qu'il aime et qui ont eu à son encontre un rapport spécial. On croisera donc (enfin plus que croiser car chaque auteur traité a le droit à un long chapitre de 50 à 70 pages) de Nerval et Zweig, Brasillach ou Julien Gracq.
,Le livre est très élégamment écrit ce qui ne surprendra pas les lecteurs de cet historien de la période 1750-1850. Vous ne passerez pas un moment avec un joyeux drille en ce qui concerne le fond. Dernière phrase du livre à propos du prince de Ligne, incarnation aux yeux de l'auteur de l'élégance du XVIIIème siècle : " Qu'aurait-il dit aujourd'hui où il n'y a plus ni esprit, ni illusions ?"
A ceci près l'on pourra sourire à la lecture de ce livre qui égrène les belles citations (Emmanuel de Waresquiel en a le goût et le montre dans chacune de ses biographies), parfois effectivement spirituelles.
Les courtes biographies des auteurs sont brillantes et très bien senties. On sent une intense familiarité entre l'auteur et eux.
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Passionnant ! Magnifiquement écrit ! L'historien change ici de registre et s'intéresse à la fin de vie de dix écrivains connus ou moins connus qui comptent pour lui, écrivains morts jeunes ou âgés, de différentes manières. Il aborde le thème de la mort mais surtout de la rupture, le moment où l'existence d'un homme bascule, où il n'est plus celui qu'il a été. Ce temps qui peut être long ou bref est un moment de passage, un moment entre deux rives (références à Charon ou Chateaubriand). C'est pourquoi le titre choisi pour sa réédition en poche"fins de partie" est beaucoup moins bon car il n'évoque pas cette rupture, ce basculement. L'auteur s'attache "à guetter les crépuscules"de ces écrivains même si ce moment peut être causé par la guerre (Jacques Rigault et Jacques Vaché), la folie (Nerval), l'amour (Benjamin Constant), l'exil (Zweig), la prison avant condamnation à mort (Brasillach) et bien sûr la vieillesse (Léautaud, Gracq, Joseph de la Ligne) puisque la patrie d'un homme n'est pas seulement un lieu mais aussi une époque. Il arrive un moment où un être n'a plus assez de ressort en lui pour "faire danser la vie" (Céline) quelles qu'en soient les causes.
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Le parti-pris d'Emmanuel de Waresquiel est de se livrer, un peu, par l'intermédiaire d'une dizaine d'écrivains, qui ont marqué sa vie, et qui l'ont pris, renversé même, parfois. S'il en a croisé certains, de visu, c'est surtout, comme tout un chacun, comme lecteur, qu'ils sont devenus proches de lui. Yourcenar disait de ses personnages qu'ils étaient vivants, qu'elle célébrait leur anniversaire. Ainsi en est-il du romancier, du biographe, et du lecteur aussi.
Il n'y a aucun choix pédant parmi les dix écrivains d'Emmanuel de Waresquiel. Il n'y a que lui, dans leur intimité, leur complicité, leur sensualité.
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critiques presse (1)
Lexpress
25 octobre 2012
Emmanuel de Waresquiel, il confirme que derrière l'historien se tient en embuscade un styliste prêt à d'autres aventures littéraires.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Il (Léautaud) a des gestes, des attentions discrètes qui sont presque d'un autre
homme, lorsqu'il pose une branche de lilas blanc sur le cercueil de son ami Marcel Schwob, lorsqu'il pleure à la dérobée à la mort d'Apollinaire qui lui avait dédié autrefois sa "Chanson du mal-aimé", à celle de Gide, beaucoup plus tard. Le plus souvent, la pudeur l'empêche de montrer sa tristesse. (p.54)
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Il y a des livres comme ça, des livres qui résistent à tout. Celui-ci, par exemple. Il a survécu à tous mes déménagements, à tous les rangements, à tous les risques d'obsolescence sentimentale. (...)
On n'y trouve ni table des matières, ni introduction, ni notes, seulement un titre à la Antonin Artaud qui avait pour moi le goût de l'interdit et du danger: -Trois suicidés de la société- Au-dessus du titre, trois noms: Arthur Cravan, Jacques Rigaut, Jacques Vaché.
Presque personne ne savait grand chose de ces trois-là à l'époque. C'est ainsi que je les ai découverts à la fin des années 1970 et qu'en un sens ils ne m'ont plus quitté tout en me donnant, de loin en loin, la mesure du temps qui passe. (p.110-111)
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- Paul Léautaud, la mort, "ce n'est rien"

Léautaud n'a pas vu sa mère plus de dix jours dans sa vie, mais il lui a écrit des lettres si tendres et si passionnées après leur rendez-vous de Calais qu'il est difficile de s'en défaire quand on les a lues. (...)
A force de fuir les adultes, on prend vite goût à la solitude. Plus tard, Paul aimera les animaux, vivra seul et rira de ses semblables. (p.23)
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Deux valises, l'une contenant ma garde-robe, les nécessités matérielles, l'autre mes manuscrits, la réserve pour le travail et l'esprit, et l'on est partout chez soi. (Stefan Zweig / p.82)
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-Julien gracq, le promeneur des deux rives-

Il est si transparent qu'on le voit à peine. Il n'a pas d'age ni de passeport. il ressemble aux personnages de ses romans, qui sont d'ailleurs et de nulle part, et pour qui il avait imaginé un jour une improbable fiche signalétique: "(...) Lieu de naissance: non précisé; date de naissance: inconnue; nationalité: frontalière; parents: éloignés; état civil : célibataires; enfants à charge: néant; profession : sans ; activités: en vacances; situation militaire: marginale; moyens d'existence: hypothétiques; domicile: n'habitent pas chez eux (...)."

Ses biographes peuvent se faire du souci. Je n'avais aucune idée de lui quand j'ai commencé à le lire vers dix-huit ans. Il y a des écrivains, et ils sont rares, qui vous donnent l'impression de pénétrer de plain-pied dans une sorte de cercle magique. On entre dans les livres de Gracq comme on entrerait dans une société secrète. (p.190-191)
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Videos de Emmanuel de Waresquiel (29) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emmanuel de Waresquiel
À l'occasion de la 26ème édition des "Rendez-vous de l'Histoire" à Blois, Emmanuel de Waresquiel vous présente son ouvrage "Jeanne du Barry : une ambition au féminin" aux éditions Tallandier.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2892541/emmanuel-de-waresquiel-jeanne-du-barry-une-ambition-au-feminin
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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