Marion Graf présente le premier roman de Thilo Krause, "Presque étranger pourtant", qu'elle a traduit de l'allemand. Parution le 6 janvier 2022.
Un homme hanté par son enfance rentre au pays. Il y retrouve ses souvenirs intacts, les meilleurs comme les pires. Les allées de pommiers. le ciel immense. Les falaises de grès. Et Vito, l'ami d'enfance qui fut, dans un système asphyxiant, son compagnon d'apesanteur. Mais avec lui ressurgit le spectre de l'accident originel. Bientôt, la présence aimante de sa femme et de sa petite fille ne suffit plus à chasser le vertige. Des néo-nazis rôdent, une sourde menace plane, diffuse mais persistante. La nature échappe, se déchaîne. Quelle force pourra lever la chape de silence et d'hostilité ? le suspense subtil de ce roman place le lecteur au plus près du narrateur.
Thilo Krause est né à Dresde, en ex-Allemagne de l'Est, en 1977. Il est l'auteur de trois recueils de poèmes, tous primés. Presque étranger pourtant est son premier roman, lauréat du prix Robert Walser. Thilo Krause a l'art de traduire physiquement les émotions avec une précision et des images à couper le souffle.
https://editionszoe.ch/livre/presque-etranger-pourtant
Robert Walser
Bernhard Echte (Éditeur scientifique)Marion Graf (Traducteur)/5 3 notes
Bernhard Echte (Éditeur scientifique)Marion Graf (Traducteur)/5 3 notes
Résumé :
Saveurs des tableaux galants de Fragonard, bruissements de vie au détour d’un album d’Anker, conversation avec l’Olympia de Manet ou coup d’œil désopilant sur les miniatures de Daumier : à travers ces vingt et un textes et les œuvres d’art qui leur correspondent, Robert Walser nous fait découvrir sa galerie intérieure empreinte d’une sensibilité perçante, virtuose et délicieusement espiègle.
Traduit de l'allemand par Marion Graf
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Critiques, Analyses et Avis (3)
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" Robert Walser a très tôt entretenu avec la peinture un dialogue intime,
qu'il n'a cessé de nourrir et d'approfondir. Son premier interlocuteur en la
matière n'est autre que son frère aîné, Karl ( 1877-1943), actif dans
le Berlin des années 1900 en tant que peintre muraliste, scénographe et
illustrateur de livres. (...) -Histoires d'images- rassemble quelque
vingt et un textes de Walser accompagnés des oeuvres auxquelles il se
réfère, parfois indirectement. Ce sont autant de déclinaisons du génial
regard de l'écrivain" (p. 1)
Une découverte faite aujourd'hui par hasard. Je l'ai choisi spontanément,
car j'ai un attachement particulier pour cet écrivain au destin difficile...et
pour le sujet de ces mini-proses (prose, poésie ou dialogue imaginé),
accompagnant des oeuvres picturales aimées par Robert Walser...Cerise
sur le gâteau, il parle d'un artiste suisse que j' adore, classique, mais spécialiste de scènes intimistes, illuminées par un regard aussi
bienveillant que magiquement expressif au niveau des éclairages et des
visages (d'enfants, très souvent)...Je voulais nommer un "illustre méconnu"...: Albert Anker !!!
Ce petit livre est un trésor de poésie, d'espièglerie, et d'amour de l'art...
Grâce à Robert Walser, j'ai découvert les artistes suivants : Karl Walser,
(son propre frère) ,Sigmund Freudenberger...Karl Stauffer-Bern...
Mes préférences vont à :
- "La Ronde des prisonniers" de van Gogh
- "La Forêt des hêtres" de Hodler
- " L'ingénieur", " le Paiement de l'intérêt", "La Vente aux enchères" et "La Petite amie d'Albert Anker
- "Le Médecin du village" de David Téniers le Jeune
-"Départ du Soldat suisse" de Sigmund Freudenberger
Sinon des textes aux tons variés qui évoquent des toiles de Fragonard, Delacroix, Diaz, Aubrey Beardsley, Renoir, Manet, Rembrandt, Rubens, Peter Bruegel l'Ancien, Honoré Daumier, etc.
"Van Gogh
(...) Quiconque veut faire un peu l'important
dans une exposition
s'effraie devant la fougue de son pinceau.
terribles, ces champs, ces prés, ces arbres
qui pendant la nuit, comme des rêves brutaux,
lacèrent votre sommeil.
Mais chapeau bas tout de même
devant ces efforts fervents, par exemple
ce tableau où dans le cercle de l'asile,
on voit des fous.
La brûlure du soleil, l'air et la terre, le vent,
il les a rendus à merveille, c'est clair. (p. 81)"
Le seul bémol est la médiocrité de la reproduction des oeuvres. J'ai été obligée d'aller rechercher ailleurs certaines toiles, car certains détails n'étaient pas perceptibles... [trop sombre et format trop réduit] . Par contre je suis ravie d'avoir découvert ces mini-proses entre Littérature et Art ,
qui sont un véritable enchantement !!...
qu'il n'a cessé de nourrir et d'approfondir. Son premier interlocuteur en la
matière n'est autre que son frère aîné, Karl ( 1877-1943), actif dans
le Berlin des années 1900 en tant que peintre muraliste, scénographe et
illustrateur de livres. (...) -Histoires d'images- rassemble quelque
vingt et un textes de Walser accompagnés des oeuvres auxquelles il se
réfère, parfois indirectement. Ce sont autant de déclinaisons du génial
regard de l'écrivain" (p. 1)
Une découverte faite aujourd'hui par hasard. Je l'ai choisi spontanément,
car j'ai un attachement particulier pour cet écrivain au destin difficile...et
pour le sujet de ces mini-proses (prose, poésie ou dialogue imaginé),
accompagnant des oeuvres picturales aimées par Robert Walser...Cerise
sur le gâteau, il parle d'un artiste suisse que j' adore, classique, mais spécialiste de scènes intimistes, illuminées par un regard aussi
bienveillant que magiquement expressif au niveau des éclairages et des
visages (d'enfants, très souvent)...Je voulais nommer un "illustre méconnu"...: Albert Anker !!!
Ce petit livre est un trésor de poésie, d'espièglerie, et d'amour de l'art...
Grâce à Robert Walser, j'ai découvert les artistes suivants : Karl Walser,
(son propre frère) ,Sigmund Freudenberger...Karl Stauffer-Bern...
Mes préférences vont à :
- "La Ronde des prisonniers" de van Gogh
- "La Forêt des hêtres" de Hodler
- " L'ingénieur", " le Paiement de l'intérêt", "La Vente aux enchères" et "La Petite amie d'Albert Anker
- "Le Médecin du village" de David Téniers le Jeune
-"Départ du Soldat suisse" de Sigmund Freudenberger
Sinon des textes aux tons variés qui évoquent des toiles de Fragonard, Delacroix, Diaz, Aubrey Beardsley, Renoir, Manet, Rembrandt, Rubens, Peter Bruegel l'Ancien, Honoré Daumier, etc.
"Van Gogh
(...) Quiconque veut faire un peu l'important
dans une exposition
s'effraie devant la fougue de son pinceau.
terribles, ces champs, ces prés, ces arbres
qui pendant la nuit, comme des rêves brutaux,
lacèrent votre sommeil.
Mais chapeau bas tout de même
devant ces efforts fervents, par exemple
ce tableau où dans le cercle de l'asile,
on voit des fous.
La brûlure du soleil, l'air et la terre, le vent,
il les a rendus à merveille, c'est clair. (p. 81)"
Le seul bémol est la médiocrité de la reproduction des oeuvres. J'ai été obligée d'aller rechercher ailleurs certaines toiles, car certains détails n'étaient pas perceptibles... [trop sombre et format trop réduit] . Par contre je suis ravie d'avoir découvert ces mini-proses entre Littérature et Art ,
qui sont un véritable enchantement !!...
Bon! Je ne suis pas du tout sensible au ton badin, primesautier, un peu brouillon, dandiesque de cet auteur. Sauf pour deux textes : une mère qui met son fils au pas pour une peinture de Narcisse Diaz de la Pena, et un dialogue entre un peintre pleurnichard et sa femme (et modèle) pour un portrait de Karl Stauffer-Bern. Dans ces deux textes le badinage cesse, on a de la finesse psychologique, un regard qui donne à voir quelque chose de plus que l'oeuvre qui suscite le texte, et pour ne rien gâcher : ça griffe et entaille au lieu de s'esbaudir avec emphase.
Le titre de ce recueil est très juste. Robert Walser ne cherche pas à y décrire des tableaux, mais bien à nous raconter des histoires ayant pour point de départ une rencontre avec une oeuvre picturale. Ces histoires peuvent avoir un caractère narratif, mais elles peuvent aussi prendre la forme de poèmes ou de questionnements introspectifs.
Citations et extraits (8)
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Van Gogh ["La Ronde des prisonniers" ]
(...)
Quiconque veut faire un peu l'important
dans une exposition
s'effraie devant la fougue de son pinceau.
terribles, ces champs, ces prés, ces arbres
qui pendant la nuit, comme des rêves brutaux,
lacèrent votre sommeil.
Mais chapeau bas tout de même
devant ces efforts fervents, par exemple
ce tableau où dans le cercle de l'asile,
on voit des fous.
La brûlure du soleil, l'air et la terre, le vent,
il les a rendus à merveille, c'est clair. (p. 81)
(...)
Quiconque veut faire un peu l'important
dans une exposition
s'effraie devant la fougue de son pinceau.
terribles, ces champs, ces prés, ces arbres
qui pendant la nuit, comme des rêves brutaux,
lacèrent votre sommeil.
Mais chapeau bas tout de même
devant ces efforts fervents, par exemple
ce tableau où dans le cercle de l'asile,
on voit des fous.
La brûlure du soleil, l'air et la terre, le vent,
il les a rendus à merveille, c'est clair. (p. 81)
Beardsley
Avez-vous déjà vu des dessins de cet Anglais que l'on ne peut se représenter que jeune ? (...)
Mais surtout, il dessinait comme un printemps, rêveusement, avec la même tendresse.(...)
De nos jours, il semble être un peu tombé dans l'oubli. Eh bien, ces lignes le rappelleront à nos mémoires.
C'est sympathique de parler de quelqu'un qui n'est pas dans toutes les conversations.
En le faisant, on a l'impression d'être subtil. (p. 97)
1926
Avez-vous déjà vu des dessins de cet Anglais que l'on ne peut se représenter que jeune ? (...)
Mais surtout, il dessinait comme un printemps, rêveusement, avec la même tendresse.(...)
De nos jours, il semble être un peu tombé dans l'oubli. Eh bien, ces lignes le rappelleront à nos mémoires.
C'est sympathique de parler de quelqu'un qui n'est pas dans toutes les conversations.
En le faisant, on a l'impression d'être subtil. (p. 97)
1926
Sonnet sur une Vénus du Titien
Ses cheveux noirs semblent chanter une mélodie,
La laiteuse blancheur de ses membres rayonne,
Ce corps gracieux, se pourrait-il qu’il s’en étonne,
Est la somme subtile de suaves harmonies.
De tout son long, on croirait qu’elle supplie,
Souplement alanguie sur une sorte d’ottomane,
Penchée, telle svelte oriflamme,
Sur les humains dont elle serait l’amie.
Dans ses mains, un bouquet de violettes sourit,
Dispense ses parfums au spectateur ravi,
Devant l’autel, dévote, une servante prie.
Ô, un regard encore sur sa chevelure,
Puis encore un sur la belle courbure,
L’humble dessin de ses hanches chéries.
Ses cheveux noirs semblent chanter une mélodie,
La laiteuse blancheur de ses membres rayonne,
Ce corps gracieux, se pourrait-il qu’il s’en étonne,
Est la somme subtile de suaves harmonies.
De tout son long, on croirait qu’elle supplie,
Souplement alanguie sur une sorte d’ottomane,
Penchée, telle svelte oriflamme,
Sur les humains dont elle serait l’amie.
Dans ses mains, un bouquet de violettes sourit,
Dispense ses parfums au spectateur ravi,
Devant l’autel, dévote, une servante prie.
Ô, un regard encore sur sa chevelure,
Puis encore un sur la belle courbure,
L’humble dessin de ses hanches chéries.
Aquarelle
L'aquarelliste est peut-être le feuilletoniste de la peinture. (...)
C'est comme s'il disait au spectateur : " Je peins à l'aquarelle parce que j'aimerais t'apprendre à aimer ce qui nous entoure." (p. 102)
L'aquarelliste est peut-être le feuilletoniste de la peinture. (...)
C'est comme s'il disait au spectateur : " Je peins à l'aquarelle parce que j'aimerais t'apprendre à aimer ce qui nous entoure." (p. 102)
"Portrait de dame" [Karl Walser ]
Une jeune femme, une jeune fille de vingt-ans peut-être, est assise sur une chaise et lit un livre.. Ou bien, elle vient de le dévorer et, à présent, elle réfléchit à ce qu'elle a lu. (...) La lectrice rêve ; peut-être compare-telle le contenu du livre avec ses propres expériences, elle pense au héros de ce livre, et elle a l'impression de ressembler un peu à l'héroïne. (...) En même temps qu'il fait le portrait de la jeune femme, il peint sa charmante rêverie intime, sa pensée et son imaginaire (...) au-dessus de cette tête de lectrice ou de femme de tête, à une douce, légère distance, exactement comme si c'était une vision issue de son imagination, il peint une verte prairie encadrée de superbes marronniers au milieu de laquelle, dans une douce torpeur ensoleillée, un berger est allongé, semblant n'avoir rien d'autre à faire . (...) le vert du pré est vif et chaud, il nous tient un discours romantiquement aventureux, et tout ce tableau invite à une contemplation attentive, recueillie (p. 99)
Une jeune femme, une jeune fille de vingt-ans peut-être, est assise sur une chaise et lit un livre.. Ou bien, elle vient de le dévorer et, à présent, elle réfléchit à ce qu'elle a lu. (...) La lectrice rêve ; peut-être compare-telle le contenu du livre avec ses propres expériences, elle pense au héros de ce livre, et elle a l'impression de ressembler un peu à l'héroïne. (...) En même temps qu'il fait le portrait de la jeune femme, il peint sa charmante rêverie intime, sa pensée et son imaginaire (...) au-dessus de cette tête de lectrice ou de femme de tête, à une douce, légère distance, exactement comme si c'était une vision issue de son imagination, il peint une verte prairie encadrée de superbes marronniers au milieu de laquelle, dans une douce torpeur ensoleillée, un berger est allongé, semblant n'avoir rien d'autre à faire . (...) le vert du pré est vif et chaud, il nous tient un discours romantiquement aventureux, et tout ce tableau invite à une contemplation attentive, recueillie (p. 99)
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