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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Parfois, la rencontre se noue au premier regard sur la couverture. 

Parfois, une image suffit à vous emporter dans un univers complet.

Parfois, vous saisissez un roman parce que vous faites confiance au nom de l'auteur. 

Mais rarement vous ressortez aussi bouleversé par une lecture.

Voilà, Sébastien Vidal vient de "m'avalancher". 

Ce roman est une pure pièce de joaillerie, aussi travaillée que mille flocons qui s'assembleraient pour former le plus tragique des tableaux.

Le cadre est planté dès les premiers mots : un voyageur arrive avec son chien dans un village du bout du monde, perché en haut des Alpes, proche de la frontière italienne. Il amène la tempête avec lui. Parce qu'elle hurle de sa voix de blizzard en furie, et parce qu'elle se lève dans le coeur des hommes en quête de justice. Un corps vient d'être decouvert, celui de la fille du maire ; et un homme blessé est une bête dangereuse. Surtout quand elle a une proie sous la patte.


"Contrairement aux humains la douleur n'a pas besoin de dormir, elle est à l'ouvrage à chaque seconde, tant que sa cible est vivante, elle vit et mâche, déchire, lamine avec une patience qui décuple sa force et son endurance. Et elle rit de son labeur, parce que, luxe suprême, quand sa proie est morte au bout d'une interminable agonie, elle se transmet aux proches et peut continuer son oeuvre d'élision. Seule la parole peut la tuer, mais quand il en bave, l'humain se mure souvent dans le silence et bâtit ainsi son propre tombeau."


Ce roman est une nouvelle perfection de la main de l'auteur : je ne saurais dire quel est l'écrin, et quel est le bijou. L'intrigue est simple et d'une justesse redoutable ; la description du tableau humain est sans concession, une observation rigoureuse des imperfections de l'âme ; les nuances de blanc, gris et noir sont sublimées ; et les mots de l'auteur allient tous ces ingrédients apparemment simples pour en faire une recette majestueuse.

Je me suis prise plusieurs fois à comprendre les salauds de l'histoire, tant la mise en abîme est habile. Parce que les salauds ne manquent pas, dans ce village sclérosé, replié sur lui-même, en plein délire autophage. A leur tête, le Maire, Basile Gay, qui nourrit les hommes, à la fois par le travail dans son usine, et par la haine de l'étranger. Mais les membres de la meute ne sont pas en reste.

Et enfin, l'amour de l'autre, la richesse inouïe de Sébastien Vidal pour décrire son ouverture à la vie qui palpite dans un autre être, se révèle avec énormément de générosité dans les descriptions auxquelles j'ai été immensément sensible : celles de l'homme et de son chien ; fidèle, patient, protecteur et vivifiant. Oscar s'ajoute à ma liste de chiens litérraires aimés et animés par les auteurs.


Je garde une émotion particulière pour la Neige et le Vent, qui sont bien les personnages principaux de cette histoire, bien décidés à deployer toutes les danses possibles pour les spectateurs captifs du village. C'est un opéra unique qui se déploie à chaque minute, le chant s'alliant au geste avec brio. La partition se déroule sur 242 pages, et la symphonie résonne encore à mes oreilles.


"Comme un fol hirsute marchant dans la rue avec une cloche et un écriteau pour annoncer la fin du monde, le blizzard lance des incantations sur la montagne. Il pèle les contreforts, cisaille des arbres et cloue les rêves au sol. Sa puissance tue dans I'oeuf toute volonté d'opposition, il est vif, véloce, il peut deraciner un sapin comme on arrache un brin d'herbe. Il plane très haut sur les massifs, hors de la vue humaine il râpe les sommets et décapite leur coiffe de neige glacée en hurlant dans les aigus. Tout ce qui vit au-dehors est soumit au joug du vent déchaîné, et chaque animal attend, en boule dans le moindre abri, que la colère d'Éole faiblisse. Sa voix lugubre et omniprésente sape le moral des trois assiégés, parce que c'est ce qu'ils sont, des assiégés. Sa mélopée a des allures d'oraison funèbre et Marcus a de plus en plus l'impression qu'elle s'adresse à eux."


Si vous me demandez de quoi traite ce roman, je vous dirai facilement qu'il parle de la folie des hommes et de la beauté de la nature, qui les regarde faire d'un air navré. Je vous dirai aussi que c'est l'un de mes plus beaux coups de coeur, toutes périodes confondues. Rarement le nom de la maison d'édition aura aussi bien collé à un roman pour moi : il y a le Mot, et le Reste palpite encore bruyamment en moi.
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On dira bien ce que l'on voudra des prix littéraires, dont certains d'entre eux font l'objet de polémiques avec des suspicions de collusions et de favoritisme, il n'en demeure pas moins qu'ils projettent, tous autant qu'ils sont, un éclairage bienvenu tant sur la sélection que sur le récipiendaire permettant ainsi de faire basculer le destin d'un livre et de son auteur. Avec l'émergence des centres culturels Leclerc, son dirigeant, grand opposant du prix unique du livre, créait en 2008 le prix Landerneau, du nom de sa commune d'origine, se concentrant tout d'abord sur la littérature blanche, jusqu'à ce que d'autre genres apparaissent quatre ans plus tard, à l'instar du prix Landerneau polar qui est l'un des premiers événements importants de l'année célébrant la littérature noire. Parmi les lauréats figurent quelques figures imposantes du roman policier ou du roman noir telles que Hervé le Corre, Sandrine Collette, Colin Niel, Gwenaël Bulteau ainsi que l'ancien policier Hugues Pagan. Pour l'année 2024, c'est Sébastien Vidal, un autre membre des forces de l'ordre, au sein de la gendarmerie cette fois où il a officié durant 24 ans, qui obtient le prix Landerneau polar avec de Neige Et de Vent publié auprès de la maison d'éditions indépendante le Mot et le Reste qui a déjà édité deux autres de ses romans Ca Restera Comme Une Lumière (Le Mot et le Reste 2021) et Où Reposent Nos Ombres (Le Mot et le Reste 2022). Il est également l'auteur d'une trilogie mettant en scène l'adjudant de gendarmerie Walter Brewski enquêtant dans la région de la Corrèze où le romancier a d'ailleurs élu domicile, ce qui explique sans doute cette prédominance aux ambiances rurales qui imprègnent l'ensemble de son oeuvre et plus particulièrement de Neige Et de Vent dont la magnificence du cadre hivernal se situe à la frontière naturelle que forme les Alpes entre la France et l'Italie.

Dans cette région reculée des Alpes, le village de Tordinona constitue la dernière localité avant le col conduisant vers l'Italie et qu'empruntent Victor Pasquinel, travailleur itinérant accompagné de son chien Oscar. Tant bien que mal, ils se frayent un chemin dans cette accumulation de neige tandis qu'une tempête s'abat sur la région les contraignant à trouver refuge dans l'unique café du village. Au même moment, le garde champêtre découvre le corps sans vie de la fille du maire ce qui suscite un regain d'émotion tandis que la bourgade se retrouve soudainement coupé du monde, suite à une avalanche qui emporte le pont, unique voie d'accès vers la vallée. Marcus et Nadia, composant la patrouille de gendarmerie également bloquée dans la localité, vont devoir s'interposer pour empêcher les habitants bien décidés à faire justice eux-mêmes en s'en prenant à ce voyageur égaré qu'ils considèrent comme le meurtrier tout désigné. Sous la conduite du maire, les hommes armés vont donc assiéger la mairie, où Nadia, Marcus et Victor ont trouvé refuge, en employant tous les moyens pour les déloger. S'ensuit un rapport de force de plus en plus tendu jusqu'à l'inévitable confrontation qui va faire parler la poudre. Sera-t-il possible alors possible de faire marche arrière et de revenir à la raison au sein de cet environnement à la fois hostile et isolé où la loi n'a plus cours ?

Il faut se féliciter de cette mise en avant providentielle d'un roman tel que de Neige Et de Vent nous permettant ainsi d'apprécier l'écriture somptueuse de Sébastien Vidal, possédant l'indéniable talent, pas si évident que cela, de décliner une histoire d'une belle intensité en conjuguant l'introspection de ses personnages avec la description subtile de paysages rudes qui les enture et dont l'ensemble est entrecoupé d'une succession de confrontations aussi vives que brutales s'inscrivant dans un registre extrêmement réaliste. D'entrée de jeu, le romancier pose le cadre de cette oppression hivernale au gré d'une tempête de neige s'abattant sur cette localité de Tordinona dont le nom fait certainement référence à cet ancien quartier de Rome abritant une prison avant que l'on y bâtisse le premier théâtre public de la cité. Et c'est bien ce qui apparaît au détour de cette dramaturgie aux allures de western contemporain se déroulant dans cet environnement à la fois majestueux et sans issue présentant ainsi l'aspect d'une prison à ciel ouvert. A partir de là, émerge du texte une force évocatrice troublante, imprégnée parfois d'une note poétique nous permettant de saisir immédiatement cette ambiance à la fois âpre et puissante qui plane sur l'ensemble du récit. Il y est donc bien évidemment question de nature, mais également de nature humaine avec tout ce qu'elle a de plus atavique autour de cette communauté repliée sur elle-même n'acceptant pas la différence et observant d'un très mauvais oeil celles et ceux qui n'appartiennent pas à leur monde à l'instar du maire Basile Gay, figure toute-puissante du village et incarnation des dérives et de la folie qui embrasent les habitants dès lors que la colère les submerge à la suite du drame qui le touche. Entre chagrin et fureur, on apprécie le caractère nuancé du personnage dont on découvre le désarroi lorsqu'on le retrouve dans l'intimité de la chambre de sa fille désormais disparue à se remémorer quelques souvenirs épars tout en distillant sa haine de l'étranger et également de l'autorité qui entend se mettre sur son chemin de justicier vengeur. Ainsi, Sebastien Vidal, bâtit une intrigue aussi classique que solide où les événements s'enchainent dans une escalade d'affrontement mettant en scène Victor, cet homme de passage, dont le profil présente quelques similitudes avec son auteur et plus particulièrement sur le sujet de l'écriture, tandis que les deux jeunes gendarmes que sont Nadia et Marcus évoquent sans nul doute quelques réminiscence de son ancien métier au sein des forces de l'ordre avec cet idéal et les valeurs qui en découlent. Mais au-delà, de ces nobles sentiments, il y a la violence et les doutes qui jaillissent et ceci plus particulièrement pour Marcus s'interrogeant sur le sens de la mission et de sa capacité à l'accomplir en surmontant l'adversité. Il en va de même pour ce mystérieux vétéran qui voit dans cette flambée de violence, l'occasion de protéger les plus faibles ce qu'il n'a pas forcément eu à faire lorsqu'il était engagé sur les conflits. Tout cela, Sébastien Vidal l'intègre au gré d'un récit au lyrisme dynamique, qui nous questionne en permanence sur notre rapport à l'autre dans un contexte où les règles n'ont plus cours en libérant ainsi la part sauvage de l'homme, que ce soit pour le meilleurs et pour le pire.


Sébastien Vidal : de Neige Et de Vent. Editions le Mot et le Reste 2024.

A lire en écoutant : Neve (Versione Integrale) d'Ennio Morricone. Album : Quentin Tarantino's The Hateful Eight (Original Motion). 2015 Cine-Manic Productions Limited.
Lien : http://www.monromannoiretbie..
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Je ne connaissais pas Sébastien Vidal, auteur. Une très belle découverte.
C'est un roman, pas un film et pourtant c'est la beauté des images, du son, bref l'ambiance dans laquelle baigne l'intrigue du début à la fin qui m'ont séduit. le titre le dit bien : de neige et de vent.
L'action m'a fait penser à un western des temps moderne dont les deux policiers seraient le shérif et son adjoint (vision personnelle bien sûr) attrapés dans un village isolé. Un petit monde fermé ou l'étranger est suspect et où va régner la loi du plus fort et où resurgissent les rancoeurs enterrées. (Voir résumé)
Intrigue, suspens tout y est pour captiver le lecteur mais c'est surtout l'atmosphère tendue entre les hommes et la nature qui donne le ton.
Je le recommande vivement.
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Certains et certaines d'entre vous risquent de ne pas me trouver objective, puisque depuis ma découverte de cet auteur, je ne cesse de clamer des louanges à son sujet, mais voilà Sébastien Vidal est comme le bon vin, il se bonifie ouvrage après ouvrage méritant amplement son statut d'écrivain (là il vient de râler car monsieur préfère romancier, mais pas d'ordre de gendarme à la retraite avec moi) et de neige et de vent le confirme. 

Ce jeune retraité donc, de la gendarmerie met tout son savoir et toutes ses tripes dans ses romans et même ses colères envers certains humains s'y retrouvent, tout comme son amour pour la nature et la poésie. 

J'ai pourtant adoré ses précédents romans, mais celui-ci est encore un cran au dessus, pas étonnant qu'il ait été récompensé par le Prix Landerneau et même s'il n'écrit pas dans cet optique, ça fait toujours plaisir de voir le travail d'un auteur qu'on apprécie, reconnu à sa juste valeur. 


De neige et de vent, nous entraîne dans un huis clos glacial, brutal où la noirceur de l'âme humaine s'immisce dans la blancheur hivernale.

Il suffit d'un rien, d'une rumeur pour que tout bascule, et qu'un village devienne une véritable zone de guerre, révélant la véritable nature de certaines personnes qu'elles soient bonnes ou mauvaises. 


La plume singulière soucieuse du moindre détail de Sébastien Vidal s'affirme, et nous offre un roman noir extraordinaire, avec des personnages de caractère dans une atmosphère sous haute tension, au coeur d'une nature indomptable, tout ce qu'on s'attend à trouver sur les chemins noirs de la littérature, nous amenant inévitablement vers un moment de lecture inoubliable. 


Alors n'hésitez pas à vous confronter à ces villageois de Tordinona, un peu de renfort pour ces âmes prises à partie ne seront pas de refus. 


Mais attention, couvrez-vous bien. 


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Un randonneur et deux gendarmes son retranchés dans les locaux de la mairie de Tordinona, un village d'une centaine d'habitants à la frontière des Alpes italiennes. En pleine montagne, l'isolement du village est aggravé par une tempête violente où les éléments se déchainent et détruisent les voies d'accès vers la vallée. Dans ce confinement climatique, le maire du village, dirige aussi l'entreprise du coin, qui fait vivre la plupart des familles du village. Forte carrure et caractère, il impose sa loi à tout le monde. Il vient d'apprendre par son cantonnier que le corps de sa fille sans vie git au bord d'un chemin dans la neige.
Vitor et son chien Oscar ont pris la route pour se rendre en Italie. Ils traversent le village, se réchauffent dans le seul café du village, puis profite de l'hospitalité de trois couples de jeunes gens dans leur ferme.
L'équation explosive dans un territoire aussi reculé s'aligne rapidement: d'une part la douleur insupportable d'un père qui perd sa fille unique construit le désir de trouver un coupable et de rendre une justice expéditive et exemplaire, et d'autre part un étranger et son chien, un vagabond, venu de nulle part. La violence entretenue collectivement, par une troupe masculine soudée et alignée derrière la bannière du magnat local, matinée de testostérone et de bêtise rance fait le reste des évènements.
C'est un état de siège qui va s'électriser de jour comme de nuit. Les dérapages sont annoncés, aucune dissuasion, de l'action, de l'agression. Les armes ont raison de toute humanité, de toute réflexion.
Le suspense va crescendo très rapidement. L'ambiance apocalyptique, glaciale participe de la tension, l'entretient, l'excite. Les éléments se déchainent comme déraille la folie des hommes contre l'étranger, l'autre, forcément un salaud, pire, un assassin. La construction de la spirale de la haine de celui qui ne nous ressemble pas, celui qui ne vit pas comme nous et bientôt celui qui ne pense pas comme nous, celui qui nous résiste, celui qui ne se rallie pas sans sourciller implacable. On est au bord de l'écoeurement, on a beau s'indigner, crier, se révolter, mais chacun a une « bonne raison » de se taire, se coucher et répondre présent à la « mobilisation générale» contre le criminel, derrière la seule incarnation de celui que ces hommes reconnaissent comme leur chef, leur autorité. Ce qui fait société ne fait pas le poids, ne fait plus le poids. Les dernières digues ont cédé, on y est !
Victor et les gendarmes sont otages de l'association de malfaisance violence+bêtise.
La nature est un personnage à part entière des panoramas qui font écho aux tensions et aux émotions, elle s'y reflètent, et s'en nourrissent. C'est très séduisant et parfois étourdissant.
Le style est d'une sublime élégance, le vocabulaire recherché, précis, parfois lyrique lorsqu'il faut faire parler, le vent, les tourbillons des flocons, les lumières, la chaine des montagnes ou les ombres maléfiques. Tous les personnages sont intéressants dans leur évolution, dans leurs motivations.
La fin vous frigorifie d'horreur; la scène d'affrontement final se la joue en monde western du cercle polaire. Exceptionnel. Vous serez glacé, mais vous aurez chaud aussi. Votre coeur va se caler dans vos tempes à faire exploser votre boite crânienne. La puissance est irrésistible.
Ce roman est mon premier coup de coeur de l'année 2024.
Ne passez pas à côté de cette histoire et retenez le nom de cet auteur : Sébastien Vidal, il est sacrément talentueux.
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C'est l'hiver. Un marcheur, sac à dos et chien, arrive dans un bled de montagne bien paumé pas très loin de l'Italie où il veut se rendre. La neige tombe à gros flocons et ce qui se prépare, c'est une tempête, une vraie, la pire de toutes. Il doit très vite trouver refuge pour lui et sa bête. Personne dans les rues de ce bled sans âme. Il se réfugie dans un café. le patron n'est pas bien bavard. Il n'aime pas trop les étrangers surtout s'ils sont un peu basanés. Il lui conseille quand même d'aller passer la nuit à la ferme Arc-en-ciel où se trouve une bergerie. La nuit sera terrible…
La seule patrouille de flics qui traîne encore dans le coin a hâte de redescendre dans la vallée. Mais avant de partir, ils ont bien envie d'aller acheter quelques fromages de chèvre à la ferme Arc-en-ciel, paraît qu'ils sont très bons ces fromages... Faudrait quand même pas perdre trop de temps… Ils risqueraient de le regretter….
Allez, je me tais. J'ai adoré ce roman dans lequel l'atmosphère est particulièrement bien rendue grâce à un travail d'écriture exceptionnel. Franchement, c'est assez rare dans un roman policier de lire une évocation aussi vive et impressionnante des lieux. En effet, le paysage est presque le personnage principal de l'histoire tellement les descriptions sont saisissantes et l'atmosphère terriblement oppressante. On est plongé dans une tempête apocalyptique qui va retenir prisonniers dans un huis clos effrayant des gens qui se haïssent.
Cette tempête semble être la métaphore des tourments de certains, des haines qui les torturent et des souffrances intérieures qui les dévorent.
La pire des tragédies va avoir lieu. Et croyez-moi, vous êtes loin d'imaginer le degré de cruauté dont certains hommes sont capables par ignorance, bêtise et préjugés stupides ! Coupés du monde, les hommes deviennent des fauves. La justice, ils la font eux-mêmes ! Tout est permis… le village devient alors le microcosme d'une société xénophobe et raciste renfermée sur elle-même, toujours prête à désigner du doigt des coupables et à user de la violence pour faire disparaître les boucs émissaires. La noirceur de l'âme humaine n'est pas belle à voir… C'est un gouffre sans fond… Effrayant...
Avec en sus un petit côté western pas piqué des vers… Faites gaffe de ne pas vous retrouver nez à nez avec une Winchester modèle 1894 calibre 30-30 ou un Colt modèle 1911 calibre 45. Ça fait des gros trous ces petites choses-là !
Si vous aimez les flics qui lisent Hugo et apprécient la poésie, allez-y, ce roman est fait pour vous !
Un prix Landerneau Polar 2024 archi-mérité !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Attention, gros coup de coeur ! Ce roman est fort et l'histoire aussi prenante que difficile à lire. Victor est un voyageur solitaire. Lui et son chien Oscar traversent la France à la recherche de moments vrais et sincères. Il navigue d'étape en étape pour se poser quelques mois. Cette fois il a en tête d'aller jusqu'en Italie. Malheureusement, une tempête de neige et de très mauvaises conditions vont l'obliger à s'arrêter à Tordinona. Ce petit village isolé semble aussi accueillant que le blizzard, mais Victor n'a pas le choix : c'est s'arrêter ou mourir. Ce qu'il va découvrir à ses dépends c'est que son arrivée coïncide avec la mort et le viol probable de la fille du maire du village, Basile Gay. En plus d'être fort en gueule, cet homme emploie la moitié du village dans son usine d'embouteillage. Alors lorsqu'il décrète que Victor est le coupable de l'agression sur sa fille, personne ne pipe mot et tout le monde se rallie à sa cause. Une fille de 17 ans, morte, face à un étranger à la peau mate. Il n'en fallait pas plus pour échauffer les esprits et voir sortir les fusils. A deux doigts d'être lynché sans procès, Victor est arraché à ses hommes, devenus fous, par deux gendarmes, Marcus et Nadia, qui sont restés au village faute d'avoir pu retourner dans la vallée après une visite de courtoisie. Commence alors un huis-clos haletant entre les deux représentants de la loi et Victor d'un côté, terrés dans la mairie et les partisans de l'édile de l'autre. le sang coulera, c'est certain. Qui cédera le premier ? Qui commettra l'erreur de trop ? Qui attaquera avant l'autre ? le blizzard donne une excuse toute trouvée aux hommes devenus bêtes pour ne pas respecter les règles. Les traces seront effacées, mais les deux gendarmes vont tout faire pour sauver ce qui peut encore l'être ! La loi, la vie, le respect de l'autre et l'estime de soi. Un roman court et puissant qui sonne juste. Un déferlement de haine qui marque et qui laisse à penser que l'enfermement n'est sans doute pas le meilleur moyen de s'ouvrir aux autres et de réfléchir à la place de chacun dans cette société de plus en plus divisée. Fort et prenant ! A lire très vite !
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
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Comment éviter de regarder les heures quand le sommeil fuit ? Ouvrir un bon bouquin et celui que j'ai dévoré cette nuit est l'excellent roman noir de Sébastien Vidal « de neige et de vent » récemment primé du Prix de Landerneau Polar 2024.
Un roman aussi noir qu'est blanche la neige tombée en quantité pendant une monstrueuse tempête qui isole un petit village de montagne. Un village ou le maire tient la population sous sa coupe, personne n'ose se frotter à lui et à son cercle de partisans. La tranquille apparence du village va voler en éclat lorsque la fille adolescente du maire est retrouvée assassinée juste avant que la tempête coupe les habitants de toute aide extérieure. La tension monte inexorablement dans ce huis clos ou la vengeance, la méfiance, la haine de l'autre prennent ici des proportions hors de tout contrôle. Même l'autorité des gendarmes ne pèse pas lourd face aux enragés savamment aiguillés par le maire ivre de vengeance.
Une écriture riche, élaborée et incisive, des paysages et des personnages taillés à la serpe agrémentent ce roman noir intense et palpitant.
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L'histoire
À la frontière des Alpes italiennes et françaises, le village de Tordinona est l'isolement incarné. Voyant la tempête qui se prépare là-haut, la patrouille de gendarmerie composée de Marcus et Nadia s'apprête à redescendre dans la vallée quand le garde champêtre du village découvre le corps de la fille du maire. Dès le lendemain, alors que le seul pont reliant le village au reste du monde a été détruit par une avalanche, le maire et une partie des villageois s'en prennent à un voyageur de passage qu'ils soupçonnent d'être l'assassin. Attachés à leur devoir, Nadia et Marcus s'opposent à leur haine et à leur désir de se faire justice. La tension ne cesse de monter, et avec elle, une question qui traverse les âges : que reste-t-il de notre humanité quand il n'y a (presque) plus personne pour faire respecter la loi ?

Mon avis
Un magnifique moment de lecture. La plume est poétique, le rythme est vif et dynamique, l'écriture est ciselée, l'atmosphère saisissante et le récit grandiose.
Un huis-clos dantesque où le mal règne quand le fragile vernis de la civilisation se dissous piétiné par une bande de villageois xénophobes et consanguins.
Quand la situation bascule dans le chaos, le courage peut-il être développé ou la lâcheté guérie ?
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Vous qui recherchez un roman d'ambiance, vous allez vous régaler. Vous qui aimez les thrillers bucoliques de Franck Bouysse, vous avez trouvé la bonne plume. Vous qui avez savouré La vallée de Bernard Minier ou essuyé la Tempête Yonna de Cyril Herry, vous êtes à la bonne adresse !

Dans une ambiance de fin du monde aux confins de l'Italie, notre société en modèle réduit va se déchirer parce que Victor, l'étranger, le marginal, passe par là. Alors que le corps de la fille du Maire, principal employeur de la vallée, est retrouvé, les clans vont se positionner sans nuance : soit on est pour, soit on est contre. Point de discussion possible. Pris au piège de cette guerre des clans qui va opposer les bobos écolos aux villageois obtus, deux gendarmes vont tenter de faire respecter leurs valeurs et leur mission de protection des populations.
Les habitants inféodés au Maire, les écolos qui fournissent la vallée en fromage et les villageois … en cachette, vont prendre parti radicalement, pour ou contre Victor, tandis que les gendarmes seront obligés de se retrancher avec lui dans la Mairie, en mode survivance.
Notre société est ainsi passée au crible de ses incohérences et de ses extrémismes dans ce western alpin et enneigé. Une intrigue en huis clos qui questionne sur notre capacité collective à dépasser les clichés avec un suspense qui monte efficacement en puissance. Et l'humanisme dans tout ça ? le lecteur en trouvera une part chahutée dans chacun des protagonistes.

Mention particulière pour le vétéran Vosloo qui incarne à sa façon une forme de sagesse, faisant preuve de recul face aux événements sanglants que le village traverse. Il a une certaine filiation avec le sculpteur de Ca restera comme une lumière ou l'Indien de Où reposent nos ombres. Que j'aime ces personnages !

Une fois le livre terminé, il ne cessera pas de vous habiter et à son souvenir vous aurez encore longtemps matière à réflexion sur vos choix.
Avec ce thriller Sébastien Vidal confirme son talent de conteur engagé pour notre plus grand plaisir.
Je remercie les Editions le Mot Et le Reste pour leur confiance et la pertinence de leur catalogue


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