Le sacre de la Terre est constitué de cinq textes : La Campagne inventée, le Tiers Espace ou la nature entre Ville et Campagne, Au bonheur des campagnes, L'Archipel paysan, la
Lettre aux paysans et aux autres sur un monde durable ; et une conclusion intitulée : Pour un Eco-Patriotisme Démocratique. Ce livre est le résultat d'un cheminement de cinquante ans, et vise à contribuer à définir les contours d'une ruralité moderne, l'exergue empruntée à
Edgard Morin est éclairante sur l'objet de destination souhaitée par
Jean Viard : « la ruralité moderne est une contribution à un nouveau mode de vivre ensemble qui promeut une action continue en faveur de deux courants amorcés qu'il faut développer : la réhumanisation des villes et la revitalisation des campagnes. ».
Ami babéliote ou passant babéliote qui me fait l'honneur de me lire, je ne vais pas y aller par quatre chemins,
le Sacre de la Terre est à parcourir, à offrir, à partager d'urgence. Pourquoi ?
- La pauvreté du débat politique d'aujourd'hui doit être combattue, autant faire appel à de vrais intellectuels qu'à ceux qui prétendent l'être (suivez mon regard..)
- L'absence de l'écologie et d'une incarnation concrète politique en France, entretient une forme de dépression collective,
- le récit national confiné à un discours de quasi-propagande, non-révisionniste dans le meilleur des cas, est une ineptie. Il ne peut être capté par quelques-uns,
- Seul compte l'économie réelle, on ne se nourrit pas virtuellement. Par contre il faut savoir d'où viennent nos croyances, nos mentalités car elles produisent des discours, discours des dominants, qui peuvent avoir pour conséquence de faire avorter des innovations, par ailleurs prônées par eux !
- Les paysans qui possèdent 50 % du territoire national peuvent, dans leur diversité ; construire une agriculture des solutions, alors qu'aujourd'hui seuls les problèmes sont pointés. Une agriculture des solutions pour lutter et s'adapter aux changements climatiques, à la gestion durable des ressources limitées de notre planète. Rien que cela !
- Notre pacte républicain, ici focalisé sur les rapports Villes/ Campagnes, gestion des espaces, du foncier, et missions successives données à l' Agriculture, mérite d'être analysé (forces/faiblesses) dans la profondeur historique, l'évolution du droit et plus encore de « sa fabrique » sont très bien abordés tout au long des cinq textes.
Et puis vous y trouverez, des développements étayés, illustrés sur l'histoire de la ruralité, la place de religions dans nos manières de voir différentes entre catholique et protestants notamment, comment se sont constitués les parcs nationaux, les dispositifs de protection de la Nature, les lois de protection du patrimoine, le rapport aux paysages au fil du temps, chez nous en France, en Europe, en Amérique.
Des chiffres clés, significatifs sont aussi très présents, sans excès, et explicités, ce qui devient rare en nos temps boulimiques de données comptables, utilisées idéologiquement pour faire court, ce qui a pour résultat que plus personne ne comprend, y compris les fabricants des discours !
Jean Viard qui a beaucoup de respect pour les paysans, soumis eux à de vrais aléas, a cette formule : « Pas plus que le paysan n'est maître de la nature, les intellectuels ne sont maîtres de la nature des discours »
En conclusion, j'ai beaucoup apprécié l'humilité des propos, la constante place du social très justement rappelée, et la défense des « normes », à un moment de notre histoire où les brocarder et les supprimer pour faire paraît-t-il des révolutions devient « la Norme » et construit, à l'insu du peuple, une société de minuscules îlots individualisés et fragmentés ce qui implique qu'ils sont brutalement gérés en cas de crise. Bien comprendre la manière dont s'est construit notre vivre-ensemble, et comment il peut évoluer pour répondre collectivement aux défis de demain , voilà à quoi s'attelle «
le sacre de la Terre » sujet essentiel, car travailler la Terre c'est assurer notre avenir sans injurier notre présent !!!
Bonne lecture