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Christine Lavransdatter tome 3 sur 3
EAN : 9782234046528
435 pages
Stock (01/04/1996)
4.06/5   18 notes
Résumé :
Erlend, le chevalier pour qui Christine avait bravé tous les tabous religieux et sociaux, s'est détaché d'elle malgré d'ardentes mais brèves retrouvailles. Il mourra au moment où elle doit affronter le départ de ses enfants.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Que faire quand on se trouve face à une saga norvégienne moyen-âgeuse de plus de milles pages en trois tomes ? L'affronter tel un guerrier viking, de face, sans peur, droit dans les yeux et partir pour une traversée de plusieurs semaines, cela semble logique et parfaitement dans le ton, me direz-vous. Mais je n'ai aucunement l'âme guerrière et suit un pacifiste et me voilà donc arrivé au bout de ce troisième tome, tranquillement, alors que j'avais fini le premier en fin 2018.

J'ai eu par trois fois le même sentiment en me plongeant dans la prose d'Undset : recevoir un coup de massue littéraire, me dire que cela risquait d'être assommant, avec l'enchaînement des plongées dans la psychologie complexe de personnages torturées et les description des paysages certes magnifiques de Norvège, mais qui en imposent eux aussi de tout leur poids. Et puis on se glisse dans les mots, on se fond dans les brouillards, on laisse ses pas imprimer la neige et on prend sa place avec le reste de la famille sur un bout de couche rudimentaire, on participe aux tâches quotidiennes.

Ce tome est tout particulièrement réussi. C'est celui de l'âge mûr et de la vieillesse de Kristin et des deux autres principaux protagonistes, son mari Erlend et son beau-frère et ex-fiancé Simon. L'occasion est régulièrement donné de revenir sur la vie de chacun et sur ce qui les a amené où ils sont arrivés. On ne côtoie que peu un Erlend toujours aussi fuyant, irresponsable mais touchant parfois dans sa force fragile. On accompagne surtout Simon et Kristin jusqu'au bout. Ces deux personnages que le sort n'a pas permis de se rencontrer se ressemblent pourtant tellement, dans leur honnêteté, leur rigueur, leur sens du devoir. Leur vie sera finalement gâchée par le choix initial de Kristin de suivre la passion plutôt que la raison, et il est intéressant de voir à quel point une vie peut dépendre autant d'un seul choix.

De très belles réflexions également sur la maternité, sur la vie qu'on destine à ses enfants, sur les projections que l'on fait pour eux en fonction de leur ressemblance physique ou de caractère avec un de leurs parents ou aïeul. Là encore, tout est remis en cause par les choix individuels, par l'aveuglement dont on peut faire preuve quand on ne veut pas voir ce que les gens sont réellement. La construction du récit, de drame en drame, d'emportements en résignations est brillante.

Le seul bémol, relevé par de nombreuses critiques et qui pourrait paraître anecdotique s'il ne rendait pas la lecture si complexe, est lié à la galerie impressionnante de personnages secondaires et leurs noms si confusionnants. Les noms en -son (fils de) ou -datter (fille de) construits avec le prénom du père perdent facilement le lecteur, surtout avec des prénoms qui se répètent. Je ne sais pas si certaines éditions proposent une liste des personnages permettant de les resituer rapidement, mais je les recommanderais alors chaudement.

Mais l'essentiel est ailleurs, dans une plongée dans une époque et un pays dépaysants et tout à la fois dans des psychologies si proches de nous, car les questionnements fondamentaux restent les mêmes : regrettons-nous nos choix ? Sommes-nous aimés ? Méritons-nous ce qui nous arrive ? Pas besoin d'être un viking pour se lancer dans ce genre de bataille.



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Kristin Lavransdatter de Sigrid Undset (auteure norvégienne 1882/1949) est un cycle romanesque comprenant « Kransen » (La couronne sorti en 1920. Lui succéderont « Husfrue » (La femme 1921 ou aussi « La maîtresse de Husaby) et « Korset » (La croix 1922) .
Avec cette oeuvre Sigrid Undset obtiendra le prix Nobel de littérature en 1928.

Et nous voilà au troisième tome de cette superbe chronique. Chronique d'une femme, d'une mère, d'une époque et d'un pays. Chroniques de sa jeunesse, de son amour, de ses maternités, de ses doutes, de ses joies et de ses peines. Toute chose de sa vie est décrite et racontée avec beaucoup de détails et nous entrons de plein fouet dans ses pensées les plus intimes.
Toujours de superbes descriptions de la nature et des domaines de nos héros. Leurs vies sont riches en événements et en coup du sort. Mais ils sont forts surtout Kristin qui porte beaucoup de choses à bout de bras. Erlend son époux, banni de son pays s'installe avec Kristin et ses enfants dans le domaine des parents de son épouse. Ces derniers étaient très aimés et appréciés de leurs voisins mais en revenant chez elle avec sa famille Kristin va vite sentir le rejet et la méfiance de leur entourage. Seul sa soeur Ramford et son beau-frère Simon les reçoivent avec chaleur et affection. Mais les rancoeurs et les inimitiés ne sont jamais bien loin et gâchent la bonne entente de la famille.
Où l'on voit aussi les fils de Kristin grandir, et prendre en indépendance. Ils se rapprochent de leur père et quoi de plus normal cherchent à lui ressembler. Kristin à l'âme d'une battante pour son domaine et sa famille, Erlend chevalier de son état est plus un guerrier avec l'attirance de la liberté et de l'aventure. Deux caractères différents mais qui s'aiment profondément. Sauront-ils dépasser leurs différences ?
Une magnifique fresque qui transporte par l'écriture vive et dynamique de Sigrid Undset, elle est tout empreinte de poésie et de la violence de l'époque. Aussi bien violence sociale que familiale avec les heurts et les mésententes entre différentes familles et même dans les familles. C'est une approche de la société réaliste et sans fioritures. On vit vraiment le roman.
Un gros coup de coeur.. Un portrait de femme de sa naissance à sa mort. Beaucoup de ses tourments sont ceux de son époque mais aussi de la nôtre surtout dans son rôle de femme et de mère. Son angoisse pour le devenir de sa famille, de son amour et de ses enfants.
Ce fut une lecture aussi belle qu'exigeante. Chaque chapitre a son attrait et chaque moment aussi intime qu'aventureux à de la puissance dans la narration. Il faut aussi suivre les nombreuses parentés des uns et des autres, leurs inimitiés, leurs alliances et aussi leurs noms à rallonge qui m'ont demandé un certain temps d'adaptation ;-)
L'histoire de Kristin est belle, émouvante c'est une femme de son époque qui malgré la condition féminine au Moyen-Âge vis à vis de son époux et surtout de l'Église s'est comportée d'une manière libre et forte. Elle a pris son destin en main tout en étant très pieuse mais aussi très orgueilleuse. Ce qui l'a rend d'autant plus attachante.
Je recommande vraiment cette lecture. Merci encore à Eric de m'avoir accompagné dans cette lecture commune de l'intégral de Kristin Lavransdatter.
J'ai repéré un autre livre de Sigrid Undset qu'il me plairait bien de lire un de ses jours (en général ce sont de bons gros pavés de lecture) : Olav Audunson…

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C'est avec ce troisième tome que s'achève la grande épopée de "Christine Lavransdatter" qui a valu à Sigrid Undset le prix Nobel de Littérature en 1928.

Pour le lecteur contemporain, plonger dans l'univers de Christine est tout à fait improbable : que connaissons-nous en effet du Moyen Age norvégien ? En tout cas, moi je n'y connaissais rien et si je ressors de cette saga fleuve sans en connaître beaucoup plus sous le rapport politique et historique, j'en connais désormais un rayon sous celui de la vie quotidienne et de la spiritualité (étroitement liées).

A défaut de bien connaître la Norvège je connais bien la Suède, sa voisine. A travers l'oeuvre de Sigrid Undset, j'ai donc retrouvé avec plaisir les traditions et le folklore scandinaves. La vie à la ferme, les différences sociales, le rapport à l'Eglise et à la religion catholique (nous sommes au XIVème siècle et la Réforme est encore loin) et les relations familiales prennent vie sous la plume précise de l'auteur, magnifiée par la poésie qui se dégage de chaque description.

Le lecteur, qui s'est déjà attaché dans les tomes précédents à Christine et à son mari, le chevalier Erlend, les accompagne volontiers dans leur maturité, à travers hélas un nombre croissant d'épreuves. La destinée des sept fils de Christine et d'Erlend n'est pas non plus émouvoir le lecteur qui les a vus naître et devenir des hommes.

Beaucoup d'humanité se dégage de cette oeuvre colossale (l'intégrale compte plus de mille pages) et s'il est vrai qu'il y a des longueurs, par ailleurs inévitables quand on choisit une narration chronologique axée sur toute l'existence d'un personnage, j'ai pleinement subi - comme tant d'autres lecteurs avant moi - le charme puissant et enchanteur de cette épopée qui a définitivement toute sa place parmi les grandes oeuvres littéraires du XXème siècle.


Challenge NOBEL
Challenge ATOUT PRIX 2017
Challenge PAVES 2017
Challenge PLUMES FÉMININES 2017
Challenge 1914 - 1968 2017
Challenge ABC 2017 - 2018
Challenge Petit Bac 2017 - 2018
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»La Croix » est le dernier tome de la trilogie « Kristin Lavransdatter » de Sigrid Undset .
J'ai retrouvé avec plaisir Kristin et son petit monde gravitant autour d'elle dans la Norvège moyenâgeuse. Bon, il faut que j'avoue que j'ai eu un peu de peine au début. Entre les nombreux protagonistes qui étaient mêlés au complot d'Erlend ( cf tome précédent ), les familles de ce dernier et de Kristin , il m'a fallu un peu de temps de rodage. Et n'oublions pas leurs sept fils…. Il est vrai que j'ai un peu tardé entre la lecture de ces deux derniers tomes… Je pense, rétrospectivement, que si un jour je relis ce livre, j'enchainerais les trois tomes, malgré son volume de pages plutôt conséquent. En effet, cette trilogie frôle les 1200 pages…
Même si Kristin reste le personnage central de cette saga, j'ai suivi avec intérêt la destinée d'autres personnages comme Simon, son ancien amoureux….
Une belle plongée dans cette époque médiévale, et un très beau portait de femme.


Challenge A travers l'histoire 2022
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Dernier tome de la saga. Je dois avouer que même si j'ai aimé suivre la vie de Kristin et d'Erlend, son mari, dans cette campagne norvégienne du 14ème siècle, j'ai été bien contente d'arriver à la dernière page pour enfin passer à autre chose.
Ce troisième tome nous mène vers une Kristin vieillissante, voyant ses fils partir un par un, et de plus en plus gagnée par la foi. Sa vie n'aura pas été des plus heureuse, mais il en semble de même pour ses congénères. La communauté joue un rôle extrêmement important et Erlend et Kristin souffrent d'avoir été bannis de la leur.
Je me suis sentie moins impliquée dans ce tome qui n'offre que peu de soulagement et de joie et je me dis que l'écriture de Sigrid Undset, aussi belle soit-elle, est quand même bien déprimante!
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Au fond de la vallée, les ombres plus épaisses faisaient déjà régner le crépuscule sur les terres brunes et nues ; cependant l'air de cette soirée de printemps paraissait saturé de lumière. Les premières étoiles scintillaient, humides et blanches, dans le ciel, là où le vert glauque du couchant se fondait peu à peu avec le bleu sombre de la nuit.
Mais au dessus de la ligne noire des montagnes, de l'autre côté de la vallée, trainait encore un liséré de lumière jaune dont le reflet éclairait la paroi de rocher escarpée qui surplombait la route. Et tout en haut, ce même reflet faisait briller les crêtes neigeuses et étinceler les glaciers, d'où jaillissaient des ruisseaux qui bruissaient sur le versant. L'air tout entier frémissait de leur chant. En bas, le grondement puissant du fleuve leur servait d'accompagnement. Puis il y avait le gazouillis des oiseaux s'élevant de tous les bosquets, de tous les taillis, de tous les coins du bois.
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Tous ceux qui, dans le pays, pouvaient marcher ou même ramper, suivirent le cortège.
Mais peu de jours après, une femme mourut près de Stroemmen, et l'épidémie éclata dans toute la région à la fois. La mort, l'effroi, la misère semblèrent précipiter les hommes dans un monde où le temps n'existait plus.
Le mal ne sévissait que depuis quelques semaines, si l'on comptait d'après les jours, et déjà on eût dit que ce qui avait été avant que la peste et la mort ne se fussent mises à chevaucher toutes nues à travers le pays, avait disparu de l'esprit des hommes, comme la côte s'enfonce aux yeux du voyageur dont le navire est poussé au large par un vent violent.
Personne n'osait plus se rappeler le temps où la vie, la suite régulière des jours de travail étaient l'ordre sûr et naturel des choses, et où la mort ,n'était qu'une éventualité lointaine.
Personne ne pouvait se représenter qu'il en serait à nouveau ainsi - si toute l'humanité n'était pas exterminée d'ici là.
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Les prés, là aussi, étaient jaunis et desséchés par le soleil. Il est vrai que la vallée n'était jamais bien verte, songea Christine, ce n'était pas comme à Trondhjem.
Sa pensée se reportait vers le foyer qu'ils avaient fondé là-bas ; la ferme haut perchée comme un château seigneurial sur le large flanc de la montagne, et à ses pieds, les champs, les prés, puis le bois de bouleaux s'étendant jusqu'au lac. Dans le fond un vaste paysage de collines couvertes de forêts se perdait, d'ondulation en ondulation, vers le sud et les montagnes des Dofrines. Dans les prés luxuriants brillaient des fleurs pourprées sous le ciel rose des soirs d'été ; le blé d'automne était d'un vert si frais. Et il lui arrivait de regretter même le fjord, les bancs de sable de Birgsi, les pontons avec les canots et les voiliers, les abris des pêcheurs, l'odeur du goudron, des filets à poissons, de la mer, tout ce qu'elle avait apprécié si peu à son arrivée dans le nord...
Ce passé qu'elle avait pensé ne pouvoir supporter lui manquait, et sa vie lui paraissait toute silencieuse, à présent que les échos des jours lointains s'étaient tus...
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On entendait mugir le taureau étrange quelque part, au loin. Partout ailleurs, le silence était si grand qu'il faisait mal. Seuls l'interrompaient le bruit de la rivière au bas du clos, le gazouillement du ruisseau sur le versant et un frémissement sourd qui courait dans le bois, une sorte d'inquiétude parmi les sapins, qui grandissait, s'apaisait, disparaissait pour reparaître.
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Sa lutte, allait-elle la voir se terminer maintenant, ainsi ? Avait-elle engendré une nichée de jeunes rapaces, qui s’impatientaient dans le nid qu’elle leur avait préparé, n’attendant que le moment où leurs ailes seraient capables de les porter au-delà des montagnes bleues de l’horizon ? Et leur père – leur père battait des mains et riait « Volez, volez mes jeunes éperviers ! »
En s’envolant, ils arracheraient et emporteraient des lambeaux saignant du cœur de leur mère et ils n’en sauraient rien. Elle resterait seule, et toutes les fibres qui jadis l’avaient attachée à ce vieux foyer qui était le sien, elle les avaient arrachés elle-même dans le passé...
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