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EAN : 9782372581257
Taurnada Éditions (02/11/2023)
4.31/5   137 notes
Résumé :
256 pages

Un soir de réveillon, Naomi Shehaan disparaît de la réserve indienne de Meshkanau.
Dans une région minée par la corruption, le racisme, la violence et la misère, un jeune flic, Logan Robertson, tente de briser l'omerta qui entoure cette affaire. Il est rejoint par Nathan et Alice qui, en renouant avec leur passé, plongent dans l'enfer de ce dernier jalon avant la toundra.

Un thriller dur qui éclaire sur les violences in... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (85) Voir plus Ajouter une critique
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Un polar, oui, mais qui serve une vraie cause. Tel pourrait être l'adage d'Estelle Tharreau, qui, après l'enfance maltraitée (Mon ombre assassine), le féminicide (Les eaux noires), la peine de mort aux Etats-Unis (La peine du bourreau) et le syndrome post-traumatique dans l'armée (Il était une fois la guerre), s'attaque cette fois au sort des Autochtones au Canada pour un nouveau thriller bien noir sur fond bien réel de violence et d'injustice.


La réserve innue de Meshkanau et la ville voisine de Pointe-Cartier au Canada n'existent pas. Elles n'en empruntent pas moins les traits de la tragique réalité amérindienne, alors que, assimilés de force lors de la colonisation de leur territoire par les Européens, leurs religions et leurs cultures traditionnelles interdites et leurs enfants expédiés dans des pensionnats autochtones destinés à leur faire oublier leur identité première et à les orienter vers des emplois ouvriers, les Autochtones n'en finissent pas d'en payer encore aujourd'hui les conséquences traumatiques. Impunément maltraités, victimes de multiples sévices, ceux qui ne succombèrent pas à la surmortalité des terribles pensionnats en sortirent brisés, initiant une longue chaîne de transmission d'effets destructeurs : dépression, violence, alcool, drogue, suicide et, de génération en génération, perte d'estime de soi empêchant toute reconstruction.


« Au Canada, une autochtone a dix fois plus de risque de se faire assassiner qu'une autre femme. » Faute de respect de tout autre règle la concernant, c'est de cette terrible loi qu'est victime Naomi Sheehan, une Inue de seize ans dont les fugues à répétition ont fini par ne même plus émouvoir Michèle, sa mère, trop occupée à noyer dans l'alcool la douleur héritée de son enfance en pensionnat autochtone. Soucieux d'éviter scandale et autres désagréments « pour si peu », le chef de la police confie l'enquête, en lui déconseillant tout zèle excessif, au jeune et tout juste nommé policier Logan Robertson. Contre toute attente, ce dernier prend sa mission très au sérieux et entreprend pour de bon, au grand dam de quelques notables de la ville, de faire toute la lumière sur ce énième féminicide. L'on découvrira alors qu'il n'y a pas que les fantômes du passé pour miner le sort des Amérindiens : racisme et criminalité associée n'ont impunément rien perdu de leur vigueur. Rappelons d'ailleurs que le dernier pensionnat autochtone n'a fermé qu'en 1996...


Si l'on gagnera, pour approfondir la thématique de la souffrance amérindienne, à lire des livres tels que Shuni de Naomi Fontaine, Crazy Brave de Joy Harjo ou encore Ici n'est plus ici de Tommy Orange et LaRose de Louise Erdrich, si Nickel Boys de Colson Whitehead révèle avec plus de profondeur encore le cas tout à fait semblable des pensionnats aux Etats-Unis, ce dernier livre d'Estelle Tharreau a le mérite, au travers d'une histoire addictive et bien ficelée, aux personnages intelligemment croqués et au style efficace, de peindre en peu de traits un tableau d'ensemble clair et représentatif d'un sujet encore trop largement méconnu. Il ne semble pas exagéré de dire que le génocide – physique et culturel – amérindien continue plus ou moins directement de faire des victimes.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un roman socialement et politiquement très dur sur cette toile de fond prégnante en Amérique du Nord, le traitement et le parcage dans des réserves type ghettos des peuplades natives, et tous les miasmes sociétaux en découlant, tels isolement, misère, chômage, exploitation sexuelle, racisme, violence et alcoolisme.
Corollaire abordé et pièce importante de l'enquête policière, la colonisation par l'évangélisation forcée au mépris de toute humanité des enfants indiens arrachés au prétexte d'éducation à leurs parents et traditions pour devenir de bons citoyens et de bons chrétiens à l'image des neo-citoyens colonisateurs. Cette technique d'assimilation forcée dès l'enfance ce est d'ailleurs récurrente dans les "colonies" anglo-saxonnes.

La trame policière particulièrement noire, sordide, ancrée dans cette peu glorieuse réalité, tient la route.

Petit bémol à mon goût, le roman n'échappe cependant pas a un certain manichéisme sous jacent qui grince un peu la mécanique, non pas que les natifs soient tous des victimes et les "colonisateurs" blanc des tyrans, mais les personnages manquent un peu d'épaisseur, et sont un peu trop taillés d'un bloc.
Le plus intéressant à mon avis reste le personnage de l'oncle indien Peter, personnage ambivalent, victime et bourreau tourmenté cherchant sa rédemption, symbole à lui seul des affres des peuples indigènes.

Ce polar noir au thème courageux abordant frontalement par le prisme de l'enquête policière l'histoire ancienne, récente et actuelle peu reluisante du sort sociétal réservé aux peuples natifs au Canada frappe fort, et l'on peut regretter qu'en France l'on a toujours des difficultés et des freins à explorer notre peu glorieuse histoire récente au travers de fictions policières, les auteurs ne s'engageant que rarement encore sur ces sujets délicats voire tabous.

A la fin personne ne sortira gagnant de cet épisode meurtrier et de l'enquête, et même si la vérité éclate et redonne un peu de dignité au peuple de la réserve, ce n'est qu'un soubresaut dans l'inéluctable décrépitude de cette micro-société.

Un roman intéressant à découvrir.
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Bonjour,
Voici “Le dernier festin des vaincus” de Estelle Tharreau . Attendez-vous à affronter un thriller très sombre et très dur. Tout d'abord, disparition d'une jeune mineure dans une réserve indienne au Canada. Ensuite, entrée en scène d'un jeune flic qui va tenter de résoudre cette affaire complexe. L'intrigue va au delà du scénario et dénonce sans fard la vie des indiens dans les réserves, la maltraitance dont ils sont victimes, la corruption, les discriminations ,les violences sexuelles, le fléau de la drogue et de l'alcool qui fait des ravages. J'ai été bouleversée par les atrocités supportées par les enfants indiens dans les pensionnats où leur identité disparaissait. Ces enfants martyrisés n'avaient comme horizon que des séquelles irréversibles. L'auteure nous séduit à nouveau avec ce roman féministe, engagé et digne d'une plume percutante et incisive. L'atmosphère sombre, oppressante et imprégnée de malheurs vous submergera. Vous ressentirez les douleurs des personnages, leurs souffrances , leur misère, leurs addictions, leur mal-être et leur résignation. Un récit poignant et émouvant à découvrir!
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Voici mon retour de lecture sur le Dernier festin des vaincus d'Estelle Tharreau.
Un soir de réveillon, Naomi Shehaan disparaît de la réserve indienne de Meshkanau.
Dans une région minée par la corruption, le racisme, la violence et la misère, un jeune flic, Logan Robertson, tente de briser l'omerta qui entoure cette affaire. Il est rejoint par Nathan et Alice qui, en renouant avec leur passé, plongent dans l'enfer de ce dernier jalon avant la toundra.
Le Dernier festin des vaincus est un thriller qui traite des violences intracommunautaires et des traumatismes liés aux pensionnats indiens, dont les femmes sont les premières victimes.
C'est un roman très dur mais extrêmement intéressant et bien ficelé sur un sujet peu traité.
Quand Naomi disparaît, personne n'est étonné. Elle est indienne, vit dans la réserve de Meshkanau. Un endroit difficile, où de nombreuses jeunes filles ont une vie très dure : viol, drogue, c'est leur quotidien.
Marie essaye de les sauver mais elle n'y arrive pas toujours.
Naomi avait toutes les raisons de fuguer, et son départ ne choque pas réellement sa mère.. Même quand le corps de la jeune fille est découvert sa mère ne semble pas réellement affectée. Par contre, Peter, l'oncle de la victime, pète un câble..
Mais que se passe t'il donc dans cette réserve ??
Un jeune flic, pas encore corrompu, décide d'enquêter malgré l'accord de son chef. Un jeune étudiant blanc, Nathan, a lui aussi l'intention de mettre un coup de pied dans la fourmilière.. sans imaginer un seul instant où il va mettre les pieds ! Il entraîne avec lui Alice, une jeune indienne qui a quittée la réserve dans des conditions compliquées..
Ce roman est très bien ficelé. le sujet choisi fait froid dans le dos car ce qui se déroule dans cette réserve trouve en partie sa source dans le passé, dans ce pensionnat où les indiens étaient parqués enfants.. Un pensionnat où des choses épouvantables se déroulaient.
J'ai eu mal au coeur à de nombreuses reprises, comment accepter que de tels faits aient pu se dérouler. Certes c'est un roman mais il est évident que ce n'est pas que ça et que l'autrice s'est sacrément documenté pour l'écrire.
Les personnages sont complexes, leur personnalité bien creusée.
En ce qui concerne Nathan et Alice, très importants car au coeur de tout ça, ils sont touchants même si parfois le jeune homme est une vraie tête à claque. Il n'a pas compris où il mettait les pieds et qu'en allumant une minuscule mèche, il peut allumer un grand feu. Etre blanc et mettre les pieds dans une réserve indienne, avec le père qu'il a et qui traficote, ne sera pas sans conséquences. Il va lui falloir assumer ses actes.
Quand à Alice, son passé va la rattraper et lui sauter au visage ; mais il m'est impossible d'en dire plus.
J'ai été scotchée par ce roman, comme souvent avec les publications des éditions Taurnada.
L'écriture d'Estelle Tharreau fait mouche, elle nous emmène au coeur de l'inconcevable et ça fonctionne parfaitement.
C'est complexe, avec un dénouement inattendu. J'ai adoré être remuée par ma lecture.
Le Dernier festin des vaincus est un excellent thriller que je vous recommande sans aucune hésitation et note cinq étoiles bien méritées.
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Être autochtone n'est jamais facile quand son pays qui a été colonisé par l'Homme Blanc et que ce dernier a décidé que les enfants devaient apprendre la langue des hommes civilisés et prier le Dieu des Blancs…

Aculturés, martyrisés, de nourriture privés, frappés, violentés, violés, même, ces enfants sont sortis des pensionnats des Blancs plus pauvres qu'en y entrant, puisqu'ils savaient à peine lire, à peine écrire et avaient perdu tous leurs repères avec leur culture, leur famille.

Comment s'en sortir ensuite, comment arriver à trouver un job autre que celui de pauvre travailleur mal payé et maltraité (un "mandaï", comme on dit chez nous) ? Comment ne pas sombrer dans l'alcoolisme, la drogue, le m'en-foutisme et se contenter des allocations données par le gouvernement afin que les natifs restent bien dans leur coin et leur misère à tous les étages ?

Au commencement de ce thriller, j'ai eu un peu de mal, à cause des nombreux personnages et du fait que le début du récit faisait cafouillis dans ma tête, comme si tout s'embrouillait. Heureusement, cela n'a pas duré et une fois remise sur les rails, le récit à filé comme un TGV et il m'a été impossible de refermer le roman pour aller au lit (dur le lendemain au réveil).

Les personnages ne sont pas trop approfondis, l'autrice a choisi d'aller droit au but et ce manque de détails m'a lésé durant ma lecture (ça passe ou ça casse). Malgré tout, j'avais envie de savoir ce qui était arrivé à cette pauvre Naomi et l'enquête piétinait tellement que les flics l'ont même classée, avant qu'elle ne revienne comme un boomerang dans la gueule de certains.

Ce roman est un polar qui met en scène une disparition et un décès afin de parler des problèmes des femmes autochtones au Canada, ces femmes qui ont plus de chance que toutes les autres de disparaître et de finir au terminus des allongés. Grave, non ?

Ce polar en profite aussi pour parler des pensionnats et des traitements terriblement inhumains que l'on a fait subir aux enfants dont il fallait tuer l'indien en eux.

Sans oublier que ce polar va parler aussi d'écologie et surtout du volet social : tous ces autochtones qui ont du mal à trouver du travail, qui boivent, laisse leurs enfants en plan, leur refilant leur mal-être comme un virus contagieux. Une boucle sans fin, un serpent qui se mord la queue, un héritage maudit.

Un polar violent, qui met en lumière des épisodes peu connus dans nos pays et qui, sous couvert d'une enquête policière, va nous parler de tous un tas de problèmes qu'on les natifs du Canada.

Le final est extrêmement tendu, rempli de suspense et d'adrénaline et même si l'on met fin aux agissements du coupable, personne ne sortira vraiment vainqueur de cette histoire… Les Natifs en baveront toujours autant, comme s'ils n'en avaient pas déjà assez bavé.

Un récit poignant et bouleversant par certains moments. Même s'il ne décrochera pas la floche des 4 Étoiles, il restera dans ma mémoire, comme bien d'autres avant lui parlant du même sujet…

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
L’âge d’or des scieries familiales était révolu et laissait ces habitants du dernier jalon avant la toundra dans un isolement géographique, économique et social toujours plus profond. Les aides et subventions de la capitale étaient des mesures cosmétiques qui n’empêchaient nullement la lèpre de la pauvreté de se répandre. Les Innus avaient été les premiers à en faire les frais. Les Blancs leur emboîtaient le pas dans la douleur.
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Logan n’aimait pas le zèle, les héros, les justiciers, les coups d’éclat et les grandes gueules. Il n’avait pas un ego surdimensionné, mais suffisamment d’amour-propre pour refuser d’être pris pour une marionnette. Une force tranquille et non un pauvre type. Un gentil, mais pas un naïf. Discret , mais pas insipide. Par-dessus tout, il détestait ceux qui trahissaient leur engagement pour couvrir les notables ou les figures politiques du coin. Ils haïssaient les petits arrangements avec la vérité.
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Ils s’étaient tus et personne ne leur avait posé de questions comme si tous connaissaient les horreurs des pensionnats et les avaient intégrées comme une fatalité qui s’abattait sur leur peuple de génération en génération. Un fléau que chacun devait affronter en silence.
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« Tu sais que le taux de suicide chez les autochtones est cinq fois supérieur à la moyenne nationale. Que leur taux d’incarcération est plus élevé. Qu’une femme autochtone a dix fois plus de risque de se faire assassiner. Que 1181 d’entre elles ont disparu . 1017 ont été retrouvées mortes et 164 restent introuvables…
– Fiche-moi la paix !
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L’indifférence quant au sort d’une gamine qui s’évapore du jour au lendemain dans un environnement qu’on savait si hostile et dangereux pour les adolescentes en errance.
« D’accord , la mère n’est pas inquiète, mais Naomi est quand même mineure et…
– Et quoi ? Tu dois bien te douter que Marie veut instrumentaliser cette disparition pour attirer l’attention des médias sur Meshkanau et en faire une tribune politique contre le projet de scierie et tout le reste.
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Videos de Estelle Tharreau (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Estelle Tharreau
« le Dernier festin des vaincus », le booktrailer. Un thriller d'Estelle Tharreau.
Un soir de réveillon, Naomi Shehaan disparaît de la réserve indienne de Meshkanau. Dans une région minée par la corruption, le racisme, la violence et la misère, un jeune flic, Logan Robertson, tente de briser l'omerta qui entoure cette affaire. Il est rejoint par Nathan et Alice qui, en renouant avec leur passé, plongent dans l'enfer de ce dernier jalon avant la toundra.
Un thriller dur qui éclaire sur les violences intracommunautaires et les traumatismes liés aux pensionnats indiens, dont les femmes sont les premières victimes.
« Au Canada, une autochtone a dix fois plus de risque de se faire assassiner qu'une autre femme. »
Roman disponible le 2 novembre 2023 (papier & numérique).
Infos & précommande ici https://www.taurnada.fr/ldfdvet/
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