Le programme que la conférence assignait à ce Comité tenait en une phrase : proposer aux Juifs un lieu d'établissement quelque part dans le monde. " C'est-à-dire n'importe où mais pas chez nous, songea Patrice en prenant connaissance de la résolution ; j'imagine qu'en ce moment Hitler se frotte les mains. L'inertie et l'impuissance des démocraties lui apportent, une fois de plus, la preuve qu'il peut faire des Juifs ce que bon lui semble. Personne ne lèvera le petit doigt pour leur venir en aide. "
Où finissent les compromis, où commencent les compromissions, nœud gordien délicat à trancher.
Il faudrait comprendre, Monsieur Orvieto, que nul n'a encore inventé la guerre propre; Je vais vous choquer, et je m'en excuse. Mais qu'après trois années de conflit nous comptions déjà les morts par millions, des soldats, des résistants, des otages, des Polonais, des Français, des Juifs, eh bien moi, voyez-vous, ça ne me surprend pas trop. Sans doute parce que j'ai été moi-même sur le front, une expérience que peu d'entre vous connaissent. Ma réponse à votre note, elle tient en une phrase, que voici : commençons par gagner cette guerre, nous pleurerons nos morts ensuite.
Il faudrait comprendre, monsieur Orvieto, que nul n'a encore inventé l
Patrice passait ses journées à courir entre l'immeuble de Carlton Gardens, où de Galle et ses collaborateurs venaient de s'installer et les différents ministères où Dewavrin l'envoyait retirer des dossiers, porter des plis confidentiels, nouer des contacts. Il découvrait combien la guerre est agréable quand on ne la fait pas. Elle gomme le quotidien, annihile toute pensée individuelle, et décuple le sentiment de puissance.
Tout était dit. Les images. Sans elle, impossible d'imaginer, précisément. Le journaliste n'était pas convaincu, Wernher le sentait bien. Mais il ne pouvait rien répliquer. Pas d'image, pas de preuve. Donc pas de mots, pas de commentaires, pas de questions ni de remarques, oui mais quand même, ne pensez-vous pas, ne vous dites-vous jamais que ... Fin de la discussion.
Vous, les intellectuels français, vous êtes incompréhensibles. Sérieux et cérémonieux tout le temps, et pour quel résultat ? Pétain et Laval
« une fois encore les bouchons de champagne doivent sauter à la Chancellerie du Reich, jugea Patrice ;nous supplions les Allemands de résoudre le problème qu’ils ont eux-mêmes créé, manière de leur répéter, au cas ou ils ne l’auraient pas encore compris, que nous leur laissons les mains libres. Face à Hitler, le monde entier avoue son impuissance. C’est la une conduite étrange venant d’Etats qui ne parlent que de contrer les nazis. »