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La taille du livre va peut être vous effrayer, mais vous ne serez pas déçu lorsque vous en tournerez la dernière page.
Saga familiale qui se déroule principalement à Berlin mais pas que, ce vaste roman nous entraine chez les Effinger, que nous suivrons sur 3 générations. C'est remarquable, intéressant d'un point de vue historique, bref j'ai adoré cheminer avec cette famille.
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Je débute cette cinquième édition des Feuilles allemandes avec un véritable parpaing de 1.240 kg et 930 pages! Si cette grande saga familiale berlinoise semblait très prometteuse et avait a priori tout pour me plaire, je l'ai lâchement abandonnée après avoir (tout de même) lu 620 pages.

Avec Les Effinger (2023), paru en allemand en 1951, la journaliste et romancière allemande Gabriele Tergit, de son vrai nom Elise Hirschmann (1894-1982), revient sur septante ans d'histoire allemande à travers la vie de quatre générations de deux familles juives allemandes aisées. Entre 1878 et 1948, elle nous plonge ainsi dans la vie des Effinger, une famille d'industriels bavarois, et de celle des Oppner, des banquiers berlinois de père en fils.

Si la perspective de me plonger dans cette vaste fresque historique et sociale inspirée de l'histoire familiale de l'autrice me réjouissait, j'ai à mon très grand regret assez rapidement déchanté, la raison principale étant liée au style de l'autrice que je n'ai malheureusement pas apprécié. Si les chapitres très courts et les phrases très simples confèrent certes du rythme au roman, ces dernières pêchent par leur côté souvent beaucoup trop factuel. Les chapitres quant à eux sont constitués d'énormément de dialogues, pas toujours pertinents, et manquent selon moi cruellement de descriptions. L'autrice a par ailleurs créé une impressionnante galerie de personnages qui semblent pour la plupart très creux et inconsistants, sans réelle profondeur psychologique. Enfin, en usant fréquemment de sauts temporels, des événements historiques intéressants sont à peine survolés alors qu'ils auraient mérité d'être davantage approfondis.

J'attendais beaucoup de ce roman présenté comme un « roman majeur de la littérature européenne », d'autant plus qu'il a rencontré un immense succès en Allemagne lors de sa réédition en 2020 alors qu'il avait été très largement boudé lors de sa première parution en 1951. Lors de ma lecture, je n'ai pu m'empêcher de penser à une autre ré-édition très récente – Les enfants Oppermann (2023) de Lion Feuchtwanger (1884-1958) – qui, sur une durée historique toutefois beaucoup plus courte, témoigne elle aussi, mais de façon bien plus intéressante et approfondie selon moi, du « monde disparu des juifs allemands ».

A lire également sur le blog.

Lien : https://livrescapades.com/20..
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Qualifier ce livre de "roman majeur de la littérature européenne", selon la quatrième de couverture, me semble un peu exagéré …
Important, certes, car l'ouvrage comporte presque 1000 pages. Une saga berlinoise qui court de 1878 à 1948, de l'Empire allemand réuni sous la férule de Bismarck et enrichi des faramineuses réparations payées par la France après sa défaite de 1871 à la reconstruction de la République fédérale au lendemain de la reddition sans condition du Reich hitlérien.

A travers deux familles typiquement allemandes, l'une prussienne - les Goldschmidt - et l'autre bavaroise – les Effinger - les uns banquiers, les autres industriels, l'histoire de l'Allemagne, de ses réalisations techniques, commerciales et artistiques avant puis après la Grande guerre.
Ce sont deux familles juives, totalement intégrées dans le milieu de la haute bourgeoisie, patriotes forcenées, qui pratiquent leurs traditions religieuses et familiales en toute discrétion, ardemment honnêtes et acharnées au travail. Des modèles de citoyenneté.

La première partie du roman raconte l'histoire des liens qui se tissent entre ces deux familles : les cousinages : la recherche de beaux mariages y tient une place prépondérante, les jeunes garçons font des études universitaires ou entrent en apprentissage dans les entreprises de leur parentèle …
Je recommande, avant de commencer, de faire une photocopie des arbres généalogiques de tous les personnages car on s'y perd rapidement.
D'autant que certains héros marchent par deux, comme les principaux : Paul et Karl Effinger, Annette et Sofie, et surtout Lotte et Marianne … et surtout, le génie tutélaire : l'oncle Waldemar, juriste renommé et philosophe respecté.

La seconde partie du roman ressort davantage de l'essai politique. Il m'a fourni une réponse à la question que je me posais depuis des dizaines d'années : comment un peuple aussi cultivé, respectueux des normes et du droit naturel, inventif et laborieux que le sont de temps immémoriaux les Allemands a-t-il pu sombrer dans l'horreur du nazisme ? Une réponse : l'usage massif du mensonge …

En fait, le nom d'Hitler n'apparaît qu'en page 678, le mot « nazi » en page 798. Mais la description réaliste, détaillée, mécanique et pratique des malheurs de l'Allemagne de Weimar est éclairante.
La théorie du « coup de poignard dans le dos » donné par les politiciens signataires des traités de Versailles à une armée jamais vaincue, l'idée que les Juifs sont les accapareurs et seuls responsables de l'inflation galopante et de la crise économique mondiale, la désintégration d'une économie largement dépendante de l'étranger … et qu'il faut les chasser, les exproprier, les anéantir … Ces idées s'insinuent tout doucement, les Juifs allemands n'y croient pas. Paul déclare souvent que « le gouvernement ne ment pas, c'est antipatriotique de ne pas croire à la propagande. »

Ces techniques de subversion des masses, nous les voyons à nouveau sous d'autres procédures aujourd'hui en Europe … et ailleurs. Insidieusement ou carrément, on abreuve le peuple de fausses nouvelles. C'est terrifiant car il est bien connu que « L Histoire ne se répète pas, elle bégaie. » comme aurait dit Karl Marx … ou Mark Twain

Sur le plan de la forme, je trouve toutefois que la traduction n'est pas optimale. Certaines expressions sont naturellement difficiles à traduire mais auraient mérité une explication : par exemple la tradition de la « tanzschule », ou leçon de danse … qui fut l'une de mes plus étonnantes découverte lors de mes séjours en RFA dans les années soixante. Car cette habitude de donner des leçons de danse de salon à des adolescents des deux sexes perdurait encore. Inimaginable pour une jeune française … Autre maladresse : employer le mot « office » à la place de « ministère », mais j'ai découvert un nouveau mot : « climatère » dont je laisse à mes lecteurs la peine de découvrir le sens (un indice : carence en oestrogènes).

Bref, l'intérêt de cet ouvrage est à plusieurs niveaux : la réalité des personnages – on évitera les trop longues digressions philosophiques – la description des mouvements culturels et politiques de l'entre-deux guerres – la valeur morale profonde de ces Allemands de confession juive anéantis et dont la créativité manque cruellement à l'Allemagne d'aujourd'hui.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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J'ai plutôt apprécié cette saga familiale qui m'a permis de découvrir le quotidien de familles juives allemandes depuis les prémices de l'antisémitisme jusqu'à son avènement .De nombreuses personnalités évoluent tout au long de l'histoire et c'est peut-être là ce qui m'a attirée mais aussi qui m'a posé quelques difficultés en raison de la construction en chapitres puzzles que j'ai eu parfois du mal à reconstituer.
J'ai apprécié les détails sur les lieux ,les costumes , Berlin et son histoire, la précision sur les caractères de chacun de ceux qui sont apparus au fil de l'Histoire.
Bilan positif , donc ,mais la lecture de ce livre se "mérite" et demande une certaine concentration
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Garbiele Tergit a écrit son roman entre 1931 et 1951. A l'époque, la publication d'Effingers est passée inaperçue. Ce n'est qu'en 1977 que son chef-d'oeuvre a été redécouvert et appaudi grâce à une réédition allemande. Tergit raconte l'histoire de trois générations de deux familles juives, les Effingers en Bavière et les Oppner à Berlin entre 1878 et 1948. Les deux familles seront réunies par des mariages et la plupart du temps l'intrigue est située à Berlin. Les premiers sont des industriels et les seconds des banquiers. Il s'agit de familles aisées qui jouent un rôle important dans la société allemande de la fin du 19ième siècle. de vrais patriotes aussi. D'ailleurs, le mot "juif" n'apparaît que rarement dans les deux tiers du roman. C'est seulement dans les 50 dernières pages qui racontent l'avènement du nazisme, que le mot "juif" apparaît. Ces pages nous font témoins de la déshumanisation progressive du peuple juif. Les personnages qui nous ont tenus compagnie pendant plus de 600 pages sont éliminés les uns après les autres par le système nazi, que ce soit physiquement ou socialement. le roman nous montre que de grands patriotes, qui ont financé l'Etat prusse, deviennent des "corps étrangers", sont accusés d'avoir provoqué l'inflation et la pauvreté que l'Allemagne a connues après la Première Guerre mondiale. Tergit nous raconte son épopée avec des chapitres très courts. C'est en quoi son roman est original, frais, innovateur. Elle utilise en fait la structure d'un feuilleton ou d'une série, avant la lettre, en dessinant des scènes courtes dans lesquelles elle esquisse ses personnages et le moment de leur vie dans lequel ils se trouvent, parfois banal, parfois crucial. Et à l'aide de ces tableaux successifs elle nous donne son point de vue, elle étant juive aussi, d'une société qui, en à peine 70 ans, change fondamentalement. On peut y lire un avertissement pour les temps auxquels nous vivons. le "fake news" n'est pas un phénomène nouveau.
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Les Effinger c'est une oeuvre colossale par son nombre de pages tombée dans l'oubli. Gabriele Tergit plongée romanesque dans la vie des Juifs allemands entre 1870 et 1948.

Ce roman social de près de mille pages et 150 chapitres est passé totalement inaperçu lors de sa parution en Allemagne en 1951 et il est traduit pour la première fois en français.

Inspiré de la vie de Gabriele Tergit, on suit les Effinger, une famille juive qui atteint une richesse considérable grâce à son travail acharné. Ce n'est pas seulement le portrait d'une famille, c'est surtout celui d'une époque charnière dans l'histoire de l'Allemagne : industrialisation, première guerre mondiale, fin de l'Empire, Années folles, montée du nazisme...

La vie de ces personnages, de cette famille juive fière de ses racines, va être percutée par le nazisme. D'une certaine façon, elle nous offre une plongée dans un monde oublié» que le Troisième Reich a tenté de faire disparaître.

Le livre est très bien écrit et documenté, parsemé de dialogues mais non exempt de longueurs. Je me suis beaucoup ennuyée car si l'autrice excelle dans l'art de caractériser les milieux de vie et les états d'esprit, elle nous abreuve de mille et un détails, de nombreuses descriptions dont je me serai volontiers passer.

Un roman trop long pour moi, qui s'attarde sur des aspects financiers, industriaux... qui ne m'ont pas intéressé !
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Les Effinger retrace la vie d'une famille juive berlinoise sur un siècle. Il ne s'agit pas d'un roman qui ne s'intéresserait qu'à la judéité : c'est une exploration de la façon dont le temps passe, à laquelle on nous donne accès, par la simplicité et la légèreté de la vie bourgeoise, avec ses hauts et ses bas. On y voit un Berlin qui n'existe plus, des repas de fêtes, des lumières, des ambiances, des meubles, ainsi qu'une vie fantasmée de la campagne du Sud de l'Allemagne dans le village fictif de Kragsheim.
Certaines ritournelles dans l'ouvrage marquent une espèce de cycle du temps qui nous montre que l'âge d'or n'existe pas, mais que la déliquescence et les crises si, et toujours un cran plus fort, de générations en générations.
Toute la fadeur et le calme de cette vie vole petit à petit en éclat, dans l'échec des idéaux libéraux, le fascisme grandissant. Sans aller dans des analyses de fond, Gabriele Tergit déploie avec finesse la façon dont l'échec de l'implantation socialiste en Allemagne a conduit à l'hybridation du national socialisme, terreaux des déçus. La fin de l'oeuvre fait voler en éclat ce qui reste de la famille et de l'intimité, quand L Histoire vient la serrer dans sa main implacable.
Moins puissant peut-être qu'un Buddenbrook, Tergit ajoute à la thématique du temps une certaine légèreté, un constat de la fatalité sans tomber dans le fatalisme, qui nous révèle combien l'intimité pousse à croire que les choses sont sous notre contrôle alors qu'elles nous échappent sans cesse... à plusieurs reprises, dans des intérieurs cossus, diverses guerres ou crises politiques sont envisagées comme impossibles et impensables... et les voilà à nos portes, inévitables... évidentes pour nous, dans nos intérieurs cossus, certains que cela ne pourra jamais recommencer... Un siècle en 900 pages, la vie comme elle va, vient et disparaît. Une belle expérience de lecture !
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Lecture démarrée avec enthousiasme et curiosité, mais une réelle déception : un style très quelconque, des dialogues où parfois l'on se demande « qui a dit quoi », une galerie de personnages qui donne un peu le tournis, et qui pour beaucoup ne sont pas très intéressants. Des longueurs, qui nous font trop souvent perdre le fil de l'histoire. J'ai du me forcer pour lire les deux derniers tiers…Dommage, le sujet valait la peine que l'on y consacre une saga !
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Présenté comme la version juive berlinoise des « Buddenbrook » de Thomas Mann, « Les Effinger » a commencé à être écrit en 1933 pour être terminé en 1950.
Son autrice a mis beaucoup d'elle-même dans ce pavé de près de mille pages qui parcourt la période 1878-1948 au cours de laquelle évoluent quatre générations d'industriels et de banquiers allemands.
Paul et Karl sont deux frères issus d'une famille d'horloger de la Franconie. Sans être orthodoxe, le père est pratiquant. Les garçons s'envolent à Berlin pour monter une affaire de fabrication de vis. En épousant Annette et Klara Oppner, filles d'un banquier, ils rejoignent la grande bourgeoisie berlinoise.
Témoignage d'une époque révolue bouleversée par deux événements majeurs – la Première Guerre mondiale et l'arrivée d'Hitler au pouvoir -, le récit décrit par le menu le déclin d'une dynastie mais aussi les courants culturels et de pensée ainsi que les mutations économiques qui parcoururent ces décennies : expressionnisme, marxisme, communisme, socialisme, nazisme, antisémitisme, sionisme, féminisme, industrialisation...
Les échanges vifs entre les différentes générations sont le reflet de ces secousses.
Si j'ai apprécié l'acuité du panorama quasi exhaustif de ces soixante-dix années d'histoire, j'ai été moins séduite par les personnages tellement nombreux que leur psychologie n'est qu'effleurée.
Deux personnages sortent du lot : Paul, l'archétype du Juif tellement assimilé qu'il ne peut croire au projet délétère des nazis, et Waldemar, un humaniste « à l'ancienne » qui constate avec lucidité la disparition d'un monde.
Lien : https://papivore.net/littera..
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Originaire de Kragsheim, bourgade allemande où son père est horloger, Paul Effinger décide d'aller tenter sa chance à Berlin. Quelques années après la fin de la guerre de 1870, la chance sourit aux audacieux et le jeune homme entend bien en profiter. Il se lance dans l'industrie puis c'est la rencontre avec la famille Oppner. L'un de ses frères, Karl, rejoint alors l'entreprise et épouse l'une des filles d'Emmanuel Oppner. Les années vont ainsi se succéder, avec leur suite d'événements : mariages, naissances, deuils… Les personnages vont traverser les grands moments de l'histoire et le lecteur les accompagnera jusqu'à l'arrivée au pouvoir d'Hitler et les persécutions dont la famille, d'origine juive, va être victime.

Véritable roman fleuve, saga familiale mais aussi historique, politique et sociale, ce livre est une somme passionnante. Parue pour la première fois en 1951, cette oeuvre monumentale est restée quasiment inconnue jusqu'en 2019 où elle rencontre enfin son public et ses lecteurs.

Ce récit, à travers le destin des familles Effinger et Oppner, est un témoignage captivant de l'histoire de l'Allemagne. Début de l'industrialisation, guerre mondiale, années folles, montée du nazisme mais aussi évolution des moeurs, confrontation des générations, émancipation des femmes… c'est une analyse très complète de ces années par le prisme d'une famille de la grande bourgeoisie dont le monde change et disparaît inexorablement.

Tous les personnages sont extrêmement bien définis et Gabriele Tergit dresse des portraits d'une grande vivacité, avec leurs caractéristiques, leurs qualités, leurs défauts, leurs failles, leurs croyances, leurs inquiétudes et leurs certitudes.

L'alternance des personnages et le rythme des dialogues permettent ainsi à l'auteure de ne pas écraser son lecteur sous les plus de 900 pages que compte ce roman et de donner un véritable souffle à ce roman. On ne s'ennuie pas une seconde à la lecture et on n'est jamais tenté de sauter des pages, ce qui peut sembler être une véritable gageure compte-tenu de la densité de l'oeuvre. de la même manière, aucun des personnages, même secondaire, ne parait superflu. Tous ont leur partition à jouer et leur rôle dans l'enchaînement des épisodes et dans leur imbrication.

Le récit est par ailleurs superbement servi par la traduction de Rose Labourie (traductrice notamment de Chris Kraus) qui fait une nouvelle fois preuve d'une grande justesse pour rendre justice au livre de Gabriele Tergit et qui lui donne probablement ce petit côté moderne de la langue qui ne dénature à aucun moment le récit.

Une fabuleuse idée de la part de Christian Bourgois Editeur que d'avoir remis en lumière cette oeuvre majeure.
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