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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quelle écriture, mais quelle écriture !!!

On est immergé dans la Guyane d'aujourd'hui et d'hier, au travers de ses coutumes et de son histoire.
Moi, je suis de métropole, et cela m'a passionnée d'en apprendre plus sur mes compatriotes guyanais. Pourquoi n'apprend-on pas l'histoire des colonies françaises? Parce qu'il faudrait aussi expliquer l'esclavage ?

C'est un cri de colère aussi, celui de la jeunesse abandonnée par le pouvoir central parisien... au travers de l'histoire de Kerma, on navigue entre son histoire personnelle et celle de cette province lointaine.

J'ai beaucoup aimé, le seul bémol, c'est que je me suis un peu perdue par moment, mais franchement aucun regret, Christiane Taubira m'a embarquée en Guyane et c'était magique !
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On connait la verve de Christiane Taubira. Elle la met au service des jeunes de la Guyane. Un roman riche en anecdotes, coutumes et vocabulaire qui fait connaître la Guyane de l'intérieur, physiquement et socialement. Il y a aussi une forte dénonciation de la main mise métropolitaine sur la population locale, les incohérences dues au parachutage de fontionnaires qui ne sont pas au fait des besoins, les injustices flagrantes...
Christiane Taubira n'élude pas les difficultés des jeunes, notamment attirés par des trafics divers parce qu'il faut vivre, parce qu'il n'y a pas de travail, pas d'avenir non plus.
J'ai compris que les solutions ne semblent pas pour demain.
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Le premier et dernier chapitre se rapportent au procès de Kerma. Pour 15 euros, il a transporté ceux qui ont commis un braquage avec mort d'homme, un blanc. Entre les deux c'est l'histoire de la Guyane portée par la voix vibrante de Taubira.
Elle raconte le passé, de l'esclavage à la colonisation, les Indiens chassés de leurs terres, les richesses minières aux mains de gros exploitants.
Elle raconte la culture de son pays : le carnaval, les danses, les rodéos nocturnes et les soirées de palabres et de contes. Elle décrit dans une langue stylisée mélangée de créole la beauté et l'extravagance de la faune et de la flore.
Elle dit surtout la jeunesse déboussolée dans ce lieu sans avenir.
Un vrai dépaysement et une mise en perspective salutaire pour comprendre les français de là-bas et leur rendre justice.
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Avec Grand Balan, on découvre plusieurs tranches de vies qui ont toutes pour point commun de dresser un portrait de la Guyane et d'être plus ou moins liées au procès qui ouvre le récit, celui de Kerma qui s'est retrouvé, sans le vouloir, mêlé à une sombre histoire.

Appréciant beaucoup la verve oratoire de Christiane Taubira, j'ai aimé me plonger dans son style écrit, lui aussi extrêmement riche et puissant.
J'ai aussi trouvé passionnant de découvrir, un peu, cette région lointaine que je connais si mal, ainsi que les réalités sociales et historiques qui la constituent et la bousculent.
Je me suis toutefois parfois sentie un peu perdue, peinant à me laisser entraîner par l'histoire, la démonstration prenant un peu trop la place du romanesque à mon goût. En fait, je ne savais plus trop si je lisais un roman ou un essai et j'avais parfois du mal à reprendre mon souffle, comme devant quelque chose de trop ambitieux peut-être. Mais peu importe au final, j'ai voyagé au coeur d'une très belle langue et c'est déjà beaucoup.

Un grand merci aux éditions Plon et à Babelio pour cette grande lecture.
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La mission que s'est donnée l'ancienne Garde des Sceaux : offrir à ses lecteurs un roman polyphonique avec pour fond d'écran sa Guyane natale. Mais Gran Balan ne se limite pas uniquement à ce territoire. L'auteure fait une incursion au Surinam et nous emmène également au Brésil en parcourant l'Amazonie.

Kerma, Hébert, Pol-Alex, Dora, Sula, Sang-nom, Elles, Ellen sont les huit chapitres qui illustrent les différents protagonistes de ce roman sociologique. Utilisant une trame chronologique allant du début à la clôture du procès de Kerma, Gran Balan met en scène les peines et les joies individuelles sur fond de grande Histoire très détaillée.

Kerma Nossi comparaît devant la Cour d'assises pour complicité dans un braquage. Face au juge, à la magistrature, au jury populaire et à l'assemblée de citoyens présents, il est temps, après quatre ans d'emprisonnement, de s'expliquer. Intimidé par les questions de l'avocat général, il cherche dans la foule le regard de sa mère. En vain. Alors pour tenter de tenir face à toute ce beau monde, il pense à Ti Momo, l'ancêtre rencontré sur la place des amandiers. Maître des jouxtes verbales, ce dernier était devenu son rempart contre le désespoir.

Avec Hébert, nous quittons la Cour d'assises pour rejoindre le carnaval. Les Touloulous paradent sous le son de clarinettes, de quelques tambours et les cris de la foule. La troupe, qui comprend Hébert, fera le tour de la ville. le long de son parcours, nous croisons les monuments et édifices témoins d'une architecture ancestrale. Les groupes se succèdent, faisant revivre les héros d'une autre époque. Les symboles et les références au passé sont bien présents, réincarnés par des descendants fidèles à leur histoire caribéenne.

À la croisée de leurs chemins

Pol-Alex entame une nouvelle journée de travail. Educateur, il rejoint le centre fermé (CEF) pour jeunes. Les rencontres qu'il organise visent à regagner une confiance auprès d'une jeunesse dont il peine à maîtriser les codes. Car il s'agit avant tout de persuader le groupe à respecter les siens. Faisant fi du travail des associations locales, regrettant souvent l'approche de l'Etat, il préfère adopter une approche individuelle face à une problématique qui semblent dépasser les acteurs de terrain.

Mais il s'agit surtout de nous révéler leurs contradictions. Nous les dévoilant à travers un procédé de témoins-relais, leurs existences s'entremêlent pour donner cours à des échanges vifs et animés. Mettant en lumière les barrières entre les générations mais également les changements qu'ils peuvent opérer, ils offrent rythme et légèreté dans un récit qui traitent d'une thématique souvent ardue et complexe.

La justice est décrite selon différentes perspectives, incarnées tour à tour par les différents échelons. Kerma, Pol-Alex, Hébert, Dora et Sula incarnent chacun à leur niveau un visage la mettant en scène, la reniant ou cherchant simplement à composer avec elle.

Energie, puissance mais aussi minutie et musicalité caractérisent l'écriture de ce roman. S'inscrivant dans les traces de Mahagony d'Edouard Glissant, Gran Balan rappelle à de nombreuses reprises les épopées de Mathieu Béluse. Il s'agit d'un roman enrichissant à plus d'un égard. Il redonne voix à une multitude de diversités tout en nous offrant une escapade dans un lieu habité d'une histoire vibrante et remplie de symboles décrits et illustrés avec beaucoup de passion.



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Yé cric Yé crac, p. 16 le ton est donné, immersion totale en Guyane. Comprenne qui pourra. J'ai compris Yé mistricri Yé Misticra, est-ce que la cour dort ? Non la cour ne dort pas cric crac. Me voilà le sourire au cœur, qu'il est bon de lire la culture antillaise.
Ici c'est la Guyane qui est à l'honneur, pays de l'auteure dont elle nous parle avec le cœur. Entrée en matière avec le carnaval, probablement l'événement le plus "médiatisé" de la Guyane, même si finalement il ne l'est pas tant que ça à côté de celui de Rio. Pourtant c'est une belle fresque colorée que nous fait Christiane Taubira, de belles couleurs pour en fait aborder des questions de fond bien plus essentielles telles que les rôles sociaux, les relations hommes femmes et bien sûre l'esclavage sur lequel s'est bâtie cette culture créole. Leçon d'histoire en perspective et que de justesse !
Les histoires s'enchaînent, serait-ce un recueils de nouvelles ? Nous traversons la Guyane en bonne compagnie et rencontrons les Guyannais en vrai.
"Nous dansons gaiement sur des musiques tristes, nous avons toujours une moralité pour les vacheries de la vie, plus passifs que nous, tu meurs."
Gran Balan est finalement un livre d'histoire, l'histoire de la Guyane, l'histoire des Guyanes, du Suriname, des Amérindiens, des "créoles", de l'esclavage et de ses abolitions.
Et puis non c'est finalement un essai de sociologie, la vie dans une ancienne colonie française , les pouvoirs publiques et ses stratégies d'outre-mer, la création sociale de misères individuelles, collectives?
Et puis finalement je n'essaierais pas de lui attribuer de qualificatif le définissant si ce n'est sur sa beauté. Très beau livre, écrit avec beaucoup de justesse, de précisions, de poésie, jamais de haine, jamais de reproches, que des faits, que des hommes, que des rencontres. Je suis très contente de cette lecture, merci Madame Taubira.
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J'admire le parcours de Christiane Taubira, ses talents d'oratrice, et j'avais déjà été séduit par sa plume dans Baroque Sarabande ; nous partageons plusieurs références, notamment de littérature latino-américaine, ce qui m'aide à me sentir à l'aise dans son univers. Je n'avais donc pas vraiment d'inquiétude avant de me lancer dans ce premier roman à proprement parler.
Sans surprise, mais avec délectation, j'ai retrouvé son verbe et sa langue, très belle et poétique.
Mais ce qui m'avait échappé jusqu'à la conclusion du livre, où cela m'est finalement apparu comme une fulgurance, c'était la structure du livre.
Encadrés par deux chapitres traitant du procès du personnage Kerma Nofis, les autres chapitres ne semblaient pas avoir beaucoup de ponts entre eux. Je saisissais assez mal les réels liens entre chaque personnage.
Et finalement, cette conclusion magistrale, qui laisse le lecteur sans réponse - ou plutôt qui laisse le lecteur répondre, juger - cette conclusion m'a aidé à comprendre. C. Taubira nous place délibérément dans cette position, après avoir exposé au détour des chapitres l'histoire de la Guyane, des logiques coloniales qui se perpétuent, l'histoire des résistances, des luttes. Je vois maintenant ces chapitres comme une plaidoirie, qui doit nous aider et nous guider dans l'exercice ardu de juger, de soupeser.
On reconnaît là l'ancienne Garde des Sceaux.

J'avais apprécié le style, la langue, les références historiques, le sujet et la manière de le traiter. M'échappait encore la structure. Maintenant que j'ai pu y déceler un sens (pas forcément celui qui était voulu au départ mais cela n'a pas d'importance, je crois beaucoup à cette idée que le lecteur achève l'oeuvre), je peux le dire sans aucune réserve : un très bon livre.
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Au fil des huit chapitres du premier roman que nous offre Christiane Taubira, tel un cadeau aussi précieux qu'inattendu, le lecteur est plongé dans les entrailles de la Guyane à travers les portraits de ces hommes et de ces femmes dont le courage et la détermination sont le dénominateur commun. La force du récit émane de la vérité qui se dégage à chaque mot couché sur le papier, à chaque phrase imprégné sur les pages. le lecteur est invité à découvrir un territoire trop méconnu, et qui fait face à de puissants questionnements et interrogations sur son passé, ses mémoires, sa culture et identité propre. Chacun des personnages présent dans le livre, qui se succèdent, se croisent, se mêlent et s'entremêlent, détiennent une psychologie travaillée et poussée comme essence, rendant leurs paroles, leurs gestes et leurs histoires tout autant véritables que captivants. Christiane Taubira dresse alors avec talent, le magnifique et puissant tableau d'une Guyane criante de difficultés, mais éblouissante de courage.
La beauté de cet ouvrage unique tient dans la volonté de l'auteure de dessiner, avec un réalisme et une volupté sans limite dont on abuse, la profondeur des paysages et la richesse de ces cultures qui font et refont quotidiennement la Guyane. Christiane Taubira insiste sur la puissance qui se dégage de ce territoire par un véritable multiculturalisme cultivé et choyé, n'hésitant jamais a employé et nommé les langues, expressions et autres objets qui font la splendeur des cultures créoles, amérindiennes et bushinengue. Gran Balan est une ode à cette terre éclatante et admirable qu'elle aime tant, associée à une diatribe contre l'inaction des pouvoirs publics et l'obstruction de cette jeunesse qui ne demande qu'à vivre plus qu'elle ne rêve.
On reconnaît véritablement la plume soignée et étincelante ainsi que la verve puissante et acerbe de Christiane Taubira, qu'elle offre au lecteur accompagné d'une remarquable poésie et éloquence qui la définie.
Gran Balan est un magnifique roman empli de poésie qui interroge, déroge et dérange nos idées préconçues sur la Guyane.
Finalement, ce premier ouvrage est un grand livre à la hauteur d'une immense femme de lettres, passionnée par les mots qu'elle sublime, habitée par les maux qu'elle dénonce.
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