J'avais terminé ma critique du Cygne Noir en signalant que l'auteur ne jetait que les bases de ses idées, laissant à son lecteur le soin de creuser le sujet lui-même s'il voulait les comprendre entièrement. Je n'étais visiblement pas le seul à avoir cette impression, puisque l'auteur a décidé de faire un second volume, nettement plus court, pour développer un peu plus les solutions qu'on peut apporter aux événements imprévus (ceci étant dit, être dans la moyenne des lecteurs, vu le sujet du livre, n'est pas une place aussi confortable que ça).
Sans l'avoir planifié, j'ai finalement ouvert ce livre au bon moment, juste après avoir digéré les idées du livre précédent, avec toutefois les idées encore assez fraîches pour replonger dans les arguments facilement.
Le ton reste similaire au précédent, entre histoires faussement anecdotiques, et ce mélange de flatterie et de moquerie quant à savoir si on va nous aussi interpréter les idées de l'auteur de travers.
À lire uniquement comme appendice au Cygne Noir, le livre a peu d'intérêt s'il est lu indépendamment de son grand frère.
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Cet ouvrage est la suite du Cygne Noir.
Celui-ci n'apporte pas grand chose de plus que le précédent. C'est essentiellement une redite. L'auteur y clarifie tout de même certains points, et ajoute peut être le seul chapitre utile au livre (chapitre 8) comprenant une liste des choses à faire pour être aguerri face aux Cygnes Noirs.
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À l'instar d'une réception, un livre vous inscrit sur l'enveloppe de la sérendipité ; il vous fait même inviter à d'autres réceptions. Pendant ma période noire, un m'appelait trader à Paris (chose extrêmement vulgaire), philosophe à Londres (c'est-à-dire trop théorique), prophète à New York (pour se moquer de moi, car ma prophétie était alors erronée) et économiste à Jérusalem (chose très matérialiste). Cette fois, je me voyais confronté au stress de devoir me montrer à la hauteur des qualificatifs totalement immérités de prophète en Israël (un projet très, très ambitieux), de philosophe en France, d'économiste à Londres, et de trader à New York (où ce n'est pas un gros mot).
Un économiste jugerait peu rentable de conserver deux poumons et deux reins : songez aux coûts nécessaires pour faire traverser la savane à des organes d'un tel poids. Au final, cette optimisation nous tuerait au premier accident, à la première « aberration ». En outre, songez que si l'on confiait Mère Nature aux économistes, elle supprimerait les reins individuels : comme ces organes ne sont pas utiles tout le temps, il serait plus « rentable » de vendre les nôtres et de recourir à un rein central sur la base d'un temps partagé. On pourrait aussi prêter ses yeux la nuit, puisqu'on en a pas besoin pour rêver.
Les conseils positifs sont généralement l'affaire des charlatans. Les librairies sont remplies de livres expliquant comment réussir ; il n'y a pratiquement aucun ouvrage intitulé « Ce que ma faillite m'a appris », ou « Dix erreurs à éviter dans la vie ».
Ce besoin de conseils positifs est lié au fait que nous préférons faire quelque chose plutôt que rien, même dans les cas où cela peut être dangereux.
Extrait du livre audio "Antifragile" de Nassim Nicholas Taleb lu par Tristan Harvey. Parution numérique le 23 février 2022.
https://www.audiolib.fr/livre/antifragile-les-bienfaits-du-desordre-9791035407926/