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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
🕯️Chronique🕯️

Une nuit de juin…Le ciel luisait d'étoiles
Où est-il parti? Où il est allé, l'Ange?
Où part-on quand on chante? Où va l'allégresse ou l'Opéra, quand ses disciples s'éteignent? Est-ce qu'on ne revient jamais des ténèbres? Tosca s'élève mais ne redescend pas. Tosca c'est le rêve et le présent mais à l'aube, Tosca se transforme…Il finit sur cette tragédie annoncée mais l'instant de grâce, lui, restera gravé. Personne ne pourra l'oublier. En attendant, le fantôme, rôde, s'accroche aux miettes d'attention, écoute nos poèmes et le procès, mais qui saura lui remettre un nom sur sa stèle?

Une nuit de juin 1944. le ciel luisait de prières
La nuit attrape des brides de mots, des pleurs déchirants et la mort. Les étoiles sont jaunes. L'air est saturé de peur. Chaque jour emmène sa part de réduction. Réduction des libertés. Réduction de l'identité. Réduction à une communauté. Réduction de l'être et des avoirs. Même un placard semble trop grand. Alors on y colle septs juifs, deux résistants. La Milice rafle, à tout va. Et la nuit fait des gouttes.

Un matin. le 29 juin 1944. le ciel ne luit pas
Elles ne sont pas à blanc les balles. À Rillieux pas plus que dans Tosca. L'aube est meurtrière. Sept fois. Tout est écrit. Tout est dans l'opéra. Toutes les souffrances ont déjà été imprimées, jouées, chantées, apprises. Tout a le goût du sang et de l'encre. Mais le trouble demeure. Et ce jeune homme, qui était-il?

Je suis persuadée que nos passions nous survivent. L'inconnu de Rillieux, c'était son amour de l'opéra. Quelque part, sa vibration s'est imprimée. En chantant de toute son âme, sa mort prochaine, il a rappelé à l'univers, son passage sur terre. Son identité restera un secret. Mais devient l'obsession de Murielle Szac, et c'est heureux, pour nous. Parce que cet hommage, cette volonté de le faire exister envers contre tout, nous rapproche de son humanité à lui. Avant d'être un « inconnu paraissant 25 ans », il est dans ces pages, un être passionné, un détenu, un camarade, un homme, un ami, un croyant, un chant, un espoir, une promesse, un courage, un désir, une résistance. Même sans son nom, on le connaît mieux, et on peut l'aimer, le remettre à sa juste place, ne pas l'oublier. Surtout ne pas l'oublier. Pour ne jamais avoir à revivre, les tourments de l'Histoire ou la tragédie de Tosca.

Une nuit de janvier 2024. le ciel luisait de poésie
J'ai écouté l'Ange et j'ai pleuré comme Madeleine. Même à travers le temps, je l'entendais. J'ai écouté Tosca. Je me suis imprégnée des douleurs, des vibratos, et du chant de Angelotti, pour me remplir de poésie, me lover dans l'opéra de Puccini, tenter de tisser l'amour et la mort en regardant le ciel.
Je lui écris des lettres depuis, la nuit, qui commence par « Cher inconnu… »

« La nuit est le royaume privé de chacun. »
Lien : https://fairystelphique.word..
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Une nuit du 28 au 29 juin 1944.

Sept juifs et deux résistants sont enfermés dans un placard au siège de la milice à Lyon.

Ils ont été raflés dans des restaurants, à leur domicile, dans la rue…Ils ont été regroupés pour venger la mort du ministre de la propagande.

Et durant cette nuit dont chacun comprend qu'elle sera la dernière, les larmes sont présentes pour certains, les regrets pour d'autres mais la peur n'en lâche aucun.

Ange, l'un des prisonniers, décide de chanter la Tosca, invoquant la beauté de l'art comme rempart à l'horreur. Un triste parallèle entre une histoire fictive et leur destin inéluctable. Une façon de répondre à la barbarie, d'apaiser l'effroi de ce placard, de ces hommes dont les dernières heures s'égrènent inéluctablement.

Ce roman de Murielle Szac n'est pas véritablement une oeuvre de fiction.

Sept hommes ont bien été fusillés par la milice française en représailles à la mort d'un ministre de la propagande.

Six d'entre eux ont été identifiés. Pas le septième. On sait juste qu'il chantait Tosca, un opéra lui donnant un nom d'emprunt à défaut d'autre chose.

Murielle Szac va tenter de retrouver son identité, sa vie, son passé, en vain.

Alors elle convoque la fiction et rencontre les survivants des geôles qui ont croisé ces hommes. Pour qu'aucun ne soit oublié.

Ce court roman se lit en apnée, l'autrice réussit à transmettre, en peu de pages, la personnalité de ces hommes, leurs arrestations, qui ils étaient et comment ils ont pu vivre leurs dernières heures. On se sent proche de leur peur, on aimerait avoir leur courage face à de telles circonstances.

Ce livre montre aussi à quel point, si cela était nécessaire, que des gens ont accepté de collaborer, de dénoncer, de torturer alors que d'autres ont fait le choix de résister, en rejoignant des réseaux ou simplement en cachant des inconnus.

Ce roman est bouleversant et je vous le conseille, à moins qu'il n'ait déjà rejoint vos PAL !
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Parce que j'aime beaucoup les éditions Emmanuelle Colas, parce que Murielle Szac est invitée à la Comédie du Livre de Montpellier et que je souhaite la rencontrer, je n'ai pas résisté au plaisir de me procurer son dernier roman "Tosca" et ce plaisir s'est renforcé à sa lecture. J'ai beaucoup aimé, même si…

Même si, pour une fois, j'aurais souhaité qu'il soit un peu plus long, qu'il nous en dise encore plus sur les personnages de ce terrible huis clos, ce roman historique est magnifique. Nous sommes en 1944, à Lyon, et la milice de Paul Touvier vient de rafler neuf hommes : deux sont résistants, les sept autres ont été arrêtés parce qu'ils sont juifs. Ils sont, tour à tour, jetés dans une sorte de tout petit placard à balais. Au petit matin, sept d'entre eux seront fusillés contre le mur du cimetière de Rillieux-la-Pape. L'auteure s'est inspirée d'un abominable fait réel pour redonner parole à ces martyrs, victimes de la folie humaine. Elle nous permet aussi de nous poser des questions essentielles encore valables aujourd'hui, et de plus en plus ces derniers temps : pourquoi certains choisissent la clandestinité et la Résistance et d'autres la collaboration.

L'écriture est délicate, élégante, touchante. Elle sert discrètement les propos des protagonistes qui, le temps d'une nuit, se racontent, se présentent, se taisent aussi. La musique, qui accompagne le récit apporte une note supplémentaire et cet "Ange" – en référence à Angelotti personnage de Tosca, le fameux opéra de Puccini – allège, un instant, la tension qui règne dans les lieux. J'ai particulièrement aimé le personnage de Léo Glaser, un sage, qui ne juge pas "Ne juge pas si vite… Pour sauver sa peau, on est parfois prêt à n'importe quoi." Mais chacun a le droit à la parole et ce roman permet de les faire revivre. Il m'a rappelé les propos de ma mère, témoin de la rafle du fils d'un couple d'amis juifs et chargée de les embrasser de sa part. Ce roman est aussi un hommage pour lui et tous les autres.

Choisir un inconnu – car on ne connaîtra pas le nom de cet "Ange" – en guise de fil rouge – est très fort car il peut représenter chacun de ceux qui ont payé de leur vie leur courage ou leur foi.

"Tosca" est un roman porteur d'émotion, de honte et hélas d'actualité. Un très beau roman.

Lien : https://memo-emoi.fr
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Un court récit qui met en scène le zèle dont fit preuve la milice dans la répression pendant l'occupation. Pierre Touvier, qui ne rendra compte de ses crimes, notamment de ceux qui sont mises en scène dans le roman, ne sera jugé qu'en 1994, après avoir bénéficié sa vie durant de la protection des milieux intégristes d'extrême droite. Tosca est une fiction, qui réussit parfaitement, dans un huit clos glaçant à évoquer tous ceux qui furent persécutés par l'extrême droite au service des nazis, qu'ils aient été juifs ou(et) résistants.
"Et le ventre est encore fécond d'où a surgi la bête immonde". (1941-B Brecht- La résistible ascension d'Arturo Ui)
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L'inconnu de ce jour-là l'est resté à cause d'une rafale de vent emportant avec elle le carton bristol donnant un nom au cadavre gisant aux côtés des six autres corps suppliciés. Il chantait un air d'opéra la nuit précédant sa mort. Chacun se souvient de ce moment suspendu, la mémoire des survivants a gardé intact l'air de l'opéra de Puccini, la Tosca, terriblement circonstancié, que le jeune homme leur offrit au cours de cette attente.
Le huis-clos dans ce placard est terrifiant, les allers-retours vers la torture sont autant de coups de poignard, l'assassinat d'Henriot sonne le glas des israélites, représailles d'une évidence implacable.
La trahison de la France envers ses ressortissants prend une couleur particulière en ces temps incertains, les fils spirituels des miliciens mènent le bal.
Le parcours de chacune des victimes est évoqué de manière succincte. Cela aurait mérité des développements plus conséquents. La confiance de ces gens en l'idéal représenté par la République est synonyme de mort, ce qui occasionne un frisson de dégoût à la mention des noms des miliciens et de leur chef. La honte d'être français à cet instant est patente, elle l'est pour moi. D'autres hommes et femmes sauveront l'honneur sali de tout un pays.
Ce livre est salutaire dans le rappel d'ignominies, de dénonciations et de rapines, de tortures et d'exécutions sommaires.
La bête n'est pas morte.
A lire
Merci
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Première lecture de la rentrée littéraire de janvier 2024 et découverte de l'autrice. Je la connaissais notamment pour ses ouvrages mythologiques en jeunesse. Ici, un tournant à 180° est réalisé. Ce livre tient à l'autrice et cela se ressent. Nous suivons plusieurs personnages lors d'une nuit particulière de juin 1944 au siège de la Milice de Lyon. Tous sont là pour diverses raisons mais surtout à cause de leur liens étroits avec la résistance ou de leur judéité. Récit poignant qui nous propose un point de vue franco-centré. Ici, pas d'allemand, pas de SS, pas de barrière de la langue. Ici, des français collabos, des français du mal, des français prêt à tout pour venger la mort d'un autre. Souvent, nous connaissons Klaus Barbie mais moins Paul Touvier. Pourtant, il est le premier homme à être condamné pour crime contre l'humanité. de plus, ce récit montre différents parcours de juifs et des rafles qui étaient faites en France.
J'aurais aimé un approfondissement ou alors quelques pages supplémentaires. Suivre les personnages sur plus de temps m'aurait ravi. Toutefois, ce récit s'axe autour d'un seule nuit donc il est plus que logique que sa forme respecte cette contrainte.
Bonne lecture pour ma part et je ne doute pas pour beaucoup de lecteurs ! Texte important qui plus est.
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« Tosca » nous emmène à Lyon au coeur de la seconde guerre mondiale. Sept Juifs et deux résistants raflés par la milice attendent la mort dans un placard de 5 m par 90 cm. Leur dernière nuit est l'occasion d'un huis clos poignant aux côtés de ces hommes qui se savent condamnés. Mais surtout elle permet à l'autrice de lever le voile autour d'un des personnages dont l'autrice a croisé la route lors du procès du milicien Paul Touvier et demeure inconnu. Murielle Szac souhaitait ainsi redonner une existence et une voix à cet homme parfois surnommé Tosca et qui n'a jamais pu être identifié. Un livre court mais très émouvant qui nous emporte aux côtés de ces hommes morts de seul fait de leur religion.
Lien : https://mangeursdelivres.fr
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Lyon. Des acteurs de la résistance, des juifs, sont arrêtés, maintenus en détention. C'est ces heures qui suivent qui sont relatées dans un huis clos bouleversant. Les pensées, les réactions de ces hommes, qui ont des âges différents, et qui vont faire preuve d'une solidarité liée au désespoir de leur nouvelle condition.
Ce récit m'a émue, d'imaginer ce qu'aucun homme ne devrait vivre. Jusqu'au dénouement tragique, bien connu, et mené ici par la belle plume de Murielle Szac.
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