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Gérard Henri (Traducteur)
EAN : 9782879292267
296 pages
Editions de l'Olivier (21/10/2000)
4.32/5   85 notes
Résumé :
Otis Wilson hésite entre la femme qui le désire et la femme qu’il désire être. Il lutte contre son homosexualité et sa féminité, contre ces pulsions qui le poussent à se travestir et qui lui valent d’être rejeté, méprisé, violé. Il se remémore aussi le destin tragique de sa famille, qui quitta les plantations du Sud pour chercher fortune au Nord mais n’y trouva que la violence et la misère du ghetto.
Recueillant ce témoignage, Iceberg Slim nous livre une biog... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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S'il y a bien un truc qui vous saute aux yeux et vous prend aux tripes – non , pas de Caen , merci - à la fermeture de ce bouquin , c'est que ce mec sait écrire ! Oh que oui ! La raison en est toute simple , ce milieu de l'amour et du désespoir tarifé , il l'a connu de tres pres ! Il en fut meme l'un de ses tristes acteurs...
En effet , Iceberg Slim (Robert Lee Maupin 1918 – 1992 ) fut , en son jeune temps , l'un des proxénetes les plus en vue des quartiers noirs de Chicago ! Une vingtaine d'années comme souteneur , ça vous pose une crédibilité ! Il ajoutera , la quarantaine passée , une nouvelle corde à son arc de mac' aux faux airs de Cupidon , celle d 'écrivain de grand talent malgré une mysoginie notoire .
L'excellent Mama Black Widow , biographie crue et sans concession d'un travesti noir , en constitue la preuve éclatante !

A la question : qui est Mama ? Elle est tout simplement l'antithese de la Mama de Génésis ! Vénale , sournoise , perfide , elle concourt , tout comme la veuve noire , à l'éradication pure et simple de son foyer , mari et gamins inclus dans le service apres-vente !
Otis Tilson se souvient...Il se remémore cette famille unie dans le Mississipi ! Un quotidien de dur labeur dans les champs de coton mais des valeurs qu'il croyait alors ancrées en eux à jamais : intégrité , probité , VTT – rayez la mention inutile . Mais pour sa gentille manman , l'appel des sirenes fut le plus fort ! Ni une , ni trois , le temps de plier bagage et les voilà désormais naufragés volontaires dans ce sordide ghetto de Chicago .
Otis se souvient de cette longue descente aux enfers qui en découla . de ce pasteur qui l'initia , contre son gré , à l'amour si particulier de son prochain . de ce questionnement douloureux qui en naquit alors : fromage ou dessert , mer ou montagne , filles ou garçons...
Otis se souvient des reves de grandeur de sa mere . de son indéracinable penchant pour l'argent et la réussite . le bonheur n'a pas de prix dit-on...Pourtant , la famille Tilson va payer un lourd tribut sur l'autel de l'arrivisme forcené !

Sur fonds d'histoire familiale et personnelle , ce bouquin vous en colle une méchamment ! Quete identitaire , sexe , drogue et pas wok'n'woll , difficile de sortir indemne d'un tel environnement...
Alternant savamment tendresse et rudesse , cet ancien proxo qui , dit-on , avait coutume de battre ses gagneuses à l'aide d'un cintre torsadé , n'en demeure pas moins surprenant ! Il possede le don de souffler le chaud et le froid avec une maestria hallucinante , de jouer avec vos sentiments comme personne et de vous laisser scotché à la lecture d'un récit , somme toute classique , mais enlevé et maitrisé de bout en bout ! Une écriture tour à tour poetique et violente ! Véritable cri d'amour d'un fils pour sa mere tutélaire et castratrice qui , à force d'ambition démesurée , fit de son foyer un véritable chaos journalier !
De drames en désillusions , de tragédies en déconvenues , Slim vous balade , dans ce ghetto qu'il décrit formidablement , pour vous perdre définitivement au sein de cette famille frappée du sceau du malheur !

Mama Black Widow , un récit crépusculaire au venin contagieux...
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Pour le gogo qui jalousait la vie rêvée des afro-américains en regardant "Ma famille d'abord" su M6, ce bouquin d'Iceberg Slim aura l'effet d'une douche froide.

En fuyant le Mississipi pour Chicago, la famille Tilson échange un enfer rural ouvertement ségrégationniste contre un enfer urbain qui l'est tout autant mais de façon plus sibylline.

Le tableau que nous dresse l'auteur de l'Amérique Noire de 1918 aux années 60 et d'un réalisme plus sombre encore que celui d'un Richard Wright.

Refermant ce livre, on mesure ce que la mort de George Floyd peut signifier pour ces gens dont la mémoire collective est une litanie, de cruautés, d'injustices, d'avanies et d'humiliations.

Il nous rappelle que "Black Life Matter" n'est pas qu'un slogan de plus, passé à la moulinette des omniprésents "réseaux sociaux" et placardé sur des T-shirt branchouille mais l'expression de siècles de luttes impuissantes face à un mur de mépris, de haine et d'hypocrisie.




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Un roman qui clôt une « trilogie du ghetto » unique dans la littérature américaine.

Iceberg Slim (1918-1992), venu à l'écriture sur le tard, fut un des plus célèbres proxénètes de Chicago dans les années 40-50. Une trajectoire qu'il raconte dans « Pimp », premier volet de la trilogie. Dans le second (« Trick Baby »), il plonge dans l'univers sans pitié des arnaqueurs. « Mama Black Widow », le dernier donc, est la biographie à peine romancée d'un travesti noir au terrible destin. Dans la préface, Slim explique sa démarche :

« En début de soirée, dans la première semaine de février 1969, je rendis visite à Otis Tilson. C'était un travesti incroyablement beau et tragique, rencontré de temps à autre, tout au long de ces vingt-cinq ans où moi-même j'étais un maquereau noir, à Chicago dans l'Illinois. Otis vivait dans un hôtel de troisième ordre à l'intersection de la 47e Rue et de Cottage Grove Avenue.
Nous nous installâmes sur un canapé défoncé dans son studio kitchenette. "Tout ce que tu as à faire c'est de raconter ton histoire." [...]
Lorsque j'ai écrit le livre, il m'a fallu restructurer des scènes, remettre en ordre des événements dans le récit d'Otis qui parfois s'égarait ou se noyait dans les larmes. Il n'y a pas de psychologie, de sermons ou de notes dans ce récit d'une vie. Les dialogues sont dans la langue crue des pédés, du ghetto noir, du Sud profond, des bas-fonds. Si peinture critique de la société il y a, elle se trouve dans l'âpreté de cette lutte tragique qu'Otis Tilson mène pour se libérer de la garce perverse brûlant en lui. »

Inutile de vous dire que je suis totalement fan d'un texte aussi décapant. L'histoire d'Otis dit les espoirs brisés d'une famille noire du Mississipi débarquant à Chicago en 1936 en pensant, comme beaucoup, y trouver un eldorado. Or c'est un autre enfer qui leur tend les bras, un enfer urbain où la ségrégation est toujours aussi présente. Son père ne trouve pas de travail, son grand frère va tomber peu à peu dans la délinquance et l'une de ses grandes soeurs dans la prostitution. Otis n'est qu'un enfant à cette époque et il voit le délitement progressif d'une cellule familiale pourtant soudée au départ. Sa mère jouera un rôle central dans la déchéance des siens (d'où le titre du roman), et lui ne pourra que constater les dégâts. Violé par un diacre, tiraillé entre sa volonté d'être un « homme comme les autres » et une homosexualité qui le dévore de l'intérieur, Otis va sombrer et enchaîner les coups durs. Tragique, il n'y a pas d'autres mots pour qualifier une existence à laquelle l'épilogue donne une terrible conclusion en quelques lignes…

J'adore Iceberg Slim (en tant qu'auteur du moins parce l'homme en lui-même était plus que détestable, la lecture de Pimp vous le confirmera), c'est un écrivain de la rue, direct et sans concession, dont l'art des dialogues est un régal. Son écriture très orale et très crue retranscrit l'ambiance du ghetto noir, ses codes et sa violence. J'aime autant vous prévenir, certaines scènes sont d'un réalisme difficilement supportable, âmes sensibles s'abstenir !

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Bon, je vais essayer de ne pas sombrer dans le jeu de mot facile, mais que c'est noir !
Et comme dirait l'autre, noir c'est noir ! Il n'y a plus d'espoir, mais plus du tout pour le pauvre personnage de ce roman.
Cela a été dit, redit, écrit, répété, Iceberg Slim a mis beaucoup de sa personne dans ses trois livres ; il a lui même été maquereau durant sa vie.
C'est donc mi-autobiographique, mi-romancé et cela fait encore plus froid dans le dos car le thème principal n'est pas tant la rue en tant qu'homosexuel que la ségrégation régnant encore de façon farouche et violente aux USA à cette époque. Bien sûr, cette discrimination d'état est encore plus visible et horrible dans ces milieux interlopes et clandestins, où chacun cherche sa place, tente de progresser en écrasant les autres au mieux, survit en volant son voisin tout aussi misérable, etc...
On a vraiment un catalogue des horreurs dans ce livre, une série de vilenies humaines, de perversions morales sans fin, de misères subies et transmises: bref une cour des miracles noire, noire de peau, noire de crasse intellectuelle, morale et sociale.
Mais de miracle il n'y a point, ceux qui ont trimé pour s'en sortir sont volés, ceux qui ont volés sont violentés et ceux qui violentent sont tués tôt ou tard ou subissent les pressions et exactions des policiers blancs ou de leurs congénères jaloux...
C'est horrible tout de long et on sort horrifié de ce récit cru, violent, vulgaire (le langage réel est utilisé, pas de jolies périphrases !) et tragique.
Ça vaut le détour, mais pas tous les jours...
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Genial, Marck Twain aurait pu enfiler son string léopard, sa robe fuseau en latex et un débardeur fruit of the loom pour saisir sa plus belle plume et nous servir ce superbe ouvrage.
Tom Sawyer en travelo noir au cul rendant jalouse Beyonce, Joe L indien dans ce rôle sordide de suprématie blanche asservissant ses ouailles noires et avilisant ceux voulant la vaincre.
Ah mon grand faut avoir l'estomac solide devant ces sodomies à volo, ces bouches pulpeuses gobant tout ce qui passe à porter.
C'est glauque, c'est hilarant, c'est beau et sombre mais c'est tellement humain.
J'ai été gay le temps du livre et à défaut de pouvoir connaitre les sensations je me suis régalé devant cette histoire de vie
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il n’y a pas de dialogues psychologiques ésotériques, de sermons accablants ou d’assommantes notes dans ce récit d’une vie. Les dialogues sont dans la langue crue des pédés, du ghetto noir, du Sud profond, des bas-fonds.
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"Je suis un pédé, et pour les pédés il n'y a pas de lendemain, juste aujourd'hui.Même quand nous sommes surs que nous avons dégotté l'anneau en cuivre du bonheur, nous découvrons qu'un Juda l'a trempé dans la merde"
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"Le pasteur avait fait de moi son avide fellatrice par suite de sa merveilleuse maitrise de l' art du cunnilingus et de son habileté incomparable avec le godemiche."
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