C’est un livre doux, un récit sous la forme d’enquête, que j’ai lu à sa sortie. Je ne suis pas très en avance sur les chroniques et peu importe, vu le nombre de personnes qui passent sur mon compte.
Mais pour celles et ceux qui n’ont pas encore lu cet ouvrage si personnel et beau, je vous le recommande vivement.
Agnès Desarthe réussit à mêler l’humour au tragique de la vie. Les souvenirs, le temps qui passe et la vieillesse sont traités dans cette investigation autour de l’adresse de ses grands-parents maternels, rue du Château-des -Rentiers. Elle va fouiller dans le passé, dans l’histoire familiale de ses rescapés des camps, de cette idée joyeuse de créer un phalanstère et de vieillir ensemble. C’est émouvant et caustique par moment, sans pathos, avec une grande sincérité et un amour de la vie. Agnès Desarthe sait jouer de la langue, de la fiction et du récit pour offrir un livre qui ne se lâche pas.
Je note tout particulièrement son idée du deuil, que je rejoins totalement:
« Il me semble que, dans mon cas, « faire son deuil » signifie « pouvoir y retourner ». Enfin! Pouvoir regarder le film dans lequel ma mère, encore vivante, de trois ans plus âgée à l’époque que je le suis au moment où j’écris, raconte sa vie d’enfant de déporté, d’enfant cachée. Revoir, c’est mieux voir. Comme relire, c’est mieux lire. Faire son deuil, faire sa douleur, c’est donc, dans mon cas, arpenter le manque, chaque recoin de chagrin, soulever une à une toutes les pierres où d’anciennes poussières de souffrance sont allées se loger, cela dans le seul but, non d’oublier, mais de recommencer à fréquenter la personne disparue. Un peu comme, après une rupture, les anciens amants qui redoutaient de se croiser sont heureux de se donner rendez-vous, simplement heureux, car la peur, la rancœur, le désir ont déserté l’espace, n’y laissant que la douceur de la familiarité. »
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