Minami Shinbô, cet illustrateur japonais dont j'ai déjà lu deux recueils, a remis « son pinceau dans la patte de ses chats ». Il l'explique dans sa préface : sollicité par ses amis, il accepte de remettre à contribution les félins de son entourage, le sien, Kuroshan, « Petit Noiraud », celui que je préfère et qui se promène sur la plage, hume la menthe poisson, contemple les petits bateaux dans une bassine ou écoute striduler les grillons. Il y a aussi « Sanpé (du nom d'un célèbre auteur comique), un chat de [son] enfance, sans queue, qui errait autour de la maison ». Mais d'autres apparaissent, dont il ne nous livre pas les noms : le gros blanc, qui guette la cigale du soir, le blanc et noir, qui se roule sur les tuiles du toit, un tigré, qui s'est livré à la destruction des murs en papier.
J'aime beaucoup les étendues bleues : turquoise de la « mer du sud », tachée de blanc pour le ciel garni de petits nuages, violet profond ou pâle pour l'air gelé. J'adore les plantes : menthe poisson ou « poivrier de Chine », dont les « feuilles en forme de coeur dégagent, au frottement, une odeur assez désagréable », « le luffa d'où l'on extrayait un liquide antitussif », arbre taillé en nuages, tournesol, cerisier ou magnolia.
Je suis contente de pénétrer dans un autre monde : la rentrée scolaire avec des rencontres sportives appelées « undo kai », les cloisons coulissantes dont on change le papier avant l'hiver, les jeux du jour de l'an tel ce visage qu'il faut compléter les yeux bandés, le volant ou le cerf-volant ; les coutumes comme jeter des haricots pour chasser les démons, la fête des poupées (j'avais lu un beau roman de
Chantal Deltenre qui en parlait, «
La cérémonie des poupées ») et tellement d'autres merveilles.
Par chance, Brigitte Alliaux, la traductrice, explique tous les secrets de ce pays fascinant dans une postface qui permet de mieux comprendre les poèmes.
J'ai adoré cet ouvrage.