Les arguments sont faibles et confus. Je m'attendais à une présentation détaillée de cas d'abus qui puissent susciter une émotion vive, ou bien à une analyse économique mondialisée sur le sujet : il s'agit d'articles non progressifs qui se chevauchent, traitant chacun d'un point de vue dans ses généralités, et agrémentés de dessins simplistes et parfois ridicules.
Il n'est question que d'historique (premier chapitre), de la Bible (deuxième chapitre), de la médicalisation de la grossesse (le 3e), de la nécessité de traiter la question pays par pays selon l'histoire et la culture de sa population (4e) ; si bien que, si la question est à ce point contingente, on ne comprend pas pourquoi l'approche des chapitre suivants est, au contraire, si théorique : la réalité des faits de la chose (donc partout dans le monde et indépendamment de la culture et de l'histoire des populations), la subversion d'un lexique trompeur international (la méthode de la novlangue et l'innovation lexicale viennent du monde anglophone (chap 5)), "La maternité comme objet philosophique" (chap 6), la question du droit de la femme de disposer de son enfant (pour le donner) (chap 8).
Un seul chapitre, pratique, aurait pu aborder la question de manière cohérente avec ce refus de la théorie "universelle", le septième, portant sur "les violences faites aux femmes et aux enfants" - mais il ne s'agit pas seulement de témoignages ou d'études de cas par apports de la sociologie, mais d'une "lecture" d'avis du "comité d'éthique" : rien de direct donc, une analyse d'analyse, on reste dans la théorie.
Le dernier chapitre suggère des solutions pour se passer de GPA.
Un insert, entre deux chapitres, s'interroge sur "le devenir des enfants nés par GPA". La question était intéressante et aurait pu constituer en effet un apport de valeur s'il était appuyé sur des cas concrets : c'est une question théorique, soldée en deux pages.
Très étrangement, malgré l'insistance ici ou là, des liens entre les mères et leurs enfants, et le rappel juridique que la mère est l'accoucheuse, il n'est nulle part question de famille dans ce livre...
L'approche n'étant ni médicale, ni juridique, ni sociale, mais un brin homophobe et de mauvaise foi, ne présente rien de bien convaincant.
Le meilleur argument ne peut pas être théorique puisque la question soulève avant tout des réactions émotionnelles : le meilleur argument des anti-GPA ne peut qu'être émotionnel. Mais l'émotion est aussi absente de ce livre.
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En l'espace d'un demi-siècle, les certitudes et les savoirs concernant la maternité, depuis la conception jusqu'à la mise au monde de l'enfant, ont connu un bouleversement radical.
Lukas Bärfuss présente "Le carton de mon père – Réflexions sur l'héritage", en librairie dès le 2 février 2024.
À la mort de son père, il y a vingt-cinq ans, Lukas Bärfuss refuse l'héritage, constitué essentiellement de dettes. Il ne garde qu'un carton, rempli d'une triste paperasse. Quand, à la faveur d'un grand rangement, il l'ouvre et passe en revue ce qu'il contient, c'est toute son enfance précaire qui défile.
À la lumière de la Bible, Darwin, Claude Lévi-Strauss ou Martine Segalen, l'écrivain décortique les notions de famille et d'origine, ces obsessions dangereuses de notre civilisation. Il en profite pour évoquer les "biens jacents", ces biens sans propriétaires que sont les océans, les animaux sauvages, et surtout les déchets. Dans cet essai qui est sans doute son livre le plus personnel, Lukas Bärfuss démontre une fois encore son esprit critique acéré.
https://editionszoe.ch/livre/le-carton-de-mon-pere
Réalisation: Fran· Gremaud
Tournage réalisé dans les locaux de la HKB Berne
Avec le soutien de Pro Helvetia
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