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EAN : 9782864249375
2040 pages
Editions Métailié (05/09/2013)
3.65/5   67 notes
Résumé :
Un vieil homme hagard, entouré de sacs remplis de vêtements, est abandonné dans un self-service sur les Champs-Élysées. «Ne les laissez pas me tuer», c'est tout ce qu'il sait dire.
Pripiat, ville fantôme, à trois kilomètres de la centrale de Tchernobyl : dans les rues désertes, entre la grande roue neuve et les autos tamponneuses abandonnées, pas âme qui vive. Sauf les samosiol, ceux qui sont revenus dans la zone interdite. Laurenti Bakhtiarov chante Demis Ro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai longtemps hésité à écrire cette chronique. Je tournais en rond autour de ce livre que j'avais repéré depuis longtemps déjà. Tout ce qui traite du sujet de Tchernobyl me touche pour diverses raisons.
Le texte évoque l'événement du 26 avril 1986, l'accident nucléaire de Tchernobyl et la tragédie qui s'ensuivit.
Nous connaissons bien sûr cet événement qui date de trente-cinq ans. Selon nos âges, il n'a peut-être pas le même impact sur nous. Ceux de ma génération se rappellent ce fameux nuage radioactif qui s'arrêta pile devant les Alpes pour les contourner et filer je ne sais où, sûrement vers l'Afrique ou les pays arabes... Une chance que la ville de Lourdes ne se trouvait pas dans le département des Alpes-Maritimes sinon nous étions bons pour entendre les cloches sonner jusqu'à la fin des jours... J'ironise, mais c'est un rictus, j'accentue à peine le trait car le récit dont je vais vous parler évoque justement ce mal qui peut accroître un mal et qui s'appelle la désinformation...
À cette époque, j'étais depuis plusieurs années déjà un peu sensibilisé par un professeur de physique-chimie qui nous avait convaincu de la terreur nucléaire. Dès 1979 lorsque j'avais dix-sept ans, sur cette pointe chérie du Finistère nous avions résisté à ce projet d'une centrale nucléaire qui devait s'installer à Plogoff, proche de la pointe du Raz. Des artistes comme Jacques Higelin étaient venus soutenir notre cause. François Mitterrand élu Président de la République le 10 mai 1981 supprima définitivement le projet. C'était d'ailleurs une des promesses de sa campagne.
Ce n'est pourtant pas de cette manière que je suis venu à ce roman, bien que mon cher professeur de physique-chimie avait alors décrit tous les risques qu'une centrale nucléaire peut engendrer et, malgré les sarcasmes qu'il recevait régulièrement, force est de constater que ses craintes se sont avérées ici justifiées...
Non, le sujet m'est revenu plus tard, depuis quelques années, comme un aiguillon, puisque ma nouvelle compagne est ukrainienne, elle habitait Kiev au moment de l'événement c'est-à-dire précisément à quatre-vingt quatorze kilomètres à vol d'oiseau de Tchernobyl. Par sa relation j'ai rencontré une femme aujourd'hui brestoise qui fut toute jeune adolescente irradiée à Pripiat dont le corps aujourd'hui continue 35 ans après de souffrir de l'événement et une autre femme dont le père était pompier, déployé le premier jour par hélicoptère au-dessus du réacteur infernal. Il mourut le lendemain dans d'atroces souffrances ainsi que tous les autres membres de l'hélicoptère y compris un journaliste qui les accompagnait pour faire un reportage.
Mais revenons à l'histoire...
Au départ
Un vieil homme hagard
Venu de nulle part
S'égare
Dans l'histoire...
Que fait-il à Paris ? Il semble qu'on l'ait abandonné dans un fast-food des Champs-Elysées. Un quiproquo cocasse fait que le narrateur, présent à ce moment-là sur les lieux, doit le prendre en charge parce que les autorités locales ont déduit qu'il était son père... « Ne me laissez pas me tuer », c'est à peu près tout ce que ce vieil homme mutique sait dire. C'est alors que peu à peu le narrateur va découvrir l'ampleur du vertige et du drame qui touche ce vieil homme, son itinéraire, ce lieu tragique d'où il vient... Pripiat, antichambre de l'insoutenable...
Pripiat, ville devenue fantôme après l'accident du 26 avril 1986, située à trois kilomètres de la centrale de Tchernobyl. Nous découvrons peu à peu un territoire postapocalyptique dans une réalité qu'aucun romancier porté sur cette thématique n'aurait peut-être malheureusement pu imaginer ainsi dans une telle horreur.
Car le scénario dystopique de cette tragédie organise le récit en trois temps : avant, pendant, après.
Le récit nous révèle l'horreur ainsi : le lieu construit sur une faille sismique, l'accident lorsqu'il survient suite probablement à un test de sécurité mal assuré et qui démontre l'incompétence technique pour le gérer, mais peut-être et sans doute après ne serait-ce pas là que le récit révèle l'ampleur du plus grand drame, là où est venu le plus grand nombre de décès à cause de l'incapacité du régime soviétique à réagir à l'événement, à cause des réponses apportées, mais sans doute en raison de la désinformation liée au sujet puisque souvent c'est ainsi que s'imprime la marque des régimes autoritaires. En clair de centaines de milliers de morts sont venus pour des raisons humaines.
Le texte démontre, exemples à l'appui, la manière dont le régime soviétique a instrumentalisé l'événement et l'a accompagné à son bénéfice.
Voici un exemple flagrant :
Confidentiel. Protocole n°10 du 10 mai 1986. Dans la deuxième disposition, le Groupe stratégique du Politburo ordonnait du ministère de l'Agriculture de ne pas envoyer à Moscou la récolte de légumes, tubercules et autres produits des champs contaminés. Mais on pouvait les envoyer dans d'autres villes de l'Union Soviétique.
Vous en voulez encore un autre :
Confidentiel. Protocole n°32, du 22 août 1986. Afin d'éviter un excès de substances radioactives dans l'organisme, il faut disperser la viande contaminée et l'employer en charcuterie et conserves, à raison d'un dixièmes mélangé à de la viande propre. Cette prescription est valable pour tous les territoires, y compris la Moldavie, les républiques transcaucasiennes, le Kazakhstan et l'Asie centrale. L'unique exception sera Moscou, où les lots de viande contaminée ne seront pas envoyés.
Le cycliste de Tchernobyl, c'est Vassili Nesterenko, physicien spécialiste du nucléaire, un homme qui se bat, qui combat, qui se dresse, qui pédale, qui se promène dans un lieu qui devient invisible pour le reste de l'humanité. Effectivement poursuivi par la police du KGB parce que Vassili gêne, révèle des choses désagréables pour l'autorité soviétique, il abandonne sa Volkswagen au début de la zone de contamination après une course poursuite avec des inconnus qui détruiront sa voiture. C'est là que le côté cycliste s'imposera... Son véhicule brûlé, l'homme se saisit d'un vélo et fusionne avec une communauté qui vit sur place malgré l'interdiction, on les appelle les samosiol, ceux qui sont revenus dans la zone interdite. J'ai alors adoré ce temps approprié par une communauté humaine hors du temps et presque de l'espace, sur cette zone contaminée pas seulement par l'atome.
Cet homme, qui se bat, qui combat, est un homme de la science. Il aide, il va aider chercher à aider des femmes, des enfants, des hommes sur ce territoire qui est totalement anéanti. Il va attirer l'attention, informer, alors que le régime soviétique fera tout son possible de manière machiavélique pour effacer l'empreinte de l'erreur et de sa conséquence, fera tout pour faire taire cet homme, sa parole, son action, avec ces silhouettes sinistres des hommes du KGB à la manoeuvre.
Il y a des scènes inoubliables, avec des enfants dont les parents ne savaient pas ce qu'il fallait faire, démunis devant l'événement et la contradiction des informations qui suivront, des enfants qui n'auraient pas dû rester là, manger ceci boire cela. Vassili va les aider et prendre soin d'eux... Des enfants qui restent là et brusquement ressentent atrocement les effets de la radioacticté sur leurs corps. Je vous éviterai le détail sur les naissances qui ont suivi l'accident. Terrifiant !
C'est un récit façonné d'horreur, de révolte, d'amour et d'amitié dans des paysages hallucinés de fin de monde.
Oui, il y a aussi des scènes incongrues de fraternité et de solidarité, il y a de la lumière qui se dessine dans ces champs bombardés d'atomes...
Oui parce qu'il y a de l'espoir dans ce récit, ce cycliste qui pédale dans cette zone interdite de Pripiat est éblouissant, parce qu'il n'est pas seul et que sa démarche sert.
Une communauté attachante d'hommes et de femmes se tisse, se dresse, rit, s'aime, danse, chante des chansons de Demis Roussos derrière les murs d'un ciné-théâtre délabré, étrangement vit et résiste dans un monde détruit.
Il y a quatre ans j'étais à Kiev et je fus sidéré de découvrir devant une agence de voyage une publicité invitant à une expédition pour Tchernobyl, vantant le dépaysement assuré.
Je ressors ébloui et dévasté par ce texte qui dit beaucoup de choses pour moi.

Pour traverser le miroir
je ne veux que ton regard
pour mon voyage sans retour
mourir auprès de mon amour
et m'endormir
sur ton sourire.
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Un très bon roman inspiré d'un personnage réel. On en apprend beaucoup sur Tchernobyl, ce drame qui a bercé mon enfance, le sujet reste peu étudié pourtant depuis quelques années les infos sortent enfin. Un drame planétaire mais surtout humain et justement ici on y découvre des hommes et des femmes simples, si ont subi ce drame. On y découvre aussi une terre , la fin d'une époque , un état qui contrôle tout et chacun . le sujet est vaste et passionnant, je compte bien l'exploiter en continuant avec " la supplication " . Ici le style et le récit est t'es original, il faut s'adapter au départ , on passe d'une époque a une autre et d'un personnage a un autre sans transition mais il est dur de lâcher tant le destin de ce physicien est intrigant .
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J'ai failli arrêter cette lecture, car entre elle et moi, le courant ne passait pas.

Le récit prenait du temps, je ne voyais pas où il allait arriver, pas de tirets cadratins pour les dialogues (pas de guillemets non plus). Bref, ça commençait mal.

Pourtant, le début avait tout de même éveillé ma curiosité : un vieil homme est abandonné dans un self-service, aux Champs Élysées.

Le narrateur est accusé d'avoir abandonné son père. Hors, ceci n'est pas son père. Un quiproquo qui va faire naître une histoire peu banale…

Lorsque nous sommes entrés à Pripiat, après la catastrophe d'avril 1986, la fusion a commencé, entre le roman et moi. Au diable les tirets cadratins manquants devant les dialogues, j'étais dans le récit et cela ne m'a plus gêné.

Une ville abandonnée, les villages aux alentours aussi. Tout qui se retrouve figé, notamment les auto-tamponneuses. Vertigineux, horrible. Tout le monde a dû partir, abandonnant tout sur place, n'emportant qu'une petite valise, obligé même de laisser leurs animaux de compagnie sur place…

Toute cette partie-là, ainsi que les quelques passages consacrés à ce qu'il se passa juste après l'accident, est terriblement instructive, intéressante et fait froid dans le dos.

Le vieil homme va tout doucement raconter son histoire et ce que l'on va découvrir sera bouleversant, en quelque sorte. Une vie après la mort d'une région. Cela valait la peine que je persévère dans ce roman. Mon début fut un peu laborieux, mais j'ai été récompensée ensuite.

On se demande ensuite ce qui fut le plus horrible : construire une centrale nucléaire sur une faille sismique, l'accident survenu suite à un test de sécurité mal assuré, le sacrifice des vies humaines pour enlever le graphite, la désinformation, la minimalisation de l'accident ou l'incapacité de l'URSS à réagir comme il fallait face à cet accident nucléaire ?

Sans doute le mélange de tout. Dans un scénario catastrophe, on trouverait cela exagéré et pourtant, la réalité a dépassé la plus mauvaise fiction.

Ce roman est une biographie romancée de Vassili Nesterenko, physicien spécialiste du nucléaire, qui s'est dressé, le poing levé, face au régime soviétique et face à tous ceux qui voulaient minimiser l'ampleur des dégâts, notamment sur la santé. Il a eu le KGB aux fesses, les flics, on a tenté de le tuer pour le faire taire.

Certaines scènes sont dramatiques, comme ces enfants qui ont mangé et bu ce qu'il ne fallait pas, parce que leurs parents n'étaient pas informés (ou mal informés), parce que seuls les habitants de Moscou étaient épargnés par les viandes, légumes, tubercules et autres produits des champs en provenance de la zone contaminée.

Le roman donne lieu aussi à de belles scènes, notamment celle de cette petite communauté vivant à Pripiat, soudée, qui danse, qui chante et où tout le monde prend soin de tout le monde.

Un beau roman, une belle histoire.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Au départ, une soirée TV, avec Arte.
Une découverte, un film, "la terre outragée", un choc.
Un commentaire proposant d'aller un peu plus loin sur le sujet avec un livre écrit par un espagnol sur le même thème.
Voilà comment l'idée de cette lecture est venue.
Avant de m'étendre sur le thème du récit, j'évoquerai le style de l'écriture qui ravira j'en suis sûre les amateurs de littérature espagnole avec cette folie des mots, des phrases,....
Le livre allie à la fois, la folie du texte et la folie des hommes.
Tchernobyl, ça vous rappelle quelque chose, le fameux nuage qui bien sûr s'est arrêté juste à nos frontières.
Pripiat, ça vous dit quelque chose, un village prospère aux portes de la centrale, des gens heureux qui y habitaient.
Moi, Pripiat, je ne connaissais pas et n'imaginais pas ce que cela avait été et ce que c'était devenu.
Si par hasard, le recours à l'industrie nucléaire ne heurte pas votre conscience, je vous propose cette lecture. C'est effrayant, et pourtant très réaliste. C'est glaçant, j'ai ressenti le besoin par moment de poser le livre, de regarder le soleil, le jardin, la mouche qui vole, juste respirer un peu !
Depuis, la nuit, au milieu de mes insomnies, lorsque j'entends des chiens hurlés, j'avoue presque frissonner de terreur !
Cette lecture est éprouvante mais permet de nous poser les bonnes questions.
Pour les résidents de ces zones contaminées quel avenir ?
Partir, oui peut être, mais pour aller où ? Pour faire quoi ?
Et oui il y a eu Pripiat et puis Fukushima, des civilisations différentes, des systèmes économiques plutôt divergents, mais la même folie productiviste avec son même corolaire, produire vite, très vite, beaucoup trop vite sans se soucier de l'après.
L'énergie nucléaire est certainement une des industries de l'avenir mais et c'est ce mais qui est le plus important, il faut savoir gérer ces déchets.
N'oublions pas que dans les années 60, dans un coin perdu de Bretagne, au pied du Mont Saint-Michel de Brasparts dans les monts d'Arrée fut construite la centrale nucléaire de Brennilis. L'arrêt de son activité fut décidé en 1967 et le site devait permettre de tester les techniques de démantèlement. Aujourd'hui je vous invite à venir constater l'état du site, incroyable, il ne s'est rien passé. le réacteur est toujours là, en l'état.
Et à Pripiat, la décontamination n'est pas plus en route mais des gens ont choisi d'y vivre, car au moins là bas, ils se sentent les maîtres de leur destin.
Notre monde est devenu fou !
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Vassia Nesterenko est ce vieil homme abandonné dans un self-service des Champs-Élysées et confié à la charge du narrateur, un fonctionnaire espagnol venu à Paris pour participer à la conférence internationale des poids et mesures. Il est aussi celui qui trouve refuge dans la cabine des auto-tamponneuses de Pripiat (la ville la plus proche de Tchernobyl) pour échapper aux chiens et qui circule à vélo entre les immeubles abandonnés. Mais il est également ce physicien menacé de mort par le KGB pour avoir dévoilé l'effroyable réalité de la catastrophe nucléaire et dénoncé la désinformation permanente mise en place par les sources officielles. Il fut l'un des tout premiers envoyés sur place et l'un des plus lucides aussi. Dès le début, il décida de venir en aide en priorité aux enfants et chercha à alerter les médias sur l'ampleur du drame. Une sincérité et une volonté de transparence qui lui valurent bien des inimités.

Il y a ce formidable décalage entre l'implacable réalité des chiffres (des millions de cancers), le discours politique rassurant qui relève forcément du mensonge d'état et la vie qui perdure dans les zones contaminées. le monde des survivants de Pripiat, ou plutôt celui des condamnés en sursis, est un condensé d'optimisme et d'humanité, une volonté farouche de rester debout et de résister, quoi qu'il arrive : « Ils savent tous qu'ils doivent partir. Sinon ils vont mourir. Et pourtant ils sont là. » Parce que c'est ici qu'ils sont nés, parce que c'est ici qu'ils reviennent affronter une mort certaine, parce que c'est ici qu'ils veulent s'aimer, danser et chanter une dernière fois. Emmanuel Lepage avait parfaitement retranscrit cela dans Un printemps à Tchernobyl, Antoine Choplin aussi avec La nuit tombée et Javier Sebastian l'exprime ici à son tour. Un monde interlope où se croisent les résidents permanents, les pillards à la recherche de derniers vestiges à monnayer et même quelques touristes en quête de sensations fortes. Une communauté vibrante et solidaire dans un univers apocalyptique.

Le cycliste de Tchernobyl est un roman engagé, profondément antinucléaire. Sebastian parvient à mélanger des éléments scientifiques purement factuels et des tranches de vie romanesques avec une facilité déconcertante. La figure héroïque de Vassia, physicien altruiste seul contre tous, ayant très vite compris l'ampleur de la catastrophe et voulant à tout prix témoigner de la réalité de la situation, est d'une grande pureté. Un texte sombre, désespéré et humain, une grande réussite.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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critiques presse (1)
Liberation
24 septembre 2013
Il y a dans le Cycliste de Tchernobyl quelque chose qui tient du tour de force : cette capacité à relier la centrale folle diffusant sa radioactivité et l’avenue prétendument la plus célèbre du monde, à faire tenir ensemble des mondes si différents, à fabriquer un roman de facture classique et cependant d’une évidente originalité.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
En commentaire de la photo d'une vache morte sur une route, Iakov Vassiliev a écrit: "On devait d'abord boire beaucoup de lait. Mais après plus du tout, parce que le lait était contaminé (les vaches mangent de l'herbe et on nous a dit que c'est dans l'herbe qu'il y a le plus de radiations). Buvez plutôt de l'eau, sans rien. De l'eau en abondance. Il faut hydrater le corps pour que les particules radioactives s'évacuent par la sueur et par l'urine. Plus tard, ils on dit que l'eau aussi était contaminée, surtout celle des puits et des étangs. Ne prenez pas de mesures particulières, continuez à mener une vie normale. Comme avant. Alors, qu'est-ce qu'il faut faire finalement? je leur ai demandé."
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C'étaient les visages de deux femmes à la fenêtre, elles saluent, âmes blanches de Pripiat regardant celui qui a pris la photo sans les voir. Peut-être que d'autres visages se cachent derrière les fenêtres, la ville est peuplée de visages. Cette photo est publiée, tout le monde peut la voir. Mais il faut dire que ces deux visages donnent envie d'être ailleurs.
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Convaincus qu'ils allaient mourir, Rostislav Khrienko et sa femme Oletchka démontaient les portes de tous les appartements où ils avaient dormi au moins une nuit.Ils les posaient sur quatre chaises, comme une table supplémentaire pour une fête à la maison et, avec des ciseaux, traçaient une croix en haut.Puis ils gravaient leur nom : Rostislav, de Teremtsy, 1951.Et Oletchka, 1956.Comme ça, quand viendrait l'heure, ils auraient toujours une porte disponible, car ils tenaient par-dessus tout à respecter la tradition de leurs ancêtres, qui consistait à présenter le cadavre allongé sur la porte de la maison pour la veillée funèbre.

( p.42)
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La récréation, il fallait la passer dans la grande salle, à tour de rôle, une classe après l'autre. C'était le règlement. A l'air libre, c'était interdit. Maroussia Bobrova, la directrice de l'école, lui a raconté que des hommes portant des masques avaient mesuré les taches de radioactivité avec des compteurs Greiger et les avaient dessinées sur un plan du village. Si vous perdez un ballon dans ce cercle, vous le laissez.
Comme ce cercle jouxtait une esplanade où les enfants jouaient, les ballons s'accumulaient et personne n'osait aller les chercher. Ils finissaient par se dégonfler. Une vingtaine, regardez, on les voit bien de ce balcon.
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Vous n'avez pas vu les touristes? Ils paient 400 dollars la journée. Quand ils arrivent, je sors faire un tour comme si tout était normal, j'ai même signé des autographes.Le guide est le jeune Evgueni Brovkine.Il les emmènent toujours dans les mêmes rues.Et parfois il me donne un plat de patates bouillies pour que je me montre, il dit que c'est un plus pour son activité.
Il dit aussi que je devrais quitter Pipriat.Mais pour aller où, alors qu'ici j'ai une ville entière à ma disposition ? Il n'y en a pas beaucoup qui peuvent dire ça.


( p.29)
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