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4,04

sur 264 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est une histoire bouleversante, insupportable et je crois que le meilleur moyen de la lire est de rentrer de suite dans la peau du narrateur. Precious claque la porte de chez elle a 16 ans quand elle accouche pour la deuxième fois des oeuvres de son père. La première fois c'était à douze ans d'une petite fille retardée mentale qu'elle n'a jamais revue. Precious est violée par ses parents, oui je dis bien ses parents (Je ne l'ai jamais lu dans les critiques des blogueurs et pourtant Precious le mentionne plusieurs fois dans son histoire) depuis sa naissance. Jouet sexuel de ses parents, elle est battue par sa mère. Elle doit sa chance à sa deuxième grossesse qui se voit trop et pour laquelle elle est renvoyée de son collège avec une adresse d'une école « Apprendre de chacun, apprendre à chacun ». Elle est placée dans un foyer avec son bébé et ne voit plus ses parents. Avec l'énergie du désespoir et une sacrée entraide elle apprend à lire et à écrire. Elle réfléchit sur sa vie, son parcours avec l'aide de son professeur. La seule fois où elle revoit sa mère en présence d'un psychiatre, c'est pour apprendre que son père est mort du sida. …Oubliez tous vos principes, votre culture et osez vous revêtir de la peau de Precious, avec son vocabulaire limité son orthographe phonétique, ses pensées, faites une descente aux enfers, dans son enfer avec la toute petite lueur de l'espoir au bout de la route, oui là bas droit devant vous, si vous en avez la force. Félicitations au traducteur !


Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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La vie n'a pas gâté Claraence Precisous Jones. Elle est noire, un peu trop à son goût, elle est obèse et illettrée. Elle a seize ans et la directrice blanche de son école à Harlem vient de la renvoyer définitivement. le motif? Precious est enceinte. Pour la seconde fois. Et dans les deux cas, l'homme avec qui elle a eu ses enfants est celui qu'elle connaît comme étant son propre père. Carl Kenwood Jones abuse sexuellement d'elle depuis toujours. Quant à sa mère, Mary Johnston, elle a non seulement permis ces viols, mais préfère cogner Precious à coup de poêle à frire, lui crachant au visage qu'elle lui a piquée son homme, plutôt que de prendre sa défense. Elle abuse aussi sexuellement de sa fille et la traite comme la servante à la maison.
Il est difficile d'imaginer comment les choses pourraient pires, mais au cours du roman, Sapphire ajoute encore un peu de malheur à son protagoniste. Après avoir failli accoucher à douze ans sur le carrelage de la cuisine à cause d'un manque de suivi médical et des coups de pieds de sa mère, le premier enfant de Precious, Little Mongo, se révèle avoir le syndrome de Down (trisomie 21). Elle lui est rapidement enlevée pour être placée chez la grand-mère de Clareance, tandis que sa mère prétend s'en occuper auprès de l'Assistance Sociale.
Une semaine après la naissance de son deuxième enfant, Abdul Jamel Louis Jones, Precisous décide de prendre sa vie en main. Elle commence par fuir le domicile maternel et se retrouve dans les rues de Harlem, sans lieu pour vivre. Peu de temps après, elle apprend que son père l'a contaminée avec H.I.V.
Elle s'inscrit, grâce à son ancienne directrice, dans une école parallèle, Apprendre de chacun - Apprendre à chacun. Cette institution est dédiée à l'apprentissage de la lecture et de l'écriture en vue de la réinsertion sociale. Et avec l'aide d'une professeur douée nommée Blue Avers (Rain, en VO), Precious va apprendre. Elle apprend à écrire ses propres expériences et à les transformer en poésie. Elle se joint également à un groupe de soutien aux survivants d'inceste et à un groupe de soutien positif pour H.I.V. Elle gagne des amis, l'estime de soi et l'espoir d'un jour aller au collège. "Poussez", lui dit l'ambulancier quand elle accouche. "Poussez", dit sa professeur, quand elle désespère de faire quelque chose de sa vie

Push est un roman que l'on peut qualifier de naturaliste. Sapphire s'est inspirée de son propre vécu et des attouchements sexuels qu'elle a subits étant plus jeune, pour étayer le personnage de Precious. Pendant sept ans, la romancière a travaillé dans des ateliers d'alphabétisation pour adolescents maltraités à Harlem. Elle s'appuie donc, là encore, sur son expérience personnelle pour rendre plus vraisemblable son roman, qui se fait dès lors, le reflet d'une époque et d'une communauté.
Mais ce roman est aussi jonché d'éléments narratifs issus du conte de fée. En effet Precious présente sa mère comme une ogresse qui ne fait que manger et l'engraisser. Lorsque la tension familiale atteint son paroxysme, elle s'évade dans son esprit, qui devient un téléviseur, joue et rejoue des vidéos qui lui offrent un bref répit des réalités sombres de sa vie quotidienne. Dans ces rêveries, elle est mince, pas grosse ; blanche, pas noire ; aimée, pas ridiculisée ni battue. La jeune fille est alors l'archétype de la jeune héroïne de conte de fées, maltraitée par sa famille et qui n'aspire qu'à s'échapper et se réinventer.

Sapphire appartient ce qu'on appelle la Troisième Vague du féminisme noir, à savoir une génération dite "hip-hop", ouvertement queer ou du moins en adéquation avec les revendications homosexuelles, post-droits civiques, et post-féministe. Il ne s'agit pas d'un rejet du féminisme mais d'un hommage appuyé aux générations précédentes. Alice Walker (1944-) en est la digne représentante. Elle développe une réflexion sur le silence imposé aux femmes noires en matière de politique sexuelle et raciale, en déconstruisant les stéréotypes racistes qui circulent sur leur sexualité, qui interdisent l'appropriation de leur propre corps, de leur parole comme de leur désirs et plaisirs.
Sapphire est très imprégnée de idées d'Alice Walker. Precious exprime un certain plaisir qu'elle a ressenti, voire les orgasmes qu'elle a pu avoir, alors même qu'elle se faisait violer. Les normes implosent. La figure homosexuelle est importante dans le livre. En entrant dans sa nouvelle école, Precious côtoie des jeunes femmes au parcours douloureux. Elle y rencontre Jermain, qu'elle présente d'emblée comme n'étant pas certaine que ce soit une fille comme elle (p.63). Aussi, Mademoiselle Avers, qui est lesbienne, lui rappelle que les homosexuels ne sont pas à stigmatiser, comme le fait par exemple Farrakhan : "[...] sauf que je suis pas gouine comme Célie [personnage principale de la Couleur pourpre, écrit par Alice Walker]. Mais juste quand je vais pour causer de ces conneries, dire à la classe ce que la Petite Élite et Farrakhan disent des gouines, Mrs Avers me dit que si j'aime pas les homosexuelles elle pense que je l'aime pas non plus pasqu'elle l'est. Ça me l'a coupée. Pis je me la suis fermée. Tant pis pour Farrakhan. Je crois encore Allah et les machins. Je pense que je crois encore tout. Mrs Avers dit que les homosexuelles c'est pas elles qui m'ont violée, xé pas les homosexuelles qui m'ont laissée sans rien apprendre pendant seize ans, pas les homosexuelles qui bousillent Harlem." (P.104)

Au vue de la remise en contexte, on pourrait penser que Push de Sapphire est un roman de revendications, aussi bien de la communauté africaine-américaine que des féministes. Oui, mais pas que. Il ne s'agit pas d'un manifeste et le livre ne prend pas vraiment position. Il pose un constat : derrière la question raciale se dissimule la question sociale.
le livre est, en effet, une dénonciation de la faillite des services publics américains, de la directrice d'école qui renvoie l'adolescente parce qu'elle est enceinte, les professeurs qui ne devinent pas son illettrisme, l'hôpital qui la met à la rue avec son nourrisson, jusqu'à l'assistante sociale hypocrite et l'ensemble des services sociaux qui n'ont su protéger Precious pendant toutes les années de son martyre. La "responsabilité personnelle" plutôt que les Welfare Queens était le grand mot d'ordre lorsque le récit est publié. En 1996 en effet, Bill Clinton décide de mettre fin à une relative protection des femmes seules et des enfants les plus pauvres en réformant les allocations familiales hérités de 1935 (Aid to Dependent Children). Precious déteste cette fausse charité, ce qu'elle identifie comme un simulacre de compassion.

« C'était difficile de voir que les lecteurs pensaient que c'était la véritable histoire d'une adolescente analphabète qui aurait tout enregistré sur dictaphone, et qu'un éditeur blanc aurait retranscrit. » ajoute la romancière au Guardian, en 2011, à propos de la réception de son livre par la critique et le public.

A la différence de L'Oeil le plus bleu, de Toni Morrison ou de la Couleur pourpre, d'Alice Walker, les sévices physiques et psychologiques subis par le père incestueux ne sont pas un précédent de la tragédie familiale. Les Precious Jones existent dans la réalité. Non seulement parmi les quatre cinquième des jeunes femmes noires touchées par l'obésité ou le tiers d'entre elles qui vivent dans la pauvreté, non seulement chez celles frappées par le virus du sida, première cause de leur mortalité.
Push n'est cependant pas l'histoire d'une victime impuissante ou dégoûtante. Même si elle est présentée comme une monstruosité, pur produit de nos dérives sociétales, Precious n'est pas que ce gros tas de graisse noire illettrée et violée. Il s'agit d'une histoire d'émancipation (féminine) grâce à l'apprenti de la lecture et de l'écriture, et surtout d'un récit hautement social.

La détermination de Precious à reprendre le contrôle de sa vie par le passage de l'oralité à l'écriture. le livre est présenté comme l'histoire de sa vie, qu'elle écrit. Il doit donc rendre compte du niveau d'alphabétisation de cette dyslexique illettrée qui raconte son enfer avec une rageuse dignité. le langage oral y est transcrit souvent phonétiquement, ce qui contraint le lecteur à se battre lui aussi pour comprendre la langue de ce roman "parlé". La syntaxe est malmenée, il y a beaucoup d'onomatopées en guise de mots retranscrits à l'oreille, de l'argot du ghetto, des silences et des mauvais tours de la mémoire mêlé dans une sorte de chaos de la voix de la narratrice.

Il y a également un jeu sur la mise en page du texte. Lorsque nous sommes dans l'histoire qu'elle écrit, le livre physique que nous tenons entre nos mains, le texte est justifié. Tant dis que lorsque nous passons dans les retranscriptions de son cahier de bord, le texte a une tout autre mise en page : il est alligné à gauche et parfois avec alinéas créant des sortes d'escaliers de mots.

Tout cela participe à préserver de la violence brute du récit.

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Un roman coup-de-poing à lire pour espérer, s'émouvoir, se révolter

Écrit en 1996, seul et unique roman de la noire-américaine Sapphire traduit en France, Push (renommé Precious lors de la sortie du film-cf vidéo ci-dessous) nous conte l'histoire de Precious, une jeune fille enceinte pour la seconde fois de son père, qui a abusé d'elle. Ce livre est son histoire, sa lutte pour sortir la tête hors de l'eau.
Push a rencontré un tel succès qu'il a été adapté au cinéma en 2009 et renommé sous le nom de Precious (voir la bande-annonce en fin d'article), pour ne pas apporter de confusion avec le film de science-fiction Push, sorti la même année. L'adaptation a d'ailleurs remporté deux oscars, celui de la meilleure actrice et celui du meilleur scénario.
Sapphire, auteur qui suit les trace de Toni Morrison, est une figure de la littérature noire-américaine engagée et féministe, elle vient de sortir un nouvel ouvrage aux Etat-Unis, qui se nomme The Kid.

Un récit qui prend aux tripes

Harlem : Precious Jones est enceinte, de son père. Sa mère, elle, considère que sa fille ne peut s'en prendre qu'à elle-même si elle est dans cette situation, sa fille lui a volé son mari, selon elle.
Battue, méprisée, maltraitée, Precious (prénom on ne peut plus paradoxal et cruel) est sollicitée par les services sociaux. Elle refuse de se rendre dans ces classes spécialisées pour « les filles comme elle », qui n'ont pas eu non plus de chance dans la vie, pas de famille pour les soutenir, les écouter. Mais sa rencontre avec la professeur Mrs Avers va changer la donne, Precious va découvrir cette envie qui lui faisait aussi cruellement défaut.
Et c'est la découverte d'un tout autre monde qui d'ouvre à elle : Precious se rend alors compte qu'elle peut prendre son destin en main, s'en sortit, subvenir à ses besoins et à ceux du bébé déjà né, ainsi que celui à venir....

lire la suite sur le blog !
Lien : http://glowmoonlight.unblog...
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Un roman dur mais qui brosse un portrait de la société américaine bien noir. J'ai adoré le style de l'auteur qui nous fait partager les progrès de Precious en lecture, ainsi que les limites intellectuelles de cette jeune fille ,victime d'abus sexuels de la part de son père et de sa mère.
Un roman difficile mais toujours bien en deça de la dure réalité de la vie .
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j'avais déjà été touchée par le film...le livre est encore plus poignant. Bravo au traducteur.Ce n'était pas évident. Livre terrible sur l'histoire de Precious, mère-enfant de Harlem, victime de sa mère et de son compagnon...qui ne rêve que d'apprendre, de s'éduquer, d'être aimée, elle dont a bafoué les droits depuis sa plus tendre enfance...je n'en dis pas plus.Il faut absolument le lire...Bouleversant.
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UN CHOC ... LE choc du moment

La lecture de la quatrième de couverture vous donnera une idée de l'atmosphère de ce roman très autobiographique mais il serait dommage de s'arrêter à cela et d'en être choqué.
En effet, c'est l'écriture puissante, violente, crue même donne toute sa force à ce roman bouleversant que j'ai lu quasi d'une traite en apnée et qui m'a laissée entre larmes et espoir, entre révolte et admiration.

Le personnage principal Precious subit les violences morales et sexuelles de son père, la violence physique de sa mère. Obèse, enceinte à 12 ans puis à 16, à la limite de l'illettrisme, elle décide de prendre son destin et main et fuit l'horreur familiale. Il va lui falloir une sacrée dose de courage et de travail pour sortir de cette fange aidée par une travailleuse sociale exemplaire.

J'ai aimé :

L'écriture à la limite du phonétique, argotique et crue qui rend la lecture un peu laborieuse pendant quelques pages mais qui nous emporte dans l'univers de Precious Jones.

La capacité de résilience de Precious, son univers riche et parfois drôle.

Le rôle de l'écriture et de la lecture comme une bouée de sauvetage par son rôle thérapeutique et fédérateur. La mise en page joue un rôle en différenciant le journal d'apprentissage de Precious et, avec une autre typographie, le récit.

Les thèmes abordés : inceste, violences, faillite du système éducatif, carences du système de santé, sexualité, homosexualité, VIH, pauvreté, obésité, racisme ... Toute une réalité qui n'est pas toujours si loin de nous... Et, au delà de la misère, une belle leçon d'émancipation féministe.

On ne peut pas s'empêcher de penser à La couleur des sentiments ou à la Couleur Pourpre.

Je n'ai pas aimé :

Ne pas l'avoir lu avant ... C'est un collègue qui me l'avait recommandé il y a très très longtemps et je n'arrivais pas à le trouver d'occasion (pour info il est disponible à la La Bouquinerie du Sart et sur Momox)

Ma note : vous aurez compris que c'est un grand 10+ pour cet énorme coup de coeur

PS : on me dit dans l'oreillette que le film est à voir absolument !
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on suit, à travers ses écrits, une jeune femme quasi illettrée et on la voit grandir, s'émanciper et surtout s'ouvrir au monde. Très rude par le réalisme de la violence de la société américaine décrite, ce roman met en colère et bouscule. Il donne l'envie de se réveiller et d'affronter tous les obstacles, comme le fait la narratrice. A lire absolument
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Voilà un livre qui est aussi puissant qu'il fait mal.
J'ignore si cette histoire est tirée d'une vie réelle et je ne chercherai pas à savoir pour garder cette impression de réalité.
L'auteure a sublimé le pathétique et la détresse de la vie d'une adolescente noire qui malgré tout ce que la vie ne lui a pas offert, réussit quand à trouver le courage d'avancer.
Si le style délibérément "mal dit" et "mal écrit" est difficile au début, les mots nous prennent rapidement aux tripes.
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Lu il y a longtemps maintenant, c'est un livre qui m'a marquée dans les propos et situations évoqués. Percutant et glaçant. Ce récit met en lumière tout ce que nous refusons de croire. Il a ça de commun avec my absolute darling.
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Un livre violent, où les mots sont des lames qui outragent les corps et déchirent les coeurs, sans fin. On voudrait que ça n'existe pas ; on préfèrerait des histoires de vélo. Mais c'est la réalité et le réalisme, c'est dur. Mais (même si c'est pas un vrai mot) , à la longue, les mots, on les déchiffre et ils apportent la liberté. Lisez Precious, poussez et lisez...
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