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Goliarda Sapienza (Autre)
EAN : 9782370552402
238 pages
Le Tripode (14/01/2021)
4.13/5   19 notes
Résumé :
Acculée par ses contradictions, ses traumatismes et ses peurs, Goliarda Sapienza a décidé de faire face et de se confronter aux chaos de son passé.

C’est cela que nous propose avant tout Lettre ouverte, la conscience d’un conflit intérieur majeur et la volonté de le surmonter. Peu importe si cette aventure oblige Sapienza à couper les ponts avec le monde culturo-bourgeois qui était le sien jusqu’alors, si elle la laisse cloîtrée chez elle, l’écrivaine... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Emprunté à ma médiathèque le 28 mars 2022 !!! - 20 mai 2022

Lecture aussi intéressante qu'oppressante, tant l'histoire de cette femme brillantissime est passée par des violences innommables, au creux du cercle familial, même si cette famille était aussi toxique qu'exceptionnellement brillante, intellectuelle, atypique et très nourrissante, culturellement...!!

Cette "Lettre ouverte " écrite en 1965,alors que son auteure est au mitan de son existence,dans un temps de dépression intense et récurrent, et voulant "débroussailler " une histoire familiale complexe,ayant réuni le pire et le meilleur !!! Texte autobiographique qui sera publié deux ans plus tard,en 1967!..

J'éprouve une grande admiration pour la plume et l'exigence de vérité cette femme envers elle-même et son histoire familiale aussi palpitante que "tordue".

C'est pour cette raison que j'ai choisi l'extrait suivant,qui est terrifiant d'explications pour comprendre la personnalité de cette femme de Lettres, qui, à ses 40 ans,après dépressions, tentatives de suicides, des tendances autodestructrices, a éprouvé par cette "Lettre ouverte" de poser ses bagages, et de faire le point, le "grand ménage" dans son histoire familiale aussi palpitante que toxique.!!

Des parents brillantissime dont une mère exceptionnellement engagée politiquement, directrice d'un Journal....cultivée, permissive ( et sans doute trop ??); une famille recomposée complexe ...un père, avocat, très engagé à gauche, assumant ses convictions jusqu'aux emprisonnements successifs ...mais aussi père ambigu et
incestueux ?

Il est étonnant de lire sous la plume d'une écrivaine le reproche d'une mère ayant poussé sa fille , intellectuellement, au maximum...mais lui ayant refusé le minimum affectif !!!

"Mais quand elle est morte,le remords de ne pas avoir suffisamment pris soin d'elle m'a assaillie nuit et jour.Il a fallu dix ans pour que je comprenne le sens de ce remords.J'avais été une bonne mère, mais je m'en voulais d'avoir,par mes soins,prolongé son agonie de deux ou peut-être trois ans.Ma façon de la soigner était une vengeance. Enfin je l'avais en main,cette femme qui l'avait dominée toute la vie: je pouvais la laver,la tenir dans mes bras,la caresser: elle qui auparavant était si avare de tendresses.(...) Je me vengeais en lui faisant voir comment on prend soin d'une fille: en le lui faisant voir à elle,qui ne s'occupant que de mon esprit m'avait pour le reste négligée de toutes les façons. (p.200)"

Un texte précieux pour appréhender au mieux l'oeuvre de cette grande dame des Lettres...toutefois,j'ai eu du mal car les douleurs et traumatismes évacués dans cette Lettre-confession ou Lettre-bilan sont d'une violence psychologique rare! J'achève par cet extrait explicatif de l'éditeur :

"(...) Pour ce qui est de la vie de Goliarda Sapienza,inutile de s'attarder ici sur ses années d'apprentissage et sur le canevas redoutable d'une famille sicilienne mêlant la beauté à la violence, l'engagement à la folie, la culture au non-dit.Il n'est pas plus nécessaire de détailler
l'expérience traumatisante de Sapienza pendant la guerre,celle désenchantée du théâtre, l'échec de son couple avec Cito Maselli,la disparition de la figure écrasante de sa mère, sa dépression ,les conséquences désastreuses d'un internement psychiatrique et de séances d'électrochocs qui la laissèrent dévastée. La connaissance désormais acquise de ces éléments biographiques- alors qu'ils ne sont souvent évoqués que de manière elliptique dans Lettre ouverte-donne de fait une toute autre ampleur au courage de l'auteure pour sortir du carcan que fût sa première vie,celle d'avant l'écrit. Acculée par ses contradictions,ses traumatismes et ses peurs,Sapienza à décidé de faire face et de se confronter au chaos de son passé. ( p.6)"
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Le premier livre publié de Goliarda Sapienza...
Elle a plus de quarante ans et sort d'une série de traumatismes. Alors pour faire face à elle-même, elle s'adresse à nous, elle nous prend littéralement à témoin, elle a besoin d'interlocuteurs. Elle nous livre ce que fut son enfance et son adolescence, les joies, les démons et les blessures qu'elle a dû affronter. Et bien sûr, dès le début, Goliarda est d'une sincérité sans concession. Son texte a la force de celle qui refuse tout arrangement, si minime soit-il, au rebours de tant d'écrivains qui ont truqué ce qu'ils écrivaient et disaient sur eux-mêmes. Et le monde littéraire l'a ignorée pour cela. C'est un des aspects tragiques de la vie de Goliarda.
Pourtant, dès le départ, sa vie fut à a fois passionnante et très difficile. Ses parents ont formé une famille recomposée, entre un père avocat socialiste et une mère syndicaliste, dans l'Italie fasciste. Il y a des positions plus confortables.
Et puis il y a la misère qu'elle côtoie, les questions d'enfant, sur la religion notamment. Ensuite les émois de l'adolescente, l'apprentissage de la sexualité, et les agressions des adultes.
Le résultat n'est sans doute pas aussi abouti que dans ses livres ultérieurs. Les récits sont éclatés, parfois allusifs, et la forme se cherche quelquefois. Mais c'est déjà bouleversant d'intensité et de liberté. Une sorte d'apprentissage de l'Art de la joie.
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40 ans, l'âge du bilan, le moment pour mettre de l'ordre dans sa vie. Cela s'impose encore plus quand on ne sait pas quoi faire de cette vie : continuer le théâtre ou écrire ? Quitter son mari ou résister aux autres hommes ? Rester fidèle à ses idées de gauche ou les renier à cause de Staline ? Rester en vie où se suicider ?
À 40 ans, Goliarda doit mettre de l'ordre dans tout ça. Mais, comme elle l'écrit : "Il n'y a rien à faire : pour faire de l'ordre, il faut d'abord toucher le fond du désordre". Alors elle y plonge, dans son désordre intérieur, et décide d'aller jusqu'au fond, à savoir l'enfance.
C'est le coeur de cette Lettre ouverte (son mari, le théâtre, Staline et le suicide n'existent pas encore pour elle). Et qui y a-t-il de plus désordonné que l'enfance? C'est un fatras de souvenirs, qui nous reviennent sans logique, sans respect de la chronologie, sans hiérarchie, puisqu'un détail mineur peut nous avoir marqués, tandis qu'un événement historique peut nous être passé à mille lieues au-dessus de la tête.
L'enfance c'est aussi un embrouillamini de doutes et de questions, sur la famille, la religion, l'attirance et les sensations que l'on peut éprouver sans vraiment les comprendre. Et tout cela devient encore plus complexe quand on a, comme Goliarda, une famille recomposée avec une multitude de demi-frères et demi-soeurs plus âgés, auxquels s'ajoutent des amies du village et se retranchent des morts, fauchés précocement par une maladie ou un accident. Et le désordre augmente encore quand la mort elle-même devient un jeu, quand les défunts reviennent pour offrir des cadeaux ou faire des farces aux vivants, quand les vivants brisent les frontières, s'invitent dans des lits dont la morale leur interdit l'accès, cette même morale qui s'élève contre les "crimes" de Goliarda, qui a embrassé une autre fille ou s'est laissé prendre la main par un garçon qui voulait la consoler à la fin d'un enterrement.
Ajoutez à cette réalité déjà confuse le cinéma, l'opéra, la lecture, les légendes siciliennes et le désordre de cette enfance sera complet.
En toute logique (si l'on peut encore en trouver) ce livre est l'expression de ce désordre : les époques se confondent, les personnages se mélangent, morts ou vivants, vivants faisant le mort (en résistant même aux chatouilles) et morts revenant parler aux vivants, adultes et jeunes (dont l'âge n'est jamais très clair), membres de la famille et personnages de fiction. Cette Lettre ouverte n'est donc pas un texte facile et mérite sans doute une relecture ; mais il porte néanmoins les marques du talent de Goliarda Sapienza : une plume précise et poétique, qu'elle soit descriptive ou onirique ; une liberté de ton, dissimulée ici sous l'innocence d'une enfant qui expose naïvement des faits qu'elle ne comprend pas ; un talent de conteuse, ouvrant pour nous la malle aux trésors des légendes et traditions de Sicile, mêlées de l'histoire cruelle de l'Italie rongée par le fascisme et la guerre ; une capacité inégalable à faire naître des réflexions, sur la religion, la politique, le sexe, la culture, le poids des traditions, la liberté...
Alors même si j'ai été moins transporté que lors de ma lecture de l'Art de la joie et que j'y ai senti un peu moins la douce poésie de Rendez-vous à Positano, je ne peux nier que ce texte, comme les deux autres, est traversé par le tempérament puissant de Goliarda Sapienza et porté par sa voix unique. Deux excellentes raisons d'aller visiter son désordre intérieur (et de prolonger l'expérience par les deux parties suivantes de son autobiographie).
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Je dois à l'honnêteté de dire que je suis absolument fasciné par Goliarda, j'ai tout dévoré et chaque fois que je referme l'un de ses livres, il vit encore longtemps en moi...
Cette fois, c'est le magnifique essai « Lettre ouverte », et c'est aussi le premier écrit commencé par Goliarda.
Je l'ai littéralement dévoré.
Le refermant à l'instant, un grand vide se fait en moi et je regarde mes mains qui ne tiennent plus cette lettre ouverte.
Goliarda tente de mettre un peu d'ordre dans ses souvenirs, dans sa vie.
Un goût de « Moi, Jean Gabin » pour l'enfance, une touche de « L'art de la joie » pour la personnalité aussi évidemment, ce bouquin m'a subjugué.
Goliarda y raconte essentiellement son enfance, ses émotions.
Enfance compliqué dans cette famille atypique (si vous découvrez Goliarda je vous conseille d'ailleurs de commencer par la fin du très bel ouvrage proposé par les excellentes éditions du Tripode : un bref résumé biographique) dans une Sicile où les histoires et contes populaires sont toujours prégnants, et dans l'Italie fasciste.
Ses parents, « socialistes » à forte tendance « libertaire » tentent de la protéger de l'embrigadement fasciste, elle n'ira d'ailleurs pas à l'école primaire mais aura un professeur à domicile.
Le récit est parfois difficile à suivre, mais il est poétique, drôle et émouvant. A la limite du fantastique aussi, comme cette irruption du typhus pétéchial aux allures de scène médiévale.
L'évocation de la maladie qui faillit l'emporter, de la folie de sa mère (quelques phrases terribles sur la maladie de Maria – Alzheimer – et la culpabilité de Goliarda) le difficile passage à l'âge de femme (avec la volonté de ne pas devenir l'une de ces « petites femmes » siciliennes soumises) et la découverte de sa sexualité (les mots sont très sensibles, l'évocation pleine de subtilité et de sensualité enfantine).
« Je vous laisse un moment : avec ce peu d'ordre que je suis arrivée à faire autour de moi. Je voudrais me taire pour quelque temps, et m'en aller jouer avec la terre et mon corps. »
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Délicat avis que celui-ci. Une personne comme Goliarda Sapienza n'existe que dans les romans, tant sa vie, du début à la fin, est une suite de transcendances. Etre née quelque part, à une époque donnée vous prédispose à ne pas avoir une vie tranquille et sereine, si vous y rajoutez une ascendance riche et multiple, contraintes diverses et violences morales et affectives, vos chances de bonheur sont réduites. Vous êtes condamnée à vous battre, à vous maintenir la tête hors de l'eau, d'exprimer votre différence, d'affirmer plus que tout autre : je suis vivante. Je parle au féminin, la condition de femme dans la Sicile de l'entre-deux guerre n'est souhaitable pour personne, de fille de militants anti-fascistes vous condamne à l'excellence ou à...la mort. Il n' y a pas de salut hors l'exigence nécessaire pour échapper à la soumission. Elle seule construira, se construira une personnalité, improvisations, erreurs, poids de la parentèle et refus des compromissions de toutes sortes, monnaie courante dans les temps difficiles. Un mélange d'abnégation et de talent en fait une héroïne à la résilience hors du commun, utilisant une souffrance existentielle innée, au service d'une création romanesque magistrale.
Sa vie est un roman, c'est un peu court, je l'avoue. Cette Lettre ouverte couche sur le papier la genèse de sa grande oeuvre, "l'art de la joie", missive adressée à qui veut bien la lire, mosaïque de souvenirs d'enfance, tentative d'explication onirique de ses origines, explosion de sensibilités exacerbées par des circonstances historiques très rudes. Etre née en 1924 dans l'Italie fasciste n'est pas un cadeau.
A lire
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Note de l'éditeur

(...) Pour ce qui est de la vie de Goliarda Sapienza,inutile de s'attarder ici sur ses années d'apprentissage et sur le canevas redoutable d'une famille sicilienne mêlant la beauté à la violence, l'engagement à la folie, la culture au non-dit.Il n'est pas plus nécessaire de détailler
l'expérience traumatisante de Sapienza pendant la guerre,celle désenchantée du théâtre, l'échec de son couple avec CitoMaselli,la disparition de la figure écrasante de sa mère, sa dépression ,les conséquences désastreuses d'un internement psychiatrique et de séances d'électrochocs qui la laissèrent dévastée. La connaissance désormais acquise de ces éléments biographiques- alors qu'ils ne sont souvent évoqués que de manière elliptique dans Lettre ouverte-donne de fait une toute autre ampleur au courage de l'auteure pour sortir du carcan que fût sa première vie,celle d'avant l'écrit. Acculée par ses contradictions,ses traumatismes et ses peurs,Sapienza à décidé de faire face et de se confronter au chaos de son passé. ( p.6)
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C'est ainsi que moi,à partir du soir où je découvrais que ce petit paysan qui regardait le ciel en s'appuyant sur sa bêche était devenu Galilée, et que ce minuscule pêcheur dans cette barque secouée par les vagues de la mer en pleine tempête, était Christophe Colomb,j'étais prise d'une telle admiration que je m'approchais des vitres précieuses et les baisais avec respect.Je découvris plus tard que c'était ma première prière. Je devais devenir comme eux,moi aussi.Mais que peut devenir une femme ?Toutes les femmes qui passaient par chez nous étaient mariées à des prisonniers et des domestiques : elle seule,ma mère étudiait, et alors il fallait que j'étudie moi aussi pour devenir comme elle (...)
( p.51)
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Mais quand elle est morte,le remords de ne pas avoir suffisamment pris soin d'elle m'a assaillie nuit et jour.Il a fallu dix ans pour que je comprenne le sens de ce remords.J'avais été une bonne mère, mais je m'en voulais d'avoir,par mes soins,prolongé son agonie de deux ou peut-être trois ans.Ma façon de la soigner était une vengeance. Enfin je l'avais en main,cette femme qui m'avait dominée toute la vie: je pouvais la laver,la tenir dans mes bras,la caresser: elle qui auparavant était si avare de tendresses.(...) Je me vengeais en lui faisant voir comment on prend soin d'une fille: en le lui faisant voir à elle,qui ne s'occupant que de mon esprit m'avait pour le reste négligée de toutes les façons. (p.200)
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"POURQUOI ES-TU ALLÉ EN
AMÉRIQUE ?" Parce qu'ici il n'y avait pas de travail:pour chercher fortune. "Et tu as fait fortune ?" " Sûr que je l'ai faite; mais comme je ne sais ni lire ni écrire ,je me la suis fait faucher." Arrivé à ce point, il baissait les yeux et ne disait plus rien.Mais après il cherchait dans ses poches."Tiens,vas t'acheter le journal et lis,lis comme ta mère,." J'interrogeai le professeur Jsaya sur sa fortune faite en Amérique.
"Nunzio a raison. On l' a roulé, non tant parce qu'il ne sait pas lire et écrire, qu'à cause du sentimentalisme, de la nostalgie qui prend les pauvres quand ils sont loin de chez eux.Les préjugés. Il a raison : quand on ne sait ni lire ni écrire, comme il dit,il est plus difficile de se débarrasser de toutes ces choses. (p.187)
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Il n'y a rien à faire : pour faire de l'ordre il faut d'abord toucher le fond du désordre.

*

Une "première" [de théâtre] est comme une naissance. Et quand le rideau tombe, sur la dernière réplique du comédien, c'est comme un enterrement, entre le parfum des fleurs et le putride des serrements de mains, des embrassades, des larmes. Bref, quand l'homme a inventé le vin, le parfum, il a inventé aussi ce concentré d'actions, de passions, cet extrait de vie. Pour l'avoir en mains au moins deux heures.

*

Je ne sais pas ce qu'est l'amour entre un homme et une femme : je ne sais pas comment il nait, pourquoi il naît, comment il meurt. Je sais seulement qu'il y a beaucoup de malentendus dans ce mot. Enormément. Il est enseveli sous des montagnes de détritus.

*

Le soupçon me vient de n'avoir jamais rien compris de l'amour, parce que de tous les mots, celui-ci étant chargé de vie et le plus libre, il peut devenir un levier dangereux pour la recherche de soi, et donc l'instrument à travers lequel se démasquent de fausses idées, de fausses lois, de fausses limitations, physiques et morales. Voilà la raison pour laquelle "amour" est le mot le plus dénaturé, emprisonné dans les barreaux des codes légaux, par des censeurs, des hommes politiques et des médecins vendus à l'ordre. Stendhal l'avait dit, mais comme toujours quand un vrai rebelle élève la voix,
la société, suivant l'exemple de l'Eglise, le célèbre avec des notes, des études, des essais, des reconnaissances officielles : elle le met sous des vitres précieuses, des cadres incrustés de joyeux, sur un bel autel bien haut, de telle façon que bien peu de peuvent avoir l'agilité de faire un saut pour le rejoindre, le tirer en bas et le regarder dans les yeux. Filtré de la sorte, son cri nous arrive comme une lumière morte, détachée d'une planète morte dix, vingt mille siècles auparavant. L'amour a subi le même sort.

*

Je vous laisse un moment : avec ce peu d'ordre que je suis arrivée à faire autour de moi. Je voudrais me taire pour quelque temps, et m'en aller jouer avec la terre et mon corps. Au revoir.
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Vidéo de Goliarda Sapienza
Par Marie Vialle Dans le cadre du festival Italissimo 2024
Liberté, désir et rébellion. Dans Moi, Jean Gabin, Goliarda Sapienza retrace l'histoire d'une enfance insoumise dans la Sicile des années Trente. À une époque où le fascisme étouffe la société italienne, une enfant de Catane, captivée par les images du film Pépé le Moko, ne rêve plus que de devenir Jean Gabin, symbole d'une vie libre et passionnante. Par l'auteure de L'Art de la joie, Moi, Jean Gabin est l'un des plus beaux textes de Goliarda Sapienza, à la fois roman autobiographique et testament philosophique qui célèbre la liberté et les rêves. À l'occasion du centenaire de la naissance de l'écrivaine, Marie Vialle met son talent et sa virtuosité au service d'une histoire magnifique.
À lire – Goliarda Sapienza, Moi, Jean Gabin, trad. de l'italien par Nathalie Castagné, le Tripode, 2012
Lumière par Hannah Droulin Son par Alain Garceau Direction technique par Guillaume Parra Captation par Marilyn Mugot
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