Citations sur Le Couteau : Réflexions suite à une tentative d'assassinat (16)
Bien des gens, des gens de gauche comme des conservateurs, se sentent en difficulté quand on leur demande de critiquer la religion. Mais si seulement on pouvait faire la distinction entre la pratique religieuse privée et l'idéologie politisée dans la sphère publique, il serait plus facile de voir les choses telles qu'elles sont et de parler librement sans avoir à s'inquiéter de heurter des sensibilités.
Dans la vie privée, croyez ce que vous voulez. Mais dans le monde tumultueux de la politique et de la vie publique, aucune idée ne saurait être protégée et soustraite à la critique.
Aussi, ma première pensée quand je vis cette silhouette meurtrière se précipiter vers moi fut : « C’est donc toi. Te voilà. » On raconte que les dernières paroles de Henry James ont été : « Elle a donc fini par venir, la chose distinguée. » La mort venait à moi, également. Mais elle ne m’a pas frappé comme une chose distinguée. Je l’ai trouvée anachronique. Ce fut ma seconde pensée : « Pourquoi maintenant ? Vraiment ? Il s’est passé tant de temps. Pourquoi maintenant, après toutes ces années ? » Le monde était assurément allé de l’avant et cette question était réglée. Et pourtant ici, approchant à toute vitesse, il y avait une sorte de voyageur temporel, un fantôme meurtrier surgi du passé.
Nous n'avons plus besoin de figure (s) de l'autorité parentale, d'un Créateur ou de plusieurs Créateurs pour expliquer l'univers ou notre propre évolution. Et nous n'avons pas besoin, disons plus modestement, je n'ai pas besoin de commandements de papes, ou de serviteurs de dieu d'aucune sorte pour me communiquer des principes moraux. J'ai mon propre sens de l'éthique, merci bien. Dieu ne nous a pas transmis la morale. Nous avons créé Dieu pour incarner nos instincts moraux.
Dans la mort, nous sommes tous des gens d'hier, à jamais piégés dans le passé. C'était dans cette cage que le couteau voulait m'enfermer. Non pas le futur. Le retour du passé qui cherche à m'attirer vers lui.
Sans l'art, notre capacité à réfléchir, à avoir une vision neuve des choses et à renouveler notre monde dépérirait et serait condamnée à mourir.
L'art n'est pas un luxe. C'est l'essence même de notre humanité et il n'existe aucune protection particulière, si ce n'est le droit d'exister.
Je me rappelle être allongé au sol et regarder la mare de sang qui s'écoule de mon corps. « Cela fait beaucoup de sang », me suis-je dit. Et puis j'ai pensé: « Je suis en train de mourir. » Je n'éprouvais pas cela comme un drame ou une chose particulièrement horrible. Cela semblait simplement probable. Oui c'était vraisemblablement ce qui était en train de se produire. C'était une évidence.
Il est rare de pouvoir décrire une expérience de mort imminente. Je voudrais d'abord raconter ce qui ne s'est pas produit. Il n'y avait rien de surnaturel là-dedans. Pas de « tunnel de lumière ». Je n'ai pas eu le sentiment de m'élever hors de mon corps. En fait je me suis rarement senti aussi fortement relié à mon corps. Mon corps était en train de mourir et il m'emportait avec lui. C'était une sensation physique intense.
Non, je ne crois pas aux miracles. Mais mes livres, oui.
Je n'aime pas l'idée que l'écriture soit une thérapie, l'écriture c'est l'écriture, la thérapie c'est la thérapie, mais il y avait de bonnes chances qu'écrire cette histoire m'aide à me sentir mieux.
J’ai toujours voulu écrire sur le bonheur, en grande partie parce que c’est extrêmement difficile. L’écrivain français Henry de Montherlant est l’auteur de cette formule célèbre : « Le bonheur écrit à l’encre blanche sur des pages blanches. » En d’autres termes, on ne peut pas le faire apparaître sur la page. Il est invisible. Il ne se montre pas.
Quand les croyants estiment que leurs croyances doivent être imposées à ceux qui ne les partagent pas, ou quand ils pensent qu’il faudrait empêcher les non-croyants d’exprimer avec vigueur ou avec humour leur incroyance, il y a un problème.