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Martin Winckler (Préfacier, etc.)
EAN : 9782207252246
198 pages
Denoël (09/05/2001)
4.41/5   11 notes
Résumé :

On ne s'habitue jamais à la prison. Et plus le temps passe, plus les matins sont douloureux.(?).

Qu'est-ce qui peut encore me donner la force ou l'inconscience d'atteindre le soir ?

Plus de 4 750 matins pour Jean-Marc Rouillan, détenu à la Centrale de Lannemezan. Mais toutes les prisons se ressemblent ?

Voilà sa vie derrière sa "porte bleue" qui le coupe du monde comme la prison coupe de la vie. Il parle de lu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Je hais les matins », c'est le genre de bouquin qui devrait tourner dans les services politique des médias. Vous savez ces journalistes qui entretiennent la peur, ces « avertis » qui participent au grand guignol de « l'un faux », ceux qui ont de l'extrême gauche plein la bouche quand ils parlent de la France Insoumise et de Mélenchon. Un Mélenchon qui ne serait qu'un bisounours dans un séminaire d'activistes, un pauvre gnou du système, peut être prêt à l'inverser mais certainement pas à le changer.
« Je hais les matins », c'est Jean Marc Rouillan et Jean Marc Rouillan c'est Action Directe, le terrorisme, l'extrême gauche, c'est… euh… vous êtes encore là?
Bon, pour ceux qui ne sont pas déjà partis, « Je hais les matins » c'est avant tout un livre sur le milieu carcéral, écrit en prison, avant d'être un livre militant même si l'un ne va pas sans l'autre ne serait ce qu'au niveau des droits de l'homme.
Prisonnier politique, comme Rouillan, ou de droit commun, la vie est rythmée par la violence et l'humiliation entre deux périodes d'isolement total (périodes de quelques années concernant Rouillant). le système est prêt à tout pour reformater un disque dur rebelle. Comme ce chantage fait par Sarkozy, des années après la parution de ce bouquin, alors que Rouillan malade (voir Paul des Epinettes et moi : Sur la maladie et la mort en prison) et au plus mal (tout le monde n'est pas papon…) voyait ses demandes de semi liberté rejetées tant qu'il ne renierait pas ses idées. Sarko attend toujours.
Oui, ses idées, parce que ce qui lui est reproché, pour montrer au bon peuple qu'on le protège, ce sont deux assassinats. Un général et le PDG de Renault. Deux vendeurs de larmes pour les uns, deux victimes pour les autres. Là n'est pas le problème, assassiner ça ne se fait pas nous sommes tous d'accord. Mais combien de criminels sont en liberté après avoir bénéficié de remises de peines ou avoir purgé leur temps incompressible? Pourquoi pour les anciens membres d'Action Directe la loi n'a-t-elle jamais été la même?
Petite citation en rapport, alors qu'à ses vingt ans, Rouillan était combattant anti Franquiste au sein du MIL et des Gari :

« Lorsque nous affrontions la dictature de Franco, La dépêche, le quotidien de Toulouse, tartinait du catéchisme antiterroriste. Elle blâmait ces petits décervelés dérangeant les relations avec nos voisins ibériques. Cela aurait été bien banal si à cette époque le rédacteur en chef du journal de la démocratie n'avait été René Bousquet, ancien chef de la milice de Vichy! S'était-il repenti pour reprendre place dans le cercle des pouvoirs? »

Y a encore quelqu'un?
Dans l'absolu, vous ne trouvez pas… bizarre, voir complètement con, que nous devions « gagner » notre vie alors que la logique voudrait que ce soit un droit. Vous ne trouvez pas stupide de se soumettre à une autorité auto décrétée qui a le pouvoir de vie ou de mort sur nous en nous asservissant avant éventuellement de nous licencier. Cette hiérarchie de valets qui nous tient encore une fois par la peur, qui nous tient en nous donnant juste assez pour survivre. Gagner un mois de vie supplémentaire en se prostituant X heures par semaine, sa vie contre du fric.

— Va à la conclusion, accouche.
— Bah non, je commence à peine.
— Laisse tomber, t'as perdu tout le monde là.
— Je m'en tape, c'est pas grave.
— Si encore t'avais parlé des conditions carcérales, de la vie derrière les murs, de trucs un peu glauques qui s'y passent, t'aurais pu intéresser les amateurs de policier and co mais là, tu commences par évoquer l'extrême gauche et la lutte armée sans les condamner et tu continues en disant qu'on est des abrutis résignés qui donnent leur cul pour avoir le privilège d'aller au mois d'aout baver sur le port de St Trop devant les maîtres qui nous donnent l'aumône chaque fin de mois.
— C'est un peu caricaturé mais pour ce qui est de notre quotidien, c'est un peu ça quand même.
— Oui mais faut pas le dire.
— Nan mais faut lire pour se faire son idée.
— Laisse tomber, c'est confortable la soumission.
— Je retourne à la poésie alors, ça aussi c'est révolutionnaire la poésie parce que…
— Mais oui mais oui, t'éteindras en partant s'teuplé.
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Un livre sur le milieu carcérale avec du vécu pour l'auteur, militant d'extrême gauche (Action Directe) qui a passé plusieurs années en prison. Il décrit le quotidien avec les rencontres, les échanges, les révoltes ou encore les amitiés.
Se lit très facilement. Il ne décrit pas ce qu'il a fait avant c'est vraiment sur la période en prison.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Monsieur le Procureur, vous vouliez sans doute que nous comprenions que la société actuelle ne peut tolérer la violence. Même pour une « juste cause ».
Inutile de revenir sur la critique de votre système fondé sur le seul rapport de force, sur la violence du travail salarié et de la marchandisation, sur les guerres et l’oppression néocoloniale, sur les messages de l’ordre diffusés en boucle. Inutile, car dans notre violence ce que vous n’acceptez pas comme crime de lèse majesté, c’est justement la remise en cause du monopole de la violence, que vous et vos pairs avez institutionnalisée. La loi fonde la violence institutionnalisée, la loi de la majorité ou de ceux qui usurpent ce concept dans le monopole. Ainsi l’infime minorité des « bons Blancs » inflige à 90% de l’humanité une bestialité infinie. Mais il est vrai que pour voir cette violence telle qu’elle est réellement, il vous faut avoir un décodeur. Il faut aller au-delà de la description informative et de la charité.
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Il me faut un organe capable de palpiter à la poursuite de torrents qui savent se faire furieux, impérieux. A la hauteur de la certitude que la seule grande action à notre époque ne peut être que le refus du système lui-même. Le refus du mensonge spectaculaire, de cette comédie tyrannique et du babillage assourdissant qui gangrène chaque cervelle, pour n’en laisser qu’une vague éponge nonchalante au flux et au reflux des marées, tels des sens uniques.
Tout ce qui fait l’uniforme, l’intégré, le correct, le « je me reconnais dans l’autre souffrant comme moi ». Ce respect des chaînes, des limites, des frontières, de l’absurde servitude, tout ça, tout! Je le refuse. Je le refuserai pour l’espoir d’atteindre le sentiment d’une existence plus réellement humaine.
Je refuserai la logique de la marchandise, ce perpétuel échange entre acheteur et acheté, vendeur et vendu. Dans la métropole, je te donne ma vie, tu me donnes un peu de fric, juste assez pour ne pas crever, et oublier jusqu’à la dernière goutte de ma vie d’homme. Oublier mes désirs véritables et non ceux prescrits par les machines à consommer. A consumer de l’illusion.
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Ce matin la marionnette « indépendante » de la TVE a avisé que désormais les terroristes ne sortiraient plus de prison sans s’être repentis. Ah! Comme vous l’aimez le repentir. Du moins, celui de vos pires ennemis. Car pour votre part, vous en avez fait votre fond de commerce. Vous qui avez embrassé le cul poudré de la jeune monarchie, drapée du deuil de son père dictateur. Vous saluez la bandera des vainqueurs.
(…)
La honte n’empourpre plus vos masques lorsque vous récitez les oraisons de l’ordre. Dans l’incolore, vous oubliez vos passions incarnates passées, pour enfin accéder aux corridors de l’aristocratie transparente. Finalement, le diaphane et l’insipide sont bien les armoiries de ce nouveau franquisme. Celui qui tait son nom et fait patte blanche devant les mairies les soirs de chasse à l’homme.
Je ne me repentirai jamais, jamais, jamais…
Je n’embrasserai pas cette croix tendue à mes lèvres. Je grillerai peut être sur les bûchers contemporains, mais je n’abjurerai jamais. D’ailleurs, vous dressez les fagots comme l’Inquisition, pensant que leur fumée trace les routes vers le ciel rédempteur.
La croix, vous l’avez déjà clouée à ma porte, pour la Saint Barthélémy des rebelles. Et pour ce massacre postmoderne des incompatibles, non point le sang lavant vos caniveaux, mais une rumeur chancelante derrière les Hauts Murs, la mort lente.
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Dans nos pays grassouillets, depuis la fin des dernières guérillas, la prison est l’ultime lieu où l’engagement pour une transformation radicale implique directement sa propre existence. Si on refuse, on peut mourir et on le sait. Ailleurs on refuse puis on rentre chez soi à l’heure pour laper la soupe en poudre. Combien de militants, se rendant à une manifestation ou à une action, pensent sérieusement prendre un risque. Aucun! Pas besoin donc de se demander s’ils se sont déjà posé la question de savoir si ça vaut le coup ou non de mourir pour leur cause! Aucun là encore! « Tant mieux! » hurlent déjà les démocrates de bazar. La mort n’est plus qu’une fatalité dans cette petite époque. On meurt en toute « innocence » pour la cause de vies sans vie, sur les chantiers la semaine et sur la route le week-end. Et dans les prisons, ils voudraient nous faire crever avec la même désinvolture de l’absence d’être.
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