Quelque part dans un petit village du sud de la France après la Grande Guerre, naît et grandit Siffrein dans la violence d'un père alcoolique et d'une mère soumise et indifférente. Adulte, Siffrein vit de travaux dans les champs, subit ce labeur et dépense sa maigre solde dans l'alcool. Mais un jour, Siffrein refuse de reprendre le travail. Comme un évadé il s'échappe, court à travers champs et forêts, vagabonde de village en village et un soir, la bête assassine.
Non loin de là vit seule et isolée la belle Esther, dans le domaine maudit de
la Barette rouge. Elle-même étrangère en ses terres ensoleillées, Esther a la certitude que sa présence dans ce pays « était prévue depuis longtemps et qu'elle n'avait fait qu'accomplir une sorte d'oracle. » La jeune femme sort rarement, ne voit personne, aime sa liberté à huis clos : « Son coeur restait fermé comme restent fermées ces fleurs nées sous des climats qui ne sont pas les leurs. Elle n'aspirait à aucune éclosion. Elle n'avait aucune envie de naître. »
Une nuit dans le froid de l'hiver alors que le vent souffle avec violence, Esther s'éveille en sursaut : on frappe à sa porte. Après maintes hésitations, elle se lève, sort de sa chambre, descend l'escalier et près de la porte, tend l'oreille. « Qui est là ? » Une voix rauque lui répond : « Ouvrez-moi. » Ce destin qu'elle « sentait par tout son sang », Esther le reconnaît. Alors, la jeune femme ouvre la porte…
Albert Camus dit d'André de Richaud (1907-1968) que son premier roman
La Douleur lui fit entrevoir le monde de la création. Malgré cette reconnaissance et celles de
Jean Cocteau ou
Joseph Delteil, les romans d'André de Richaud reçoivent un accueil mitigé tant cette obsession du crime, présentes dans chacun d'eux, déconcerte et inquiète la critique littéraire.
La Barette rouge, son chef d'oeuvre probablement, se compose de quatre parties : la première sur la vie de Siffrein m'a complètement happé, la seconde sur Esther, plus courte, m'a semblé un peu plus quelconque. L'écriture poétique aidant, j'attendais beaucoup de leur rencontre dans les deux dernières parties : de la séduction et de la répulsion, de la sensualité et de la fureur, des cris d'effroi, des silences lourds et des vertiges passionnels. Je dois admettre que mes attentes – peut-être trop élevées – n'ont pas été comblées.