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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Jean-Bernard Pouy lance la série "Le Poulpe" avec "La petite écuyère a cafté" en 1995 ; premier roman des aventures de Gabriel Lecouvreur, dit le Poulpe à cause de ses longs bras tentaculaires.
Le poulpe n'est pas un justicier mais il aime fourrer son nez un peu partout, et connaître la vérité sur ces faits divers dont les journaux sont friands.
C'est dans son rade préféré de Paris, son pied-à-terre, "Au pied de porc à la Sainte-Scolasse", que Gabriel entend parler de ce suicide sous le train. le suicide de deux adolescents menottés au rails d'un chemin de fer et écrasés sous un train. Seulement Gabriel n'y croit pas une seule seconde, à cette théorie du suicide, à cette lettre d'adieu laissée par les deux petits jeunes. Il flaire une saloperie, un double meurtre camouflé. le Poulpe veut savoir la vérité. Il part alors pour Dieppe en Normandie, le théâtre des évènements. Avec ses méthodes peu orthodoxes, voire même criminelles, Gabriel enquête.
Un roman noir de grande qualité qui marque le début d'une série passionnante, le principe étant : un livre, un auteur, un titre qui joue sur les mots. Tous les romans du poulpe ne se valent pas, et s'il n'y en avait qu'un à lire c'est incontestablement celui-ci.
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Quel projet original ! Il y a vingt-cinq ans, la Baleine, une maison d'édition tout juste créée, se lançait dans un projet novateur : "le Poulpe". L'idée était de lancer une collection de polars conçue autour de personnages récurrents et respectant des règles d'écriture. Une série de plus, oui, mais ici l'auteur change à chaque épisode. Ce qui donne une production hétéroclite et inégale. C'est de la littérature de gare qui s'assume comme telle puisqu'elle s'inscrit dans le registre du pulp (Poulpe).
Gabriel Lecouvreur, le protagoniste, n'est ni un policier, ni un détective, ni un journaliste, ni un justicier, ni un…. En fait qui est-il ? le Poulpe est un anar affranchi de toutes les conventions matérielles. Il n'a pas de chez lui, préférant dormir dans des hôtels, ne travaille pas vivant d'une petite rente et utilise différentes identités. Sa seule routine est de se rendre chaque matin au «Pied de porc à la Sainte-Scolasse», le bistro de son ami Gérard, situé avenue Ledru-Rollin à Paris. Il y prend son petit-déjeuner en lisant les faits divers du Parisien libéré. Un article peut attirer son attention sans que l'on sache pourquoi celui-ci et pas un autre. Et le voilà parti sur les lieux du drame pour mettre son nez dans une histoire louche. « La petite écuyère a cafté » ouvre la collection et en pose les principes. le Poulpe se rend à Dieppe où un jeune couple menotté aux rails a été écrasé par un train. L'horreur ! Sur place, Gabriel va avoir fort affaire avec une famille bourgeoise tendance catho intégriste… Cela sera pour lui l'occasion de mettre un coup de pied (jouissif) dans ce milieu bien rassis. le Poulpe… Un héros attachant, une histoire plaisante et une collection originale. Je compte bien piocher de temps en temps dans la série pour déguster une des variantes de ce mollusque.
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La lecture de la chronique de KiriHara m'a poussé à lire le premier Opus de la série le Poulpe, lecture que j'avais longtemps repoussée au profit de romans du haut de ma PAL.
Pour planter le décor dans lequel devra évoluer Gabriel Lecouvreur, Jean-Bernard Pouy convoque les fantômes d'une génération (disparue, perdue ?).
La guerre d'Espagne. le Polikarpov 15, avion soviétique utilisé par les républicains espagnols. Pedro l'anarchiste anti-Franco reconverti dans les faux papiers. le bistrot parisien, à la fois bar et restaurant de midi dans lequel les habitués aux options politiques souvent opposées débattent avec respect. Les Haïkus de Bashuo Matho. La Twingo violette et la blague les habits ça sert d'auto. La formule « Lundi c'est Ravioli. ». Little Bob Story, Too young to love me. La province endormie réceptacle des penchants les plus sombres d'activistes sociologiquement sur le déclin. Les huitres. le SCALP et la lutte contre l'extrême droite. le prestige du savoir et l'autorité qu'il confère, surtout la sociologie et le CNRS. le 11ème arrondissement de Paris avant les Bobos. Les Punks sympathiques. La vie sans le Web. Les vacances au Tréport. « La chambre d'hôtel spacieuse, agréable, tranquille. ». le 102 (double Pastis 51). La chanson Zorro est arrivé.
L'enquête menée par Gabriel importe peu, elle n'est là que l'occasion de donner un cadre afin de déployer la mythologie poulpienne pour notre plus grande joie.
Ce personnage, improbable, est une revanche sur tout ce que la société impose à nos rêves. Gabriel se démarque du personnage du détective qu'il soit Maigret, San Antonio ou Adamsberg. Lui n'a qu'une morale, celle du redresseur de torts, hédoniste et épicurien, à la Lupin, celui que nous rêvons d'être et que nous ne serons jamais.
« Et moi je suis Zorro » dit Gabriel.
Un grand moment de lecture et de plaisir :
« le jeune le regarda comme si on venait de lui dire que Balladur reformait Nirvana. »
« On appelle ça le syndrome négativo-rimbaldien. »
« Allez le baba ! Une deux, une deux ! Les chèvres t'attendent ! Au boulot ! »
« A bientôt, le Poulpe…Que Saint-Jambon te protège… »

Lien : https://camalonga.wordpress...
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il m'est impossible de résister à un bon jeu de mots ; aussi, comment aurais-je pu passer à côté de celui du titre du roman de Jean-Bernard Pouy, le premier opus des aventures du "Poulpe".

"Le Poulpe", je ne le connaissais, jusqu'ici, qu'à travers le film éponyme tiré de la saga avec Jean-Pierre Daroussin dans le rôle titre. Un film que j'avais beaucoup aimé mais qui ne m'avait, curieusement, jamais poussé à lire, au moins, l'un des livres dont il était tiré.

Voilà qui est chose faite et, pour première expérience avec ce personnage, autant lire sa première aventure.

Il est important de préciser qu'il s'agit, là, de sa première aventure, car on ne le devine pas au départ, tant le roman ne cherche pas à présenter son personnage.

L'auteur ne cherche, d'ailleurs, pas à faire dans l'extension (qui est assez fréquente auprès des auteurs de polars un peu réputés. Oui, c'est à toi que je m'adresse Monsieur Grangé). Aussi, plutôt que de digresser pour faire progresser son histoire sur près de 600 pages, l'homme préfère aller droit au but pour ne pas dépasser les 100 pages. Petite histoire, petit format, petit prix, mais plaisir maximum.

Gabriel Lecouvreur est un personnage énigmatique, même pour le patron du bistrot du 11ème qu'il fréquente, tous les matins, en lisant son journal. Parfois, une affaire lui fait de l'oeil et il disparaît, plusieurs jours, pour la résoudre sans qu'il soit, pour autant, flic ou détective privé. Il n'est même commandité par personne. Il débarque sur les lieux, secoue le cocotier et essaye de gagner sa croûte sur le dos de l'un ou de l'autre des protagonistes. Son surnom ? le poulpe, à cause de ses grands bras. L'homme aux épaules larges sait manier ses battoirs ainsi que les armes et a la mandale plus facile que le compliment.
Ce matin, c'est un article sur le double suicide de deux jeunes des environs de Dieppe qui attire son regard. Se suicider, quand on a 17 et 19 ans, passe encore, mais se menotter à des rails de chemins de fer et avaler la clef pour se laisser écraser par le train à venir, voilà qui ne colle pas vraiment.

Aussi, Gabriel part illico pour Dieppe et va être confronté à une histoire glauque dans laquelle un fils de prolo tombe amoureux d'une jeune bourgeoise. Les deux tourtereaux se suicident après avoir laissé une lettre d'adieu. Tout est trop beau, Gabriel décide, alors, de donner un coup de pied à la fourmilière pour voir ce qu'il se passe et, il va s'en passer des choses.

Jean-Bernard Pouy, né en 1946, est un amoureux des mots, des jeux de mots et des contraintes. Adepte de l'Oulipo, du Cadavre exquis, il aime également initier des séries, dont celle du "Poulpe", mais également, "Pierre de gondole" et "Série grise"...

Le concept du "Poulpe" est donc intéressant à plus d'un titre. Des jeux de mots excellents (pas tous non plus) pour titre, un personnage énigmatique, un format court et, des auteurs différents pour chaque aventure.

Pouy initie, donc, la saga avec un personnage énigmatique et un style particulier. On ne sait rien de Gabriel Lecouvreur, est-ce son nom, d'ailleurs ? Il en use de plusieurs, selon les moments, et il a autant de fausses identités que de doigts aux mains.

Quid de ses motivations ? On ne sait pas, si ce n'est qu'il investit son argent dans la réhabilitation d'un vieux coucou, un Polikarpov.

Mais, il y a d'autres façons de gagner de l'argent que de risquer sa vie. Alors ? Pourquoi fait-il tout cela ? Cette première aventure ne répondra pas à cette question. Tout ce que l'on sait de lui c'est qu'il est déterminé, grand, bagarreur, amoureux d'une femme avec qui il vit une relation toute particulière où chacun fait sa vie de son côté. Il disparaît, revient, disparaît de nouveau, sans que plus personne ne s'en inquiète. C'est, le Poulpe.

L'auteur use d'un style direct, utilisant des images, de l'argot et des tournures de phrases courtes.
Pouy aime les contraintes et on retrouve ce goût jusque dans ceux de Gabriel puisque l'homme apprécie les Haïkus.
Malgré un temps de narration passé, habituel à ce genre de romans policiers, je dois avouer que tout le reste m'a conquis.

Le format court, permet d'aller directement aux évènements ou bien d'user d'une histoire bateau pour ne travailler que sur l'ambiance. Ce n'est donc pas un scénario ténu et machiavélique dont l'auteur tissera des toiles sur des centaines de pages pour, parfois, ne jamais réussir à les démêler (oui, c'est toujours à toi que je parle Monsieur Grangé). Là, les choses sont simples, violentes, directes, parfois glauques. Tout se résout, en quelques jours.

J'aime ce personnage énigmatique qui débarque, frappe et repart, sans que l'on ne sache pourquoi.

Bref, "La petite écuyère a cafté" est un livre qui se lit, très rapidement, du fait de son format court mais aussi d'une écriture simple mais pas simpliste. Il s'avère être un bon divertissement littéraire, pas un livre qu'on dévore pour suivre les méandres d'une histoire tortueuse, mais un roman que l'on grignote parce qu'il nous propose un style original et un personnage intéressant.

La saga du "Poulpe" est un phénomène littéraire à plus d'un titre.

Au départ, le but de JB Pouy, Serge Quadruppani et Patrick Raynal, trois amis auteurs, était de relancer le roman de gare et de contrecarrer les récits fascisants des SAS et consorts.

Pour se faire, il invente un personnage, Gabriel Lecouvreur et, avec ses amis, écrit la "bible" de la saga en déterminant les personnages et les passages obligés. Dans les obligations, le jeu de mots du titre, une histoire qui démarre par le meurtre, puis un deuxième chapitre se déroulant dans le bistrot où Gabriel prend connaissance de l'affaire, puis un passage chez Pedro, un gauchiste catalan, pour récupérer des armes ou des faux papiers, passage entre Gabriel et sa petite amie Cheryl, puis l'enquête, les coups pris, les coups donnés, résolution de l'enquête puis retour au bistrot.

Pouy se charge d'écrire le premier épisode, ses deux confrères se chargeront des deux suivants, puis, le concept est offert à qui le veut, du moment qu'il le demande et qu'il accepte de respecter la fameuse bible.

Directeur de la collection au sein de l'éditeur La Baleine, Pouy accepte volontairement tous les manuscrits qui lui parviennent, publiant dans l'ordre de réception. Comme l'aventure a attiré aussi bien des écrivains confirmés avides de se lancer dans un autre style, que des écrivains en herbe, il est normal de constater que tous les épisodes ne sont pas du même acabit. Pour autant, Pouy confesse qu'il souhaitait rendre compte de ce qu'il se faisait en matière d'écriture sans sélection.

Le début de l'aventure est fracassante et le succès inespéré. le premier roman se vend à plus de 47 000 exemplaires, si mes souvenirs sont bons, les trois suivants dépasseront tous les 20 000 exemplaires vendus. le poulpe devient un phénomène de société avec ses aventures anarchistes et son concept particulier. Un héros anarchiste, des histoires basiques, des romans courts, de l'humour, de la bière, des coups, et des auteurs différents pour chaque roman.

Si l'aventure est intéressante, le résultat n'est pas toujours au rendez-vous. Effectivement, vu le principe de Pouy de tout publier, on ne pouvait espérer que tous les romans soient d'un bon niveau. Pour autant, les premiers romans sont de très bonnes factures et l'ensemble s'avère très sympathique.

Malheureusement, un succès inattendu provoque souvent des retours de bâtons inattendus et, après avoir dilapider l'argent qui rentrait à flot, l'éditeur a fini par imploser, notamment à cause des ventes qui s'effondraient par faute du trop grand nombre d'épisodes qui sortaient chaque année.

Cependant, "Le poulpe" est un personnage qui mérite que l'on s'intéresse à lui et le concept est des plus réjouissants.
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La lecture de la chronique de KiriHara m'a poussé à lire le premier Opus de la série le Poulpe, lecture que j'avais longtemps repoussée au profit de romans du haut de ma PAL.
Pour planter le décor dans lequel devra évoluer Gabriel Lecouvreur, Jean-Bernard Pouy convoque les fantômes d'une génération (disparue, perdue ?).
La guerre d'Espagne. le Polikarpov 15, avion soviétique utilisé par les républicains espagnols. Pedro l'anarchiste anti-Franco reconverti dans les faux papiers. le bistrot parisien, à la fois bar et restaurant de midi dans lequel les habitués aux options politiques souvent opposées débattent avec respect. Les Haïkus de Bashuo Matho. La Twingo violette et la blague les habits ça sert d'auto. La formule « Lundi c'est Ravioli. ». Little Bob Story, Too young to love me. La province endormie réceptacle des penchants les plus sombres d'activistes sociologiquement sur le déclin. Les huitres. le SCALP et la lutte contre l'extrême droite. le prestige du savoir et l'autorité qu'il confère, surtout la sociologie et le CNRS. le 11ème arrondissement de Paris avant les Bobos. Les Punks sympathiques. La vie sans le Web. Les vacances au Tréport. « La chambre d'hôtel spacieuse, agréable, tranquille. ». le 102 (double Pastis 51). La chanson Zorro est arrivé.
L'enquête menée par Gabriel importe peu, elle n'est là que l'occasion de donner un cadre afin de déployer la mythologie poulpienne pour notre plus grande joie.
Ce personnage, improbable, est une revanche sur tout ce que la société impose à nos rêves. Gabriel se démarque du personnage du détective qu'il soit Maigret, San Antonio ou Adamsberg. Lui n'a qu'une morale, celle du redresseur de torts, hédoniste et épicurien, à la Lupin, celui que nous rêvons d'être et que nous ne serons jamais.
« Et moi je suis Zorro » dit Gabriel.
Un grand moment de lecture et de plaisir :
« le jeune le regarda comme si on venait de lui dire que Balladur reformait Nirvana. »
« On appelle ça le syndrome négativo-rimbaldien. »
« Allez le baba ! Une deux, une deux ! Les chèvres t'attendent ! Au boulot ! »
« A bientôt, le Poulpe…Que Saint-Jambon te protège… »
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Cet ouvrage très court est un véritable concentré de ce qui fait un bon polar.
Documentation précise des lieux visités, personnages au caractère entier, action dans des sujets actuels, sobriété, action. Mais en plus que d'humour et de bons mots.
Quel régal jubilatoire.
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il m'est impossible de résister à un bon jeu de mots ; aussi, comment aurais-je pu passer à côté de celui du titre du roman de Jean-Bernard Pouy, le premier opus des aventures du "Poulpe".

"Le Poulpe", je ne le connaissais, jusqu'ici, qu'à travers le film éponyme tiré de la saga avec Jean-Pierre Daroussin dans le rôle titre. Un film que j'avais beaucoup aimé mais qui ne m'avait, curieusement, jamais poussé à lire, au moins, l'un des livres dont il était tiré.

Voilà qui est chose faite et, pour première expérience avec ce personnage, autant lire sa première aventure.

Il est important de préciser qu'il s'agit, là, de sa première aventure, car on ne le devine pas au départ, tant le roman ne cherche pas à présenter son personnage.

L'auteur ne cherche, d'ailleurs, pas à faire dans l'extension (qui est assez fréquente auprès des auteurs de polars un peu réputés. Oui, c'est à toi que je m'adresse Monsieur Grangé). Aussi, plutôt que de digresser pour faire progresser son histoire sur près de 600 pages, l'homme préfère aller droit au but pour ne pas dépasser les 100 pages. Petite histoire, petit format, petit prix, mais plaisir maximum.

Gabriel Lecouvreur est un personnage énigmatique, même pour le patron du bistrot du 11ème qu'il fréquente, tous les matins, en lisant son journal. Parfois, une affaire lui fait de l'oeil et il disparaît, plusieurs jours, pour la résoudre sans qu'il soit, pour autant, flic ou détective privé. Il n'est même commandité par personne. Il débarque sur les lieux, secoue le cocotier et essaye de gagner sa croûte sur le dos de l'un ou de l'autre des protagonistes. Son surnom ? le poulpe, à cause de ses grands bras. L'homme aux épaules larges sait manier ses battoirs ainsi que les armes et a la mandale plus facile que le compliment.
Ce matin, c'est un article sur le double suicide de deux jeunes des environs de Dieppe qui attire son regard. Se suicider, quand on a 17 et 19 ans, passe encore, mais se menotter à des rails de chemins de fer et avaler la clef pour se laisser écraser par le train à venir, voilà qui ne colle pas vraiment.

Aussi, Gabriel part illico pour Dieppe et va être confronté à une histoire glauque dans laquelle un fils de prolo tombe amoureux d'une jeune bourgeoise. Les deux tourtereaux se suicident après avoir laissé une lettre d'adieu. Tout est trop beau, Gabriel décide, alors, de donner un coup de pied à la fourmilière pour voir ce qu'il se passe et, il va s'en passer des choses.

Jean-Bernard Pouy, né en 1946, est un amoureux des mots, des jeux de mots et des contraintes. Adepte de l'Oulipo, du Cadavre exquis, il aime également initier des séries, dont celle du "Poulpe", mais également, "Pierre de gondole" et "Série grise"...

Le concept du "Poulpe" est donc intéressant à plus d'un titre. Des jeux de mots excellents (pas tous non plus) pour titre, un personnage énigmatique, un format court et, des auteurs différents pour chaque aventure.

Pouy initie, donc, la saga avec un personnage énigmatique et un style particulier. On ne sait rien de Gabriel Lecouvreur, est-ce son nom, d'ailleurs ? Il en use de plusieurs, selon les moments, et il a autant de fausses identités que de doigts aux mains.

Quid de ses motivations ? On ne sait pas, si ce n'est qu'il investit son argent dans la réhabilitation d'un vieux coucou, un Polikarpov.

Mais, il y a d'autres façons de gagner de l'argent que de risquer sa vie. Alors ? Pourquoi fait-il tout cela ? Cette première aventure ne répondra pas à cette question. Tout ce que l'on sait de lui c'est qu'il est déterminé, grand, bagarreur, amoureux d'une femme avec qui il vit une relation toute particulière où chacun fait sa vie de son côté. Il disparaît, revient, disparaît de nouveau, sans que plus personne ne s'en inquiète. C'est, le Poulpe.

L'auteur use d'un style direct, utilisant des images, de l'argot et des tournures de phrases courtes.
Pouy aime les contraintes et on retrouve ce goût jusque dans ceux de Gabriel puisque l'homme apprécie les Haïkus.
Malgré un temps de narration passé, habituel à ce genre de romans policiers, je dois avouer que tout le reste m'a conquis.

Le format court, permet d'aller directement aux évènements ou bien d'user d'une histoire bateau pour ne travailler que sur l'ambiance. Ce n'est donc pas un scénario ténu et machiavélique dont l'auteur tissera des toiles sur des centaines de pages pour, parfois, ne jamais réussir à les démêler (oui, c'est toujours à toi que je parle Monsieur Grangé). Là, les choses sont simples, violentes, directes, parfois glauques. Tout se résout, en quelques jours.

J'aime ce personnage énigmatique qui débarque, frappe et repart, sans que l'on ne sache pourquoi.

Bref, "La petite écuyère a cafté" est un livre qui se lit, très rapidement, du fait de son format court mais aussi d'une écriture simple mais pas simpliste. Il s'avère être un bon divertissement littéraire, pas un livre qu'on dévore pour suivre les méandres d'une histoire tortueuse, mais un roman que l'on grignote parce qu'il nous propose un style original et un personnage intéressant.

La saga du "Poulpe" est un phénomène littéraire à plus d'un titre.

Au départ, le but de JB Pouy, Serge Quadruppani et Patrick Raynal, trois amis auteurs, était de relancer le roman de gare et de contrecarrer les récits fascisants des SAS et consorts.

Pour se faire, il invente un personnage, Gabriel Lecouvreur et, avec ses amis, écrit la "bible" de la saga en déterminant les personnages et les passages obligés. Dans les obligations, le jeu de mots du titre, une histoire qui démarre par le meurtre, puis un deuxième chapitre se déroulant dans le bistrot où Gabriel prend connaissance de l'affaire, puis un passage chez Pedro, un gauchiste catalan, pour récupérer des armes ou des faux papiers, passage entre Gabriel et sa petite amie Cheryl, puis l'enquête, les coups pris, les coups donnés, résolution de l'enquête puis retour au bistrot.

Pouy se charge d'écrire le premier épisode, ses deux confrères se chargeront des deux suivants, puis, le concept est offert à qui le veut, du moment qu'il le demande et qu'il accepte de respecter la fameuse bible.

Directeur de la collection au sein de l'éditeur La Baleine, Pouy accepte volontairement tous les manuscrits qui lui parviennent, publiant dans l'ordre de réception. Comme l'aventure a attiré aussi bien des écrivains confirmés avides de se lancer dans un autre style, que des écrivains en herbe, il est normal de constater que tous les épisodes ne sont pas du même acabit. Pour autant, Pouy confesse qu'il souhaitait rendre compte de ce qu'il se faisait en matière d'écriture sans sélection.

Le début de l'aventure est fracassante et le succès inespéré. le premier roman se vend à plus de 47 000 exemplaires, si mes souvenirs sont bons, les trois suivants dépasseront tous les 20 000 exemplaires vendus. le poulpe devient un phénomène de société avec ses aventures anarchistes et son concept particulier. Un héros anarchiste, des histoires basiques, des romans courts, de l'humour, de la bière, des coups, et des auteurs différents pour chaque roman.

Si l'aventure est intéressante, le résultat n'est pas toujours au rendez-vous. Effectivement, vu le principe de Pouy de tout publier, on ne pouvait espérer que tous les romans soient d'un bon niveau. Pour autant, les premiers romans sont de très bonnes factures et l'ensemble s'avère très sympathique.

Malheureusement, un succès inattendu provoque souvent des retours de bâtons inattendus et, après avoir dilapider l'argent qui rentrait à flot, l'éditeur a fini par imploser, notamment à cause des ventes qui s'effondraient par faute du trop grand nombre d'épisodes qui sortaient chaque année.

Cependant, "Le poulpe" est un personnage qui mérite que l'on s'intéresse à lui et le concept est des plus réjouissants.
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Tu te souviens de ce que je lisais quand on s'est connus ? Je lisais le Poulpe !
Cette série inconnue pour beaucoup aujourd'hui fut incontournable pour certains.
Le Poulpe, c'est donc Gabriel Lecouvreur, enquêteur improvisé, avec ou sans Cheryl sa chérie coiffeuse, il va au secours des injustices, des laissés pour compte, là où on l'appelle, là où il a envie d'aller.

La crème des auteurs policiers de l'époque s'est succédée à l'écriture : Pouy, Daeninckx, Mesplède, Raynal, Reboux, Dessaint, Simsolo, Malte, Winckler, Férey, Chérel… Un film est sorti et certains ont été adaptés en BD, je n'en ai jamais lu !
Lire le Poulpe, c'est aussi un geste politique, on ne va pas se mentir… Gabriel a horreur de tout ce qui penche à droite….

Je ne crois pas que la série existe encore…dernières traces vues en 2017 ?! Mais toi tu es toujours là ma Cheryl….

Signé ton Gabriel.
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Ha, le Poulpe, la fameux Poulpe… Je me régale à chaque fois que je retrouve Gabriel Lecouvreur et ses aventures, toujours rocambolesques, jamais soporifiques. le présent roman est le premier opus de cette série fleuve et tout ce qui fait le charme et le succès du Poulpe est déjà présent. Un vrai régal à chaque fois…
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J'ai découvert l'auteur avec ce livre et le personnage du Poulpe m'a tout de suite séduite.
On ne s'ennuie pas quand le Poulpe enquête. En plus, ça change des autres policiers dans le sens où ce personnage n'est pas un policier.
J'aime lire les policiers où on retrouve notre enquêteur dans chaque histoire, J'aime les "séries" en livre. Je suis contente d'avoir rencontrer le Poulpe ; ça me laisse présager de bons moments en sa compagnie !
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